Traduction d’un article de Julius Evola, publié en 1941 dans la revue italienne Regime fascista (Régime fasciste), un journal opérant dans le cadre politique et intellectuel de l’Italie fasciste pendant la Seconde Guerre mondiale. L’essai examine les Nationalpolitische Erziehungsanstalten (Napolas), des établissements d’enseignement d’élite de l’Allemagne national-socialiste, et reflète l’intérêt d’Evola pour les questions de formation politique et d’autorité telles qu’elles se posaient à l’époque dans la sphère culturelle de l’Axe. L’article original est paru sous un titre descriptif minimal, conformément aux conventions du journalisme politique de l’époque du régime, qui identifiait souvent l’objet de l’analyse sans développer le thème. Il n’est pas une présentation institutionnelle neutre, mais un traitement analytique façonné par le souci constant d’Evola pour une éducation de qualité et la formation d’un type de gouvernance, distinct des modes d’enseignement libéraux ou familiaux.
Les Napolas
Il est nécessaire d’examiner certaines initiatives allemandes récentes qui, sous une forme politique et institutionnelle distincte, ont pris en charge la formation qualitative, une tâche qui, au cours de la période précédente, était largement laissée à un ensemble restreint et de plus en plus périphérique d’institutions privées. Ces initiatives découlent de la reconnaissance du fait que la formation d’un type de gouvernance ne peut être confiée au hasard ou à des sentiments privés, mais doit être ordonnée par la sélection et une pression soutenue. Nous commencerons cette étude par les institutions connues sous le nom de Napolas (1).
Le terme Napolas désigne les Nationalpolitische Erziehungsanstalten, des instituts d’éducation politique nationale. Leur origine doit être comprise dans le contexte des sanctions d’après-guerre imposées à l’Allemagne. À la suite du traité de Versailles, le Reich a été contraint de dissoudre plusieurs de ses écoles de cadets (2).
Ces institutions ont ensuite été reconstituées par le gouvernement d’après-guerre sous le nom de Staatliche Bildungsanstalten (3), des établissements d’enseignement publics destinés principalement à accueillir des jeunes socialement défavorisés ou sans soutien familial stable. Dans cette forme intermédiaire, les institutions fonctionnaient comme des écoles secondaires standardisées. L’éducation qui y était dispensée était façonnée par des normes libérales qui se présentaient comme apolitiques, mais qui, en réalité, visaient à neutraliser les distinctions. L’enseignement était uniformisé, toute différenciation étant supprimée. L’éducation physique est restée l’un des rares éléments de rigueur, mais même celle-ci était dispensée sans référence à un principe formateur global et restait donc détachée d’une conception intégrée de la formation. Avec l’avènement du national-socialisme, ces institutions ont subi une transformation décisive et ont pris leur forme définitive sous le nom de Napolas. Placées sous l’autorité directe de l’État, elles ont cessé de fonctionner comme des refuges éducatifs neutres et sont devenues explicitement politiques, la sélection étant imposée comme condition d’admission. L’admission était réservée aux jeunes particulièrement prometteurs, formés pour commander et assumer des responsabilités partout où une autorité décisive était requise, au-delà de l’armée et du parti, dans tous les domaines où l’initiative devait être exercée dans des conditions importantes. La conception qui sous-tend les Napolas est d’une portée totale.
Elle ne se préoccupe pas des compétences techniques traitées isolément, ni de la culture de vertus distinctes abstraites d’un tout intégral. Son objectif est la formation d’un type unifié, dans lequel le tempérament et le jugement sont ordonnés selon un axe unique. L’accent est mis sur le renforcement des dispositions viriles indissociables d’un sens discipliné de l’appartenance, grâce auquel l’individu apprend à mesurer ses actions par rapport à une communauté concrète plutôt que par rapport à ses inclinations privées ou ses préférences subjectives.
