Le Gotteskampf de Johann von Leers

leers

Et ces rochers, je le savais, avaient été le centre des rites solaires germaniques dans des temps immémoriaux. (…) Ici, il y a plus de quatre mille ans, les sages et les guides spirituels des tribus germaniques (…) se réunissaient pour saluer le premier lever du soleil lors du jour sacré de juin.

Savitri Devi, Pilgrimage, Calcutta 1958.

Si l’on en croit certains chasseurs de nazis à la recherche désespérée de « criminels de guerre », le professeur Johann von Leers serait aujourd’hui, en cette année 2004 de notre ère, encore bien vivant (1). Il aurait l’âge vénérable de cent deux ans.

En réalité, le professeur von Leers est décédé en 1965, à l’âge de soixante-trois ans. Né le 25 janvier 1902 à Vietlübbe, dans le Mecklembourg, Johann (Johannes) von Leers a étudié aux universités de Kiel, Berlin et Rostock. Il a obtenu un doctorat en droit, mais a également poursuivi des études linguistiques, se consacrant à la slavistique ;  il a étudié le russe et le polonais, mais aussi le yiddish et même le hongrois et le japonais ; comme beaucoup d’autres intellectuels allemands de sa génération, il écrivait couramment en latin. Ernst Jünger (1895-1998) n’avait donc pas tort de le qualifier de « génie linguistique » (2).

Son épouse Gesine Schmaltz (1891-1974), qu’il épousa en 1932, avait été la secrétaire de Herman Wirth (1885-1981), l’érudit d’origine néerlandaise qui, « grâce à un arsenal philologique, anthropologique, géologique, mythologique et symbolique très laborieux » (3), avec son ouvrage monumental Der Aufgang der Menschheit (4), était devenu un partisan de la théorie « polaire », situant la patrie originelle de la race pure « nordique-atlantique » dans l’Arctique et dans la mythique Atlantide de Platon, et avait soutenu la thèse de l’existence d’un monothéisme solaire très pur remontant à environ 15 000 avant J.-C. ; une thèse, celle de l’Urmonotheismus, qui coïncidait essentiellement avec ce qu’affirmait le Père Schmidt (1868-1954) (5) et surtout René Guénon (1886-1951) (6). Selon Wirth, le christianisme lui-même serait issu de ce monothéisme nordique originel, qui se serait formé à partir de la tradition conservée par un groupe « atlantique » de Galilée, pays riche en traces de la civilisation mégalithique solaire.

George L. Mosse, qui pensait pouvoir liquider von Leers en le qualifiant, avec une boutade tirée du cabaret yiddish, d’« homme qui n’a rien appris et rien oublié » (7), prétendait réduire le « monothéisme solaire » aux termes caricaturaux d’un « occultisme solaire » (8). Cela suscita la réaction indignée d’Anna Bramwell, qui reprocha à Mosse d’avoir « critiqué assez vertement von Leers parce que dans les années 50, il était encore un adorateur du soleil, comme si l’expérience du nazisme avait dû marquer la fin du culte du soleil pour tous ceux qui s’y reconnaissaient » (9) ; une réplique qui montre clairement la conviction de la chercheuse londonienne quant à l’existence d’un « culte du soleil » pratiqué dans le Munich des années 1920. Sur les traces de Mosse et de Bramwell, Andrea D’Onofrio a présenté le cercle de chercheurs qui se réunissait autour de Wirth et du couple von Leers comme « un cercle théosophique nordique qui s’était donné pour objectif, entre autres, de faire revivre la prétendue religion germanique antique, en particulier le culte du soleil » (10).

Julius Evola a rendu justice à cette image quelque peu approximative en se référant directement au livre de von Leers Geschichte auf rassischer Grundlage (11) et en résumant les opinions de von Leers et de Wirth dans les termes suivants : « Von Leers écrit que l’époque précédente du libéralisme et du scientisme était caractérisée par trois idées fondamentales : 1°) l’égalité des sexes ; 2°) la barbarie nordique et l’origine orientale de toute civilisation ; 3°) enfin, l’origine juive du monothéisme. Ces trois idées, dans le cycle raciste qui mène jusqu’à Wirth, sont renversées ou inversées : 1°) l’humanité est divisée en races bien distinctes ; 2°) la civilisation ne vient pas de l’Orient, mais du Nord ; 3°) ce ne sont pas les Juifs, mais les Nordiques qui auraient connu, infiniment plus tôt, une religion supérieure de type monothéiste » (12).

Une vision très similaire à cet Urmonotheismus solaire sera adoptée par une femme dont nous parlerons plus loin, car elle sera l’invitée de von Leers en Égypte : l’écrivaine Maximiani Portas, alias Savitri Devi Mukherjee (1905-1982). En effet, l’un des modèles religieux de la « prêtresse d’Hitler » (13) sera toujours Aménophis IV (vers 1395-1366 av. J.-C.), le dixième pharaon de la XVIIIe dynastie qui prit le nom d’Akhenaton (« Joie du Soleil ») et tenta d’imposer le culte du dieu unique Aton, proscrivant le polythéisme. Se déclarant disciple de cet ancien prophète du Soleil, Savitri Devi conclura son pèlerinage aux Externsteine en composant un hymne à « Lui-Elle-Cela, qui n’a pas de nom ; Celui qui est et demeure, au-delà des formes, des couleurs et des sons » (14).

Le prétendu « occultisme païen » du cercle de Wirth a été invoqué par certains pour expliquer les orientations eurasistes de von Leers, orientations qui se manifesteront notamment lorsque ce dernier, s’attirant de lourdes sanctions disciplinaires, condamnera devant les étudiants de l’université de Berlin l’initiative de l’opération Barbarossa, en prédisant son échec. « Son orientation vers la Russie – écrit l’auteur anonyme d’une fiche mise en ligne par des milieux juifs – ne reposait pas tant sur des considérations rationnelles et stratégiques que sur l’occultisme païen et la croyance en la supériorité d’une « race nordique ». Ses racines idéologiques plongent dans le sol du Völkischen Bewegung » (15). En réalité, les positions de von Leers concernant les relations entre l’Allemagne et la Russie coïncidaient parfaitement avec la doctrine géopolitique exposée par un scientifique avec lequel il était en relation et qui, comme lui, était un expert en histoire et culture japonaises, à savoir Karl Haushofer (1869-1946). Comme on le sait, ce dernier était partisan d’une alliance des puissances continentales eurasiennes (Allemagne et Russie) avec l’Empire japonais, contre les thalassocraties britannique et américaine (16).

Judenfrage

Nous ne pouvons plus différer une réflexion sur le fait que nous sommes confrontés à un choix qui concerne la vie spirituelle de l’Allemagne : soit recommencer à faire affluer vers elle des forces enracinées et des éducateurs authentiques, soit l’abandonner définitivement à la judaïsation croissante.

Martin Heidegger, Lettre à Victor Schwoerer, 2 octobre 1929

Jusqu’en 1928, Johann von Leers fut attaché au ministère des Affaires étrangères du Reich ; il quitta le service en 1929 pour s’inscrire au NSDAP. Il commença alors à collaborer avec « Der Angriff » ; puis, après être entré en contact avec Goebbels, il devint rédacteur en chef du magazine « Unser Wille und Weg. Monatsblatt der Reichspropagandaleitung der NSDAP », qui parut à Munich de janvier 1931 à novembre 1941. Après avoir quitté Munich pour Berlin, le couple von Leers devint éditeur du magazine « Nordische Welt », organe mensuel de la Société pour la protohistoire et la préhistoire germaniques (Gesellschaft für germaniche Ur- und Vorgeschichte) présidée par Herman Wirth. C’est von Leers qui présenta à Heinrich Himmler l’auteur de Der Aufgang (17), qui allait devenir en 1935 l’un des fondateurs de l’Ahnenerbe et diriger jusqu’en 1938 la section d’études sur l’écriture et les symboles préhistoriques.

Il semble également possible de déduire que von Leers était en contact avec le SS Reichsführer d’après une étude bien connue de Goodrick-Clarke, où, outre Heinrich Himmler, Otto Rahn (1904-1939) et d’autres visiteurs qui fréquentaient à Berlin la villa du « Raspoutine de Himmler » Karl Maria Wiligut alias Weisthor (1866-1946) (18), il est également fait mention de « Joachim [sic] von Leers » (19). D’ailleurs, Johann von Leers entretenait des relations fréquentes avec des personnalités importantes du monde culturel et politique, parmi lesquelles nous nous limiterons à citer, à titre d’exemple, l’anthropologue Hans F. K. Günther (1891-1968) (20) et le comte Ernst zu Reventlow (1869-1943) (21), vice-président du Mouvement pour la foi allemande (Deutsche Glaubensbewegung) fondé en juillet 1933 par l’indianiste et historien des religions Jakob Wilhelm Hauer (1881-1962).

