Jadis, maintes civilisations se sont écroulées, mais il s’agissait de désastres régionaux qui ne concernaient pas toute l’humanité. Aujourd’hui, pour la première fois dans l’Histoire, une civilisation mondiale, extension planétaire de la civilisation occidentale, est menacée par des lignes convergentes de catastrophes qui résultent de l’application de ses propres projets idéologiques. (…) Les « lignes de catastrophes » concernent l’écologie, la démographie, l’économie, la religion, l’épidémiologie et la géopolitique.
La civilisation actuelle ne peut pas durer. Ses fondements sont contraires au réel. Elle se heurte, non pas à des contradictions idéologiques – qui sont toujours surmontables – mais pour la première fois, à un mur physique. La vieille croyance aux miracles de l’égalitarisme et de la philosophie du progrès, qui sous-entendait que l’on pouvait obtenir toujours plus, le beurre et l’argent du beurre, a fait long feu. Cette idéologie angélique a débouché sur un monde de moins en moins viable.
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Il faut envisager et imaginer dès maintenant l’après-chaos, le monde de l’après-catastrophe, selon l’archéofuturisme, d’après des critères radicalement autres que ceux de la modernité égalitaire. J’en brosse ici l’esquisse. Inutile de réformer les choses dans la sagesse et le discernement prévisionnel ; l’homme en est incapable. Ce n’est que le dos au mur, dans l’urgence, qu’il réagit. Je propose donc ici une sorte d’entraînement mental au monde de l’après-chaos.
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[Il faut] penser ensemble, pour les sociétés du futur, les avancées de la techno-science et le retour aux solutions traditionnelles de la nuit des temps. (…) Rassembler, selon la logique du et, et non point du ou, la plus ancienne mémoire et l’âme faustienne, car elles s’accordent. Le traditionalisme intelligent est le plus puissant des futurismes et inversement.
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[Il faut] réfléchir à une organisation mondiale à deux vitesses, du fait de l’impossibilité techno-socio-écologique d’étendre à la planète la logique du « progrès-développement » (« croyance aux miracles »). N’est-il pas possible d’imaginer et de prédire le retour d’une grande partie de l’humanité aux sociétés traditionnelles, peu dispendieuses en énergies, socialement plus stables et plus heureuses, tandis que dans le cadre de la globalisation planétaire, une minorité pourrait continuer de suivre le mode de vie techno-industriel ? Demain, deux sphères : le nouveau Moyen-Age et l’Hyperscience ? Et qui, combien dans chaque sphère ? Toute pensée audacieuse et féconde doit penser l’impensable. Je suis persuadé que l’archéofuturisme, association explosive de deux contraires, est la clé de l’avenir. Tout simplement parce que le paradigme de la modernité n’est plus viable à l’échelle planétaire.
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[Il faut envisager] qu’à l’intérieur même de leur espace propre, des types de sociétés et d’économies emboîtés, mais hétérogènes, cohabitent. Des zones hyper-technologisées, reliées au réseau globalitaire et planétaire de communication, peuvent-elles voisiner avec des zones néo-archaïques, où les modes de vie et de production des sociétés traditionnelles seraient restaurés ?
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Le paradigme de l’égalitarisme matérialiste dominant – une société de consommation « démocratique » pour dix milliards d’hommes au XXIè siècle sans saccage généralisé de l’environnement – est une utopie à l’état brut.
Cette croyance onirique se heurte à des impossibilités physiques. La civilisation qu’elle a produite ne pourra donc pas durer longtemps. Paradoxe du matérialisme égalitaire : il est idéaliste et matériellement irréalisable. Et ce, pour des raisons sociales (il déstructure les sociétés) et surtout écologiques : la planète ne pourra physiquement supporter le développement général d’économies hyper-énergétiques accessibles à tous les humains. Les « progrès de la science » ne sont pas au rendez-vous. Il ne faut pas rejeter la techno-science, mais la recentrer dans une perspective inégalitaire.