Les remarques formulées par l’un des inspecteurs généraux de ces institutions sont révélatrices à cet égard. Il a souligné la séparation stricte qui doit être maintenue entre l’éducation familiale et la formation politique. La formation politique ne peut être comprise comme une continuation de l’éducation dite naturelle au sein de la famille, ni comme son raffinement. Elle constitue une phase distincte fondée sur des présupposés différents et régie par des principes qui exigent une rupture avec la sphère privée plutôt que son extension.
Au centre de ces principes se trouve celui de la soldatische Gemeinschaft (4), le lien de communauté et de solidarité propre à un corps de soldats. Conformément à ce principe, les Napolas ne sont conçues ni comme des extensions de la sphère familiale ni comme des substituts à celle-ci, mais comme des institutions orientées vers une discipline supérieure et impersonnelle. Le jeune homme doit en venir à se considérer comme appartenant à un ordre (5) régi par ses propres lois et sa propre morale, devant lesquels les sentiments individuels et les attaches familiales sont subordonnés.
Alors que l’admission dans les anciennes Staatliche Bildungsanstalten était ouverte à tous les candidats, les Napolas n’admettent que les jeunes identifiés à l’avance, à l’issue d’un processus de sélection, comme possédant un potentiel exceptionnel. Cette sélection a lieu au niveau des écoles primaires et repose sur le jugement des responsables des organisations de jeunesse (6), dont la tâche consiste à reconnaître les capacités plutôt qu’à enregistrer mécaniquement les présences.
L’entrée dans les Napolas est possible à deux étapes, soit à l’âge de dix ans, soit à l’âge de quatorze ans (7). Dans le premier cas, la formation s’étend sur huit ans. Dans le second, elle s’étend sur six ans. Dans les deux cas, la durée n’est pas conçue comme une simple instruction, mais comme un test prolongé au cours duquel une différenciation s’impose au fil du temps.
L’admission aux Napolas n’est régie par aucun droit d’inscription fixe (8). Au lieu de cela, une contribution est demandée en fonction de la situation financière de la famille, une fois que le jeune a été jugé digne d’être accepté. La situation économique ne garantit donc pas l’entrée et ne constitue pas non plus un obstacle, puisque la sélection repose sur les capacités plutôt que sur les moyens.
La discipline imposée au sein de ces institutions ne tolère aucune indulgence. Les cours ne sont pas répétés. Si un jeune se révèle insuffisant dans un quelconque domaine de formation, son renvoi est définitif. L’exclusion n’a pas pour but de corriger, mais de sélectionner, servant de moyen à l’institution pour préserver son niveau.
Dans les Napolas, l’entraînement physique et le renforcement du caractère s’accompagnent des épreuves de courage déjà rencontrées dans d’autres institutions formatrices du Reich.
Dès leur plus jeune âge, les jeunes sont confrontés à des situations qui exigent une décision immédiate et le dépassement de la peur. Même les plus jeunes sont obligés de sauter dans l’eau depuis une hauteur fixe (9) qu’ils sachent nager ou non. Les élèves plus âgés sont confrontés à des épreuves d’un autre ordre, comme monter et maîtriser un cheval non dressé sans selle. Lors d’exercices de combat simulé, leurs réactions sont observées avec attention, notamment leur attitude et leur sang-froid dans des situations de stress.
Ces épreuves s’adressent directement à l’individu. À côté d’elles se trouve un deuxième aspect tout aussi décisif, à savoir la relation de l’individu avec le groupe. Ici, l’attention se porte sur la camaraderie en tant que capacité à commander et à assumer des responsabilités pour les autres. Pour cultiver ces qualités, les Napolas accordent une large place au principe d’autodiscipline. L’autorité n’est pas imposée exclusivement par le haut, mais est confiée de manière mesurée aux jeunes eux-mêmes, en fonction des capacités démontrées.
C’est en fonction de ces mêmes qualités qu’un jeune est jugé digne ou indigne de rester dans l’institution. L’admission n’est pas immédiatement définitive, mais n’est confirmée qu’après une année de probation, pendant laquelle le candidat est observé dans sa conduite, son endurance et son tempérament.
