En avril-mai 1940, à Katyn et dans divers autres lieux, 22 000 officiers et membres de la classe dirigeante polonaise furent exécutés par les commandos de la mort du NKVD soviétique. L’affaire est bien connue et Andrzej Wajda en a tiré un film éponyme qui a connu un certain succès. Cela est juste et il convient de se souvenir des victimes de la barbarie communiste. Mais dans le même temps, ne conviendrait-il pas de se souvenir de toutes les victimes ? Or, en Pologne et à la même époque, il en est certaines que l’on oublie soigneusement et sur le sort desquelles personne ne songe à réaliser un film…
Quand, en 1939, la situation se tend entre le Reich et la Pologne, celle-ci compte sur son sol un million quatre cent mille citoyens d’origine allemande. Ces laissés pour compte du traité de Versailles sont rapidement désignés comme les agents d’une hypothétique cinquième colonne et un certain nombre de leurs représentants les plus connus sont arrêtés sans motifs. Paradoxalement, ils sont chanceux et cela sauvera la vie de nombre d’entre eux. Les autres, le vulgum pecus, sont victimes des violences collectives qui, dès le 14 août font 104 victimes à Tarnowa. Mais le pire est à venir et le déclenchement des hostilités a pour conséquence que la semaine du 31 août au 6 septembre est marquée par une longue série de progroms antiallemands à Thorn, Kopfergarten, Gotenhafen, Graudenz ainsi que dans une trentaine d’autres villes.
C’est à Bromberg, le 3 septembre, lors du « dimanche sanglant », que le plus grand massacre de Volksdeutsche a lieu. La ville, qui a été allemande de 1772 à 1920, a déjà subi une politique effrénée de polonisation qui a fait passer sa population de souche germanique de 117 000 habitant lors de son annexion à 10 000 en 1939. Alors que la Wehrmacht enfonce leurs lignes depuis deux jours pleins, les troupes polonaises qui refluent en désordre et qui traversent Bromberg sont prise sous le feu de deux raids aériens particulièrement meurtriers. Il n’en faut pas plus pour faire naître chez les soudards, incapables de résister aux forces allemandes, l’idée de se venger de leurs pertes sur des ennemis sur lesquels ils sont certains d’avoir le dessus : les civils germanophones de la ville. Aussitôt pensé, aussitôt réalisé. Tandis que les temples protestants sont profanés et incendiés, les maisons réputées comme allemandes sont perquisitionnées et leurs habitants, quel que soit leur âge, lynchés ou sommairement abattus. La victime la plus âgée du massacre sera Pieter Rierast qui comptait 86 printemps, la plus jeune fut un nourrisson de deux mois tuée dans les bras de sa mère Gisela Rosenau.
Au total, les divers pogroms qui eurent lieu en Pologne du 14 août au 6 septembre 1939 firent 12 857 victimes identifiées auxquels il convient d’ajouter quelques centaines d’autres qui furent retrouvées si mutilées qu’on ne put les reconnaître. On estime ainsi qu’environ 1% des Allemands résidant en Pologne en 1939 furent assassinés en raison de leur appartenance ethnique. Si on fait un calcul similaire pour les victimes des soviétiques à Katyn et dans les autres sites où se déroulèrent des exécutions collectives, le pourcentage est beaucoup plus modeste puisque le massacre par le NKVD ne toucha que 0,06 % de la population polonaise… Et pourtant, sens de l’Histoire oblige, c’est uniquement de celui-ci que l’on se souvient. Pire même, et pour rester sur les victimes allemandes, il n’est pas inutile de se souvenir que pour complaire à l’Union soviétique, de 1941 année de la découverte de la première fosse commune à 1992 date où la Russie admit sa responsabilité, les chancelleries occidentales attribuèrent unanimement la tuerie de Katyn aux troupes allemandes. À ce titre, en 1945, un tribunal soviétique condamna à mort, comme responsables des exécutions de masse, sept officiers supérieurs de la Wehrmacht. Ceux-ci, qui n’étaient coupables de rien, attendent toujours qu’un tribunal juge utile de les réhabiliter. Ils se nomment Ernst Böhm, Ernst Geherer, Herbard Janike, Heinrich Remmlinger, Erwin Skotki, Eduard Sonnenfeld et Karl Hermann Strüffling…
Mais ce n’est pas tout. À Bromberg et dans quelques autres villes, les troupes allemandes capturèrent après leur victoire quelques pogromistes. Ceux-ci passèrent en procès et furent, pour la plupart, condamnés à mort et exécutés. Ce n’était que justice penserez-vous ? En février 2003, les tribunaux allemands n’en ont pas estimé de même et, en conformité avec leur ethno-masochisme habituel, ils ont dénoncé ces exécutions comme des « crimes nazis » et ont décidé d’attribuer 10 000 euros d’indemnités, non pas aux victimes des assassinats de masse mais aux descendants des assassins !
Article rédigé pour Flash en juillet 2010.