On explique souvent que le drapeau sudiste est porteur de haine, que le Sud des États-Unis est raciste et que c’est ce qui est à l’origine de la guerre de Sécession. Des films teles que Confederates States of America sont là, plus pour accréditer cette thèse que pour faire cesser les luttes entre communautés, qui, finalement, y trouvent une légitimité. Il faut être réaliste, c’est toujours le Blanc salaud contre le Noir qui lutte pour sa liberté. Cette imagerie stigmatisante ne pousse-t-elle pas à la continuité des luttes au lieu de les apaiser ? Le drapeau sudiste représente tous les Sudistes, et même des Nordistes, confédérés sans tenir compte du reste. Il est le symbole de moins de gouvernement, moins d’impôts, et le droit des individus à se gouverner.
Une leçon d’histoire
Tout comme la guerre pour l’Indépendance en 1776, la guerre pour l’indépendance du Sud de 1861 combattait la « taxation sans représentation ». Le Nord essayait constamment de lever des impôts dans le Sud avec des fortes taxes sur les produits importés afin de protéger les grandes entreprises du Nord. Ces dernières ne pouvaient faire face à la concurrence des produits d’Angleterre et de France. Le Sud n’avait pas d’usines et importait la plupart des produits. La révolution industrielle a permis à l’Europe de produire et d’expédier outre-Atlantique des produits moins chers que ceux des Nordistes.
Quand Lincoln été élu président, lui et le Congrès américain ont mis en place le tarif de Morrill (le plus haut impôt sur les importations de l’histoire américaine), doublant le taux d’imposition sur les importations de 40 à 47 %. Cet impôt a servi à mettre en faillite nombre de Sudistes. Bien que les États du Sud représentaient seulement 30% de la population, ils payaient 80% des impôts recueillis. Les impôts oppressifs, le démenti des droits des États à se gouverner eux-mêmes, et un gouvernement fédéral non représentatif a poussé les États sudistes à se retirer légalement de l’Union.
Puisque le Sud avait échappé à l’impôt en se retirant, le seul moyen pour que le Nord recueille à nouveau cet impôt, était d’envahir les États du Sud et de les obliger par la force à revenir. C’était pour recueillir cet impôt et pour satisfaire le grand capital industriel nordiste qu’Abraham Lincoln a envahi le Sud. L’esclavage n’était pas le problème, son abolition était par contre le moyen de mettre en échec l’économie des États du Sud. La guerre de Lincoln a coûté les vies de 600 000 américains.
Hommage à Stand Watie
Lorsque éclate la guerre de Sécession, Stand Watie s’engage pour le Sud qui réclamait l’indépendance pour les tribus indiennes (lire par exemple Diary from Dixie). Cet homme n’était pas qu’un sudiste, il représentait une nation, celle des Cherokees (dont il était membre) et des Peaux-Rouges d’Amérique.
Nommé colonel en juillet 1861, il forme un régiment de cavalerie cherokee qu’il met eu service des Confédérés. Son rayon d’action ne se limite pas aux territoires indiens, bien que ces derniers soient, en théorie, exempt de service en dehors de leurs terres. Les troupes de Stand Watie participent ainsi à de nombreux engagements et se font vite remarquer par leur bravoure. Elles sont aussi fortes dans les batailles rangées aux côtés des troupes confédérées que lors des raids menés derrière les lignes de l’Union.
Stand Watie est promu général de brigade en mai 1864, et reçoit le commandement de la 1ère brigade indienne. La plupart des Cherokees serviront sous ses ordres. D’après certaines estimations, cette population tombera de 21 000 âes au début du conflit à 13 000 à sa fin. Malgré l’admiration et le respect que leur ont témoigné leurs frères d’armes blancs du Sud pour leur loyauté et leur courage, Stand Watie et les Cherokees sont sorti doublement perdants de la guerre. Le 23 juin 1865, le dernier général confédéré, Stand Watie, dépose les armes et se rend aux forces de l’Union.
Ce William Wallace de la nation indienne sera le seul Indien à atteindre le grade de général durant la Guerre de Sécession. Il retournera vivre sur ses terres en 1867 et y décèdera le 9 septembre 1871.
Première publication : La Cocarde n° 14, juin 2007.