Annonce de la création du Diorama Filosofico

julius evola

Crémone, décembre XII

Désormais, à un rythme bimensuel – pour les 1er et 16 de chaque mois –, Il Regime Fascista publiera une troisième page associée à un programme organique et unitaire d’action, sur la base des directives générales suivantes :

1 – Notre prémisse est que le fascisme, au-delà d’une révolution politique, est – et doit être – une révolution spirituelle selon la signification la plus haute du terme. À partir de cette base, le but essentiel des hommes les plus qualifiés est de préciser quel type de spiritualité est en mesure de se qualifier de « fasciste », plus particulièrement au niveau de la suprapolitique, avec une puissance d’universalité.

2 – Ainsi, notre point de référence inébranlable sera l’idée romaine – et plus généralement : classico-romaine et aryano-romaine –, entendue comme une tradition de réalisme viril, de clarté, d’ascèse de la puissance, de dignité de la personne, d’amour de la différence, pour la hiérarchie et pour l’Imperium – non seulement au niveau social, mais aussi aux niveaux culturel et spirituel.

3 – Nous considérons qu’appartiennent au passé – et leurs résidus doivent être liquidés – les « mythes » et les méthodes du positivisme, du scientisme matérialiste et du progressisme socialitaire, de même que tout ce qui, éteint par l’érudition et le préjugé universitaire, étouffe la sensation et la compréhension de tout ce qu’il y a de vivant et d’« élémentaire » dans la culture, de même que dans l’histoire et dans la nature.

4 – Nous excluons également, et nous les considérons comme antiromaines et antifascistes, toutes les nuances de la littérature dominante, qu’elle soit érotique, fragmentiste, calligraphique et narcissique, et nous attendons un nouveau style épique, une nouvelle simplicité de l’art, une nouvelle mission classique portée par la littérature, au-delà des tracas psychologiques et subjectivistes des individus.

5 – Face aux risques inhérents au développement matérialiste du culte de l’action, qui peut uniquement conduire à la nouvelle barbarie américaine et à l’« idéal animal » lié à cette dernière, nous opposons ce qui, dans nos traditions héroïques – dont l’esprit est selon nous éternellement vivant –, exprimait un concept d’action comme voie vers la spiritualité pure, comme forme extérieure d’un accomplissement intérieur, allant tout aussi bien au-delà de l’intellectualisme inesthétique que d’une virilité dénuée d’esprit. De même, dans le genre descriptif (impressions, correspondances, etc.), nous nous montrerons uniquement intéressés par ce qui obéit à un point de vue supérieur à l’épisodique, au « romantique », au « pittoresque ».

6 – Nous reconnaissons le droit d’une nouvelle aristocratie, nécessaire pour donner un point de référence supérieur au système des disciplines politiques, sociales et même économiques. En d’autres termes, nous reconnaissons la nécessité d’une élite, dont la supériorité sait faire face aux valeurs et aux mouvements empiriques, personnels et passionnels, à travers son mépris de l’équation : bien-être/félicité, selon son aspiration à une vie plus élevée, « libérée des limites du temps et de l’espace » (Mussolini), qui constitue la force d’un idéal en acte et qui se stabilise comme une âme vive et dominatrice au centre de l’ensemble hiérarchique et de la nouvelle culture fasciste.

7 – Nous considérons que la déviation collectiviste entraînant la dépersonnalisation et le nivellement doit être tout autant combattue sur le plan social (Russie, Amérique) que sur un plan transcendant. Nous nous opposons ainsi à toutes ces nouvelles tendances, ou bien pseudo-spiritualistes, ou bien mystiques, ou bien pseudo-religieuses, lesquelles finissent par exalter l’irrationnel, l’informe, la débauche d’une immanence panthéiste ou d’une confusion unitaire et pacifiste. Sur le plan de l’esprit, nous sommes également favorables au principe d’autorité et de hiérarchie. En ce sens, nous pouvons nous qualifier de « traditionalistes », nous rejetons les prétentions prévaricatrices de l’individualisme des Lumières et jacobin et de tous ses dérivés, nous considérons la soi-disant « libre-pensée » comme une superstition à l’égard de la véritable spiritualité, et si nous admettons une liberté nous ne l’admettons pas contre les traditions religieuses, mais au-dessus de celles-ci, c’est-à-dire sur ce plan plus élevé à partir duquel chacune d’elles tire son origine et son autorité effective ; indépendamment de toute limitation sectaire.

Sur la base de ces directives générales, un groupe unitaire d’écrivains commencera ainsi une activité ordonnée, positive d’une part, polémique-critique d’autre part, avec décision et impersonnalité. À ce groupe s’uniront de célèbres personnalités étrangères, et celui-ci ne sera pas fermé à l’exemple des très nombreuses « chapelles » littéraires dominantes : le groupe sera ouvert à quiconque, présentant une compétence effective, adhérera de manière sincère et désintéressée aux orientations indiquées.

Notre tentative vise à constituer un type organique de troisième page, capable, certes, de distraire et de divertir le lecteur, mais surtout de le faire penser, en lui rappelant ces valeurs intérieures, sans laquelle la vie est un incident obscur et privé de signification.

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