ChatGPT-5, l’IA et nos vies

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ChatGPT-4 avait beaucoup étonné, et même un peu effrayé. Conçu d’abord et avant tout pour des développeurs afin de créer divers logiciels de service ou d’application, il n’en reste pas moins très inférieure à son successeur, Chat-GPT5, qui promet d’être encore plus étonnant. Et plus redoutable.

En effet, la nouvelle version de l’agent conversationnel promettrait d’atteindre le stade de ce que l’on nomme « l’intelligence artificielle générale ». C’est ce qui le différencierait de son prédécesseur, encore conçu sur une intelligence dite « automatique ». Le nouveau prototype est un système qui serait capable d’apprendre et de traiter une information en imitant le cerveau humain. Autrement dit, il s’agirait là d’une révolution et surtout d’un danger : si une machine est désormais capable de réfléchir aussi bien qu’un humain, combien d’entre nous serons bientôt remplaçables dans nos métiers et nos tâches du quotidien ?

Les craintes « officielles » émanant du « Système » médiatique et des divers pouvoirs en place est que les données personnelles de tout un chacun soient accessibles, et que désormais une intelligence non-humaine puisse créer des « fake news crédibles ». L’Italie vient d’interdire l’utilisation de ChatGPT sur son territoire.

Si ces dangers sont loin d’être négligeables, il n’en reste pas moins qu’à nos yeux il ne faut pas se tromper de sujet. Pareille intelligence associée à une automatisation renforcée, ne peut que mener à un chômage de masse encore plus important qu’aujourd’hui. Un nombre encore difficile à estimer de métiers sont sur le point de disparaître. Que pourra-on faire des millions de gens dont les diplômes et les capacités de travail ne valent plus grand-chose face aux machines et aux cerveaux robotiques ? La litanie traditionnelle en politique de la « réorientation professionnelle » et de la « formation » utilisée à chaque délocalisation ne pourra pas être ânonnée, parce que le problème aura atteint une dimension inédite. Pour éviter toute contestation sociale de masse, la solution pour nos gouvernants serait encore d’instaurer un revenu universel pour maintenir dans une inactivité éternelle les millions de gens qui, drogués à une passive misère, seront bientôt considérés comme inutiles. Et donc, à terme, indésirables. Jusqu’où pareille logique pourra-t-elle mener ?

D’autant que ChatGPT-6, la version qui viendra encore après, est annoncée comme capable de dépasser l’intelligence humaine.

Alors que penser, face à un péril nouveau et qui se renforcera de jour en jour ?

Les pressions exercées par les actionnaires d’Open IA (la société qui produit ces robots), premiers bénéficiaires d’une pareille révolution technologique seront beaucoup trop grandes pour être contrecarrées par une volonté politique, en tout cas en Occident. On n’interdit pas le progrès technique, ni à ceux qui l’apportent de devenir milliardaires. Les nécessités techniques et l’avidité des promoteurs de la révolution à venir ont de beaux jours devant eux.

D’autant que le discours transhumaniste viendra en renfort de cette évolution, et trouvera là l’occasion de s’y engouffrer. Puisque l’être humain pourrait ne plus dominer l’IA, et qu’il se peut donc que cette dernière lui échappe, voir se retourne contre elle, il est nécessaire qu’à l’image de celle-ci, l’être humain évolue. Que son intelligence soit pareillement modifiée, que sa personnalité soit moins sujette aux émotions pour mieux maîtriser une rationalité qui devra toujours tenir à distance celle du robot. Alexandre Douguine nous avait prévenu : le transhumanisme est la prochaine étape de la déchéance de l’Homme.

La concurrence sauvage du capitalisme n’avait opposé jusqu’à aujourd’hui que des Hommes, et demain elle les opposera aux robots.

Tout le monde n’aura pas la capacité de se payer cette augmentation d’intelligence, aussi, une fois de plus, ce sont les individus les plus riches, c’est-à-dire nos élites financières, politiques et culturelles qui auront accès les premiers, (et peut-être d’ailleurs seront-ils les seuls) à ces modifications, et leurs enfants après eux. Ainsi, l’élite pourrie de notre époque aura trouvé le moyen de perpétuer sa domination. Plus douée, et toujours aussi cynique, elle sera d’autant plus difficile à chasser.

La seule solution qui pourrait inciter les peuples à se réveiller avant qu’il ne soit trop tard serait, c’est là notre opinion, un raté, une catastrophe due à une hâte trop grande dans l’acheminement vers le tout automatique, le tout numérique, le tout robotique. Ce cataclysme aurait une telle incidence qu’il ferait trembler sur ses bases le pouvoir en place. Comme il n’y a malheureusement que la souffrance qui soit capable de mobiliser des millions de gens contre le pouvoir en place, c’est l’issue qui nous semble la plus crédible. C’est le traumatisme qui mobilisera, et rien d’autre. Inutile d’attendre un hypothétique « lanceur d’alerte », qui comme l’ensemble de ceux-ci sera invité sur les plateaux télés, publiera des livres, puis disparaîtra de la vue du public, et son message avec lui.

Quoi qu’il en soit, le Kali Yuga accélère ses pas.

Vincent Téma,

le 19/04/2023

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