Même après cette confirmation initiale, le jeune reste soumis à des tests continus. Il doit comprendre que sa place n’est jamais acquise une fois pour toutes. À tout moment, s’il ne répond pas aux normes fixées par les Napolas, il peut être renvoyé. La permanence n’est accordée qu’à ceux qui prouvent à plusieurs reprises qu’ils sont à la hauteur des exigences qui leur sont imposées.
L’enseignement technique dispensé au sein des Napolas doit répondre à des normes tout aussi rigoureuses que celles des autres écoles secondaires. La rigueur intellectuelle n’est pas sacrifiée au profit de la formation, mais y est intégrée. Conformément à la conception d’une éducation ordonnée dans sa globalité, la dimension esthétique est également préservée. L’enseignement du dessin et de la peinture, ainsi que du chant, occupe une place importante en tant que moyen de former la sensibilité et la discipline intérieure.
Une autre caractéristique réside dans le fait que les élèves sont délibérément confiés à de jeunes instructeurs. Ces enseignants ne se limitent pas à la salle de classe, mais sont censés accompagner les élèves dans leur entraînement physique et leurs exercices pratiques. Ils servent de modèles en matière de comportement et de performance, et sont capables d’instruire, de rivaliser et de diriger lors d’activités sportives et d’exercices tactiques organisés à intervalles réguliers. Une fois par an, ces exercices sont réalisés à plus grande échelle, réunissant les élèves de toutes les Napolas existant dans le Reich.
Dans le domaine de la formation politique, la méthode employée est celle dite « casuistique » (10). Les formules abstraites et les concepts généralisés sont délibérément évités. Les jeunes sont confrontés à des situations concrètes et à des cas spécifiques, et leurs réponses sont examinées afin d’évaluer leur jugement dans des conditions de contrainte. L’objectif n’est pas la mémorisation idéologique, mais la formation d’un discernement exercé dans des conditions qui exigent une prise de décision.
L’une des initiatives les plus distinctives et délibérées des Napolas consiste à envoyer les élèves vivre pendant six à huit semaines dans des familles de travailleurs (11). Les élèves les plus jeunes sont placés dans des familles d’agriculteurs, tandis que les plus âgés résident dans des familles d’ouvriers de l’industrie. Pendant cette période, les jeunes travaillent comme ouvriers rémunérés, vivent pleinement dans les conditions du foyer et subsistent uniquement grâce à leur salaire, sans pouvoir recevoir d’aide de leur famille.
Grâce à cette participation forcée à un mode de vie commun, le jeune est censé acquérir une compréhension directe et immédiate des réalités du travail et des conditions dans lesquelles vit la population active. Cette expérience produit une conscience sociale disciplinée, fondée sur l’expérience vécue. Dans le même temps, l’étudiant est censé se comporter de manière exemplaire par sa conduite et son attitude. Il doit assumer un rôle formateur dans l’environnement dans lequel il est placé et ne doit pas hésiter à clarifier les questions politiques ou à communiquer, sur la base de sa propre expérience, les principes et les perspectives qu’il a assimilés.
L’organisation de ces stages est assurée par un accord officiel entre les Napolas et l’Arbeitsfront, le Front allemand du travail (12) Cette organisation du Parti, chargée de superviser la main-d’œuvre nationale, assume dans ce contexte la responsabilité d’affecter chaque élève à un environnement jugé approprié pour cette phase de sa formation.
Au cours des dernières années d’existence de ces institutions, des voyages éducatifs au-delà des frontières du Reich ont également été introduits (13) élargissant ainsi le champ de la formation par un contact direct avec les conditions et les réalités étrangères.
À l’issue du cursus, et contrairement à ce que l’on pourrait attendre, le jeune ne reçoit aucun diplôme lui conférant un avantage particulier (14). Il sort dans les mêmes conditions formelles que quelqu’un qui a fréquenté une école ordinaire, et sa carrière ultérieure n’est facilitée par aucun privilège institutionnel. Aucun titre extérieur ne lui est fourni pour faciliter son parcours ou se substituer à ses capacités personnelles.