En juillet 1932, le premier numéro d’un magazine sur la politique agricole, initialement intitulé « Deutsche Agrarpolitik. Monatsschrift für Deutsches Bauerntum », paraît, mais il changera rapidement de nom pour devenir « Odal. Monatsschrift für Blut und Boden ». La revue est publiée par Richard Walther Darré (1895-1953), futur ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation, qui est à l’époque à la tête de l’Agrarpolitisches Apparat (Appareil de politique agricole), l’organe paysan du NSDAP. Von Leers, qui a rencontré Darré cinq ans auparavant et est devenu son ami, devient un collaborateur actif de « Odal » (22).

Parallèlement, il collabore au « Nationalsozialistische Monatshefte », le plus important mensuel du NSDAP. Il y publie en 1933 un article sur la question juive, dans lequel il soutient le projet de transfert des Juifs vers un territoire loin de l’Europe. Nous en rapportons un passage significatif, qui démontre entre autres le degré de fiabilité de ceux qui ont attribué à von Leers la proposition de… « supprimer les Juifs » (23). Von Leers écrivait ainsi : « Aussi mauvaises que soient les expériences qu’un mouvement politique et un peuple ont faites avec les Juifs, il serait néanmoins contraire à la conscience historique nord-germanique de se limiter simplement à la solution négative d’une défense supplémentaire contre les masses juives ; toute notre volonté historique exige au contraire impérativement une solution grandiose, qui, par la grandeur de sa conception, puisse également désarmer l’ennemi. (…) Seul un barbare, seul un étranger à la dernière grande organisation divine de l’histoire universelle pourrait suggérer une lutte générale d’extermination contre les Juifs, pour l’extermination de ce peuple. (…) Il est typique des grandes races de ne pas opter pour des solutions dictées par la haine, lorsqu’une solution raisonnable au problème est encore envisageable. La seule solution positive possible, qui mettrait véritablement un terme au problème juif en Europe (…) consiste à mettre à disposition un territoire extra-européen suffisamment vaste pour être colonisé » (24). Certes, admet von Leers, en transférant les Juifs à Madagascar ou dans d’autres régions d’Afrique ou d’Amérique du Sud, on courrait le risque que ces territoires se transforment en véritables centres de corruption, de sorte qu’il faudrait veiller à empêcher un tel résultat. En tout état de cause, il fallait proposer au monde de donner un siège stable aux masses juives, mais loin de l’espace européen.

Dans 14 Jahre Judenrepublik, des concepts similaires sont réaffirmés. « L’opposition au judaïsme, écrit von Leers, n’a jamais eu pour but de détruire le peuple juif, mais il vaut mieux protéger le peuple germanique. Nous avons tous des raisons de souhaiter que le peuple juif réussisse à se développer honorablement dans sa patrie, de manière à ne plus avoir ni la volonté ni la possibilité d’interférer davantage dans le développement national de l’Allemagne. L’hostilité envers les Juifs repose sur le désir de libérer notre peuple de l’asservissement spirituel, économique et politique ».

Von Leers concluait en indiquant que la solution au problème juif résidait dans l’émigration des Juifs vers un territoire extra-européen. Il pensait bien sûr à Madagascar. Outre les « Nationalsozialistische Monatshefte », les écrits de von Leers sur la question juive ont été publiés dans de nombreux magazines : « Die Wehrmacht-Fachschule », « Der Weltkampf », « Die Westmark », « Deutsche Post aus dem Osten », « Deutscher Wissenschaftlicher Dienst », « Judenfrage », etc.

En tant que responsable de l’éducation (Reichsschulungsleiter) au sein de la Ligue des étudiants nationaux-socialistes (Nationalsozialistisches Deutsches Studentenbund) de Berlin, von Leers était un proche collaborateur de Fritz Hippler, le chef de la Ligue elle-même, futur réalisateur du célèbre documentaire Der ewige Jude. Au cours du premier semestre 1933, « bien qu’ils fussent personnellement étrangers aux tendances qui agitaient le domaine de la politique artistique, Hippler et von Leers apportaient néanmoins leur soutien au développement du débat» (25) qui voyait une grande partie du milieu étudiant se rallier à des positions de « lutte contre la réaction dans l’art », pour la « révolution national-socialiste complète », au point que les deux dirigeants de la Ligue apparaissaient comme les porte-parole d’une sorte d’« opposition berlinoise ». Le 29 juin, une « manifestation publique décisive, qui devait attribuer à ses promoteurs la dangereuse réputation d’avoir créé un « mouvement Otto Strasser » dans le domaine artistique » (26) ; et les promoteurs officiels de la manifestation, qui s’est terminée par une déclaration de guerre contre la Ligue pour la culture allemande de Rosenberg, étaient précisément Hippler et von Leers, qui « ont attaqué de manière générale la restauration de l’académisme wilhelmin » (27). Mais c’est Hitler lui-même qui mit fin à la fronde et à la controverse en déclarant, dans ses discours des 1er et 6 juillet, que la révolution national-socialiste était terminée.

Cependant, pour von Leers, la saison des polémiques n’était pas terminée. Dans une série de sermons prononcés pendant la période liturgique de l’Avent 1933, le cardinal Michael von Faulhaber (1869-1952), archevêque de Munich, « rappela aux catholiques allemands (…) tout ce que le christianisme devait au judaïsme et (…) défendit les sources juives du christianisme » (28). Le prélat exalta « les valeurs morales de l’Ancien Testament pris isolément et pour ses liens avec le christianisme ; il établissait une comparaison entre les coutumes germaniques primitives, tant vantées par les racistes, et la morale mosaïque-chrétienne, soulignant la supériorité de cette dernière sur les premières » (29). Von Leers répondit à Faulhaber, que certains appelaient Judenkardinal, par un livre intitulé Der Kardinal und die Germanen (30).

À la même époque remonte la polémique avec Oswald Spengler (1880-1936). Vers la fin de 1933, Spengler publiait son dernier livre, Jahre der Entscheidung (31), que les nationaux-socialistes accueillirent avec une certaine froideur. « Dans le climat d’exaltation qui suivit la Machtergreifung, il prétendait parler de l’Allemagne en traitant les nazis comme s’ils n’existaient pas. Alfred Baeumler l’attaqua dans le Völkischer Beobachter avec un article sur la « révolution vue de loin ». D’autres le traitèrent d’« attentiste, de réactionnaire et pire encore » (32). À Spengler, qui désignait dans la « révolution mondiale de couleur » l’ennemi commun de « l’humanité blanche », von Leers répondit par une cinquantaine de pages intitulées Spenglers weltpolitisches System und der Nationalsozialismus (33). Au cri d’alarme lancé par Spengler contre le « péril jaune », von Leers opposait ces arguments : « Tout renforcement du Japon, tout renforcement de la Chine, en général toute formation d’une nouvelle puissance dans le monde extra-européen équivaut à un affaiblissement des grandes puissances d’Europe occidentale, qui ont combattu l’Allemagne pendant la guerre mondiale (…) Au nom du spectre des « intérêts communs de la race blanche », devons-nous encore préserver et soutenir ces puissances dans leur hégémonie mondiale ? Devons-nous, « au nom de la race blanche », préserver la domination coloniale française, grâce à laquelle la France traîne ses troupes nègres pour maintenir sa prédominance sur l’Allemagne ? (…) La « communauté de la race blanche », « l’empire des peuples blancs » prôné par Spengler n’est rien d’autre qu’une résurgence de l’ancien cosmopolitisme libéral, de la bourgeoisie mondiale de l’époque libérale sous le signe de la race. Cela n’a absolument rien à voir avec les véritables intérêts du peuple allemand » (p. 35).

Au cours des deux années 1933-1934, d’autres livres de von Leers voient le jour, tels que Reichskanzler Adolf Hitler (Leipzig 1933), Juden sehen dich an (Berlin 1933), Das erste Jahr im Dritten Reich (Berlin 1934). En 1934, avec un essai sur « la marche et l’ascension du national-socialisme », von Leers participe à un ouvrage collectif édité par Curt Hotel, Deutscher Aufstand (34), un livre qui « se situe, par son thème et le cercle de ses collaborateurs, dans le sillage des travaux [analogues] de E. Jünger, Roegels et Heinz » (35). Toujours au cours de ces années, von Leers édite une édition de Auf dem Judenfriedhof in Prag ; il s’agit d’un chapitre du roman Biarritz, que Hermann Goedsche (1815-1878) avait publié à Berlin en 1868 sous le pseudonyme de Sir John Retcliffe (36).

