Avertissements concernant l’interférence de l’« Occident collectif », des USA et de l’OTAN en dans la question ukrainienne

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« Est-ce que vous vous rendez compte de ce qui va se passer demain, par exemple, en Ukraine ? Aujourd’hui les relations russo-ukrainiennes sont plus ou moins amicales. Mais tout ceci évolue à vue d’œil. Récemment, il y a eu ce conflit à cause de la Flotte de la Mer Noire. Demain ça sera à cause de la Crimée ! Et à chaque fois c’est l’escalade des émotions, parce que le nationalisme génère des émotions, une escalade continue des émotions. Une partie commence et l’autre lui répond. Et ensuite personne ne se rappelle qui a commencé ! En décembre de l’année dernière, je suis allé en Yougoslavie, en Croatie, dans cette région, la Slavonie, défendue par les Serbes. C’est exactement comme ça que tout a commencé là-bas. Lorsque j’y étais avant, en 1989, c’était le calme absolu là-bas. Les gens étaient normaux, au comportement normal. Et maintenant ?! J’ai visité le centre d’identification des cadavres, j’ai vu des enfants avec la gorge tranchée, aux yeux arrachés. La même chose se produira en Ukraine ! Vous le verrez ! Qui le veut ? Personne ! Il aurait fallu tout de suite protéger les droits des douze millions de Russes en Ukraine. Statuer sur leurs droits ! Mais putain de quel droit ! … ils nous imposent … Pourquoi la Crimée devrait leur appartenir ? Pourquoi la région de Kharkov devrait leur appartenir ? Pourquoi le Donbass devrait leur appartenir ? »

(Edouard Limonov, parlant à la TV russe, en 1992)

« Je craignais que l’élargissement de l’OTAN en ce moment ne nous fasse régresser. Je pensais qu’une régression ici pourrait gâcher les relations positives que nous avions si laborieusement et patiemment développées dans la période opportuniste de l’après-guerre froide. Je pensais que nous avions besoin de plus de temps pour amener la Russie, l’autre grande puissance nucléaire, dans le cercle de sécurité occidental. La priorité absolue était pour moi évidente. »

(William Perry, ancien Secrétaire américain à la Défense, 1996)

« Si l’OTAN doit être le principal instrument d’unification du continent, la seule façon d’y parvenir est logiquement de l’élargir à tous les pays européens. Mais cela ne semble pas être l’objectif de l’administration, et même si c’est le cas, le moyen d’y parvenir n’est pas d’admettre de nouveaux membres au coup par coup.

L’expansion de l’OTAN a été la plus profonde bévue stratégique commise depuis la fin de la guerre froide. Loin d’améliorer la sécurité des États-Unis, de leurs alliés et des nations qui souhaitent entrer dans l’Alliance, elle pourrait bien encourager une chaîne d’événements susceptibles de produire la menace sécuritaire la plus grave pour cette nation [la Russie] depuis l’effondrement de l’Union soviétique. »

(Jack F. Matlock, dernier ambassadeur américain en URSS, article en 1997)

« La seule chose qui peut provoquer une  réponse hostile et énergique de la Russie, c’est l’expansion de l’OTAN… »

(Joe Biden, 1997)

« L’élargissement de l’OTAN [est] une erreur qui pourrait se classer au final avec les erreurs de calcul stratégiques qui ont empêché l’Allemagne de prendre toute sa place dans le système international [au début du XXe siècle]. »

(Paul Keating, ancien Premier ministre australien, 1997)

« L’effort mené par les États-Unis pour étendre l’OTAN est une erreur politique de proportions historiques [qui] favoriserait l’instabilité » en Europe. Aujourd’hui, c’est une position marginale et traîtresse. »

(un groupe de personnes comprenant Robert McNamara, Bill Bradley et Gary Hart, lettre à Bill Clinton, en 1997)

« Je pense que c’est le début d’une nouvelle guerre froide. Je pense que les Russes vont progressivement réagir de manière assez négative et que cela affectera leurs politiques. Je pense que c’est une erreur tragique. Il n’y avait aucune raison pour cela. Personne ne menaçait qui que ce soit. Bien sûr, il y aura une mauvaise réaction de la part de la Russie, et ensuite [les partisans de l’élargissement de l’OTAN] diront que nous vous avons toujours dit que les Russes étaient comme ça – mais c’est tout simplement faux. »

(George Kennan, architecte de la guerre froide, 1998)