Le problème n’est donc plus de savoir si la civilisation planétaire érigée par la modernité égalitaire va s’effondrer, mais quand. Nous sommes donc en situation d’état d’urgence. (…) La modernité et l’égalitarisme n’ont jamais envisagé leur fin, jamais reconnu leurs erreurs, jamais su que les civilisations étaient mortelles. Pour la première fois, il y a une certitude : un ordre global de civilisation est menacé d’effondrement parce que fondé sur un paradoxal et bâtard matérialisme idéaliste. On demande une nouvelle vision du monde pour la civilisation de l’après-catastrophe.
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L’effondrement prévisible de l’économie-monde actuelle permet d’entrevoir et de formuler l’hypothèse d’un modèle révolutionnaire fondé sur une économie mondiale autocentrée et inégalitaire, qui nous sera peut-être imposée par les circonstances et le chaos, mais qu’il convient de prévoir et d’organiser. Cette hypothèse repose sur trois grands paradigmes. Le scénario archéofuturiste :
Tout d’abord, la majorité de l’humanité retourne à une économie rurale et artisanale pré-technique de subsistance, avec une structure démographique néo-médiévale. L’Afrique, comme toutes les populations des pays pauvres, sera entièrement concernée par cette révolution. La vie communautaire et tribale reprendrait ses droits. Le « bonheur social » serait probablement supérieur à celui des pays-jungle d’aujourd’hui comme le Nigeria ou des mégapoles-cloaques comme Calcutta et Mexico. Même dans des pays industrialisés – Inde, Russie, Brésil, Chine, Indonésie, Argentine, etc. – une partie importante de la population pourrait retourner à ce modèle socio-économique archaïque.
En second lieu, une minorité de l’humanité conserverait le modèle économique techno-scientifique fondé sur l’innovation permanente. Il formerait un « réseau d’échanges planétaire », concernant à peu près un milliard d’hommes seulement. L’avantage considérable serait une pollution moindre qu’aujourd’hui. On ne voit d’ailleurs pas d’autre solution pour sauver l’environnement mondial puisque les énergies non polluantes ne sont pas pour demain.
Enfin, les grands blocs d’économies néo-archaïques seraient autocentrés sur un plan continental ou pluri-continental, n’effectuant pas d’échanges entre eux. Seule la partie techno-scientifique de l’humanité se livrerait aux échanges planétaires.
Cette économie mondiale à deux vitesses allie donc archaïsme et futurisme. La partie techno-scientifique de l’humanité devrait s’interdire d’intervenir dans les communautés néo-médiévales majoritaires, et surtout de les « aider ». Bien entendu, pour un esprit moderne et égalitaire, ce scénario est monstrueux. Mais en termes de bien-être collectif réel – donc de justice –, ce scénario révolutionnaire pourrait se montrer pertinent.
D’autre part, délestée du poids économique des zones « à développer » et « à aider », la partie minoritaire de l’humanité vivant dans une économie techno-scientifique pourrait suivre un rythme d’innovation beaucoup plus soutenu qu’aujourd’hui. Là encore, le retour à l’archaïsme bénéficie au futurisme et inversement.
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L’universalisation de la techno-science a fait payer chacune de ses avancées d’un recul. (…) L’effet pervers met vingt ou trente ans à surgir, mais, après une illusoire phase d’amélioration des conditions de vie (qui se termine aujourd’hui), il finit toujours par frapper. (…) au bout d’un temps de latence, le progrès, la croissance, l’extension incontrôlée de la techno-science voient leurs objectifs s’inverser et naître un monde plus dur que celui qu’on a voulu transformer et améliorer. (…) La planète ne pourra jamais supporter, ni par conséquent l’humanité, un développement techno-industriel de toute l’Asie et de l’Afrique au niveau actuel des pays du Nord. Y croire, c’est entrer dans ce syndrome actuel de la croyance aux miracles, propre à l’universalisme. L’industrialisation massive des « pays émergents » a toutes les chances d’être physiquement impossible, par épuisement des ressources rares et destruction des écosystèmes.
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Après tout, pourquoi l’ensemble de l’humanité désirerait-elle aller sur Mars, rouler à 500 km/h dans des trains-obus, voler en supersonique, manger des crèmes glacées l’été, vivre cent ans à coup de greffes et d’antibiotiques, discuter sur internet, visionner des séries télé, etc. Cette fièvre n’appartient qu’à certains peuples et certains groupes.
