En mémoire de Luc Michel

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Le 2 avril dernier est décédé, en Belgique, à 67 ans Luc Michel, un homme qui marqua de son empreinte idéologique le nationalisme révolutionnaire européen.

Née le 14 janvier 1958, dans la région de Charleroi, dans la province wallonne du Hainaut belge, Luc Michel débute très jeune dans les marges du monde politique. De nature révoltée, il s’engage d’abord, pour contrer ses « professeurs gauchistes », au Front de la Jeunesse au début des années 1970 et en devient le responsable à Charleroi. Proche du courant NR et en désaccord avec la direction bruxelloise sur son alliance avec le bloc de la bourgeoisie conservatrice, il fait scission et fonde alors le Mouvement socialiste européen Occident. Ce mouvement est dissout pour mettre en place, en 1981, le Front Nationaliste – Nationalistische Front (FNF), la première tentative de création d’un Front National en Belgique, sous le modèle de celui de Jean-Marie Le Pen et sur la base de la ligne idéologique NR de François Duprat, son numéro deux jusqu’à son assassinat en 1978. Une seconde structure, le Comité de liaison et d’action nationaliste (Clan), est encore sous la coupe de Michel. Le Clan rassemble des NR du Hainaut mais également de Bruxelles et de Liège. Il s’engage activement aussi dans le combat anti-impérialiste et écologique. Ses militants manifestent devant la centrale nucléaire française de Chooz et contre la présence militaire américaine en Belgique. Côte à côte de militants d’extrême gauche.

Une expérience électorale sans succès à Charleroi pousse Luc Michel à se réinventer. Il se lie avec Jean Thiriart (1922-1992), qui avait alors renoncé à l’activisme mais qui, avec Michel, se réengage dans son projet idéologique de contribuer à la fondation d’un « Empire euro-soviétique de Vladivostok à Dublin ». Ensemble, en 1984, ils fondent le Parti Communautaire National-européen. Un important travail d’impression et de diffusion des théories de Thiriart et de Michel est réalisé avec leurs éditions Machiavel, installées dans le centre de la ville de Charleroi.

A cette période le PCN est membre du Front européen de libération et le parti frère de l’organisation française Nouvelle Résistance.

Après une présence systématique aux élections et une tentative ratée en 1996 de prendre la direction du Front National belge, les activités électorales du PCN seront abandonnées. Le PCN va poursuivre néanmoins ses actions de solidarité internationale. Notamment avec la Libye. En Europe, le PCN se met au service de son « Guide de la Révolution », le colonel Mouammar Kadhafi.Pour ce dernier, Luc Michel va ouvrir, dans un quartier populaire immigré de Bruxelles ville, à côté des éditions Machiavel, « La Librairie verte », en référence au « petit livre vert », le manifeste idéologique du même Kadhafi.

A partir de 2006, Luc Michel fut aussi à la tête d’un réseau d’influence en faveur de la Russie de Vladimir Poutine. Pour cela, il a mis sur pied l’Eurasian Observatory for Democracy and Elections et organisa avec celui-ci des missions d’observation des élections et des référendums organisés par la Fédération de Russie, y compris en Novorossia. Michel y conduit des parlementaires européens, dont des députés du Vlaams Belang.

Outre l’Europe de l’Est, le réseau Michel/PCN travailla encore au soutien d’États africains (Burundi, République démocratique du Congo et Guinée équatoriale), à la diffusion de l’enseignement politique de feu le colonel Kadhafi et du panafricanisme, aidant idéologiquement à structurer l’unité de l’Afrique contre l’impérialisme occidental.

Intellectuellement brillant, Luc Michel publia une presse conséquente et de nombreux textes théoriques qui complètent Jean Thiriart, doté d’un grand sens de l’organisation il développa une structure qui eut, durant un temps, quelques élus régionaux en Belgique. Malheureusement, sa personnalité très particulière l’entraîna de manière récurrente dans des conflits inutiles qui ne lui permirent jamais de jouer le rôle qui lui revenait parmi les nôtres.

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