Il est nécessaire que tous les universitaires d’un peuple impliqué dans un mouvement aussi profond se mettent au service des dirigeants de ce mouvement afin de rendre compréhensibles leurs objectifs nationaux, politiques et supranationaux (…) avec toutes leurs connaissances politiques et intellectuelles, avec toutes les informations dont ils disposent sur les pays étrangers et sur le monde.

Karl Haushofer, Der nationalsozialistische Gedanke in der Welt, Munich 1933

Le 9 août 1934, la « Deutsche Allgemeine Zeitung » publiait l’intervention d’un professeur émérite de germanistique de l’université de Giessen, Otto Behagel, qui, avec une suffisance académique, accusait les profanes (les Aussenseiter) d’entreprendre des recherches sur la préhistoire sans posséder les qualifications nécessaires. La diatribe du vieil universitaire fut reprise par le quotidien du NSDAP, le « Völkischer Beobachter » ; la riposte la plus virulente vint des journaux contrôlés par Darré, dans lesquels le ministre lui-même et certains de ses collaborateurs, dont von Leers, intervinrent. Le terme « Aussenseiter » fut retourné contre ceux qui l’avaient utilisé : « en se présentant comme les seuls et uniques garants d’une « véritable » recherche historique et scientifique, les professeurs comme Behagel se montraient totalement insensibles aux propositions innovantes qui allaient caractériser l’Allemagne nazie et apparaissaient donc eux-mêmes comme les véritables outsiders par rapport à la nouvelle réalité du Troisième Reich » (37).

En 1935, von Leers publia Das alte Wissen und der neue Glaube et contribua avec une Histoire de l’antisémitisme allemand à une nouvelle édition du Manuel de la question juive (38), édité par celui qui « fut sans doute le plus influent de tous les Völkischen » (39), Theodor Fritsch (1852-1933).

Par la suite, von Leers collabora régulièrement aux « SS-Leithefte », publiés par l’Office pour la race et la colonisation sous le patronage de Richard Walther Darré, Reichsbauernführer et ministre de l’alimentation et de l’agriculture.

En 1936, outre ses articles sur le Japon dans la revue « Volk und Reich », il publia Blut und Rasse in der Gesetzgebung (40), un aperçu historique des législations raciales, depuis les civilisations anciennes (Inde, Iran, Grèce, Rome) jusqu’à l’Extrême-Orient (Chine, Japon) et à l’Occident moderne (Amériques, Afrique du Sud, colonies anglaises et françaises). L’intérêt de von Leers pour les études juridiques se reflète également dans un rapport sur le thème « Criminalité juive », présenté lors d’une conférence présidée par Carl Schmitt (1888-1985) et tenue les 3 et 4 octobre 1936 sur le thème « Le judaïsme dans la jurisprudence ». Les actes de la conférence furent ensuite publiés dans une série de brochures sous le titre général Das Judentum in der Rechtswissenschaft.

Au semestre d’hiver 1936-1937, il reçut de l’université de Iéna une chaire d’enseignement de l’histoire juridique, économique et politique sur une base raciale. En mars 1938, il devient professeur extraordinaire, toujours à Iéna. À partir du 1er janvier 1940, il fut professeur titulaire d’histoire allemande avec une spécialisation dans l’histoire paysanne. Parallèlement, il dirigea le département d’histoire et fut membre du Sénat académique de l’université de Iéna (41).

Le 30 janvier 1938, il obtient, avec Wolfram Sievers (1905-1948) (secrétaire général de l’Ahnenerbe qui sera pendu à Nuremberg), le grade de Sturmbannführer (commandant) SS. La même année, il publie Rassengeschichte des deutschen Volkes (Berlin 1938).

Entre-temps, la production littéraire de von Leers ne connaît pas de répit : il publie Arteigenes Recht und Unterricht (1937), Rassen, Völker und Volkstümer (1939), Der deutsche Lehrer als Kulturschöpfer (1939).

En 1938, von Leers fut nommé professeur invité à l’université de Rome. Il entra alors en contact avec les rédactions des revues « La Difesa della Razza » et « La Vita Italiana ». Il collabora notamment avec Giovanni Preziosi (1881-1945) et devint son ami, appréciant ses qualités de caractère ; dix-huit ans après sa mort, il se souviendra de lui comme « un Romain antique, un moderne Caton, une personne d’une grande honnêteté et rectitude tant dans sa vie privée que publique » (42).

À Rome, von Leers donna plusieurs conférences publiques. Le 15 juin 1940, il prit la parole au Palazzo Zuccari, à la section d’histoire de la culture de l’Institut de la Kaiser Wilhelm-Gesellschaft, sur un sujet historique devenu d’actualité quotidienne : « L’Angleterre. L’adversaire du continent européen ». Toujours au Palazzo Zuccari, le 19 juin, il fut invité par le Cercle d’études italo-allemand à parler des « Éléments communs dans l’histoire italienne et germanique » ; huit jours plus tard, la conférence fut répétée au Teatro delle Arti, à l’invitation de l’Institut fasciste pour les relations culturelles avec l’étranger (43).

En 1940, dans une critique pour « Odal » du deuxième volume de Herd und Altar de Bernhard Kummel (1897-1962) (44), von Leers prit parti pour ce dernier dans la polémique qui l’opposait à Otto Höfler. Le germaniste et traducteur de l’Edda Bernhard Kummer, qui, comme von Leers, enseignait à l’université de Iéna, avait déduit des anciennes sagas islandaises l’image d’un « monde héroïque de Germains, qui vivaient entre le foyer et l’autel une vie heureuse et moralement pure (…) Mais ce monde tranquille (Midgard), dominé par la figure de Thor, est brisé et bouleversé par la religion d’Odin et du Walhalla à l’époque des Vikings (…) La religion d’Odin s’impose alors avec son esprit démoniaque et destructeur, individualiste et aristocratique (Utgard). La lutte entre ces deux forces spirituelles opposées, dans laquelle la dynamique destructrice d’Utgard s’impose sur le serein Mitgard, aurait marqué le début du déclin progressif du monde germanique, auquel le christianisme étranger aurait porté un dernier coup fatal » (45). Contre cette vision « anti-démoniaque » de l’Antiquité germanique, un érudit de l’école viennoise de Rudolf Much, Otto Höfler, était déjà intervenu dans son ouvrage Kultische Geheimbünde der Germanen (46) pour soutenir « l’importance dans le monde germanique des cultes et des rites démoniaques et extatiques pratiqués par des associations secrètes de guerriers masculins » (47). Selon Höfler, il ne fallait pas rechercher le caractère originel du monde germanique dans la nature paysanne, qui n’était d’ailleurs pas niée, mais dans un esprit guerrier de type extatique-rituel. Le mensuel officiel de l’Ahnenerbe, « Germanien », qui avait publié en 1937 plusieurs articles du rédacteur en chef J.O. Plassmann et de Höfler lui-même, von Leers, comme nous l’avons déjà mentionné, intervint en 1940 aux côtés de Bernhard Kummer, attaquant la théorie de la composante démoniaque-extatique des associations guerrières masculines et reconnaissant à Kummer le mérite d’avoir souligné que le monde paysan des Germains, gardien des valeurs traditionnelles, avait dû se heurter au concept d’une « autorité » dérivant de l’Église.

Pendant les années de guerre, von Leers mena une intense activité sur le front intérieur. En 1940, deux livres sur la question juive furent publiés : Wie kam der Jude zum Geld ? (48) et Judentum und Gaunertum (49). Avec Die berufstätige Frau, il contribua à un ouvrage collectif sur la politique féminine du national-socialisme (50). En 1941, outre Für das Reich et un livre sur la « renaissance spirituelle » de l’Allemagne (51), il publia deux études largement documentées sur les coulisses de la politique américaine et soviétique (52). En 1942, deux nouveaux livres sur la paysannerie allemande (53) virent le jour, s’ajoutant à Der Weg des deutschen Bauern von der Frühzeit bis zur Gegenwart, publié quelques années auparavant (54). En 1944, outre la publication de Die Verbrechernatur der Juden, il rédige l’introduction d’une étude de Schramm sur le meurtre rituel, dans laquelle on peut lire : « Le judaïsme est une criminalité héréditaire, un syncrétisme religieux dans lequel la croyance aux démons joue un rôle considérable. Ceux qui luttent contre le judaïsme « accomplissent l’œuvre du Seigneur » et mènent une guerre sainte (Gotteskampf) ». (55).

Des Andes aux pyramides

Quant à ceux qui ont émigré pour la cause de Dieu après avoir été persécutés, nous leur donnerons une belle demeure dans cette vie, mais la récompense dans l’autre vie est plus grande.