Le raisonnement qui sous-tend cette décision est précis. On estime que le jeune doit être capable de mettre en œuvre, par ses propres efforts et dans la lutte directe de la vie, les qualités supérieures que cette formation exigeante et sélective a testées, confirmées et forgées. Ces qualités doivent pouvoir s’affirmer par leur propre force, de manière à la fois résolue et réaliste, sans recourir à une protection ou à une assistance. Ce n’est qu’ainsi qu’elles peuvent légitimement conduire l’individu vers des postes de commandement et de responsabilité, qu’il est jugé digne d’occuper non par faveur, mais par nature et par ses capacités avérées.
Il n’est pas sans importance que les principales figures responsables de la direction de l’éducation des jeunes dans les Napolas et de l’exercice de l’autorité sur ces institutions soient elles-mêmes issues de la SS (Schutzstaffel) (15) Ce corps germanique, qui se distingue par son uniforme noir, se considère non seulement comme une formation de sécurité, mais aussi comme une garde au sens large, se rapprochant du caractère d’un ordre.
Cette conception de l’ordre doit être comprise dans son sens ancien, comme une association disciplinée de guerriers ascétiques régis par des règles et une hiérarchie, animés par une éthique de service qui transcende l’intérêt individuel. En ce sens, les SS se présentent comme un instrument et le gardien de la révolution nationale-socialiste, cherchant à incarner dans leur propre structure les principes que les Napolas sont censés inculquer à ceux qui leur sont confiés.
Notes du traducteur
1 Les Napolas désignent les Nationalpolitische Erziehungsanstalten (instituts nationaux d’éducation politique), des internats nationaux-socialistes d’élite créés après 1933 pour la formation politique et morale à long terme de jeunes hommes sélectionnés. Destinées à identifier et à former les futurs dirigeants, ces institutions combinaient un enseignement académique avec une formation physique, disciplinaire et idéologique intensive. Au sein du système éducatif national-socialiste, les Napolas occupaient une position distincte, différente à la fois des Adolf-Hitler-Schulen (écoles Adolf Hitler), qui étaient plus directement orientées vers l’avancement du parti, et des Ordensburgen (châteaux de l’ordre), qui fonctionnaient comme des centres de formation avancée pour les cadres plus âgés et déjà sélectionnés. Les Napolas servaient plutôt d’institution intermédiaire axée sur la sélection précoce et les tests de formation continus, constituant un élément fondamental dans la hiérarchie plus large de l’éducation d’élite national-socialiste.
2 Le traité de Versailles (1919) imposait des restrictions importantes à la souveraineté allemande dans le but d’empêcher la réémergence d’une puissance militaire allemande indépendante. Parmi ses effets concrets figurait la dissolution forcée des institutions de formation des officiers d’avant-guerre, y compris les écoles de cadets, interrompant ainsi les voies établies de formation militaire et administrative. Ces mesures ont entraîné un bouleversement institutionnel et ont contribué à répandre en Allemagne l’idée que le règlement d’après-guerre représentait davantage une mesure punitive de confinement qu’une réconciliation.
3 Les Staatliche Bildungsanstalten (établissements d’enseignement publics) étaient des établissements d’enseignement publics créés pendant la République de Weimar à la suite de la dissolution des écoles de cadets impériales et du Reich en vertu des restrictions d’après-guerre. Bien qu’ils aient hérité de certaines installations physiques et de certains cadres administratifs de l’ancien système des cadets, leur fonction a été considérablement modifiée. Ils ont été réorganisés en écoles secondaires standardisées sous autorité civile et se sont de plus en plus orientés vers l’enseignement général et l’adaptation sociale, en particulier pour les jeunes dépourvus de soutien familial ou économique stable, plutôt que vers la formation sélective d’une future classe dirigeante.
4 Soldatische Gemeinschaft (« communauté militaire ») désigne une conception spécifiquement allemande de la solidarité communautaire façonnée par la vie militaire et la discipline ordonnée. Ce terme souligne la primauté de l’obligation collective sur les inclinations individuelles et présuppose une forme d’association dans laquelle l’identité personnelle est subsumée dans un code de devoir commun. Dans le discours éducatif et militaire national-socialiste, il ne désignait pas seulement la camaraderie au sens sentimental, mais aussi un mode d’existence communautaire formé par la disposition à obéir aux ordres et à se sacrifier.