Elle ne peut pas être communiquée à l’ensemble de l’humanité. Le mode de vie techno-industriel pourrait, même en Europe et aux Etats-Unis, en cas de bouleversements structuraux, ne plus s’appliquer à toute la population.
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D’ailleurs, le nouveau système s’imposera de lui-même, dans le chaos. Il faut être concret et cesser de rêvasser sur les masturbations d’experts-imposteurs. Aucune des résolutions des Conférences de Rio et de Tokyo, pourtant fort insuffisantes, n’a été tenue. La nature que l’on voulait dompter et massivement contraindre, sous sa forme moléculaire et virale comme sous sa forme terrestre, réagit avec violence, par contrecoup, après une période d’aphasie. Les certitudes collectives laissent place au doute et au désarroi. (…) Ce sont maintenant les philosophies de la catastrophe qui vont s’imposer. L’incertitude est devant nous et son halo inquiétant jette l’ombre sur la techno-science que l’on croyait prédictible et maîtrisable, ce qu’elle n’est pas. C’est bien Heidegger qui avait raison contre Husserl et les rationalistes. C’est l’allégorie juive du Golem qui avait vu juste.
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La techno-science continuera d’exister et de se développer, mais elle changera de sens et ne sera plus sous-tendue par le même idéal. La croissance économique mondiale ne va pas tarder à se tasser du fait de barrières physiques. Il est physiquement impossible de réaliser l’idéal du progressisme : la société de consommation techno-scientifique pour dix milliards d’hommes. Quand le rêve s’effondrera, un autre monde surgira.
Des scénarios, évidemment sujets à caution (mais bien moins irréalistes que le programme d’un développement économique mondial infini dans un cadre étatique onusien ou morcelé), envisagent la coexistence de la globalisation, de la fin de l’étatisme et de la fracture civilisationnelle de la planète qui sera subie et non pas choisie. Selon ce scénario, la nouvelle division de la planète ne s’effectuerait plus entre Etats politiquement indépendants et économiquement interdépendants, mais entre des types de civilisations. Coexisteraient ceux qui conserveront le mode techno-scientifique et industriel d’existence (mais animé par d’autres valeurs) et ceux qui reviendront à des sociétés traditionnelles, peut-être magiques et irrationnelles, religieuses, agrestes et néo-archaïques, à faible niveau énergétique de prédation, de pollution et de consommation.
Les raisonneurs progressistes rétorqueront qu’il s’agit là d’organiser une sorte de sous-développement volontaire. Les surdoués en haut qui consomment, et les sous-doués en bas qui végètent.
Ce concept de sous-développement est inique et stupide. C’est une invention du progressisme pour signifier que seul est humain et licite le mode de vie industriel. Une société rurale traditionnelle non-technomorphe n’est nullement barbare et « sous-développée ». Dans la vision inégalitaire et organique du monde, il n’y a pas qu’un seul axe de « développement », mais plusieurs. Le vrai « sous-développement », plus exactement la vraie barbarie, est le fait du progressisme : ce sont tous les laissés-pour-compte du mode de vie industriel, qui ont abandonné pour un mirage les sociétés traditionnelles à faible taux démographique et qui s’entassent, surpeuplés, dans les mégalopoles des pays du Sud devenues des enfers humains. D’autre part, les membres d’une société traditionnelle peu monétarisée ne sont pas plus « pauvres » ni plus malheureux que les citadins new-yorkais ou parisiens suréquipés, même si leur médicalisation et leur espérance de vie sont moindres. En troisième lieu, il faut signaler que cette probable scission socio-économique de l’humanité au cours du XXIè siècle ne résultera pas d’une planification volontaire, mais sera imposée aux hommes par la catastrophe, par l’effondrement chaotique du système actuel.
