Bien que distant et souvent méprisant à l’égard des partis de droite traditionnels de l’après-guerre, et refusant de collaborer avec les politiciens du Parti libéral-démocrate, Mishima a eu une influence significative sur le courant dit de la Nouvelle Droite, qu’il a contribué à définir. Avant la formation du Tatenokai (1968), Mishima avait dirigé divers groupes d’étudiants nationalistes visant à neutraliser les groupes de protestation universitaires de gauche, avant l’émergence du mouvement révolutionnaire de 1968.
Il s’agit de l’Union des étudiants japonais (Nichigakudo) et de l’Association nationale des étudiants (Gakkyo), dont l’esprit juvénile a fini par être encadré par les postulats de la Nouvelle Droite, cherchant à combattre la « domination mondiale des puissances étrangères ». Ils considéraient que le régime d’après-guerre cherchait à fixer définitivement le Japon comme une nation vaincue, définissant une ligne anticonstitutionnelle dans la poursuite de l’autosuffisance nationale. Certains membres de ces groupes rejoindront par la suite le Tatenokai, notamment Hiroshi Mochimaru (son premier président), Masakatsu Morita, Hiroyasu et Masayoshi Koga, les trois derniers étant impliqués dans l’incident du 25 novembre.
Mishima prônait un nouveau type de nationalisme qui rompait avec la culture politique de droite du pays et ses positions pro-américaines, appelant à la formation d’une « armée nationale japonaise » et à l’abolition de la constitution de 1946. Deux ans après l’incident la tentative avortée de coup d’État du Tatenokai, en novembre 1970, fut créé Issuikai, un groupe nationaliste de la nouvelle droite qui cherchait à « poursuivre les volontés de Mishima et Morita », reprenant ainsi les proclamations politiques du Tatenokai et le discours final de Mishima.
Fondé par l’activiste Kunio Suzuki, militant du Gakkyo dans sa jeunesse, et l’ancien membre du Tatenokai Tsutomu Abe, Issuikai se présente comme un groupe politico-intellectuel pour « l’indépendance nationale » et la restauration de la dignité du Japon. Contrairement à l’anticommunisme hégémonique des autres groupes nationalistes, Issuikai a engagé un dialogue avec d’anciens membres d’associations clandestines de gauche, y compris avec les membres de celles avec qui il s’était précédemment affronté. L’activisme du groupe n’en fut pas pour autant minorée et il prit d’assaut l’ambassade soviétique en 1981, tout en s’opposant physiquementà divers groupes communistes dans le pays.
Issuikai, comme la grande majorité des organisations de la Nouvelle Droite, a épousé la cause anticolonialiste, s’opposant à l’intervention américaine en Irak. En 2007, il a organisé la seule cérémonie commémorative de Saddam Hussein au Japon.
Après être tombé dans un état d’inactivité dû au déclin de l’activité politique dans les université, le suicide de Mishima provoqua la renaissance du Gakkyo, qui chercha, sans succès, à transformer le procès contre les survivants de l’événement en un « procès pour juger de la constitution et de l’occupation du pays par les troupes yankees ».
Tardivement, l’Armée des Volontaires du Front Uni verra également le jour en 1981, visant à dénoncer les crimes de guerre commis par les États-Unis contre le Japon, et reprenant les revendications de la Nouvelle Droite japonaise, l’organisation assistera l’Issuikai. L’Armée des Volontaires adopta le slogan « patriotisme anti-américain, lutte anti-soviétique, autodétermination ethnique ». En 1982, elle déclara sa solidarité avec l’Argentine pendant la guerre des Malouines, en lançant des cocktails Molotov sur un bâtiment de la légation britannique. De même, le groupe manifesta contre la visite de représentants et de chefs d’État occidentaux au Japon. Au fil des ans, l’Armée des volontaires a fini par développer des divergences majeures avec le commandement de l’Issuikai.
Il reste à mentionner Kimura Mitsuhiro, l’actuel leader d’Issuikai, qui a produit une série d’écrits définissant le style et l’objectif de la Nouvelle Droite japonaise. Il a rencontré Jean-Marie Le Pen lors de sa visite au Japon et a collaboré à certaines initiatives de la Quatrième théorie politique d’Alexandre Douguine.
Francisco de Lizardi