Les partis nationalistes roumains s’approchent des leviers du pouvoir

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Si vous lisez les gros titres des médias traditionnels, vous constaterez qu’ils ont claironné le fait que les partis de l’establishment roumain ont devancé les partis nationalistes lors des élections législatives du 1er décembre. C’est vrai, au sens le plus strict du terme. Toutefois, il faut tenir compte du fait que lors des dernières élections législatives de 2020, l’Alliance pour l’Union des Roumains, un parti national-conservateur, n’a réussi à obtenir que 33 sièges sur les 330 que compte la Chambre des députés. Ce résultat était considéré comme respectable pour un nouveau parti. Un ou deux sièges avaient également été remportés par de minuscules groupes nationalistes, mais c’est tout. Quatre ans plus tard on peut aujourd’hui affirmer en toute franchise que les partis nationalistes, pris dans leur ensemble, constituent la deuxième force politique du pays.

Dans cet article, je ne ferai référence qu’aux sièges remportés à la chambre basse, la Chambre des députés. Je ne veux pas submerger l’aimable lecteur avec trop de statistiques. Il suffit de dire que les sièges du Sénat roumain sont généralement proportionnels à ceux de la chambre basse lors des élections dans ce pays. Examinons la répartition de tous les grands partis qui se sont qualifiés pour des sièges :

  • Sociaux-démocrates (PSD) : socialistes, 85 sièges, 22,32%.
  • Alliance pour l’Union des Roumains (AUR) : national-conservateur, 65 sièges, 18,28%.
  • Parti national libéral (PNL) : centre-droit, 51 sièges, 14,31%.
  • Union pour la sauvegarde de la Roumanie (USR) : centre-droit, 43 sièges, 12,22%.
  • SOS Roumanie (SOSRO) : nationaliste, 27 sièges, 7,73%.
  • Ethnic Hungarians (UDMR) : droits des minorités, 23 sièges, 6,40%.
  • Parti des jeunes (POT) : national-conservateur, 22 sièges, 6,36%.

La première chose qui saute aux yeux en regardant les statistiques est que si vous additionnez les deux partis nationaux-conservateurs et le parti SOS Roumanie, plus nationaliste, vous obtenez 32,37%, un chiffre important dans un système multipartite comme celui de la Roumanie. Toutefois, il est important de noter que les dirigeants de SOS Roumanie et du Parti des jeunes sont d’anciens membres de l’AUR de M. Simion. Soit Simion est difficile à vivre, soit les nationalistes roumains aiment s’engager dans des combats idéologiques. Cela pourrait être l’un ou l’autre.

Jetons un coup d’œil à certains partis et personnalités nationalistes et nationaux-conservateurs. Dans un autre article de ce journal, j’ai déjà écrit quelques mots sur le nationaliste indépendant Călin Georgescu, qui s’est présenté le 1er décembre au second tour de l’élection présidentielle roumaine. Il affrontera Elena Lasconi, du parti de centre-droit Union pour la sauvegarde de la Roumanie Union, le 8 décembre.

Le chef de l’Alliance pour l’Union des Roumains, George Simion, un national-conservateur, a fondé l’AUR en 2019 et a obtenu 9 % des voix et 33 sièges à la chambre basse cette année-là. Lors des élections du 1er décembre, il a porté son total à 65 sièges. Simion est âgé de 38 ans et est titulaire d’une maîtrise en histoire. Avant même de fonder l’AUR, il militait en faveur de l’unification de la Roumanie et de la Moldavie (autre pays essentiellement roumanophone) en une seule nation. En raison de son activisme à cet égard, il est persona non grata en Moldavie. Malgré ce qu’en dit la presse internationale, il n’est pas favorable à la Russie.

SOS Roumanie a été fondée en novembre 2021 par deux hommes, mais en mai 2022, Diana Șoșoacă en a pris les rênes. Sénatrice de l’AUR, elle s’est brouillée avec George Simion et a rejoint le jeune parti. Lors des élections européennes de 2024, SOS Roumanie a obtenu deux sièges au Parlement européen. Des trois partis nationalistes, SOS Roumanie est le plus dur. Mme Șoșoacă a été retirée du scrutin présidentiel de 2024 par certains juges politisés en raison de son radicalisme présumé. Le parti est plutôt eurosceptique. Șoșoacă a eu des positions variées sur la question russe. Elle a parlé en termes positifs de l’héritage de Cornelieu Codreanu. Mlle Șoșoacă exige que la Russie rende les provinces de Bessarabie et de Bucovine du Nord qu’elle a prises en 1940. Comme indiqué ci-dessus, SOS Roumanie a obtenu 27 sièges le 1er décembre. Il s’agissait de la première élection législative du parti.

Un autre nouveau parti nationaliste sur la scène roumaine est le Parti des jeunes (POT). Ce parti a été fondé en juillet 2023 par Anamaria Gavrilă, un ancien membre de l’AUR. Elle est diplômée de l’Université de l’Ouest de Timișoara. Mlle Gavrilă a été élue à un poste mineur dans la municipalité de Deva, sa ville natale, en 2020. Le POT fut un grand supporter du candidat indépendant à la présidence Călin Georgescu. Comme Georgescu, le Parti des jeunes est très présent sur le web et les médias sociaux.

Pendant longtemps, 2024 sera considéré comme une floraison du nationalisme roumain. On espère qu’il ne s’agira pas d’un feu de paille comme les campagnes très médiatisées du Parti de la Grande Roumanie de Corneliu Vadim Tudor à la fin des années 90 et au début des années 2000, qui se sont ensuite éteintes et ont disparu. Cette fois-ci, plutôt que d’avoir un seul parti et un seul leader, il y a de nombreux leaders nationalistes potentiels dans la classe de 2024. Il sera également intéressant de voir comment M. Georgescu s’en sortira lors du second tour de l’élection présidentielle, le 8 décembre.

Kenneth Schmidt

Journal Arktos

 

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