Demain, on va avoir droit aux éternels débats sur Halloween : que ça serait une fête anti-chrétienne, une fête commerciale, une fête importée, etc. 
Petit fil pour vous défendre cette fête d’un point de vu identitaire car je sais qu’on nous fait souvent le procès de la promouvoir. 
Personnellement, j’aime beaucoup Halloween. D’ailleurs, on le fête chaque année dans notre local du Vaucluse et ça nous arrive que des gamins du village viennent toquer à notre porte pour demander des bonbons ou un sort. 
Au-delà de l’aspect esthétique (j’aime l’Automne et son ambiance mélancolique), Halloween est l’une des rares fêtes où les enfants et adolescents « occupent » l’espace public. On voit des familles dans la rue, des gamins partout, c’est bon enfant et c’est une fête très vitaliste. 
Comme certains le savent, j’ai vécu une partie de ma vie en Espagne et à chacun de mes voyages là-bas, je suis marqué par une différence fondamentale entre les ibériques et notre pays : en Espagne, les gens vivent encore dehors. Ce n’est pas rare de croiser des gamins qui jouent au foot dans la rue, dans les parcs sans surveillance jusqu’à tard.
L’Espagne a ses problèmes mais quand vous voyez des enfants qui jouent dans l’espace avec peu de surveillance des parents c’est témoin que l’espace public est encore envisagé comme un « lieu sûr », où l’on fait confiance aux gamins pour ne pas s’attirer d’embrouilles dans la rue. Et je suis intimement persuadé que l’expérience de l’extérieur est essentielle dans la construction d’un enfant / adolescent.
 Aujourd’hui on assiste à un phénomène de « confinement volontaire » d’une grande partie de la jeunesse de ce pays. Une immense partie des adolescents et jeunes adultes de ce pays vivent enfermés chez eux. C’est évidemment multifactoriel (la vie coûte cher, essentiellement, et ça n’aide pas) mais je suis persuadé que c’est aussi lié au fait que les parents laissent de moins en moins leurs gosses se faire les dents sur le monde extérieur sans surveillance permanente. Pour parler franchement, c’est même un truc de parents blancs. Les parents sont de plus en plus ultra-protecteurs à cause de l’angoisse insécuritaire ambiante et laissent de moins en moins les mioches se former au monde en sortant sans harnais de sécurité. C’est dramatique, parce que je suis persuadé que ça a un impact immense sur la construction de la confiance et de la socialisation, et donc, par exemple, sur les relations hommes-femmes. L’une des racines majeures de la dénatalité et de la misère sexuelle (on voyait passer cet article du Figaro hier ou avant-hier, encore) réside précisément dans cette désertion absolue de l’espace public et cette censure que l’on fait peser à l’adolescence sur les nouvelles générations.
Alors, j’aime bien Halloween parce que je me souviens que quand j’étais gamin, c’était la fête où les parents laissaient sortir mes amis qui n’avaient pas le droit de voir la lumière du jour dans mon village du Var le reste de l’année. Je me fiche bien des débats sur la pertinence identitaire d’Halloween. Je n’en fais pas un argument en faveur de l’émulation culturelle comme l’entendent les gauchistes et les mondialistes, mais parfois les traditions se meuvent et des peuples les assimilent parce qu’elles les apprécient sincèrement. 
Probablement devrions nous remettre un peu plus de ce sens dans cette fête, pour la rendre plus « autochtone » mais elle est là, et c’est un beau moment. Les mioches qui rient et sourient dans les rues de nos villes et villages sont une whitepill absolue que j’attends chaque année avec impatience.
Raphael Ayma.
