Le mouvement nationaliste cubain et la lutte anticastriste internationale

0e0549c2 a1b1 4c94 93f2 bb42dbe6adbb 1023x1282

Le Mouvement nationaliste cubain (MNC), initialement appelé Association nationaliste cubaine, était une organisation armée fondée le 19 juin 1959 par le guérillero contre-révolutionnaire Ignacio Novo Sampol et l’homme d’affaires Felipe Rivero Díaz à New York.

L’organisation, composée d’anciens officiers de l’armée cubaine, de contre-révolutionnaires anticommunistes et de militants nationalistes, s’est consolidée après le retour aux États-Unis de Rivero Díaz – qui fut le chef national du MCN pendant la majeure partie de son existence – qui avait été capturé à Cuba pour sa participation, en tant que volontaire, à l’invasion de la Baie des Cochons.

Le MNC se déclarait de troisième voie et était proche du nationalisme-révolutionnaire de Jean Thiriart (représenté en Amérique latine pas le réseau Joven America), refusant l’alignement sur Washington et Moscou il avait un discours souverainiste-terceriste. Son programme prévoyait l’organisation des producteurs en syndicats verticaux par branche professionnelle, l’organisation d’un État sur le modèle du corporatisme fasciste et la récupération de la « grandeur de Cuba » par sa libération au moyen de la lutte armée.

Le groupe élabora le concept de « guerre sur tous les chemins du monde« , une forme de lutte non conventionnelle totale contre l’ingérence soviétique et toute forme d’entente avec le gouvernement socialiste de Cuba.

Les membres du MNC portaient un uniforme gris « différent du kaki de l’armée de Batista et du vert de l’armée de Castro », accompagné d’un béret noir et d’un brassard portant l’emblème de l’organisation, un éclair traversant le chiffre 3 qui faisait allusion à la troisième position.

L’organisation agissait parfois comme un groupe de choc par le biais de cellules de combat, entrant en confrontation avec des militants des Black Panthers et d’autres groupes sympathisants de Castro. Elle participait également à la perturbation d’événements en faveur du régime cubain. Le MNC était lié aux Comandos Libres Nacionalistas (également terceristes) et au Movimiento Nacionalista Cristiano d’Aldo Rosado-Tuero.

Le mouvement participa à la perturbation de l’ouverture de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 1963, exigeant la reconnaissance politique des Cubains anticastristes et le retrait de la délégation de Castro.

Le 10 août 1964, le groupe  commis son premier acte terroriste envoyant une roquette sur le cargo cubain Maria Teresa dans la baie de Montréal, au Canada.  Le 7 septembre 1965, le groupe tenta de dynamiter la tombe de Karl Marx dans le cimetière de Highgate, au Royaume-Uni, mais l’explosif fut découvert avant d’avoir fonctionné. Le 22 septembre 1966, le MCN envoya de nouveau une roquette contre l’ambassade de Cuba à Ottawa. En octobre de l’année suivante, un explosif de fabrication artisanale explos dans le bâtiment du commissaire aux affaires cubain.

À la suite des attentats susmentionnés et d’autres actes, Rivero Díaz fut arrêté en 1967 et libéré sous caution de dix mille dollars six mois plus tard, après quoi il  accepta de mettre fin aux actes terroristes du groupe. Au cours des années suivantes, le Federal Bureau of Investigation et la Central Intelligence Agency devinrent de plus en plus hostiles aux diverses formations radicales anticastristes, dont le MNC, qui accusa à son tour les collaborateurs de la CIA d’être des traîtres.

Dans ses dernières années, le Mouvement déclarera sa sympathie pour des groupes, des événements et des personnalités politiques proches de sa vision du monde, tels que le Mouvement social italien, la rébellion militaire d’Antonio Tejero et le coup d’État de 1973 au Chili. L’implication de trois membres du MCN dans l’assassinat du ministre chilien du gouvernement Allende, Orlando Letelier, en 1976, conduisit à une véritable persécution de l’organisation, qui se traduisit par l’emprisonnement de ses dirigeants.

Après la dissolution du groupe, en 1984, Díaz Rivero mena une carrière de commentateur radio pour Cadena Azul. Dans l’une de ses premières émissions, il a fit l’éloge de Rudolf Hess, qui était encore en vie. Deux ans plus tard, il affirma au Miami Herald : « Si les Allemands avaient l’intention d’éliminer les Juifs, comment se fait-il qu’à Miami il y ait des milliers de juifs qui ont passé jusqu’à cinq ans dans des camps de concentration ? (…) Ce qui a existé, c’est l’intention d’éliminer le pouvoir politique et économique qu’ils avaient ».

En 1990, lors de la visite de Nelson Mandela à Miami, ou il fit l’éloge de Fidel Castro, Díaz Rivero organisa, en collaboration avec la communauté cubaine anti-castriste de la ville, une réunion de protestation où il invita David Duke à prendre la parole.

Francisco de Lizardi

Retour en haut