3 juillet 1901 : création du Comité national antijuif par Édouard Drumont

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Polémiste rendu célèbre par la publication de La France juive en 1886, Édouard Drumont avait déjà essayé de monter une formation politique à la fin des années 1880. Fondée en 1889, la Ligue nationale anti-sémitique de France n’avait eu qu’une existence éphémère, disparaissant après 1890.

En 1892, Drumont lance La Libre Parole, journal qui joue un rôle central à la fin du xixe siècle. En 1897, quand Jules Guérin décide de relancer la Ligue antisémitique de France (qu’il rebaptisera « Grand Occident de France » par antimaçonnisme), Drumont se montre très réticent à l’encontre de ce qu’il considère comme une concurrence, malgré la présidence d’honneur qui lui a été attribuée. De même, après avoir plus ou moins subventionné la Jeunesse antisémitique d’Édouard Dubuc, le directeur de la Libre Parole lâche cette ligue en 1901, quand celle-ci devient le Parti national antijuif.

Le Comité national antijuifest créé le 3 juillet 1901 par Édouard Drumont, ses autres dirigeants étant Charles Bernard, Firmin Faure, Paul Baranton, Gaston Méry, Albert Congy, Léon Daudet, Renaud d’Ellisagaray, André de Boisandré et Charles Devos. Le Comité national antijuif installe son siège aux bureaux du journal, au no 14 du boulevard Montmartre.

Le Comité ouvre une importante souscription pour soutenir les candidats nationalistes aux législatives de 1902 qui rapporta 63.656 francs (importante somme pour l’époque).

Le 17 juin 1902, le Comité national antijuif se transforme en Fédération nationale antijuive avec pour objet la défense des « intérêts moraux, économiques, industriels et commerciaux du pays ». Ses statuts, qui reprennent mot pour mot ceux de la ligue de 1889, annoncent que l’association, dont les juifs sont exclus, a pour but de combattre « les influences pernicieuses de l’oligarchie judéo-financière ». Sa devise, « La France aux Français ! », n’est autre que le sous-titre de La Libre Parole. 

La Fédération nationale antijuive compte des sections en province et sur Paris et est capable d’organiser des meetings réunissant jusqu’à 2.000 personnes. Des comités locaux de l’association sont organisés en Normandie, ainsi qu’à Bayonne, Sèvres, Lille et Bordeaux. Les femmes sont également invitées à rejoindre le mouvement.

En , les tribuns de la Fédération poursuivent une série de conférences dont l’une des plus importantes a lieu le 18 à la salle de la Société des agriculteurs de France, rue d’Athènes. D’autres réunions ont lieu le  à la Porte Dorée, sous la présidence de Charles Péchin, le  à la salle du théâtre de Sèvres, en présence du maire Poirot-Delpech, le  à Versailles et la semaine suivante à Mantes. Au cours de ces meetings, les membres du comité exécutif de l’association partagent l’estrade avec d’autres orateurs tels que Lasies, Congy, Georges Thiébaud, Joseph Ménard et Albert Monniot ou encore avec la chanteuse Eugénie Buffet, tandis que l’entente avec d’autres ligues, celle des Patriotes et celle de la Patrie française, est clairement affichée.

La Fédération nationale antijuive reste active jusqu’à l’été 1905.

Première parution : Jeune nation.

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