Je sais comme les mots « révolution » ou « sécession » provoquent chez la plupart des gens un petit sourire gêné ou un franc mépris.
De plus en plus de gens qui, il y a 5 ans seulement, militaient dans des groupes radicaux expliquent désormais qu’il « faudrait grandir ».
« La révolution ? Ça n’est pas sérieux. La Sécession ? Ça ne risque pas de changer la face du monde. En revanche avec Bardella, tout est possible ! »
Certains demeurés ajoutant même, d’un air entendu « il ne porte pas le nom Le Pen ».
On voit pourtant, avec le sort fait à Marine Le Pen, à quel point jouer avec les règles de l’adversaire rend la partie quasi impossible à gagner. Mais qu’importe : les gens sérieux, ceux qui savent, les importants-du-tout-Paris continuent à regarder de haut ceux qui espèrent en autre chose qu’en la grand-messe électorale sur fond d’antifascisme et de lutte contre l’antisémitisme.
Il ne s’agit pas de fantasmer une subite émeute qui renverserait le pouvoir, ni de condamner l’action électorale, mais le tout-électoral. L’action électorale est une tentative, parmi d’autres moyens, de faire progresser des idées dans les urnes. Le tout-électoral, le tout-communication, est une entreprise stérile par nature ; elle ne produit rien et se contente de coller au plus près de l’opinion majoritaire sans chercher à la modifier en profondeur. C’est pourquoi elle ne peut convenir qu’à des gens sans originalité ni dimension créatrice. Il suffit de lire le livre de Bardella pour comprendre qu’il n’aimera jamais aucune poésie ni ne fera jamais rien d’autre qu’un bullshit job de bonimenteur cathodique. Et pourquoi son parti comptera toujours, pour une Lavalette, une centaine d’avaleurs…
Pourtant, nous serions censés nous aussi, en grandissant, suivre l’opinion comme le chien crevé au fil de l’eau. Chose amusante : les plus attachés à cette injonction à devenir des militants électoraux le font en invoquant l’urgence de prendre le pouvoir face à la montée de l’islam et à l’emprise -réelle- des réseaux fréristes. Mais comment les Frères Musulmans étendent-ils leur influence au juste ? En avalisant le mariage homosexuel ? En s’engageant dans les élections présidentielles ? Non. Ils font des enfants, multiplient les associations, les entreprises, les réseaux, les sécessions géographiques aussi, favorisées par les zones de non-droits.
Pardonnez-nous de ne pas rester concentrés sur la présidentielle, qui n’est qu’un thermomètre de l’état du pays. Nous voulons faire monter la température de notre peuple plutôt que d’être le thermomètre électoral qu’on lui plante tous les 5 ans dans le derrière pour diagnostiquer la baisse de température qui précède l’endormissement final.
Évidemment, la « révolution immense et rouge » n’est pas pour demain : elle est même un mythe incapacitant, au même titre que le salut par la victoire électorale.
Mais toutes nos actions, même les plus modestes, menées avec ténacité et calme, et sans esprit de compromission, ont une influence réelle sur notre pays, préparent la révolution politique que nous appelons de nos vœux. À la création de l’Alvarium il y a 8 ans, le mot « communauté » semblait tiré d’un manifeste hamish à la plupart de nos interlocuteurs.
Et bien rien que cette semaine, j’ai entendu parler de 2 projets d’ouverture de locaux communautaires à travers la France. Cette sécession mentale qui progresse et se traduit en actes est l’unique ferment de changement -de révolution au sens géométrique, d’inversion des perspectives- pour notre pays.
Avec un tantinet de provocation, on pourrait dire que les moines -ceintures noires de la Sécession- ont plus d’impact sur notre pays, de par leurs prières, leurs productions artisanales, intellectuelles, agricoles, que n’importe quel score du RN à une présidentielle. Je suis catholique-révolutionnaire : je voudrais un monastère par bled de 10 000 habitants.
Parce que c’est cela, avec nos associations caritatives, sportives, communautaires, militantes, éducatives etc. qui peut donner du bonheur à notre peuple et permettra la révolution politique indispensable à notre survie. Cela n’a rien à voir avec le romantisme dont nous taxent les âmes mortes qui s’érigent en représentants « crédibles et sérieux » du sursaut national.
La chose correspond d’ailleurs à une aspiration inconsciente de notre peuple, et nos motifs d’espoirs sont nombreux.
– Il suffit de voir l’explosion, chez les jeunes blancs, de la pratique des sports de combat et du rejet de l’idéologie dominante. C’est avec eux que l’on pourra empêcher les émeutes ethniques de se transformer en razzias sur nos maisons : certainement pas avec des péteurs de foutre incapables d’écrire un simple tweet aux jeunes agressés lors de la bataille du Cornet.
– Au rythme où vont les conversions, dans 20 ans, 30% des Français de souche seront des catholiques pratiquant de manière régulière : et ce sont les croyances communes, les rites communs, qui font les peuples vivants et forts, qui refusent de disparaître.
– Enfin, 50% des gens s’abstiennent de voter, parmi lesquels une forte proportion de Français de souche : je ne dis pas que la solution est l’abstention, mais ces gens-là ne croient plus au cirque, ils pressentent -comme beaucoup d’électeurs RN ou Reconquête qui le sont sans y croire- qu’autre chose est nécessaire.
– Pour finir, certaines élites économiques et intellectuelles elles-mêmes commencent également à entrevoir cette nécessité.
Notre vocation historique est, dans une perspective de changement radical, de rendre possible ce qui est nécessaire et considéré nécessaire par tant de nos compatriotes.
Cette tâche n’a rien d’insurmontable ans un régime politique défaillant, où les tenants du système eux-mêmes ne croient plus en rien et sentent que tout leur échappe. Alors ouvrez des locaux, engagez-vous dans la politique locale, redoublez d’efforts, rendez la joie aux Français, clamez la vérité, et vous verrez que les mots « Sécession » et « Révolution » ne feront plus rire que les cons !
Jean-Eudes Gannat, [04/04/2025]