L’itinéraire d’Ernst Niekisch

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Ernst Niekisch n’est plus un inconnu: de nombreux ouvrages ont longuement évoqué son itinéraire et ses idées, un certain nombre lui ont été entièrement consacré (1). Le dernier en date, « Ernst Niekisch und der revolutionärer Nationalismus » d’Uwe Sauermann, ne concerne bien sûr qu’une période dans l’engagement intellectuel et politique d’Ernst Niekisch, la période nationaliste révolutionnaire (baptisée à tort « national-bolchévique ») qui coïncide avec la période de parution de la revue « Widerstand » (« Résistance ») que dirigeait Ernst Niekisch de 1926 à 1934). Ne sont pas concernées la période social-démocrate antérieure à 1926, évoquée dans l’ouvrage de Sauermann pour mémoire, et la période postérieure à la guerre (après 1945, Niekisch, devenu marxiste, occupera un poste d’enseignant à l’Université Humboldt de Berlin-Est).

Uwe Sauermann se livre à une étude minutieuse de la revue « Widerstand » (il n’hésite pas à recourir à une analyse quantitative des textes afin d’en tirer les concepts-clés) et à travers elle, il étudie l’évolution intellectuelle et la démarche politique d’ Ernst Niekisch et de ses amis entre 1926 et 1934. Cette étude s’articule en quatre parties :

-la première porte sur le développement de la revue

-la deuxième sur la position de la revue face au national-socialisme

-la troisième partie sur l’idéologie spécifique de « Widerstand »

-la quatrième sur le rôle de « Widerstand » et du mouvement constitué autour de la revue dans la culture politique de la République de Weimar.

 Ernst Niekisch : de la social-démocratie au nationalisme

Ernst Niekisch joue un rôle non négligeable dans la social-démocratie allemande au lendemain de la première Guerre Mondiale. Le 8 novembre 1918, Ernst Niekisch, alors jeune instituteur social-démocrate, crée le Conseil des ouvriers et soldats d’Augsburg dont il devient le président. Le 21 février 1919, il est élu président du Comité Central des Conseils de Bavière mais il refuse de participer à l’expérience de la République des Conseils de Bavière et à la République soviétique de Bavière; il est condamné à deux ans de prison pour « complicité de haute trahison ». Passé à l’USPD (Parti social-démocrate indépendant, aile gau-che dissidente de la social-démocratie) au Landtag de Bavière. En 1922, en même temps que la plupart des « indépendants », Niekisch rejoint la social-démocratie. Une brillante carrière politique semble s’ouvrir à lui. Mais Niekisch quitte Munich pour Berlin où il devient secrétaire de l’organisation de jeunesse du syndicat des ouvriers du textile; il n’est plus qu’un modeste fonctionnaire syndical. A partir de l’automne 1924, Niekisch exprime dans la revue socialiste « Der Firn » (« Le Névé ») dont il est le rédacteur en chef, des opinions « nationales » qui se transforment rapidement par la suite en un nationalisme ultra et « machiavélien ». A la même époque, Niekisch entre en contact avec le « Cercle de Hofgeismar » des jeunes socialistes, de tendance nationaliste. La « politique d »exécution » du Traité de Versailles et l’occupation de la Ruhr par les troupes franco-belges ont provoqué chez Niekisch, comme chez certains jeunes socialistes une prise de conscience nationale. Violemment pris à partie au sein de la SPD, Niekisch quitte le Parti au début de l’année 1926 suivi par les membres du Cercle de Hofgeismar.

En 1926, Niekisch adhère au Parti « vieux social-démocrate » (A-SP) fondé par 23 députés socialistes du Landtag de Saxe. Niekisch devient directeur de publication du quotidien de l’A-SP, le « Volkstaat ». Rapidement, il passe pour le « guide spirituel » du nouveau Parti (P.44). Lors du Congrès de Dresde de l’A-SP, Niekisch appelle les travailleurs à une « conscience d’État et de peuple », et il in-vite la République à s’attacher « passionément » au relèvement de l’Allemagne (note 1, P.47). En même temps, avec d’anciens membres du Cercle de Hofgeismar, Niekisch fonde la revue « Widerstand » et y apporte une note personnelle.