Mais comment faire coexister plusieurs types de société ? Ceux d’en bas ne voudront-ils pas de nouveau imiter ceux d’en haut et « se développer » ? Pas nécessairement. D’une part parce que le souvenir de l’échec de l’universalisation ratée de la société industrielle et de la techno-science apparaîtra comme un âge noir (comme aujourd’hui le communisme). Et d’autre part, parce que ces communautés néo-traditionnelles seront dotées de fortes idéologies irrationnelles ou religieuses qui sanctifieront leur mode de vie. Ceux qui conserveront le mode techno-scientifique d’existence pourront parfaitement vivre dans une économie planétaire globalisée, mais beaucoup moins lourde en volumes d’échanges et de productions que celle d’aujourd’hui et donc beaucoup moins polluante, parce qu’elle ne concernera plus qu’une minorité d’hommes. Cette minorité ne serait plus alors animée par l’eschatologie du progrès, mais par la nécessité de la volonté.
Après l’inévitable catastrophe qui marquera le début du XXIè siècle, sitôt passées les stupides réjouissances de l’an 2000, il faudra construire pragmatiquement une nouvelle économie mondiale, l’esprit libre de toute utopie, de tout idéal inaccessible, et sans esprit d’oppression ou de néo-colonialisme envers la partie de l’humanité qui en serait revenue aux sociétés néo-traditionnelles. La conception de l’Histoire ne serait plus l’idéalisme progressiste, mais celle d’une vision réaliste, concrète et aléatoire du réel, de la nature et de l’homme. Le volontarisme, pensée du concret et du possible, s’oppose à l’idéalisme de la civilisation mondiale d’aujourd’hui, fondée sur l’abstraction de fins irréalisables. Les sphères techno-scientifiques partageraient avec les néo-archaïques une conception-du-monde inégalitaire et naturaliste, les uns dans la rationalité, les autres dans l’irrationalité.
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L’universalisme est un concept infantile. Fondé sur l’illusion cosmopolite. Le globalisme est une idée pratique : que des réseaux planétaires d’informations et d’échanges existent, mais ne concernent nullement tous les humains ! (…) La globalisation … n’a nul besoin d’être universaliste et peut parfaitement tolérer que des milliards d’hommes réadoptent un peu partout des modes de vie traditionnels. D’autre part, et c’est un point capital, la globalisation est également associable avec la construction de blocs semi-autarciques (autarcie des grands espaces) d’échelle continentale, pratiquant des systèmes économiques différents.
Après l’échec du progressisme économique et de l’universalisme consumériste, il pourra parfaitement subsister une économie globale planétaire (elle se renforcera même) qui n’aura nullement l’ambition d’attirer dans son orbe tous les humains, mais pourra ne concerner qu’une minorité internationale. C’est un scénario d’après-catastrophe très possible : car la techno-science et l’économie industrielle des marchés ne pourront pas être négligées ; elles sont trop implantées et déjà en voie de globalisation. Mais l’universalisation de la société industrielle à tous les humains pris individuellement ne pourra plus être tentée, puisqu’elle est énergétiquement, hygiéniquement et écologiquement impossible. L’économie « néo-globale » de l’après-catastrophe sera certes planétaire quant à ses réseaux, mais nullement universelle. Cette inégalité qui lui est intrinsèque permettra, par la baisse générale de consommation énergétique, l’arrêt de la destruction de l’écosystème et sa reconstitution, l’amélioration du cadre de vie de tous les peuples.
Bien entendu, le PIB général de l’économie mondiale se rétrécira considérablement, comme un ballon qui se dégonfle.
On objectera que le rétrécissement du PIB mondial asséchera les ressources financières et rendront impossibles des investissements par « perte d’échelle », puisque l’économie industrielle ne concernera plus qu’une fraction de l’humanité et que, de ce fait, les marchés et la demande se rétracteront dans de grandes proportions. C’est oublier que cette économie sera débarrassée de deux poids considérables : la moindre pollution restreindra le volume énorme de déséconomies externes et de coûts que nous connaissons aujourd’hui ; le poids des prêts aux pays « en voie de développement » n’existera plus puisque cet objectif de développement sera aboli ; les coûts des Etats-Providence s’effondreront puisque disparaîtraient les budgets sociaux massifs, rendus inutiles dans le cadre d’un retour à des économies de solidarité et de proximité, de type néo-médiéval.
