A propos d’octobre 1917 et d’un Nuremberg du communisme

roland gaucher

Texte paru au début des années 2000, dans le numéro 2 de Résistance, l’organe d’Unité radicale.

En ce 80° anniversaire de la Révolution d’Octobre, où le bolchevisme encaisse encore quelques coups, bien que je sois un vieil anticommuniste primaire, vulgaire et systématique, je tiens à souligner ce que je dois à Lénine.

Plus exactement à l’école marxiste-léniniste. Elle m’a appris une chose essentielle : à me battre.

Dans ce domaine, ce qu’on appelle la droite est (hélas ! hélas ! hélas !) nullarde.

Dans l’art de se battre politiquement (stratégie, tactique, organisation, agit-prop, action clandestine) mes maîtres ont tous été des anciens « bolchos ».

Ils s’appelaient Henry Barbé et Pierre Célor (anciens membres du Secrétariat Collectif du PCF – 1928/1932 – en compagnie de Maurice Thorez et Jacques Duclos) ; Pierre Dutilleul, ancien communiste qui devint maire PPF de Saint Denis ; Emile Bougères, qui avait appartenu au réseau d’espionnage des Rabcors; Maurice Déglise, qui m’apprit, entre autres, à me servir de faux « paps ».

Et puis, Boris Souvarine, auteur d’un magistral ouvrage sur Staline, dont personne ne parle plus.

Cet enseignement m’a marqué. Bien plus tard, quand il m’arrivera de discuter avec des hommes comme François Duprat (dont le père était communiste et qui commença à militer chez les trotskistes) ; avec André Dufraisse, membre du Front National, mais qui fit ses premières armes au PCF, où, avec Victor Barthélémy, ancien communiste, puis doriotiste ; nous n’étions pas toujours d’accord, mais il y avait entre nous un système d’analyse commun : nous nous comprenions.

Je n’ai jamais trouvé cela chez les hommes issus, par exemple, de l’école maurrassienne. Si je cite l’école maurrassienne c’est que, à tout prendre, c’est la seule école de Droite. L’école gaulliste, par exemple, n’existe pas.

A l’occasion du 80° anniversaire d’octobre 1917, je vois dans les médias qu’on discute beaucoup de la question de savoir s’il s’agissait, en 1917, d’une révolution ou d’un coup d’Etat. Cette controverse ne m’intéresse guère. Je retiens seulement que les bolchevicks se limitaient à quelques dizaines de milliers d’hommes. Mais conduits par des dirigeants remarquables : Lénine, Trotski, Staline, Zinoviev, Kamenev, etc…

La prise du pouvoir a été, certes, favorisée par des circonstances exceptionnelles : l’armée tsariste comptait quelque deux millions de déserteurs.

Encore faut-il être capable d’exploiter des circonstances favorables. En 1870, au lendemain de l’écrasement de l’Empire après la défaite militaire, les chances de rétablissement de la monarchie étaient réelles. Mais le prétendant, le comte de Chambord, refusa d’accepter le drapeau tricolore.

A propos, combien y a-t-il de monarchistes français aujourd’hui qui n’accepteraient que le drapeau blanc à fleur de lys ?

En 1934, au moment des émeutes de février, Charles Maurras se fâcha parce que quelqu’un lui signalait que la situation était grave. Il perturbait ses bavasseries avec une vieille dame distinguée. L’anecdote a été racontée par Lucien Rebatet qui, du coup, est honni aujourd’hui par nombre de monarchistes.

Quelques mots maintenant sur les crimes du communisme.

Le fait de recourir aux techniques de combat marxistes-léninistes ne sauraient, certes, faire oublier les crimes commis par le communisme.

Un livre vient de paraître sur le sujet. Il a eu un écho médiatique retentissant, et a provoqué un débat à l’assemblée.

Les auteurs, qui d’ailleurs ne sont pas toujours d’accord entre eux, sont des « intellos » de gauche ou d’extrême-gauche.

Imaginez le même ouvrage écrit par des hommes qualifiés de Droite ou d’Extrême-Droite. Il serait enterré par les médias, vite fait bien fait.

Ce fut le cas pour un meeting à la Mutualité, organisé, le 9 novembre, par Bernard Antony du Front National, pour réclamer un Nuremberg contre le communisme. Quarante-huit heures, et on n’en parle plus. On n’en a même, je crois, jamais parlé dans Le Figaro.

Cela dit, Nuremberg ne me paraît pas un judicieux rappel. Nuremberg, c’est le tribunal des vainqueurs jugeant les vaincus. Avec des juges soviétiques, complices objectifs des assassins de Katyn.

Il est en revanche légitime de réclamer le jugement de Boudarel, criminel français.

Nous devons rappeler les crimes du communisme. Nous n’avons pas à réclamer le jugement des coupables de ces crimes. C’est l’affaire des Russes, ou des populations polonaise, balte, roumaine, bulgare, hongroise, croate, serbe, soumisent à la domination soviétique.

Un homme pourrait lancer un appel en ce sens : Soljenytsine. Je constate qu’il garde le silence. Pourquoi ? J’en ignore les raisons. Les super-enquêteurs de TF1, A2, A3, etc., ne semblent pas pressés d’aller lui poser la question.

Les crimes commis, c’est le passé. Le problème numéro un pour nous, c’est le combat contre le mondialisme, l’impérialisme, le capitalisme, le sionisme. Dans cette bataille planétaire, qui s’engage à l’aube du deuxième millénaire, toutes les forces nationalistes doivent être mobilisées : celles des nationalistes russes, y compris les anciens bolchevicks ; celles des Serbes, y compris les anciens communistes ; celles de Farakhan aux Etats-Unis. La liste n’est pas limitative. Et l’homme à abattre ce n’est pas Zuganov2, c’est Clinton.

Roland Gaucher.

Notes : 1 Rabcors, abréviation de Rabotnichki Correspondanti, autrement dit Correspondants ouvriers, réseau d’espionnage essentiellement industriel, dirigé par un Balte, le général Muraille, dont l’identité réelle n’a jamais été révélée, (qu’est-ce qu’ils font les historiens chercheurs au CNRS ?).

2 Zuganov est le chef de l’actuel Parti Communiste Russe.

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