Le mythos de JRR Tolkien

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D’après une étude effectuée par la Folio Society en 1997, ainsi que d’après un sondage de la chaîne de librairies Waterstone, en janvier de cette année [2002], Le Seigneur des Anneaux a été choisi par les lecteurs comme leur « livre préféré de tous les temps ». La récente version cinématographique du livre l’a popularisée encore plus, et a provoqué des questionnements sur les motifs à l’origine de cette œuvre extraordinaire.

Si de nombreux fans se contentent de considérer Le Seigneur des Anneaux comme une épopée de fantaisie, certains ont détecté une répugnance sous-jacente pour l’industrialisation des campagnes et pour les dommages causés par la guerre totale.

En juin 1997, Ross Shimmon, président de la Library Association, a commenté :

« Il est stupéfiant que Le Seigneur des Anneaux ait un tel impact. L’idée d’un monde parallèle… Je me demande si cela n’a pas un rapport avec une tentative de donner un sens au monde autour de nous. »

Lecteur de Candour

Un abonnement pendant vingt ans au journal patriotique Candour et une fidèle conservation de ses 24 volumes pourraient bien fournir quelques indications sur ce qu’étaient les pensées, les idées et les croyances les plus profondes de Tolkien.

Candour fut fondé par A.K. Chesterton, un cousin de G.K. Chesterton, pour succéder au magazine Truth, dont il avait personnellement été rédacteur-adjoint. Chesterton, un vétéran décoré de deux guerres mondiales, avait auparavant dirigé les publications d’Oswald Mosley dans les années 30. En 1954 il fonda la Ligue des Loyalistes de l’Empire, dont les facéties et les interventions lors des meetings des Tories furent une constante source d’irritation et d’embarras pour Eden aussi bien que pour Macmillan. En 1967, la Ligue fusionna avec le vieux British National Party (à ne pas confondre avec l’actuel parti du même nom) et avec la Racial Preservation Society pour former le National Front, le Greater Britain Movement les rejoignant peu après. Chesterton assuma le rôle de dirigeant.

En 1973, la collection des Candour de Tolkien fut vendue pour dix livres sterling. En 1997, j’héritai de ces bulletins par la secrétaire de Chesterton, Moyna Traill-Smith. Les citations de Candour qui suivent ont toutes été soulignées par Tolkien au stylo rouge.

Tragédie de l’Empire

La dissolution de l’Empire britannique était considérée par Tolkien comme une tragédie, qui aurait des conséquences négatives permanentes pour ses populations indigènes :

« L’Afrique n’est pas peuplée d’Européens noirs, c’est un continent rempli de tribus mentalement et moralement à l’aube de l’histoire.

L’indépendance ne signifie pas la démocratie – le Liberia et l’Abyssinie sont deux avertisseurs lumineux. L’hégémonie africaine conduirait au suicide de la communauté blanche en Afrique orientale et centrale et à la ruine des espoirs africains d’un progrès régulier. »

(3/10 août 1956, page 44)

Tolkien était sans illusion concernant la réalité de la démocratie moderne, et considérait les médias et la haute finance comme hostiles à son succès :

« La concentration du pouvoir de la Presse a depuis longtemps bafoué le faible degré de démocratie réelle que nous avons pu connaître autrefois… »

(10 février 1956, page 50)

« La vraie équation est ‘démocratie’ = gouvernement par les financiers mondiaux.
La marque principale des gouvernements modernes est que nous ne savons pas qui gouverne, pas plus de facto que de jure. Nous voyons le politicien et non son commanditaire ; encore moins le commanditaire du commanditaire ; ou, ce qui est plus important que tout, le banquier du commanditaire.

Trônant au-dessus de tous, d’une manière jamais vue dans le passé, se trouve le prophète voilé de la finance, dominant tous les hommes vivant par une sorte de magie, et prononçant des oracles dans un langage incompris du peuple. »

(13 juillet 1956, page 12)

Réformateur monétaire

C’est dans le domaine des réformes monétaires que Tolkien exprimait son souci le plus passionné. Son indignation concernant le mal de l’usure – la création de l’argent à partir de rien et ensuite le fait de le prêter avec intérêts – est exprimée à de nombreuses reprises :

« Il ne devrait y avoir qu’une seule source d’argent : une seule source d’où s’écoule le sang de la nation pour donner de la vie au commerce et à l’industrie, assurer l’équité économique et la justice et préserver le bien-être du peuple… En d’autres mots, nous avons toujours soutenu et soutenons toujours que la prérogative de la création et de l’émission de la monnaie de la nation doit être rendue à l’Etat. »

(3/10 août 1956, page 48)

En utilisant cet arrière-plan, on pourrait tenter une brève exégèse du Seigneur des Anneaux. Le centre de tout le mal est Sauron, le Seigneur Ténébreux, qui a asservi le peuple de la Terre du Milieu au moyen des anneaux du pouvoir. Il y a sept anneaux pour les seigneurs des nains, cinq pour les rois des elfes, neuf pour les simples mortels, et un dernier anneau pour tous les dominer et les enfermer dans l’obscurité et l’esclavage pour toujours. Ces anneaux d’or ont été « forgés » dans les feux du Mont du Destin et symbolisent les banques centrales et leurs pouvoirs monopolistiques, qui leur permettent de créer de l’argent à partir de rien et ensuite de le prêter avec intérêts aux gens crédules. Avec leur pouvoir financier illimité, ils peuvent contrôler les médias et envoûter le grand public avec leur propagande. Finalement le bien l’emporte sur le mal et les spectres, les orques et les monstres sont vaincus.

Arrière-plan

Qui était donc John Ronald Reuel Tolkien ? Soutenait-il le National Front ? Probablement pas d’une manière officielle, mais il sympathisait incontestablement avec ses politiques anti-immigration et anti-Marché Commun, ayant approuvé les vues de Chesterton pendant deux décennies.

Il y a peu de doute que Tolkien était un patriote, et sa conviction que les effets civilisateurs de l’Empire britannique étaient un grand bienfait pour tous s’est révélée juste. La tourmente de mort, de dettes et de destruction que l’Afrique a connue ensuite témoigne regrettablement de ce fait.

Avant toute autre chose, Tolkien pourrait être considéré comme un ardent supporter de la réforme monétaire. Il comprenait que l’argent n’est pas une forme de richesse, mais un moyen pour l’échange de biens et de services. Il recherchait la justice sociale par l’adoption d’un système monétaire honnête, qui distribuerait les bénéfices de l’ère technologique à toute l’humanité, et fournirait une base sûre pour un avenir de progrès et de prospérité.

Tolkien aurait pu écrire un traité d’économie politique, et, s’il avait été publié, selon toute probabilité il n’aurait atteint qu’une diffusion limitée. En employant une allégorie puissante, il a subconsciemment touché et influencé les esprits d’innombrables millions de gens avec son mythos.

Stephen Goodson

Nota Bene : toutes ces citations (du journal Candour) ont été soulignées en rouge par Tolkien, mais n’ont pas été écrites par lui. – NDT.

Stephen Goodson était, en 2011, dirigeant du Parti pour l’abolition de l’umpôt sur le revenu et de l’usure, en Afrique du Sud.

 

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