Dino Ferrari voulait des funérailles fascistes et demanda à son père Enzo d’être enterré « en chemise noire » et que soit présent aux funérailles le drapeau du groupe de jeunes du MSI de Modène. Cette histoire peu connue et racontée dans le dernier numéro de Storia in Rete par Pietro Cerullo.
« C’était en 1956, j’étudiais au lycée classique Muratori de Modène et j’occupais le poste de secrétaire provincial de la jeunesse du MSI », écrit Cerullo. « Le 30 juin, on apprit la mort de Dino Ferrari, fils aîné du Commendatore, atteint depuis longtemps de dystrophie musculaire. Ingénieur brillant, il était impliqué dans le projet de construction du nouveau moteur six cylindres en V de 1500 cm3, qui fera ses débuts dix mois plus tard sous le nom de « Dino ».
Cerullo raconte ensuite sa rencontre avec le « Commendatore », Enzo Ferrari, qui a eu lieu immédiatement après la mort de son fils âgé de seulement 24 ans. « J’ai reçu un appel téléphonique du secrétariat de Ferrari m’invitant à un rendez-vous au siège de Maranello. Dès mon arrivée, j’ai été présenté au patron Enzo Ferrari. Je l’avais déjà vu en ville, notamment parce que je fréquentais depuis longtemps le Caffè Ristorante La Fontana, à Largo Bologna, lieu de rencontre des pilotes de son écurie, qui logeaient à l’Hôtel Reale, de l’autre côté de la place. J’avais sympathisé avec Ascari, Musso, Castellotti, Perdisa… Parfois, je leur apportais des pellicules à Milan pour faire développer des photos en couleur, ce qui n’était pas possible à Modène à l’époque. Cependant, j’étais ému en présence de ce personnage austère et imposant et perplexe quant aux raisons de cette rencontre ».
Enzo Ferrari dit sans détour à Cerullo qu’il « répondait à un souhait de son fils Dino. Dino, me dit-il, aurait voulu depuis des années s’inscrire au MSI ; il y avait renoncé par égard pour l’entreprise, compte tenu des circonstances locales et du climat politique. À l’approche de la mort, cependant, il avait demandé à son père d’être enterré vêtu de la chemise noire et d’avoir à ses funérailles le labaro du Raggruppamento Giovanile missino. Pleinement conscient des inconvénients probables qui en découleraient, il avait l’intention d’honorer la volonté de son fils. Ainsi, le drapeau du RR.GG. du MSI de Modène, dédié à la Dalmatie et à l’Istrie, escorté par moi-même et de nombreux autres jeunes militants, accompagna le cercueil de Dino Ferrari. Sans, en vérité, aucun signe ni aucune voix de dissidence, dans une terre de communistes, qui, à cette occasion, sut se taire et respecter, non pas pour nous, mais pour le grand vieillard ».
Cerullo conclut ensuite par un passage sur les sympathies politiques d’Enzo Ferrari. « Il est vrai qu’il figurait régulièrement parmi les généreux sponsors des fêtes annuelles du journal communiste l’Unita, mais dans son cœur, il devait être d’accord avec Dino, car par la suite j’ai accompagné Almirante et De Marzio dîner dans sa maison de Maranello. Et j’ai été invité au cocktail organisé à l’occasion de la remise du doctorat honoris causa en génie mécanique qui lui a été décerné par l’université de Bologne, en présence d’anciens représentants du fascisme, tous très importants, tels que Cacciari (le fasciste et « repubblicano »…) et Franz Pagliani (responsable des Brigades noires en Émilie) ».
Davide Romano.
Source : Il Primato nazionale.