Evidemment, il y aurait une autre solution : garder l’universalisme, et faire en sorte que ce soient les pays riches qui acceptent de baisser leur niveau de vie et leur consommation énergétique, pour préserver l’environnement, partager avec les pauvres, et compenser l’industrialisation des « pays émergents ». (…)
Mais cette hypothèse s’avère totalement idéaliste et inapplicable. Dans l’Histoire, ce n’est jamais la rationalité qui l’emporte. Imagine-t-on les Américains renoncer volontairement à leurs voitures et accepter de payer 100% d’impôts supplémentaires pour aider les pays du Sud ? Cela dit, dans le scénario de scission économique de la planète, de grandes zones et des fractions de population au sein même des pays industriels du Nord pourront parfaitement retourner aux modes de vie économiques traditionnels à faible niveau énergétique et centrés sur une économie rurale de subsistance diversifiée.
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Ce qu’il faut comprendre, c’est que si la techno-science a eu des effets ravageurs, c’est parce qu’elle était dirigée par le progressisme universaliste égalitaire, et non pas en raison de défauts qui lui seraient intrinsèques, contrairement à ce que croient les traditionalistes de droite ou les écologistes dogmatiques. C’est parce que le modèle techno-scientifique a été démesurément étendu et qu’on lui a attribué le don imaginaire d’amener miraculeusement une foule de bienfaits, qu’il tombe aujourd’hui sous le coup du désenchantement. En réalité, la techno-science est, par nature, propre à ne concerner qu’une minorité de l’humanité. Elle est trop dévoreuse d’énergie pour se généraliser.
Bien entendu, les belles âmes reprocheront à ces thèses de prôner l’exclusion généralisée. Encore un concept para-religieux, issu de mentalités réductionnistes, convaincues que le modèle de développement actuel est le seul moralement légitime pour tous.
En réalité, l’« exclusion » des sociétés néo-traditionnelles de la sphère techno-scientifique se combine à l’exclusion de cette dernière du monde néo-traditionnel. Il faut abandonner le préjugé selon lequel les sociétés techno-scientifiques sont « développées » par rapport aux sociétés traditionnelles. C’est le mythe du sauvage qui relève d’un racisme implicite.
Les communautés néo-traditionnelles ne seraient, dans l’hypothèse du scénario précédent, nullement infériorisées ou sous-développées. Elles vivraient selon le rythme d’une autre civilisation, et sans doute mieux qu’aujourd’hui.
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Question : est-ce qu’en prédisant et en prônant ce modèle socio-économique, on ne cherche pas à rendre la science et la technologie confidentielles, comme des formules alchimiques, réservées à une minorité d’humains qui sauraient les maîtriser ? Effectivement. Il s’agit de faire sortir la techno-science de la mentalité rationaliste … et de la libérer de l’utopie égalitaire qui prétend qu’elle convient à toute l’humanité.
Il ne serait pas étonnant, dans un scénario de l’après-catastrophe, quand on aura pris la mesure des dangers de l’extension indéfinie de la science, de la technique et de l’économie industrielle, de la nocivité de l’échange incontrôlé d’informations (le trop-plein de communication), qu’on en revienne à une vision initiatique et quasi ésotérique de la techno-science, afin de préserver l’humanité des périls de son débordement viral, massif et incontrôlé. L’idéal serait que cette civilisation techno-scientifique, éminemment risquée, mais intrinsèquement liée à l’esprit de quelques peuples ou groupes humains minoritaires dispersés sur toute la Terre, ne soit tentée que par quelques-uns et demeure ésotérique. La techno-science ne peut pas être un phénomène de masse, un phénomène « ouvert ». La planète en refuse l’hypothèse. Elle n’est viable que pour 10 à 20% de l’humanité. A certains la sagesse et la certitude naturaliste de la reproduction de l’espèce, du temps cyclique, du bien-être agreste ou tribal des sociétés traditionnelles stables. A d’autres la tentative et les tentations d’un monde global et historicisé. Pour certains, Guénon, pour d’autres, Nietzsche.
Guillaume Faye.
Ce texte est extrait du livre de Guillaume Faye, L’Archéofuturisme, éditions de L’Aencre 1998 (260 p.). La partie finale du livre est constituée par un petit récit de politique-fiction, se déroulant dans la Fédération Eurosibérienne, en 2073, après l’effondrement cataclysmique de la civilisation occidentale mondialisée.