Coran, XVI, 41

À la suite de l’occupation militaire de l’Allemagne, von Leers fut interné dans un camp de concentration américain, d’où il réussit à s’échapper après dix-huit mois.

Le 25 août 1947, il se présente chez Ernst Jünger, qui note dans son Journal :

« Dans la matinée, un visiteur qui n’a pas voulu donner son nom s’est fait annoncer ; c’était le Dr Von Leers. Aujourd’hui, avec de faux papiers, il travaille comme interprète pour les Anglais ; il a raconté avoir mis sa femme et sa fille à l’abri de la « bête rouge » en Espagne. Il les rejoindra là-bas. Je me suis souvenu qu’en 1933, à Steglitz, il m’avait déjà décrit cette situation : comme une possibilité invraisemblable, bien sûr. Il existe aujourd’hui un courant spécifique d’émigration qui change constamment de personnel, mais qui reste constant comme un phénomène de notre époque : vers l’Espagne et l’Argentine. Je l’ai trouvé inébranlable dans ses opinions, j’ai donc changé de sujet. Nous avons discuté de la relation entre la langue et la logique : il a notamment cité le turc comme un outil d’une grande précision. Il existe toute une gamme de formes verbales pour distinguer les informations fiables de celles qui ne le sont pas. Leers est un génie linguistique. Les esprits de cette trempe, comme les chanteurs et les pianistes, ont un vaste champ d’action. Il a une prédilection particulière pour les Japonais, dont il a étudié intensément l’histoire et la langue. Il a d’ailleurs raconté que le jour où la flotte américaine a été détruite à Pearl Harbour, l’ambassadeur du Japon à Rome l’avait cherché pour lui communiquer immédiatement, en tant que Prussien, la bonne nouvelle ; et ce sont ces mots qu’il a utilisés : « C’est la vengeance pour 1789 » (56).

En 1950, von Leers traversa l’Autriche et arriva en Italie, où il embarqua dans le port de Gênes sur un navire à destination de l’Argentine. Dans ce pays d’Amérique du Sud, qui sous la direction du général Juan Domingo Perón (1895-1974) avait adopté une « troisième voie » justicialiste, alternative au capitalisme et au marxisme (57), von Leers trouva les conditions les plus favorables pour reprendre la lutte. À Buenos Aires, il « participa activement à la vie sociale de la communauté » (58) allemande, travaillant comme journaliste et prenant la direction d’un mensuel fondé par Eberhard Fritsch, « Der Weg – El Sendero ». Sous son propre nom, il a écrit plusieurs articles, parmi lesquels nous pouvons citer : Reich und Sonnenordnung (9, 1955), Die grünen Banner der Freiheit (10, 1955), Volk und Staat (11, 1955), Gott geb dem Heil, der bei mir kämpft! Ulrich von Huttens Kampf und unsere Zeit (12, 1955), Ein neues Weltzeitalter? (7-8, 1956), Einer wird es sein… (11-12, 1956). Sous le pseudonyme de Johannes Uhlen, il publia Die letzten Goten (12, 1954), Die Wurzeln der jüdisch-deutschen Gegensätzlichkeit (5, 1956 et 9, 1956), Das orientalische Judentum (11-12 1956) ; sous le nom de « Hans Euler », il publia Deutsch-ungarische Schicksalsgemeinschaft (4, 1955) et Über das Vaterland (10, 1957). Selon deux chasseurs de nazis d’Amsterdam, von Leers aurait également utilisé le pseudonyme de W. von Asenbach, notamment en 1955, lorsqu’il publia chez un éditeur allemand de Buenos Aires, Prometheus Verlag, Adolf Hitler. Sein Kampf gegen die Minusseele. Eine politisch-philosophische Studie aus der Alltagsperspektive, célèbre ouvrage antisémite (notoir antisemitische werk) (59). Sous son propre nom, il a collaboré à Dinàmica social, un périodique dirigé par l’ancien secrétaire du PNF Carlo Scorza (1897-1988), qui s’était également réfugié en Argentine.

Un autre chasseur de nazis, collaborateur dans les années 60 du « Daily Herald », écrit que von Leers « reprit contact en Argentine avec ses anciens amis nazis et mit sur pied avec eux un important réseau fasciste qui couvrait tout le continent » (60).

Une chose est sûre : à la chute de Perón, en 1955, von Leers quitta l’Argentine et s’installa en Égypte. Une fois le roi chassé, la constitution réactionnaire abrogée, les partis politiques dissous et la république proclamée, la révolution des « officiers libres » avait entrepris une vaste purge de l’ancienne classe politique et lancé un vaste programme de réformes. Le 2 février 1955, Gamal Abd el-Nasser (1918-1970), devenu el-Raìs («le Duce »), rejeta le Pacte de Bagdad, qui visait à lier les pays du Proche-Orient aux Anglo-Américains, et proclama que l’Égypte œuvrerait pour l’unité et l’indépendance de la nation arabe. L’Égypte devenait ainsi un point de référence important non seulement pour les peuples arabes, mais aussi pour un front plus large de lutte anti-impérialiste et antisioniste. D’ailleurs, avant et pendant la guerre, Abd el-Nasser et les « officiers libres » avaient pris le parti des puissances de l’Axe (61), comme tous les bons musulmans et tous les nationalistes arabes. Parmi ceux-ci, von Leers avait rencontré à Berlin, en 1936, le Grand Mufti de Jérusalem, Hâjj Amîn al-Husseynî (1895-1974) ; et c’est précisément le Grand Mufti, la personnalité la plus prestigieuse de l’Islam, qui accueillit en Égypte l’exilé allemand avec ces mots : « Nous vous remercions d’être venu ici pour reprendre la lutte contre les puissances des ténèbres incarnées par le judaïsme international » (62).

Von Leers ne fut pas le seul à se réfugier en Égypte : de nombreux patriotes allemands et non allemands, comme le Suisse Georges Oltremare (63), demandèrent l’asile politique au gouvernement du Caire pour échapper à la répression qui faisait rage en Allemagne et pour continuer la lutte contre les mêmes ennemis (64). La plupart d’entre eux furent engagés par les ministères de l’Information, de l’Intérieur et de la Guerre.

Comme la plupart d’entre eux, von Leers se convertit à l’islam et prit le nom d’Omar Amin (65). Dans le passé, von Leers avait toujours manifesté un certain intérêt pour l’islam, en particulier pour « l’islam impérieux et guerrier [de ces peuples] qui possédaient encore une composante raciale nordique certaine » (66). Dans Der Kardinal und die Germanen, il avait opposé la tolérance traditionnelle de l’islam envers les autres religions à la violence cruelle et destructrice utilisée par le christianisme dans la conquête de l’Europe germanique (67). Dans Blut und Rasse in der Gesetzgebung, il avait rapporté certains versets du Coran relatifs aux juifs (IV, 158 et V, 16), « que l’islam considérait comme ses ennemis depuis ses origines » (68), et avait examiné avec intérêt les mesures juridiques prises par ‘Omar ibn al-Khattâb (643-644), par le calife abbasside al-Mutawakkil (847-861), ainsi que par le calife ismaélien al-Hakîm bi-amri-Llâh (996-1021) (69). Évoquant dans une publication destinée à la formation culturelle des SS la rencontre entre Frédéric II de Souabe et le sultan al-Kâmil (70), le Sturmbannführer dr. Johann von Leers avait fait dire au Grand Maître de l’Ordre teutonique, Hermann von Salza : «Je crois que le pape ne sera pas du tout content si un jour il n’y a plus de raisons de mener des croisades en Palestine. Nous, les Allemands, nous ne disperserons plus nos forces dans ce pays étranger, mais nous construirons un grand empire au nord et à l’est, beaucoup plus grand que ce que voudraient les papistes » (71). Depuis son exil en Argentine, il avait enfin manifesté sa solidarité avec le mouvement de libération de l’Afrique du Nord. « Une grande tempête s’est levée dans le désert, avait-il écrit. (…) C’est le vent de la liberté qui souffle sur l’ancienne terre des Maures. (…) De l’Indonésie au Pakistan en passant par le Maroc, les drapeaux verts de la liberté et de la justice de Dieu flottent contre l’iniquité du colonialisme. (…) Et la figure du Mahdi à venir, que les musulmans attendent depuis des siècles, s’élève puissamment sur les trompettes de la tempête du désert (…) » (72).

Von Leers trouvait désormais dans la doctrine de l’islam cette unité indissoluble entre religion et politique, entre fas et jus, qu’il avait identifiée comme caractéristique de l’ancien monde aryen, où « la loi divine et la loi humaine étaient encore étroitement liées » et où le droit était « un fragment de l’ordre divin universel » (73).