« En déplaçant l’OTAN sur le perron de la Russie, nous avons programmé une confrontation du XXIe siècle. »

(Pat Buchanan, dans son livre de 1999 A Republic, Not an Empire)

« L’entrée de l’Ukraine dans l’OTAN est la plus brillante de toutes les lignes rouges pour [la Russie] (…) je n’ai encore trouvé personne qui considère l’Ukraine dans l’OTAN comme autre chose qu’un défi direct aux intérêts russes. »

(Bill Burns, directeur de la CIA)

« Si l’Ukraine doit survivre et prospérer, elle ne doit pas être l’avant-poste d’un camp contre l’autre – elle doit fonctionner comme un pont entre eux. L’Occident doit comprendre que, pour la Russie, l’Ukraine ne pourra jamais être un simple pays étranger. Même des dissidents aussi célèbres qu’Alexandre Soljenitsyne et Joseph Brodsky ont insisté sur le fait que l’Ukraine faisait partie intégrante de l’histoire russe et, en fait, de la Russie. L’Ukraine ne devrait pas rejoindre l’OTAN. »

(Henry Kissinger, 2014)

« Le mouvement vers l’est [de l’OTAN] est provocateur, imprudent et un signal très clair à la Russie (…) [cela conduit à un] problème difficile et extraordinairement dangereux. »

(Malcolm Fraser, Premier ministre australien, 2014)

« La Russie est une grande puissance et elle n’a absolument aucun intérêt à laisser les États-Unis et leurs alliés s’emparer d’un grand bien immobilier d’une grande importance stratégique sur sa frontière occidentale et l’incorporer à l’Occident. Cela ne devrait guère surprendre les États-Unis d’Amérique, car vous savez tous que nous avons une doctrine Monroe. La doctrine Monroe stipule que l’hémisphère occidental est notre arrière-cour et que personne d’une région éloignée n’est autorisé à déplacer des forces militaires dans l’hémisphère occidental. Tout revient à l’OTAN. Vous vous rappelez que nous étions fous de rage à l’idée que les soviétiques mettent des forces militaires à Cuba. C’est inacceptable. Personne ne met de forces militaires dans l’hémisphère occidental. C’est la raison d’être de la doctrine Monroe. »

(John Mearsheimer, 2015)

« Le nouveau maccarthysme à l’Ouest. Pouvez-vous imaginer que dans 20 ans, une Chine puissante formera une alliance militaire avec le Canada et le Mexique et déplacera des forces militaires chinoises sur le sol canadien et mexicain et que nous resterons là à dire que ce n’est pas un problème ? Personne ne devrait donc être surpris que les Russes aient été apoplectiques à l’idée que les États-Unis placent l’Ukraine du côté occidental du grand livre. (…) Mais nous n’avons pas cessé nos efforts pour que l’Ukraine fasse partie de l’Occident. L’Occident conduit l’Ukraine sur le chemin des primeurs et le résultat final est que l’Ukraine va être détruite (…). Ce que nous faisons encourage en fait ce résultat. Si vous pensez que ces gens à Washington et la plupart des Américains ont du mal à traiter avec les Russes, vous n’imaginez pas à quel point nous allons avoir du mal avec les Chinois. »

(John Mearsheimer, 2015)

« L’idée que l’Ukraine puisse rejoindre une alliance militaire occidentale serait tout à fait inacceptable pour n’importe quel dirigeant russe. Cela remonte à 1990, lorsque l’Union soviétique s’est effondrée. La question de savoir ce qui allait se passer avec l’OTAN se posait. Gorbatchev a accepté que l’Allemagne soit unifiée et rejoigne l’OTAN. Il s’agissait d’une concession très remarquable, assortie d’une contrepartie : l’OTAN ne s’étendrait pas d’un pouce vers l’est. Ce qui s’est passé. L’OTAN a instantanément incorporé l’Allemagne de l’Est. Puis Clinton a étendu l’OTAN jusqu’aux frontières de la Russie. Le nouveau gouvernement ukrainien a voté en faveur de l’adhésion à l’OTAN. Le président Porochenko ne protégeait pas l’Ukraine, mais la menaçait d’une guerre majeure. »

(Noam Chomsky, 2015)

« Aller si vite [pour étendre l’OTAN] était une erreur. (…) Essayer de faire entrer la Géorgie et l’Ukraine dans l’OTAN était vraiment excessif [et] une provocation particulièrement monumentale. »

(Bob Gates, ancien Secrétaire américain à la Défense, 2015)

