Votre groupe existe depuis combien de temps ?
Tenesoun s’est lancé à la fin du mois d’octobre 2019 ; nous nous approchons donc des quatre ans du mouvement.
Possède-t-il un local ou pas ? Y a-t-il véritablement un intérêt ou pas à en avoir un ?
Notre mouvement ne possède pas un local mais deux locaux, selon nos implantations en Provence : l’un dans le centre-ville d’Aix-en-Provence, l’autre dans le Vaucluse.
Il est vrai que la gestion d’un local implique des soucis logistiques, administratifs voire judiciaires. Mais nous avons toujours mis un point d’honneur à avoir des locaux. On peut même dire que c’est au cœur de notre philosophie de l’action : avoir et offrir des lieux physiques de liberté et de résistance afin que des personnes en chair et en os se rencontrent, retissent du lien social, refassent peuple. À l’heure de l’atomisation sociale et du désengagement, nous pouvons être fiers que des amitiés, des duos d’élection et autres projets concrets soient nés dans nos locaux. Aux heures de la surveillance généralisée et des contraintes sanitaires ubuesques, nous sommes satisfaits d’avoir été l’un des derniers lieux de convivialité ouverts et sans ‘’biocontrôle’’. Enfin, à l’instar de l’esprit du castor que nous avons choisi (travail humble mais clanique et bâtisseur), il nous paraît essentiel d’avoir un local pour développer nos activités politiques et communautaires : conférences, confections de banderoles, cours de provençal, cours de boxe, repas et soirées, etc.
Quelle est votre présence sur la toile ?
Nous sommes présents sur les réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Telegram et X/Twitter) et possédons un site internet ( tenesoun.fr ) sur lequel il est notamment possible de nous soutenir en adhérant au mouvement et/ou en achetant nos magazines, nos vêtements ou nos autocollants.
Si l’on devait vous classer, devrait-on écrire : national-catholique, NR ou identitaire ? Ou un mixte de tout cela ?
Nous pouvons dire que ‘’généalogiquement’’ nous sommes NR. Nous voulons garder de ce renouvellement du nationalisme français du second XXème siècle la lutte contre le Grand Remplacement mais aussi contre le Grand Effacement (américanisation, société de consommation), le combat pour la souveraineté contre les ingérences étrangères sur le Vieux Continent (impérialisme américain, sionisme et, demain, pressions chinoises) ainsi que le souci de la question sociale et l’anticapitalisme qu’il implique.
Cependant, sans attendre un hypothétique État nationaliste, ou plutôt en support préalable à son avènement, nous pensons qu’il convient de ‘’refaire un peuple’’ et donc d’agir dans une perspective identitaire. C’est la raison pour laquelle nous insistons tant sur les différents niveaux de l’identité, et notamment sur les principaux qui nous concernent : les identités provençale, française et européenne. Voilà pourquoi nous utilisons souvent le double vocable de ‘’nationaliste et identitaire’’.
Ce qui pourrait paraître comme un ‘’brouillage de ligne’’, un ‘’confusionnisme’’ ou un manque de formation ou de rigueur doctrinale correspond plutôt à une double réalité. La première, l’époque, liquide et dépolitisée, qui ne permet plus aucune rigidité doctrinale et, la seconde qui en découle, la relative hétérogénéité de pensée de nos membres. Effectivement, nous nous attachons moins à une unité doctrinale qu’à une unité autour de ce que Dominique Venner appelait le ‘’type d’hommes’’.
Êtes-vous pro-Russes ou pro-Ukrainiens ? Ou ni l’un ni l’autre ? Et pourquoi ?
Nous avons refusé de prendre position sur le conflit en cours pour la raison évoquée immédiatement ci-dessus et pour ne pas rajouter de la division à un affrontement qui, déjà, déchire et entre-tue des peuples européens.
Quelle est la sociologie et l’échelle des âges de vos militants ?
Si l’on ne prend en compte que les militants, on trouve une génération fondatrice autour de la trentaine et au profil plutôt ‘’catho-tradi’’, une deuxième génération au milieu de la vingtaine aux origines sociales et politiques plus diverses ainsi qu’une troisième génération, étudiante et de sociologie plus bigarrée encore, à l’image de sa génération Z. Cette dernière se regroupe d’ailleurs derrière l’étendard de Jeunesse Tenesoun, la branche jeunesse du mouvement. Dotée d’une certaine autonomie par rapport au reste du mouvement, celle-ci mène des actions politiques ou de cohésion qui lui sont propres et relève d’exigences militantes allégées.
De manière plus générale, l’idéal visé en la matière est l’addition des générations et non leur remplacement. Ainsi, chez nous, un militant qui prend de l’âge et de l’expérience n’est pas appelé à se ranger et à laisser les plus jeunes agir ‘’parce qu’il a déjà assez donné’’. Au contraire, nous avons coutume de dire à moitié narquoisement qu’en-dessous de 25 ans le militantisme n’a que peu de valeur et qu’il commence à être intéressant à partir du moment où l’on devient professionnel, marié et parent… Parce qu’il n’y a pas de bonne raison pour se ranger, que l’on n’a jamais assez donné et que ce que l’on donne avec de l’âge et de l’expérience est ce qui a le plus de valeur. Bref, nous aspirons non seulement à être, mais surtout à durer.
Quelles sont les actions passées dont vous êtes les plus fiers ?
Les actions dont nous sommes les plus fiers sont celles qui exigent et attestent d’une certaine persévérance, en conformité avec le nom de ‘’Tenesoun’’ qui signifie en provençal (entre autres) la stabilité, la fermeté, la persistance. Nous pouvons penser à la production et à la vente régulière de nos magazines, à la tenue de nos locaux et potager mais aussi aux manifestations hebdomadaires contre les mesures sanitaires qui nous ont permis de nous insérer dans le paysage contestataire aixois.
Enfin, même s’il ne s’agit pas d’une action politique au sens strict du terme, nous avons été très fiers du colloque que nous avons organisé autour de la figure de Frédéric Mistral au mois de mars 2023. Fiers de la teneur intellectuelle mais aussi de la convivialité du repas, des chants et des danses ; de l’assistance nombreuse et multigénérationnelle. Ayant éprouvé notre capacité logistique à organiser des événements de cette ampleur, nous comptons pérenniser annuellement un rendez-vous de ce type : intellectuel, militant et communautaire.
Quel est le niveau de répression de la justice et des antifas auquel vous êtes exposés ?
Jusqu’à présent, notre plus grand ennemi ont été les pouvoirs publics : fermeture administrative de local, procédures abusives, fichage et mise sur écoute, etc. Le niveau de répression s’avère donc pesant mais supportable, si bien que nous sommes venus à bout de tous ces bâtons dans les roues.
Quant au danger gauchiste, il venait jusqu’à peu plutôt du milieu supporter de foot de Marseille, moyennement politisé mais très violent et opérationnel. Récemment, une force antifa s’est reconstituée sur Aix alors qu’elle y était quasi-inexistante depuis au moins une décennie. Il reste à voir sa vigueur réelle et sa tenue dans la durée.