Les élections législatives de mai 1928 sont un échec total pour l’A-SP. En novembre, Niekisch quitte l’A-SP après que le troisième Congrès du Parti ait rejeté son projet de programme (P.65). La revue « Widerstand » coupe alors tous les ponts avec le socialisme (traditionnel) et bascule totalement dans le camp de l’extrême-droite nationaliste. Dès 1926, alors que les jeunes socialistes quittaient la revue, « Widerstand » avait ouvert ses colonnes à des nationalistes et s’était attaché comme collaborateurs permanents les responsables des groupes paramilitaires « Oberland » et « Wehrwolf » ainsi que l’écrivain « ancien combattant » Franz Schauwecker, un proche d’Ernst Jünger. En 1929, Friedrich-Georg et Ernst Jünger, porte-parole du « nouveau nationalisme » font leur entrée dans la revue.

Entre 1928 et 1930, Niekisch prend l’initiative d’actions unitaires dans le camp nationaliste. En octobre 1928, il réussit à réunir les chefs des groupes paramilitaires « Stahlhelm », « Jungdo », « Wehrwolf », « Oberland », etc., afin de constituer un « cercle de chefs » (« Führerring »). Cette entreprise unitaire (déjà tentée quelques années plus tôt par Ernst Jünger) échouera finalement. En 1929, Niekisch tente de réunir les ligues de jeunesse et les associations d’étudiants dans une « action de jeunesse » contre le Plan Young. C’est un demi succès. Par la suite, Niekisch se contentera de susciter un « mouvement de résistance » autour de la revue, à partir des « Camaraderies Oberland » (une partie du groupe « Oberland » est en effet acquise à ses thèses). Ce mouvement entre dans la clandestinité en 1933; il sera finalement démantelé par la Gestapo en 1937 et ses responsables, dont Niekisch, emprisonnés(2).

En 1930, la radicalisation de « Widerstand », la prise en main totale par Niekisch… et son mauvais caractère (« désagréable et sentencieux », il prétend « savoir toujours tout mieux que les autres »; cfr. p. 74); il est considéré comme un « Oberlehrer », un désagréable donneur de leçons, par la nouvelle génération nationaliste) provoquent le départ de certains collaborateurs de la revue, celui notamment d’Auguste Winnig, et entraînent la marginalisation de « Widerstand » au sein du camp nationaliste.

Du « Nationalisme prolétarien » au « Bolchévisme prussien »

De l’écheveau apparemment inextricable des actions menées et des thèmes développés par Niekisch et « Widerstand », Uwe Sauermann dégage un fil directeur: le nationalisme absolu, inconditionnel, (un-bedingt) professé par Niekisch dès les années 25-26.

– Niekisch pense d’abord qu’il échoit à la classe ouvrière d’incarner ce nationalisme et d’en réaliser le programme (un programme de politique extérieure), contre le Traité de Versailles, système d’oppression (oppression politique de l’Allemagne par les puissances occidentales, oppression sociale des travailleurs par le capitalisme international). C’est l’époque du « nationalisme prolétarien » (1925/ 1928). L’influence de Lassalle est manifeste.

-Puis les espoirs de Niekisch se portent sur les groupes paramilitaires et les ligues de jeunesse nationalistes. En même temps, Niekisch découvre derrière le Traité de Versailles l’Occident, et particulièrement la Romanité, qui menacent l’ « Etre allemand ». Il découvre aussi la « protestation allemande » contre Rome qu’incarnait Luther, et l’ « esprit de Potsdam » qui incarnait la vieille Prusse, qui fondent tous deux la non-occidentalité de l’Allemagne. C’est l’époque de la « Widerstandsgesinnung » (1928-1930), comme l’appelle Sauermann.

-L’idéologie de « Widerstand » se radicalise en 1930-1931 et donne naissance au « bochévisme prussien »: Niekisch pense que l’Allemagne doit se tourner vers l’Est pour échapper à l’Occident, particulièrement vers la Russie soviétique qui est l’anti-Occident et qui incarne désormais l’ « esprit de Potsdam » (qui a échappé à l’Allemagne et que l’Allemagne doit reprendre aux Russes). Niekisch place alors ses espoirs dans la paysannerie, et, pendant un temps aussi, dans le prolétariat révolutionnaire (c’est-à-dire le Parti Communiste allemand qu’il considère comme un « avant-poste » de la Russie soviétique), à condition qu’il soit placé sous une direction (spirituelle) nationaliste.

-Enfin, Niekisch, impressionné par les réalisations du Plan quinquennal et de la collectivisation soviétiques (il fit un voyage en Russie en 1932) ainsi que par la lecture du « Travailleur » de Jünger, pressent l’apparition d’une « Troisième Figure Impériale » planétaire, dont la ratio sera technique et qui supplantera l' »éternel Romain » (dont la ratio est métaphysique) et l' »éternel Juif » (dont la ratio est économique)(3). Niekisch s’éloigne du nationalisme absolu qu’il professait jusqu’alors.

