Le huitième congrès de Tsargrad, qui s’est tenu dans la cathédrale du Christ-Sauveur, a été d’une incroyable pertinence. Voici, en substance, ce qui s’y est dit.
Il est évident que nous vivons dans une société où l’idéologie est en train de changer – elle passe du libéralisme à la russéité. Et ce processus ne peut être arrêté. Il ne s’agit pas d’une décision ponctuelle des autorités, mais de la logique du temps, d’un ultimatum fixé par l’histoire elle-même.
L’Opération militaire spéciale a radicalement changé le paysage idéologique de la Russie. L’ère des technocrates idéologiquement neutres est révolue, celle des patriotes idéologiquement motivés a commencé.
Un nouveau type de fonctionnaire apparaît – qu’il soit gouverneur, ministre, dirigeant. Désormais, les représentants de l’État sont constamment confrontés à la mort, à la douleur, à l’horreur, à l’âme des gens. Ils ne peuvent se contenter d’instructions, de remplir des conditions formelles et de se corrompre tranquillement sur cette toile de fond. Ils sont impliqués dans l’histoire, et l’histoire exige de la subjectivité, un choix volontaire, une décision prise avec le cœur. Par conséquent, les personnes au pouvoir doivent faire un choix: soit elles sont du côté de la caste, soit du côté du peuple. Soit ils sont du côté de la guerre, ils y prennent une part active, soit leur cause demeure en marge (de l’histoire qui se fait). Être technocrate, c’est désormais choisir le camp de ma cause. Sinon, il faut changer sa vision du monde ou admettre ouvertement les opinions russes qui ont été formées auparavant et passer ouvertement du côté de la cause russe.
Là encore, chacun doit déterminer sa propre position. Il s’agit d’un tournant idéologique. Le libéralisme est complètement épuisé, même s’il existe encore par inertie. Mais aujourd’hui, la technocratie exécutive ne suffit plus. Face à la guerre, face aux ennemis intérieurs des cinquième et sixième colonnes, face aux migrations destructrices et à la démographie catastrophique, face aux valeurs traditionnelles et non traditionnelles, chacun doit faire un choix. Un choix clair et net. Non pas en chuchotant sotto voce, mais en parlant haut et fort. Et nous devrons répondre de ce choix et le mener jusqu’au bout. Peut-être jusqu’à notre propre fin, car nous sommes en guerre. Aujourd’hui, être russe ne signifie pas déposer une marque. Être russe, c’est rejoindre les rangs de la cause russe, c’est se réaliser en tant que nation, c’est tout sacrifier – y compris sa vie – pour le bien du pouvoir.
Le temps des compromis et des demi-mesures touche à sa fin. Le choix,qui est posé maintenant, aura une signification irréversible.
L’Évangile parle des ouvriers de la dernière heure. Ils se sont engagés plus tard que tous les autres, mais ils se sont engagés. Et on leur promet une part du Royaume des cieux. Mais après cette dernière heure, il sera vraiment trop tard.
C’est maintenant la dernière heure pour la cause russe. Il est temps d’apporter à la Patrie, à la Foi, au Pouvoir et au Peuple notre dernier serment.
Oui, depuis les années 80, la trahison est devenue une norme sociale, idéologique et psychologique. Chacun vivait pour soiet pour soi seul. Mais cette époque est révolue.
L’époque est foncièrement différente aujourd’hui. Elle n’est pas seulement illibérale, elle est incompatible avec la technocratiesans âme, sans épaisseur. C’est le temps de l’Idée qui est advenu. De l’idée russe (de l’idée ancrée dans notre réalité vivante). Il est enfin arrivé, ce temps de la décision ultime.
Pas un seul problème de la Russie contemporaine ne peut être considéré comme purement technique. Tous les problèmes, au contraire, ont une dimension idéologique. Ils sont apparus pour des raisons idéologiques et leur solution se trouve dans le domaine idéologique.
Pourquoi l’Opération militaire spéciale a-t-elle été déclenchée ? Parce que les libéraux et les Occidentaux de Russie ont pris la décision idéologique, en 1991, d’effondrer l’Empire (l’URSS). Et nous serons en guerre tant que nous n’aurons pas inversé les résultats de cette trahison.
D’où viennent les migrations ? Du fait que l’idéologie libérale nie, même en théorie, les facteurs ethnique et culturel-religieux. Et le principe capitaliste d’optimisation du profit exige la main-d’œuvre la moins chère et socialement la moins protégée possible. Et c’est cela l’idéologie libérale.
D’où vient le déclin démographique ? Du principe de l’individualisme et de l’engorgement des villes. Et aussi de la destruction systémique des valeurs familiales et du démantèlement du patriarcat classique. Il s’agit d’attitudes idéologiques qui ne peuvent être éliminées par des moyens techniques.
D’où vient la corruption ? De l’égoïsme dogmatique et du cynisme obligatoire, massivement retransmis par la culture: ils conduisent inévitablement à l’érosion de la responsabilité envers la société et à l’opportunisme juridique.
Et puisqu’il en est ainsi, nous avons besoin d’un organe idéologique. Qu’il s’agisse d’un système de contrôle de l’exécution et de la mise en œuvre des décrets présidentiels 809 et 314 et du concept de sécurité nationale. Ou de quelque chose d’autre. Et naturellement, l’idéologie patriotique russe devrait être introduite en douceur dans la société et gérée par des patriotes russes.
Alexandre Douguine