5 Le terme « ordre » est utilisé ici dans son sens traditionnel chez Evola pour désigner une association disciplinée définie par une hiérarchie et des règles plutôt que par une fonction administrative. Pour Evola, un ordre est constitué par sélection et soutenu par un code interne qui régit la conduite et l’autorité, et non par une adhésion contractuelle ou un statut juridique. De telles formations reposent sur la continuité de la discipline et la transmission de l’autorité par la pratique vécue, un principe qu’Evola oppose à plusieurs reprises aux organisations bureaucratiques modernes, qu’il considère comme techniquement impersonnelles mais structurellement incapables de produire une couche dirigeante stable. En ce sens, les ordres militaires et monastiques historiques servent de points de référence dans la mesure où ils incarnent une hiérarchie durable et une cohésion fondée sur des règles plutôt qu’une administration procédurale.
6 Cela fait principalement référence aux dirigeants des organisations de jeunesse national-socialistes, notamment les Hitlerjugend (Jeunesses hitlériennes), qui étaient officiellement intégrés dans le système d’identification et de sélection précoce pour les établissements d’enseignement d’élite. Les responsables locaux et régionaux de la jeunesse étaient chargés d’observer les aptitudes et les capacités de leadership des jeunes garçons dans les écoles primaires et les formations préparatoires pour la jeunesse. Leurs évaluations et recommandations constituaient une première étape dans le processus de sélection pour des institutions telles que les Napolas, servant de filtre préliminaire avant les examens d’admission officiels et l’examen institutionnel.
7 Les âges de dix et quatorze ans correspondaient à des points de transition établis dans le système scolaire allemand, marquant le passage de l’enseignement primaire à l’enseignement secondaire supérieur. L’admission à un âge plus précoce permettait une période de formation institutionnelle plus longue et plus continue, tandis que l’entrée à quatorze ans permettait l’intégration après la fin de l’enseignement primaire. Ces deux points d’accès reflétaient l’alignement administratif sur les structures éducatives existantes et permettaient aux Napolas de mettre en œuvre un programme de formation sélectif complet ou raccourci sans s’écarter des normes nationales reconnues en matière de progression scolaire.
8 Les Napolas étaient principalement financées par des fonds publics, reflétant leur statut d’institutions publiques sous l’autorité directe du gouvernement. Les contributions des familles étaient évaluées au cas par cas en fonction de leur situation financière et n’étaient pas fixées sous forme de frais de scolarité. La politique officielle stipulait que le milieu économique ne conférait pas d’accès préférentiel et ne servait pas de base d’exclusion, les décisions d’admission étant formellement fondées sur l’évaluation des aptitudes, du comportement et de l’adéquation à la formation d’élite plutôt que sur les moyens matériels.
9 Les rapports contemporains et les descriptions officielles des institutions indiquent que la formation au sein des Napolas comprenait l’utilisation intentionnelle d’exercices physiquement exigeants et suscitant la peur. Les exemples cités dans les comptes rendus institutionnels comprennent des marches nocturnes prolongées avec un repos minimal, une exposition à des conditions météorologiques défavorables sans hébergement spécial et des tâches nécessitant un effort physique soutenu sous supervision plutôt que sous instruction. Ces situations étaient structurées de manière à susciter une réaction spontanée sous la pression, permettant aux instructeurs d’évaluer le sang-froid et la fiabilité dans l’action. Ces exercices étaient intégrés au programme de formation régulier et servaient de mesures d’évaluation continues plutôt que d’épreuves isolées, afin de déterminer l’aptitude à rester dans un environnement éducatif sélectif.