Dans une lettre envoyée en mai 1960 à la revue argentine « Pregonando Verdades », le professeur Omar Amin von Leers écrivait : « Je me suis rendu en Égypte, aujourd’hui centre de la lutte mondiale contre le colonialisme sioniste qui prive les nations de leur liberté. Ayant constaté tant en Allemagne qu’en Argentine que les Églises chrétiennes du monde entier sont alliées aux juifs sionistes, je me suis converti à l’islam, religion des hommes libres, des grands pères de la liberté et du nationalisme, tels que Gamal Abdel Nasser et l’émir Abdel Krim. Je poursuis aux côtés des Arabes ma lutte contre la tyrannie mondiale d’Israël et des sionistes, et là où je pourrai être utile à la lutte contre eux, je le serai avec le plus grand plaisir » (74).

Maurice Bardèche (1907-1898), avec lequel von Leers entretenait une correspondance intense depuis Le Caire, faisait écho aux opinions de von Leers dans ses pages enthousiastes sur le nassérisme (75). Mais la correspondance entre von Leers et Bardèche, qui s’étendit rapidement à Paul Rassinier (1906-1967), joua également un rôle déterminant dans la naissance de ce courant d’investigation historique qui fut ensuite connu sous le nom de « révisionnisme ». Le 25 janvier 1963, Rassinier écrivait à Bardèche : « von Leers a écrit qu’il voulait me trouver un éditeur en Allemagne, se disant certain d’en trouver un. En Égypte, il prépare une édition gouvernementale pour la propagande au Proche-Orient ». Et von Leers écrivait à Bardèche (lettre sans date) : « Il est dommage que je n’aie pas encore reçu de réponse de Rassinier au sujet de Kogon. (…) Le dossier sur lui revêtira une grande importance ; en me l’envoyant, vous contribuerez grandement à la victoire de la bonne cause dans la lutte contre les escrocs juifs qui infestent la vie politique en Europe ». Bardèche à Rassinier : « Je joins la lettre de von Leers, ainsi que la note que vous aviez jointe. (…) La question posée par von Leers au sujet de votre livre est beaucoup plus délicate. (…) Il faudrait donc envisager un transport clandestin d’un millier d’exemplaires, ce qui me semble très difficile ». Von Leers à Rassinier, le 1er septembre 1964 : « Cher professeur, je me réjouis aujourd’hui d’avoir trouvé une bonne solution au problème de l’édition de votre excellent livre Le drame des Juifs européens. La grande maison d’édition National Publications Printing House, ici au Caire, sous le contrôle du Département de l’Information, se chargera volontiers de le traduire et de le publier ». Von Leers à Rassinier, le 28 novembre 1964 : « J’ai reçu l’ordre, du Département de l’Information, de faire un résumé de votre excellent livre Le drame des Juifs européens en anglais. (…) Je joins à la présente une coupure de presse que j’ai reçue d’Allemagne et qui fait référence à votre lutte contre ce porc puant de Bernard Lecache, qui a toutes les bonnes raisons de cacher (en français cacher, n.d.t.) son nom, car il s’agit du juif Lifschitz » (76). Le juif Lifschitz avait en effet déclaré que Rassinier était un agent de l’Internationale nazie et Rassinier avait intenté un procès contre lui.

L’action menée par von Leers pour le compte de la République arabe unie fut particulièrement intense. Il fut responsable du Service de propagande antisioniste ; il fut rédacteur en chef de Radio Cairo, une station écoutée dans tout le monde arabe ; il dirigea une émission radiophonique intitulée La voix des Arabes, diffusée sur ondes courtes et destinée à l’Europe, à l’Afrique et à l’Amérique du Sud ; il fonda un Institut de recherche sur le sionisme. Il mena également une importante activité éditoriale, traduisant en allemand certains textes de la collection « Études sur l’Islam », publiée par le Conseil suprême des affaires islamiques (77). Il fut aidé dans cette tâche par de nombreux exilés allemands, dont beaucoup purent se réfugier en Égypte grâce à son intervention.

En mai 1957, Omar Amin von Leers reçut la visite de Savitri Devi, qui revenait d’Europe pour retourner en Inde, où elle s’était installée en 1936. Voici comment la rencontre avec von Leers est reconstituée dans la biographie de Savitri Devi.

« Même si un nom arabe figurait sur la porte de son bureau ministériel, le professeur Omar Amin von Leers ne pouvait être pris que pour un Allemand. L’homme aux joues roses, aux cheveux blancs et aux yeux d’un bleu lumineux se leva pour saluer Savitri Devi avec l’élégance d’un vieux gentilhomme prussien. Il avait bien sûr entendu parler d’elle et des magnifiques livres qu’elle avait écrits pour la cause nazie internationale. Le colonel Rudel [Hans-Ulrich Rudel] lui en avait parlé avec enthousiasme. Accepterait-elle maintenant son invitation à rester quelque temps pour voir ce que faisaient les Allemands en Égypte ? Il habitait non loin du sud du Caire, dans la ville de Meadi (El-Maâdi), sur la rive orientale du Nil. La maison de von Leers était pleine à ce moment-là, mais l’invitée serait logée chez un voisin, un Arabe palestinien nommé Mahmud Sali qui nourrissait une grande admiration pour le Führer. Ce monsieur serait très honoré si Savitri Devi acceptait son hospitalité. Elle en fut ravie. Von Leers proposa qu’elle vienne dîner avec eux ce soir-là » (78). Après une visite à Tell el-Amarna, la cité solaire d’Akhenaton au sud du Caire, Savitri Devi retourna à Meadi pour prendre congé de von Leers et de sa famille ; puis elle rentra en Inde en passant par la Syrie, l’Irak, l’Iran et le Pakistan.

Le 5 novembre 1958, Der Spiegel (a. XII, n. 45) publiait une lettre de von Leers dans laquelle ce dernier félicitait le magazine d’avoir publié une intervention de l’ancien Reichsbankpräsident Hjalmar Schacht : « un homme aux mérites énormes », écrivait von Leers, « que les dénazificateurs sans scrupules ont traqué comme un animal sauvage ». Von Leers dénonçait également le fait que « des millions de Juifs fainéants et trafiquants [faulpelzender und schiebender Juden] s’engraissent » grâce aux soi-disant « réparations », qui ne sont rien d’autre qu’un « scandaleux gaspillage des fruits du travail allemand ». Le 19 novembre, le même magazine orchestra un chœur de « vives protestations » contre les déclarations de von Leers, publiant une quinzaine de lettres de « lecteurs indignés ».

Parmi les vives protestations qui s’élevèrent en Allemagne de l’Ouest contre les activités de von Leers, il y eut celle du Parti social-démocrate allemand. Le groupe SPD au Bundestag de Bonn s’occupa du fait que von Leers avait obtenu un nouveau passeport à l’ambassade de la République fédérale d’Allemagne au Caire. Avec le sérieux typiquement allemand, les députés sociaux-démocrates ont demandé officiellement si le gouvernement ne voyait pas là une « menace considérable [Gefährdung erheblicher Belange] pour la République fédérale d’Allemagne » et ont invité les autorités compétentes à vérifier quels citoyens allemands ayant fui à l’étranger après 1945 étaient encore en possession d’un passeport valide. Un porte-parole du Centre de documentation juive contemporaine a résumé l’affaire en ces termes édifiants : « L’octroi du passeport à ce citoyen singulier de l’Allemagne de Bonn a déclenché, vers 1960, une véritable guerre parlementaire qui a vu les sociaux-démocrates se battre jusqu’à obtenir que von Leers ne soit pas considéré comme un citoyen allemand jouissant des mêmes droits que les autres » (79).

L’auteur estime toutefois que von Leers, « installé de manière permanente au Caire » (80), s’est essentiellement désintéressé de l’affaire qui le concernait personnellement ; il en dresse d’ailleurs un portrait qui révèle une sérénité intérieure olympienne : «Son visage bon enfant d’homme âgé et distingué, avec sa cravate à gros pois et son inséparable œillet à la boutonnière, frais et optimiste jour après jour, a masqué aux yeux de tous l’intense travail de protection qu’il a mené à l’égard de ses anciens collègues » (81).

Selon un Lexikon (sic) publié sur Internet par des chasseurs de nazis (82), un document des services secrets américains (83) rapporterait la nouvelle d’une rencontre qui aurait eu lieu à l’ambassade d’Égypte à Lima en décembre 1964 entre von Leers et le chef présumé de l’Odessa en Amérique du Sud, Friedrich Schwend, qui résidait dans la capitale péruvienne. En échange de 100 000 dollars authentiques, Schwend aurait remis à von Leers une somme bien supérieure en faux dollars, qui aurait ensuite été mise en circulation au Pérou. Certains ont voulu établir un lien entre la présence de von Leers à Lima et une tentative de reconstituer « le siège central de l’Odessa en Amérique du Sud » (84).