« Nous avons averti [George Bush] que Mr. Poutine considérerait les mesures visant à rapprocher l’Ukraine et la Géorgie de l’OTAN comme une provocation susceptible de provoquer une action militaire préventive de la Russie. Mais en fin de compte, nos avertissements n’ont pas été pris en compte. »

(Fiona Hill, 2015)

« Je mets en garde contre l’élargissement de l’OTAN, qui est tout à fait malavisé et risqué. Les vrais amis de l’Ukraine, et de la paix mondiale, devraient appeler à un compromis des États-Unis et de l’OTAN avec la Russie. »

(Jeffrey Sachs, article dans le Financial Times, 2021)

« [Pousser] l’Ukraine dans l’OTAN (…) est stupide à tous les niveaux. (…) si vous voulez déclencher une guerre avec la Russie, c’est le meilleur moyen de le faire ».

(Sir Roderic Lyne, ancien ambassadeur britannique en Russie, 2021)

« Les États-Unis ne seraient pas très heureux si le Mexique rejoignait une alliance militaire dirigée par la Chine, pas plus qu’ils n’étaient satisfaits lorsque le Cuba de Fidel Castro s’est aligné sur l’URSS il y a 60 ans. Ni les États-Unis ni la Russie ne veulent avoir l’armée de l’autre à leur porte. En 2008, le président George W. Bush a été particulièrement imprudent en ouvrant la porte à l’adhésion de l’Ukraine (et de la Géorgie) à l’OTAN. La Russie craint depuis longtemps les invasions de l’Ouest, que ce soit celles de Napoléon, d’Hitler ou, plus récemment, de l’OTAN. L’Ukraine devrait aspirer à ressembler aux membres de l’UE non membres de l’OTAN : l’Autriche, Chypre, la Finlande, l’Irlande, Malte et la Suède. »

(Jeffrey Sachs, haut conseiller du gouvernement américain et de l’ONU, trois jours avant l’invasion, février 2022)

 « Poutine est partisan d’un Etat fort, un personnage comme a pu l’être autrefois le général de Gaulle quand il était président de la République française. Lors de son discours fondateur, prononcé en décembre 1999, Poutine s’est engagé à protéger et à restaurer l’Etat. Ce faisant, il a touché la sensibilité d’une grande partie des Russes et répondu à une attente existentielle. Ce ‘discours du millénaire’ était un message au peuple russe, et plus particulièrement à ses élites. Vladimir Poutine y exposait ‘l’idée russe’ sur laquelle il comptait fonder sa présidence. Dans cette vision, la ‘Mère Russie’ compte plus que n’importe quel individu. L’individu doit être au service de l’Etat, qui a un rôle prééminent. En Russie, les gens ont compris ce qu’il voulait dire. Malheureusement, les Occidentaux, pas vraiment. (…) Poutine voit un lien direct entre l’Empire russe et la Russie d’aujourd’hui, en passant par l’Union soviétique. (…) Après les attentats du 11 septembre 2001, Poutine a fait un pas vers Washington, mais les Américains ont poussé à un élargissement de l’OTAN. Cela a nourri l’idée que les Etats-Unis et l’Europe refusaient sa main tendue et ses efforts pour construire de nouvelles relations avec l’Occident. Il a clairement dit, lors de la conférence de Munich sur la sécurité en 2007, qu’il considérait l’Occident comme une menace pour la Russie. Mais à l’époque personne ne l’a pris au sérieux. (…) Je ne considère pas qu’avoir négocié un accord d’association [avec l’Ukraine] ait été une erreur. Mais on aurait pu nettement mieux gérer le processus. Au printemps 2013, et au plus tard au début de l’été 2013, il était clair qu’on se dirigeait vers de gros problèmes avec la Russie. »

(Fiona Hill, historienne britannique, article dans le Spiegel, 7 février 2015 ; passage reproduit dans Courrier International)

« Nous avons repoussé l’ours russe dans un coin, et, comme on pouvait s’y attendre, l’ours a réagi. »

(Nigel Farage, au Parlement européen, 11 mars 2015)

« Les Américains sont pragmatiques mais pas stratèges. Ils ne sont malheureusement pas près de comprendre qu’ils auraient tout à gagner à faire basculer Moscou dans le camp occidental. Cette erreur stratégique dure depuis 30 ans et il est bien tard maintenant. Les Russes n’en veulent plus et les Européens sont incapables de comprendre qu’ils en font les frais. »

(Caroline Galactéros, article dans Marianne, 6 avril 2020)

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