Mafia et fascisme (1)

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Le philosophe fasciste Giovanni Gentile affirmait que rien de spirituel ou de matériel n’existe en dehors de la sphère de la « pensée en action » ou de « l’esprit universel » (Dieu). Selon Hegel, l’« esprit universel » s’exprime à travers l’État (Dieu sur terre).

Pour Gentile, la forme d’État la plus parfaite est l’État totalitaire. Par conséquent, pour le philosophe italien, rien de spirituel ou de matériel ne peut exister en dehors de l’État fasciste. Pour Benito Mussolini, l’État est l’esprit du peuple et le garant de la liberté des citoyens qui le composent, c’est-à-dire que l’État ne doit pas, et ne peut pas, tolérer une autorité autre que la sienne, qui affaiblirait et mettrait en danger son existence et la liberté de la nation.

Cependant, lorsque le Duce est arrivé au pouvoir, il était conscient que dans une partie de l’Italie, l’État n’existait pas, car la mafia maintenait encore ses structures de pouvoir.

Lorsque Benito Mussolini débarque à Palerme le 6 mai 1924, la Sicile est entièrement aux mains de la mafia. Don Vito Cascio Ferro, l’homme le plus puissant de l’île, contrôle toutes les sources de revenus.

La mafia taxe les foires, le colportage, l’embauche de saisonniers agricoles, l’achat de bétail, l’utilisation des moulins, l’extraction de l’eau des puits et, bien sûr, toutes les activités illicites.

Les Siciliens se tournent vers la mafia pour résoudre leurs problèmes quotidiens plutôt que vers la justice ordinaire, dont les fonctionnaires sont achetés ou menacés par la mafia.

Lors de la visite du Duce à Piana degli Albanesi, il fut accompagné en voiture par le « maire » de cette ville Francesco Cuccia, ou plutôt Don Ciccio, un mafioso inculpé de huit chefs d’accusation pour meurtre, tous rejetés pour manque de preuves. A un moment donné, Don Ciccio a dit à Mussolini, avec une certaine familiarité, que son escorte n’était pas nécessaire parce qu’il n’avait rien à craindre de son côté, mais le Duce l’ignora.

Don Ciccio, troublé, décida de montrer son pouvoir à Mussolini et ordonnae que personne n’assiste au discours du leader italien, lui montrant subtilement le pouvoir de la mafia en Sicile.

Le 12 mai 1924, le Duce de retour à Rome était prêt à en finir avec une organisation qui faisait passer ses intérêts avant l’autorité de l’État.

Il convoqua immédiatement les ministres De Bono et Federzoni, convenant que l’homme le plus apte à vaincre la mafia était Cesare Mori. Mori était convaincu que les êtres humains ne pouvaient être libres que sous la protection des lois et des institutions sociales de l’État et que, par conséquent, aucune personne ou association ne pouvait rester en dehors ou au-dessus des lois nationales.

Pour preuve, en 1922, lorsque Cesare Mori était préfet (gouverneur) de Bologne, il s’opposa fermement aux violentes expéditions punitives des Chemises noires, n’hésitant pas à envoyer la police contre elles.

Le Duce nomma Mori préfet de Palerme, où il s’installa en octobre 1925, avec des pouvoirs extraordinaires pour éradiquer le phénomène mafieux sur l’île. A la fin de cette même année, Cesare Mori remporta son premier succès : plus de 700 mafiosi furent arrêtés, accusés de meurtre, de vol de bétail, d’usurpation de fonctions publiques, d’extorsion, de chantage, etc.

Cette opération fut suivie d’une opération spectaculaire dans la ville de Gangi, où les gangs d’Andaloro et de Ferrarello régnaient depuis plus de trente ans, et qui furent tous deux été capturés dans leur intégralité.

De nouveaux succès et de nouvelles arrestations eurent eu lieu à Termini, Imerese, Marsala, Mazarin, Castelvetrano et Gibellina, débarrassant ainsi de vastes zones de la Sicile des mafiosi.

Les méthodes utilisées par Mori étaient particulièrement dures, n’hésitant pas à utiliser les femmes et les enfants des gangsters comme otages pour les forcer à se rendre. Enfin, en 1927, le « préfet de Fer » remporta son grand triomphe avec l’arrestation et la condamnation à la prison à vie de Don Vito Cascio Ferro, le capo di tutti capi de la mafia sicilienne.

Le Duce ordonne au ministre de la Justice, Alfredo Rocco, de rédiger un nouveau code pénal, promulgué en 1930, dans le but de vaincre définitivement la Cosa Nostra.

En représailles, il y eut de nombreux martyrs parmi les Chemises noires victimes de la mafia, mais le sacrifice suprême de fascistes comme Mariano de Caro, les frères Domenico et Bartolomeo Perricone ou Gigino Gattuso, ne fut pas vain.

En effet, grâce à la lutte tenace de Mori, la mafia sicilienne fut totalement soumise au pouvoir de l’État en 1928. Cesare Mori adhèra au Parti national fasciste le 21 février 1926 et le 22 décembre 1928, il fut nommé sénateur du Royaume. Il écrivit ses mémoires en 1932, sous le titre « Con la mafia ai ferri corti » (En désaccord avec la mafia).

La mafia, qui était restée inactive en attendant des temps démocratiques plus favorables, réapparut après le débarquement américain en Sicile en 1943, pesant d’une main de fer sur la vie et l’économie des habitants de l’île.

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