Quoi qu’il en soit, von Leers quitta l’Amérique du Sud pour retourner au Caire, où il mourut quelques mois plus tard, le 3 mars 1965. Ainsi prit fin le Gotteskampf qu’il avait entrepris trente-six ans plus tôt dans les rangs de la révolution à la croix gammée.

Notes

1 Selon un certain Luigi Vianelli, Johann von Leers complote en effet avec d’impies négationnistes de l’Holocauste tels que le professeur Faurisson et Ahmed Rami : « (Ahmed) Rami est un ami personnel de Faurisson, ainsi que de Johannes von Leers » (Luigi Vianelli, I negazionisti geopolitici, www.Olokaustos.org). Jorge Camarasa, consultant du Centre Simon Wiesenthal et, fait significatif, auteur de romans politiques, fait également vivre von Leers après 1965, mais… avec jugement : « Au Caire, écrit-il, von Leers a animé jusqu’à la fin des années 60 une émission de radio, La voce degli arabi, qui était diffusée avant et après les prières rituelles » (Jorge Camarasa, Organizzazione Odessa. Dossier sui nazisti rifugiati in Argentina, Mursia, Milan 1998, p. 97). Plus prudemment, un autre auteur observe : «Il est bien sûr possible qu’il s’agisse d’émissions enregistrées ou de rediffusions » (Umberto Barbisan, Sulle tracce dell’Odessa. Mito o enigma del Novecento?, Tecnologos, Mantoue 2002, p. 121). Nicholas Goodrick-Clarke, quant à lui, fait mourir Johann von Leers deux ans plus tôt, en 1963 (Hitler’s Priestess. Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo Nazism, New York University Press, New York-Londres 1988, p. 177).

2 Ernst Jünger, Strahlungen II (Die Hütte im Weinberg), DTV Verlag, Tübingen 1958, p. 644.

3 Julius Evola, Il mito del sangue, Hoepli, Milan 1937, p. 149. Voir également les écrits d’Evola rassemblés dans le « cahier » n° 37 de la Fondation Julius Evola : Il « mistero iperboreo ». Scritti sugli Indoeuropei 1934-1970, Rome 2002. Analysant la signification de l’origine nordique de la tradition primordiale sur la base des études de H. Wirth, Evola écrit à propos de ce dernier : « Il ne s’agit ici ni d’un « théosophe », ni d’un amateur imaginatif, mais d’un technicien dont la compétence en philologie, anthropologie, paléographie et disciplines connexes ne peut être mise en doute » (p. 32).

4 Herman Wirth, Der Aufgang der Menschheit. Untersuchungen zur Geschichte der Religion, Symbolik und Schrift der Atlantisch-nordischen Rasse, Iéna, 1928. En Italie, cet ouvrage a été recensé par Julius Evola dans la revue « Bilychnis », XX, 1 (janvier-février 1931).

5 Dans la reconstruction de l’ethnologue Wilhelm Schmidt, la croyance en un « être suprême » largement répandue chez les populations dites primitives constitue la trace résiduelle de l’Urmonotheismus correspondant à la révélation primordiale, de sorte que le polythéisme ne serait rien d’autre qu’une forme religieuse dégénérée.

6 « Aucune tradition ne peut être en soi polythéiste ; postuler un polythéisme à l’origine (…) signifie renverser tout ordre normal. Toute véritable tradition est essentiellement monothéiste » (R. Guénon, Monothéisme et angélologie, dans Mélanges, I, Centro Studi Guénoniani, Venise 1978, pp. 35-36).

7 George L. Mosse, Les origines culturelles du Troisième Reich, Il Saggiatore, Milan 1968, p. 107.

8 G. L. Mosse, op. cit., p.106.

9 Anna Bramwell, Ecologia e società nella Germania nazista. Walter Darré e il partito dei verdi di Hitler, Reverdito, Trente 1988, p. 78.

10 Andrea D’Onofrio, Ruralismo e storia nel Terzo Reich. Il caso « Odal », Liguori, Naples 1997, p. 146.

11 J. Von Leers, Geschichte auf rassischer Grundlage, Reclam, Leipzig 1934 ; 2e éd. 1937.

12 Julius Evola, Il mito del sangue, cit., p. 169.

13 « Prêtresse d’Hitler » est le titre donné à Savitri Devi par Nicholas Goodrick-Clarke, Hitler’s Priestess. Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo Nazism, cit.

14 Savitri Devi, Pilgrimage, Temple Press, Calcutta 1958, p. 351. « Principe de toute vie, humaine et non humaine ; adoré non seulement par « tous les hommes », mais aussi par toutes les créatures vivantes : quadrupèdes, oiseaux, poissons et plantes ; plein de sollicitude pour toutes les créatures » (Savitri Devi, The Lighting and the Sun, Samisdat Publ., Buffalo 1958, p. 157). Savitri Devi a beaucoup écrit sur Akhenaton : Akhnaton’s Eternal Message: A Scientific Religion 3300 Years Old, A.K. Mukherjee, Calcutta 1940 ; Joy of the Sun : The Beautiful Life of Akhnaton, King of Egypt. Told to Young People, Thacker, Spink and Co., Calcutta 1942 ; A Son of God : The Life and Philosophy of Akhnaton, King of Egypt, Philosophical Publ. House, Londres 1946 ; Akhnaton : A Play, Philosophical Publ. House, Londres 1948.

15 Anonyme, Johann (Johannes von Leers), IDGR. Informationsdienst gegen Rechtextremismus (www.idgr.de/lexikon/bio/l/leers/leers.html).

16 Cf. Karl Haushofer, Il Giappone costruisce il suo Impero, Edizioni all’insegna del Veltro, Parme 1999 (première édition : Sansoni, Florence 1942). Voir également : Karl Haushofer, Italia, Germania e Giappone, Edizioni all’insegna del Veltro, Parme 2004 (première édition : Istituto Italiano per il Medio ed Estremo Oriente, Rome 1937).

17 Michael H. Kater, Das « Ahnenerbe » der SS 1935-1945, Deutsche Verlagsanstalt, Stuttgart 1974, pp. 16, 26, 363, 366, 387.

18 Hans Jürgen Lange, Weisthor, Arun-Verlag, Engerda 1998.

19 Nicholas Goodrick-Clarke, The Occult Roots of Nazism. The Ariosophists of Austria and Germany. 1890-1935, The Aquarian Press, Wellingborough 1985, p. 188. Dans l’édition française (Les racines occultes du nazisme, Pardès, Puiseaux 1989, p.264), on lit Joachim au lieu de Johann.

20 Sur Günther, voir Julius Evola, Il mito del sangue, Edizioni di Ar, Padoue 1994, passim.

21 Sur Reventlow, voir Klaus-Peter Hoepke, La destra tedesca e il fascismo, Il Mulino, Bologne 1971, pp. 238-245 et passim. Hoepke définit Reventlow comme « l’un des chefs les plus en vue, mais en même temps les moins puissants du national-socialisme ou, pour mieux dire, des nazis de gauche » (op. cit., p. 238).

22 La plupart des articles que von Leers a écrits pour « Odal » ont été refondus et rassemblés dans un volume intitulé Odal. Das Lebensgesetz eines ewigen Deutschlands, Goslar 1936.

23 Dennis Eisenberg, L’Internazionale Nera. Fascisti e nazisti oggi nel mondo, Sugar Editore, Milan 1964, p. 157. Le même mensonge est présent ailleurs : von Leers aurait représenté une tendance national-socialiste qui voulait « la destruction physique des Juifs en Allemagne » (Roger Faligot – Remi Kaufer, Le croissant et la croix gammée, Albin Michel, Paris 1990, p. 46).

24 J. Von Leers, Das Ende der jüdischen Wanderung, « Nationalsozialistische Monatshefte », IV, 1933, pp. 229-231.

25 Hildegard Brenner, La politica culturale del nazismo, Laterza, Bari 1965, p. 114.

26 H. Brenner, op. cit., p. 115.

27 H. Brenner, op. cit., p. 115.

28 Henri Rollin, L’Apocalypse de notre temps. Les dessous de la propagande allemande d’après des documents inédits, Allia, Paris 1991, p. 615.