En 1926-27, la revue « Widerstand » prône un nationalisme prolétarien dont Niekisch affirme qu’il n’est en aucun point semblable au nationalisme « social-réactionnaire » de la bourgeoisie (p. 180). Ce nationalisme prolétarien, qui plonge ses origines à la fois dans l’idéologie du Cercle de Hofgeismar et dans les écrits antérieurs de Niekisch, repose sur trois idées-forces :

  1. La classe ouvrière, en raison de son attitude fondamentalement collectiviste (« kollektivistische Grundhaltung »), parce qu’elle ne possède rien et échappe ainsi « aux motivations égoïstes de la propriété individuelle », peut devenir l’organe le plus pur de la raison d’État et la classe nationale (porteuse du nationalisme) par excellence;
  2. Le capitalisme international asservit l’Allemagne et l’Allemagne est devenue, depuis la guerre et le Traité de Versailles, une nation prolétaire;
  3. La révolution sociale contre les exploiteurs occidentaux du prolétariat allemand et la révolution nationale contre le Traité de Versailles sont étroitement liées (pp. 180 à 182).

Après avoir idéalisé le prolétariat, Niekisch, déçu par l’expérience de l’A-SP, reporte ses espoirs sur la « minorité nationaliste », c’est-à-dire les groupes para-militaires et les ligues de jeunesse mais aussi sur la paysannerie révolutionnaire. En 1932, Niekisch militera pour la candidature du leader paysan Claus Heim aux élections présidentielles. Dans ses « Gedanken über deutsche Politik » (« Pensées sur la politique allemande ») publiées en 1929, Niekisch évoque la « minceur » de la « substance völkisch » de l’ouvrier (p. 195). Cette « substance humaine et völkisch » aurait été broyée, pulvérisée, écrira-t-il plus tard dans « Widerstand » (ar-ticle intitulé « l’espace politique de la résistance allemande », novembre 1931), dès lors le combat prolétarien ne pourrait exprimer que du « ressentiment social » (p. 284). Dans le même article, Niekisch pré-cisera que l’espace politique de la résistance allemande se situe entre le prolétariat déraciné et la bourgeoisie occidentale(4).

Niekisch découvre que l’Allemagne n’est pas seulement politiquement (et économiquement) opprimée, mais qu’elle est aussi culturellement aliénée. Le Traité de Versailles et le Système de Weimar permettent à l’Occident, et particulièrement à la Romanité, d’étouffer l’Etre allemand et de dominer la totalité de l’espace allemand. A mesure que l’idéologie de « Widerstand » se radicalise, l’aspect anti-romain se renforce et devient prépondérant.

Niekisch et « Widerstand » s’en prennent à toutes les manifestations de l’Occident et de la Romanité en Allemagne : les idées de Progrès, d’Humanité, de Paix et d’Amitié entre les peuples dénoncées comme autant de mythes incapacitants destinés à désarmer l’Allemagne et à tuer en elle toute volonté de résistance (pp. 199/ 200); les « idées de 1789 »; la civilisation (occidentale) et les grandes villes; l’individualisme; le libéralisme (p. 200); le capitalisme (p. 200); la bourgeoisie (p. 200), véritable ennemi intérieur dont Niekisch souhaite la liquidation dans une « Saint-Barthélémy » ou de nouvelles « Vêpres siciliennes »(5); la propriété privée au sens du droit romain; mais aussi le marxisme, ultime conséquence du libéralisme; le catholicisme bien sûr; la République de Weimar; le parlementarisme; la démocratie (ou plus exactement: le « démocratisme », c’est-à-dire la recherche de l’appui des masses qui, selon Niekisch, caractérise aussi le fascisme); et le fascisme.

Niekisch écrit son premier long article sur le national-socialisme en mai 1929 (« Der deutsche Nationalsozialismus »). Il y critique l’orientation pro-italienne et pro-britannique du nazisme, c’est-à-dire son orientation pro-romaine et pro-capitaliste/pro-impérialiste. Il dénonce aussi l’intégration du nazisme dans le Système de Weimar (pp. 95 à 97). Dans son livre « Hitler, une fatalité allemande », publié en 1931, Niekisch expose longuement les motifs de son anti-hitlérisme: après avoir reconnu les débuts positifs du mouvement nazi, Niekisch condamne la « trahison romaine » de Hitler qui transforme le national-socialisme en un mouvement fasciste et « catholique », donc « romain », la trahison nationale au profit de l’ordre de Versailles et du Système de Weimar et la trahison sociale d’Hitler au profit du capitalisme. Rapidement, dans les années 31/32, la résistance contre l’Occident et contre Rome s’identifie à la résistance contre le fascisme et l’hitlérisme dont la force croît.

