Christianisme et paganisme du IVe au VIIIe siècle

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Ramsay MacMullen (1928-2022) est un historien de Yale spécialiste de l’Empire romain tardif et du christianisme primitif. Il reste un auteur de référence sur le monde romain et fut qualifié de « plus grand historien de l’Empire romain actuellement vivant » par ses pairs en 2001

Dans ce livre, MacMullen étudie en détail le passage du paganisme au christianisme et les rapports entre les deux religions. Le livre se découpe en 4 grandes parties : la persécution, ses conséquences, les superstitions et l’assimilation.

Dans un premier temps donc, MacMullen détaille les persécutions dont furent victimes les païens : persécutions judiciaires, bien-sûr, mais aussi crimes odieux commis notamment par les moines dans tout l’Empire.

Dans un second temps il s’étend sur les conséquences des persécutions, notamment les grandes destructions matérielles du christianisme primitif, en particulier contre les « idoles » païennes (statues en tête).

Malgré tout, le paganisme persiste très longtemps dans les campagnes. En Espagne et en Gaule, des offrandes sur les flammes sont encore attestées au VIe siècle. L’Espagne connaît une législation de plus en plus dure, si bien qu’il considère qu’elle est majoritairement païenne au VIIe siècle encore.

Dans sa troisième partie, MacMullen présente les différentes superstitions issues du paganisme qui perdurent malgré le changement de religion, superstitions qui furent très mal perçues des autorités religieuses chrétiennes dans un premier temps.

Enfin, dans sa quatrième partie, MacMullen explique le processus d’assimilation qui s’est opéré. Face à la persistance des coutumes païennes, l’Église a finalement adopté un certain nombre de pratiques qui lui permettait de gagner en popularité dans les campagnes.

Au premier rang de ces phénomènes, MacMullen place le culte des martyrs et des saints qui remplace le culte des idoles païennes. Ce culte fut d’abord un pis-aller pour l’Église : « mieux vaut le culte des saints à la manière païenne que pas de culte ».

En conclusion « Le système païen avait une structure très différente (du christianisme originel) qui s’imposa sur l’Église par la force des choses et la remodela ainsi en grande partie. (…) Le triomphe de l’Église ne fut pas celui de l’oblitération mais de (…) l’assimilation. »

Un livre très intéressant donc qui est le fruit d’un travail titanesque de plusieurs décennies (150p. de notes et 50 de biblio !). Sur le fond RAS, mais l’édition est insupportable : aucun sous-chapitre ou sous-titre, sur 250 pages de texte divisées en 4 chapitres, c’est long.

Logan Gourenez

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