29 A. D’Onofrio, op. cit., 166 n.

29 J. Von Leers, Der Kardinal und die Germanen. Eine Auseinandersetzung mit Kardinal Faulhaber, Hanseatische Verlangsanstalt, Hambourg 1934. Le lecteur italien peut trouver quelques extraits de cet ouvrage dans : Il nuovo paganesimo germanico. Dottrina – Testi – Critica, sous la direction de « Sincerus », Edizioni Leonardo, Rome 1946.

31 Oswald Spengler, Jahre der Entscheidung (Erster Teil : Deutschland und die weltgeschichtliche Entwicklung), C.H. Beck’sche Verlagsbuchhandlung, Munich 1933 ; éd. ital. Anni decisivi, Il Borghese, Milan, s. d. ; Anni della decisione, Edizioni di Ar, Padoue 1994.

32 Adriano Romualdi, « Spengler profeta della decadenza », dans : O. Spengler, Ombres sur l’Occident, édité par A. Romualdi, Giovanni Volpe Editore, Rome, 1973, p. 44.

33 J. von Leers, Spenglers weltpolitisches System und der Nationalsozialismus, Junker und Dünnhaupt Verlag, Berlin 1934.

34 AA. VV., Deutscher Aufstand. Die Revolution des Nachkriegs, Kohlhammer, Stuttgart 1934.

35 Armin Mohler, La révolution conservatrice en Allemagne (1918-1932), Pardès, Puiseaux 1993, p. 223. Armin Mohler se réfère à trois recueils : 1) Ernst Jünger (sous la direction de), Der Kampf um das Reich (contributions d’Ernst von Salomon, des frères Strasser, etc.), Wilhelm Andermann, Berlin 1929 (2e éd. augmentée 1931) ; 2) Fritz Carl Roegels, Der Marsch auf Berlin (en collaboration avec Hans Henning, Grote et Curt Hotzel), Carl Voegels, Berlin 1932 ; 3) Friedrich Wilhelm Heinz, Die Nation greift an. Geschichte und Kritik des soldatischen Nationalismus, Verlag Das Reich, Berlin 1933.

36 Une traduction très partielle de ce chapitre (Biarritz, vol. I, pp. 162-193) se trouve dans : Norman Cohn, Licence pour un génocide. Les « Protocoles des Sages de Sion » : histoire d’un faux, Einaudi, Turin 1969, pp. 221-224.

37 A. D’Onofrio, op. cit., p. 139.

38 J. von Leers, Zur Geschichte des deutsches Antisemitismus, dans T. Fritsch, Handbuch der Judenfrage, Hammer Verlag, Leipzig 1935. La première édition du Handbuch der Judenfrage date de 1887.

39 A. Mohler, op. cit., p. 455.

40 J. von Leers, Blut und Rasse in der Gesetzgebung. Ein Gang durch die Völkergeschichte, J.F. Lehmanns Verlag, Munich, 1936.

41 Anna Bramwell (op. cit., p. 78) écrit que von Leers devint professeur de japonais à l’université de Iéna, mais nous n’avons trouvé aucune confirmation de cette information ailleurs. D’ailleurs, Bramwell se montre plutôt incertaine quant aux informations relatives à von Leers : « Il semble qu’il ait collaboré avec le Front allemand du travail jusqu’en 1939 et qu’il ait appartenu à la SS » (ibidem ; c’est nous qui soulignons). De plus, en raison de l’absence de contexte correspondant, le sens de cette autre information est assez obscur : « Darré a écrit à Hitler en 1939 pour se porter garant de la fiabilité de Leers » (ibidem). 42 « J’ai beaucoup collaboré avec Preziosi, nous étions amis et j’ai eu l’occasion de connaître son caractère. Il n’était pas seulement un homme aux connaissances profondes et solides, c’était aussi un Romain antique, un homme cato, une personne d’une grande honnêteté et droiture tant dans sa vie privée que publique. Pour ses ennemis, il était inattaquable et donc redouté, il aimait sa belle patrie et la défendait avec énergie, mais toujours d’une manière humaine ; il n’était pas non plus persécuteur des Juifs, il était seulement défenseur des valeurs patriotiques et humaines contre une menace terrible : la tyrannie juive. Il a montré de manière exemplaire comment mener notre combat, avec intelligence et un grand trésor de connaissances. (…) Vale amice, Giovanni Preziosi, magne Romane et defensor Penatium, vale in tua gloria ! » (Omar Amin von Leers, Giovanni Preziosi, « Osare », a. I, n. 2, septembre-octobre 1963, p. 3).

43 Les deux conférences ont ensuite été publiées, en italien, dans deux brochures différentes par les éditions Verlag Anton Schroll & Co., Vienne 1940.

44 Bernhard Kummel, Herd und Altar. Wandlungen altnordischer Sittlichkeit im Glaubenswechsel ; Band II : Der Machtkampf zwischen Volk, König und Kirche im alten Norden, Leipzig 1939.

45 A. D’Onofrio, op. cit., pp. 251-252.

46 Otto Höfler, Kultische Geheimbünde der Germanen ; vol. I : Das germanische Totenheer. Mythos und Kult, Francfort-sur-le-Main, 1934. (Seul le volume I a été publié).

47 A. D’Onofrio, op. cit., pp. 252-253.

48 J. von Leers, Wie kam der Jude zum Geld?, Theodor Fritsch Verlag, Berlin 1940.

49 J. von Leers, Judentum und Gaunertum. Eine Wesens- und Lebensgemeinschaft, Berlin 1940.

50 J. von Leers, Die berufstätige Frau, dans Coler/Pfannstiehl (éd.), Frau und Mutter, Bägel Verlag, Düsseldorf 1940.

51 J. von Leers, Die geistige Wiedergeburt einer Nation, Berlin 1941.

52 J. von Leers, Kräfte hinter Roosevelt, Theodor Fritsch Verlag, Berlin 1941 (traduction française : Forces occultes derrière Roosevelt, Maison Internationale d’Èdition, Bruxelles s.d.) ; Juden hinter Stalin, Deutsche Informationsstelle, Berlin 1941.

53 J. von Leers, Bauerntum, Reichsnähstand Verlag, Berlin 1942 ; Geschichte des deutschen Bauernrechts und des deutschen Bauerntums, Reclam, Leipzig 1942.

54 J. von Leers, Der Weg des deutschen Bauern von der Frühzeit bis zur Gegenwart, Reclams Universal-Bibliothek, Leipzig 1937.

55 J. von Leers, Vorwort, dans : Schramm, Der jüdische Ritualmord. Eine historische Untersuchung, Theodor Fritsch Verlag, Berlin 1944.

56 Ernst Jünger, Strahlungen II (Die Hütte im Weinberg), cit., pp. 643-644.

57 Au moment où Johann von Leers s’installe en Argentine, Perón adopte une position ouvertement hostile à la ploutocratie et à l’impérialisme : «Un sectarisme économique dirigé par un grand groupe financier, sanguinaire et dictatorial, s’acharne à maintenir son système d’exploitation interne et internationale. Il se dit défenseur des peuples… au nom des minorités élues, des quatre libertés et de la démocratie : comme le communisme, il est intransigeant, traître et sans scrupules. Comme le communisme, il fera la guerre pour défendre la paix ». Et encore : « L’impérialisme ploutocratique a pour projet de dominer le monde économique… Les Nations unies, les pays libres, les Quatre Libertés, la Charte de l’Atlantique, la reconstruction et l’aide, la défense de la Corée, le désarmement, le respect des autonomies et la libre détermination des peuples, le bon voisinage, la solidarité continentale, le soutien aux pays sous-développés sont des mensonges… L’impérialisme intervient dans tous les pays avec ses agents du FBI, ses ambassades, ses cipays… Il défend la libre entreprise ; par ses cartels, ses monopoles et ses conférences, il établit dans le monde l’économie internationale sous sa direction » (Paolo Vita-Finzi, Peròn mito e realtà, Pan, Milan 1971, pp. 90-91).

58 Jorge Camarasa, op. cit., p. 97. L’auteur de ce livre prévient que « ce Johannes von Leers ne doit pas être confondu avec le général SS du même nom qui fut attaché militaire à l’ambassade allemande à Buenos Aires jusqu’en 1945 » (J. Camarasa, op. cit., p. 119). 59 Pra van Iddekinge – Ah Paape, Ze zijn er nog…, De Bezige Bij, Amsterdam 1970, pp. 50 et 189.

60 Dennis Eisenberg, L’internazionale nera. Fascisti e nazisti oggi nel mondo, cit., p. 158. Julius Bogatsvo, qui déclare utiliser une documentation « aimablement fournie par le Centre de documentation juive contemporaine » (Les nazis après le nazisme, De Vecchi, Milan 1972, p. 4) utilise à peu près les mêmes mots : « Doté de remarquables talents d’organisateur, von Leers tisse ensuite un réseau efficace de collaborateurs et d’informateurs qui couvre presque toute l’Amérique du Sud. Un travail de fourmi ». (Ibidem, p. 106).