Face à l’Occident et à la Romanité: la « protestation allemande » et « l’esprit de Potsdam ». Baeumler (l’un des futurs philosophes officiels du IIIème Reich), est le premier à évoquer, en décembre 1928, dans « Widerstand », la « protestation allemande contre Rome » incarnée par Luther. Niekisch reprend et développe ce thème en s’inspirant fortement de Dostoïevsky(6). Dans un article d’avril 1928, Friedrich Hielscher, un ami d’Ernst Jünger, affirme que la « non-occidentalité de la nature allemande » repose sur une « attitude prussienne », un prussianisme frédéricien (p. 216). Quelques mois plus tard, Niekisch oppose l' »esprit de Potsdam » (le prussianisme) à l' »esprit de Weimar » occidental et francophile (p.217). L' »esprit de Potsdam », chassé de Prusse, se serait incarné dans la Russie bolchévique (pp. 218/219 et p. 244): c’est l’article de base et de référence du « bolchévisme prussien » des années 1930 à 1932.

L’idéologie de « Widerstand » se radicalise encore dans les dernières années de la République de Weimar. De nouveaux thèmes apparaissent dans un article de Niekisch de septembre 1929 « Der sterbende Osten » (« l’Est mourant ») (p.229), et dans un article de mars 1930 de Werner Hennecke, pp. 231 à 233 (celui-ci, un collaborateur du périodique « Blut und Boden », est proche du Mouvement Paysan). Ils seront repris et développés dans le programme politique de la résistance allemande en avril 1930 (pp. 234/235) (7). Niekisch et « Widerstand » préconisent alors :

– l’orientation vers l’Est (Prusse bien sûr et Russie bolchévique);

– le retour à la terre, à la « barbarie et à la primitivité paysanne », à un mode de vie paysan et soldatique (ces deux exigences tendent à se confondre: l’Est prussien et l’Est russe-bolchévique sont qualifiés de « barbares »; la Prusse et la Russie bolchévique s’appuieraient sur un fond paysan originel, primitif, soumis à la discipline d’un État militaire).

Dans « Das Gesetz von Potsdam » (« La loi de Potsdam », article d’août 1931), Niekisch préconise de renverser l’édifice occidental construit en Allemagne par Charlemagne (le peuple allemand doit, s’il veut se retrouver lui-même, retourner à une époque pré-romaine et pré-chrétienne, p. 227). Charlemagne a établi la domination « romaine » sur les Germains au moyen de la violence militaire, d’une aliénation spirituelle-mentale et consolidé biologiquement sa création en massacrant la noblesse saxonne et en organisant en Saxe une implantation/colonisation latine. « Depuis plus de 1000 ans, l’histoire allemande s’est mue sur le « terrain biologique, politique et spirituel de la création carolingienne » (p. 240). Pour Niekisch, il faut rompre avec l’idée romaine d’Imperium, avec le christianisme et l’esprit romain, traiter le sang romain de la même façon que Charlemagne a traité le sang saxon (p. 241) et bâtir un ordre nouveau sur trois « colonnes » : l’Etat prussien; un « esprit prussien archaïque »; une « autre substance vitale », la « race prussienne » germanoslave; pp. 242/243 (sur l’opposition raciale entre la Prusse et l’Allemagne du Sud et de l’Ouest, lire note p.220).

Niekisch prône une alliance militaro-économique, mais aussi idéologique (« weltrevolutionär » précise Niekisch – « révolutionnaire-mondiale »), avec la Russie bolchévique. Il imagine même un Empire russo-allemand « de Vladivostock à Flessingue » (ici, Niekisch semble dépasser son nationalisme allemand absolu pour penser en termes de politique impériale).