10 L’enseignement casuistique désigne une méthode pédagogique centrée sur l’examen de cas concrets comme moyen de former le jugement. Plutôt que de partir de principes abstraits ou de formules doctrinales fixes, cette approche exige de l’élève qu’il évalue des situations particulières et détermine l’action appropriée grâce à un discernement façonné par l’expérience. Le terme trouve son origine dans l’éducation morale et juridique, où le raisonnement basé sur des cas concrets était utilisé pour cultiver le jugement pratique dans des conditions complexes et incertaines. Dans le contexte décrit ici, l’enseignement casuistique est présenté comme un moyen de développer la capacité de décision et la conscience situationnelle plutôt que la récitation idéologique.
11 Ces stages s’inscrivaient dans le cadre d’une politique nationale-socialiste plus large visant à placer les jeunes de l’élite dans les conditions quotidiennes du travail manuel et agricole. En affectant les étudiants pour de longues périodes dans des familles d’agriculteurs et d’ouvriers industriels, le programme cherchait à familiariser les futurs dirigeants avec les conditions matérielles, les rythmes et les obligations de la vie productive. Les stages étaient officiellement organisés et supervisés, et la participation était obligatoire pour les personnes sélectionnées, ce qui reflétait un effort institutionnel visant à ancrer la formation de l’élite dans l’expérience directe plutôt que dans l’abstraction ou la distance sociale.
12 Le Deutsche Arbeitsfront (Front allemand du travail) a été créé en 1933 à la suite de la dissolution des syndicats indépendants et était organisé comme une organisation nationale-socialiste à adhésion obligatoire sous l’autorité directe du parti. Il assumait la responsabilité de la réglementation des relations de travail, de l’organisation du lieu de travail et de la supervision des travailleurs dans le cadre du nouvel ordre politique. Outre son rôle de coordination de l’emploi et des conditions industrielles, l’organisation administrait toute une série d’initiatives sociales et éducatives liées au travail et servait d’intermédiaire institutionnel entre les autorités publiques, les employeurs et la main-d’œuvre.
13 Les voyages éducatifs au-delà des frontières du Reich ont été intégrés au programme d’études de la Napola au cours des dernières années de fonctionnement de l’institution. Ces voyages étaient organisés et supervisés de manière formelle et constituaient une composante définie du programme plutôt que des initiatives indépendantes. Les séjours ou voyages de courte durée à l’étranger plongeaient les élèves dans des environnements sociaux et institutionnels étrangers et faisaient partie du cadre pédagogique ultérieur des Napolas.
14 Contrairement à plusieurs autres établissements d’enseignement d’élite de l’époque, les Napolas ne délivraient pas de diplôme distinct ni n’accordaient de privilèges formels à l’issue du cursus de formation. Les diplômés sortaient avec la même classification éducative officielle que les élèves des écoles secondaires ordinaires, sans droit automatique à une promotion ou à un placement préférentiel. Cette politique reflétait la position institutionnelle selon laquelle les effets de la formation Napola devaient être démontrés par les performances et le comportement ultérieurs plutôt que par une certification, et que la sélection et les tests devaient se poursuivre au-delà du cadre institutionnel plutôt que d’être résolus par le seul biais des diplômes.
15 Au milieu des années 1930, la supervision des Napolas relevait de plus en plus de l’autorité de la SS (Schutzstaffel), l’organisation d’élite national-socialiste chargée de la sécurité intérieure et du leadership idéologique, reflétant la consolidation par le régime de la formation éducative et politique de l’élite au sein des structures contrôlées par la SS. La responsabilité administrative et de supervision était principalement exercée par des bureaux associés à la formation des cadres SS et à l’éducation politico-raciale, en particulier ceux liés au SS-Hauptamt (bureau principal des SS) et, plus tard, au SS-Personalhauptamt (bureau principal du personnel SS). Des personnalités de haut rang de la SS ont été nommées inspecteurs et directeurs des Napolas, intégrant ces institutions dans le projet plus large de la SS visant à former une future élite définie par la discipline et la capacité de commandement. Cet arrangement n’a pas réduit les Napolas à de simples écoles préparatoires au service de la SS, mais a aligné leurs objectifs formatifs sur la conception que la SS avait d’elle-même en tant qu’ordre d’élite chargé de sauvegarder et de transmettre les fondements idéologiques de l’État national-socialiste.