61 «Pendant la Seconde Guerre mondiale, nos sympathies allaient aux Allemands», déclara Nasser au Deutsche Nationale Zeitung le 1er mai 1964. Le frère du Rais, Nassiri Abd el-Nasser, avait publié en 1939 une édition arabe de Mein Kampf.

62 Bernard Lewis, Sémites et antisémites, Presse Pocket, Paris 1991, p. 268.

63 Le journaliste Georges Oltramare, alias Charles Dieudonné (1896-1960), qui avait dirigé « Pilori » dans la France occupée, dirigeait au Caire les émissions en langue française de La Voix des Arabes. Il est mort en 1960.

64 Parmi ceux qui ont joué un rôle politique ou militaire en Égypte, on peut citer : Hans Apeler, alias Salah Ghaffar (ministère de l’Information), Franz Bartel alias el-Hussein (ministère de l’Information), le général de la Wehrmacht Wilhelm Farmbacher (conseiller militaire de Nasser), le SS Standartenführer Baumann (ministère de la Guerre ; instructeur du Front de libération de la Palestine), l’ancien commissaire de la Gestapo Erich Altern alias Ali Bella, le SS Sturmbannführer Walter Balmann alias Alì ben Khader, l’ancien aide de camp de Rommel Fritz Bayerlein, Hans Becher (instructeur de police), l’ancien officier de la Gestapo Wilhelm Beissner, le SS Sturmbannführer Bernhard Bender alias Bashir ben Salah (conseiller de la police politique), l’SS Untersturmführer Wilhelm Boerner alias Ali Ben Kasher (ministère de l’Intérieur, instructeur du Front de libération de la Palestine), Werner Birgel alias el-Gamin (ministère de l’Information), l’SS Untersturmführer Wilhelm Boeckler alias Abd el-Karim, l’SS Hauptsturmführer Alois Brunner alias Ali Mohammed, le SS Obergruppenführer Friedrich Bublealias Ben Amman (Département des relations publiques), Franz Bünsch, le SA Obersturmführer Erich Bunzel, le chef de la Gestapo de Düsseldorf Joachim Daemlingalias Jochen Dresselalias Ibrahim Mustafa (Radio Cairo), le SS Obergruppenführer Oskar Dirlewanger, le médecin SS Dr Hans Eisele, l’SS Sturmbahnführer Eugen Fichberger, l’SS Standartenführer Leopold Gleim alias al-Nasher (services de sécurité), l’ancien assistant de Goebbels, le baron von Harder, l’ancien journaliste du Welt-Dienst Ludwig Heiden alias al-Haj (traducteur de Mein Kampf en arabe), l’SS Hauptsturmführer Heribert Heim (médecin de la police), l’ancien dirigeant de la Gestapo Franz Hithofer, Ulrik Klaus alias Muhammad Akbar, l’ancien dirigeant de la Hitlerjugend Karl Luder (ministère de la Guerre), le SS Standartenführer Gerhard Mertins, Rudolf Midner, le SS Gruppenführer Alois Moser (instructeur des Chemises vertes), le SS Sturmbannführer Oskar Münzel (conseiller militaire), Gerd von Nimzek alias Ben Alì, Achim Dieter Pelschnik alias el-Said, Franz Rademacher, Walter Rauff, le SS Sturmbahnführer Schmalstich, le SS Sturmbannführer Seipel alias Imad Zuher, l’ancien fonctionnaire de la Gestapo Heinrich Sellmann alias Hasan Suleyman (ministère de l’Information), Albert Thiemann alias Amman Qader, le SS Standartenführer Erich Weinmann, le Dr Werner Wietschenke, le médecin SS Heinrich Willermann alias Naim Fahum, Ludwig Zind alias Muhammad Saleh. La plupart d’entre eux se sont convertis à l’islam. « En réalité, l’arrivée d’un certain groupe d’anciens nazis au Caire est antérieure à la révolution nassérienne. Entre 1948 et 1951, le roi Farouk s’était déjà entouré de quelques experts allemands (…) Une fois Nasser au pouvoir, le recrutement d’experts allemands s’est intensifié et le sénateur américain de l’Alaska, Ernest Gruening, pouvait en fournir une longue liste, le 3 mai 1963, lors du débat sur le Moyen-Orient » (Angelo Del Boca et Mario Giovana, I « figli del sole ». Mezzo secolo di nazifascismo nel mondo, Feltrinelli, Milan 1965, p. 463 n.

65 Et non « Oman Amin », comme l’écrivent A. del Boca et M. Giovana, op. cit., p. 464.

66 J. Von Leers, Blut und Rasse in der Gesetzgebung, cit., p. 17.

67 J. von Leers, Der Kardinal und die Germanen, cit., pp. 23, 48, 52.

68 « Der Islam hat das Judentum seit jeher als Feind empfunden » (J. von Leers, Blut und Rasse in der Gesetzgebung. Ein Gang durch die Völkergeschichte, cit., p. 49).

69 J. von Leers, Blut und Rasse in der Gesetzgebung, cit., pp. 49-50. 70 J. von Leers, La Terre promise, « Cahier de la SS », 2, 1939 ; dans : AA. VV., L’ordre SS, Éditions Avalon, Paris 1991, pp. 289-297.

71 Ibidem, p. 290.

72 J. Von Leers, Die grünen Banner der Freiheit, « Der Weg – El sendero », 10, 1955, p. 640.

73 J. von Leers, Blut und Rasse in der Gesetzgebung. Ein Gang durch die Völkergeschichte, cit., p. 6.

74 Cit. dans : Jorge Camarasa, Organizzazione Odessa. Dossier sur les nazis réfugiés en Argentine, Mursia, Milan 1998, p. 97.

75 En classant le phénomène nassérien dans la catégorie fasciste, Bardèche écrivait en 1962 : « L’islam n’appartient ni au monde démocratique, ni au monde communiste ; par son essence et par sa situation, c’est un véritable « tiers-monde » (…) Nasser et ses fascistes ont trouvé cette mystique fasciste dans l’islam, qui est leur passé et qui est aussi, au sens large du terme, leur culture (…) La révolution égyptienne n’est pas seulement « Égypte, réveille-toi » ; c’est la loi de Mahomet qui réveille l’Égypte à la révolution nassérienne, c’est le Coran en marche. La révolte de Nasser n’était pas seulement contre l’occupation coloniale, mais aussi contre tout ce que cette occupation implique et représente : le règne de l’or, l’insolence des riches, le pouvoir des vendus à l’étranger et des arrivistes, et l’adoration du Veau d’Or qu’elle entraîne avec elle (…) Tout cela est condamné dans le Livre, ce sont les idoles de Mammon. Il y a dans le Coran quelque chose de guerrier et de fort, quelque chose de viril, quelque chose que l’on peut appeler romain. (…) Parmi toutes les mystiques fascistes, celle de Nasser sera peut-être celle qui laissera une trace plus profonde dans l’histoire en raison de ses conséquences durables » (Maurice Bardèche, Che cosa è il fascismo ?, Volpe, Rome 1980, pp. 91-92).

76 Les extraits de la correspondance von Leers-Bardèche-Rassinier se trouvent dans : Nadine Fresco, Fabrication d’un antisémite, Seuil, Paris 1999, pp. 48-50.

77 Von Leers a traduit un texte du Shaykh Muhammad Abu Zahra sur la conception islamique de la guerre (Begriff des Krieges in Islam) ; il a également traduit une étude d’Ibrahim Muhammad Ismail sur la doctrine économique islamique (Der Islam und die heutigen Wirtschaftstheorien ; trad. it. L’Islam et les théories économiques actuelles, Arktos, Carmagnola 1980).

78 Nicholas Goodrick-Clarke, Hitler’s Priestess. Savitri Devi, the Hindu-Aryan Myth, and Neo Nazism, cit., p. 177.

79 Julius Bogatsvo, I nazisti dopo il nazismo, Giovanni De Vecchi Editore, Milan 1972, pp. 107-108.

80 J. Bogatsvo, op. cit., p. 108.

81 J. Bogatsvo, op. cit., p. 108.

82 Anonyme, Johann (Johannes von Leers), IDGR. Informationsdienst gegen Rechtextremismus, cit. Cf. Friedrich Paul Heller, ODESSA, IDGR. Informationsdienst gegen Rechtextremismus, même site.

83 Central Intelligence Corps, Case Control n° 199602754. Le document aurait été déclassifié en octobre 1998.

84 U. Barbisan, op. cit., p. 121

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