Mais l’image idéalisée du bolchévisme que Niekisch projette dans « Widerstand » n’a rien à voir avec le marxisme-léninisme, y compris dans sa version stalinienne, ni avec la réalité du bolchévisme : le bolchévisme représente aux yeux de Niekisch l’Anti-Occident absolu, « barbare asiatique », il constituerait un camp (Fedlager) contre l’Occident et incarnerait l’idée de Potsdam. Uwe Sauermann soutient que le « bolchévisme prussien » de « Widerstand » ne se confond pas avec le « national-bolchévisme » : en effet, « Widerstand » ne propose pas d’importer le bolchévisme en Allemagne et de le nationaliser, mais prétend reprendre au bolchévisme l’Idée de Potsdam d’origine prussienne; l’équipe de « Widerstand » est indifférente au marxisme et à la « construction du socialisme » : ce qui l’intéresse, ce sont les aspects prétendument prussiens du bolchévisme(8); enfin, elle demeure méfiante et même hostile à l’égard du Parti Communiste allemand (pp. 297 à 306).

Finalement, le bolchévisme s’assagira (traités de non-agression russo-polonais et russo-français de 1932, entrée de l’U.R.S.S. dans la Société des Nations en 1934) et trahira ainsi les espoirs de Niekisch (pp. 264 à 266). Celui-ci portera alors son attention sur la Figure impériale en émergence dont l’avènement mettra fin à la domination de l’Occident et de Rome et à la civilisation occidentale elle-même.

Uwe SAUERMANN : « Ernst Niekisch und der revolutionäre Natinalismus » – Bibliotheksdienst Angere (München 1985), 460 S., DM 32.

Notes :

1 – Jean-Pierre Faye décrit les idées de Niekisch dans ses « Langages totalistaires », pp. 101 à 127 (Paris, 1973) et Louis Dupeux lui consacre deux chapitres de sa thèse volumineuse sur le national bolchévisme (« Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l’expression « national-bolchévisme », en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933) », Lille et Paris, 1976).En Allemagne, Niekisch, évoqué dans l’ouvrage d’Otto-Ernst Schuddekopf sur les mouvements NR dans la République de Weimar (« Linke Leute von Rechts. Die national-revolutionäre Minderheiten und der Kommunismus in der Weimarer Republik », Stuttgart 1960, rééd. en 1973), a fait l’objet de deux monographies, l’une que l’on doit à Friedrich Kabermann (« Widerstand und Entscheidung eines deutschen Revolutionärs, Leben und Denken von Ernst Niekisch », Köln 1973), l’autre à Uwe Sauermann (« Ernst Niekisch. Zwischen allen Fronten », München & Berlin 1980).

2 – Sur les actions politiques menées par Niekisch depuis 1928 : lire la quatrième partie d’Uwe Sauermann (pp. 321 à 440).

Le livre de Joseph Drexel (l’adjoint de Niekisch) « Voyage à Mauthausen. Le Cercle de Résistance de Nuremberg » (Paris 1981), contient le texte du jugement secret du tribunal populaire du 10 janvier 1939 contre Niekisch, Drexel et Tröger. Il déclare à la fois l’attitude de « Widerstand » à l’égard du nazisme (sujet traité dans la deuxième partie de l’ouvrage de Sauermann) et les activités oppositionnelles de Niekisch et de ses amis sous le IIIème Reich.

3 – Lire à ce sujet : Sauermann, pp. 316 à 320, mais aussi l’article de Louis Dupeux « Pseudo-Travailleurs » contre prétendu « État bourgeois » » dans « La Revue d’Allemagne », tome XVI, n°3, juillet-septembre 1984, pp. 434 à 449.

4 – Louis Dupeux « Stratégie communiste et dynamique conservatrice. Essai sur les différents sens de l’expression « national-bolchévisme », en Allemagne, sous la République de Weimar (1919-1933) », Lille et Paris, 1976)pp. 415/416.

5 – Ibid., p. 401

6 – Ibid., pp 391/392, mais aussi Friedrich Kabermann « Widerstand und Entscheidung eines deutschen Revolutionärs, Leben und Denken von Ernst Niekisch », Köln 1973, (extrait significatif dans « Orientations » n°4).

7 – Reproduit in exrenso dans « Versuchung oder Chance ? Zur Geschichte des deutschen National-Bolchevismus » de Karl-Otto Paetel (Göttingen 1965), pp. 282 à 285.

8 – Curieusement d’ailleurs, cet ancien leader social-démocrate qu’est Niekisch ne manifeste aucune préoccupation sociale : s’il est anti-capitaliste c’est parce que le capitalisme est une expresiion de la pensée occidentale, s’il est « socialiste-révolutionnaire », s’il veut liquider la bourgeoisie occidentalisée, c’est parce que la bourgeoisie est un « ennemi intérieur », un « cheval de Troie » de l’Occident en Allemagne (il ne s’agit donc pas là d’un  » social-révolutionnarisme authentique »), cf. p. 200.

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