Evola a fait référence à ses conversations avec Mussolini dans trois articles : « Mussolini e il razzismo », Il Meridiano d’Italia, vol. 6, n° 49, 16 décembre 1951 ; « Il mito della nuova Italia », Il Meridiano d’Italia, vol. 6, n° 50, 23 décembre 1951 ; « Sangue e spirito », Il Meridiano d’Italia, vol. 6, n° 51, 30 décembre 1951.
Mussolini et le racisme
Au mois de septembre 1941, je fus appelé au Palazzo Venezia. Je ne supposai pas que Mussolini lui-même voulait me parler. Pavolini m’y accompagna et assista à notre conversation. Mussolini me dit qu’il avait lu mon ouvrage Synthèse de la doctrine de la race, publié par Hoepli, qu’il l’approuvait et qu’il voyait dans les idées qui y étaient exposées les fondements d’un racisme fasciste autonome et antimatérialiste. « C’est le livre qu’il nous fallait », déclara-t-il textuellement.
Pour se rendre compte de la portée de ces déclarations, il faut se souvenir de la situation du racisme en Italie. Déjà quelques mois auparavant, Mussolini avait jugé nécessaire de prendre position sur la question raciale et de s’aligner sur son allié allemand dans ce domaine également. Le motif le plus immédiat était le désir de renforcer le sentiment de race et de dignité raciale dans les rapports avec les indigènes du nouvel Empire. Des informations précises sur l’attitude antifasciste de la communauté juive internationale et en particulier nord-américaine y étaient également pour quelque chose. À cela s’ajoutaient des questions d’ordre intérieur, discriminatoire, culturel et ethnique. Ainsi, Mussolini avait encouragé la publication du « Manifeste du racisme italien », constitué d’une dizaine de points ; une revue, Difesa della razza, avait été lancée et, par la suite, deux bureaux de la race avaient été créés, l’un au ministère de la Culture populaire et l’autre au ministère de l’Intérieur.
Malheureusement, l’ensemble présentait des caractéristiques insatisfaisantes. Ce qui manquait à une telle action en Italie, c’était une préparation sérieuse et des études spécifiques ; de plus, les idées racistes étaient terra incognita pour les « intellectuels » italiens. Ainsi, le groupe qui avait rédigé le « Manifeste » et celui des collaborateurs de Difesa della razza lui-même apparaissaient comme disparates et incohérents. Quelques anthropologues de la vieille école scientiste y côtoyaient des journalistes et des hommes de lettres qui se manifestèrent pour l’occasion et se réveillèrent racistes du jour au lendemain. L’impression générale était donc celle d’un amateurisme, où trop souvent la polémique et les slogans prenaient la place d’une doctrine sérieuse et homogène : une doctrine qui n’aurait pas dû se perdre dans le biologisme ou l’antisémitisme vulgaire, mais qui aurait dû se présenter essentiellement comme une vision générale de la vie et agir comme une idée politiquement et éthiquement formatrice. Ce sont, en grande partie, les jugements peu flatteurs entendus à l’étranger sur le tournant raciste du fascisme qui m’amenèrent à m’intéresser à ce sujet. Des idées, traditionnelles et aristocratiques, auxquelles j’étais attaché, je m’efforçai de tirer tout ce qui, par l’application et la voie déductive, pouvait correspondre à une doctrine organique de la race. Il en sortit d’abord un ensemble d’articles et d’essais, parus dans divers périodiques fascistes, puis le livre déjà mentionné.
La thèse principale que je soutenais était en résumé la suivante : pour l’homme, le problème de la race ne peut se poser dans les mêmes termes ni avoir la même signification que pour un chat ou un pur-sang. En effet, l’homme véritable, en plus d’être un ensemble de fonctions biologiques et somatiques, possède une âme et un esprit. Pour être complet, le racisme doit donc inclure ces trois termes : le corps, l’âme et l’esprit. D’où il résultera un racisme de premier degré, relatif aux problèmes strictement biologiques, anthropologiques et eugéniques ; puis un racisme de second degré, relatif à la « race de l’âme », c’est-à-dire la forme du caractère et les réactions affectives ; enfin, pour couronner le tout, la « race de l’esprit », relative aux frontières suprêmes qui, dans l’ordre de la vision générale du monde et de l’au-delà, du destin, de la vie, de l’action, en somme des « valeurs suprêmes », distinguent les hommes les uns des autres et les rendent inégaux. L’idéal classique, interprété au point de vue racial, est l’harmonie et l’unité de ces trois « races » dans un type supérieur.
Mussolini approuva sans réserve de telles conceptions. Je ne prendrai pas la responsabilité que prennent tant de mémorialistes en mettant entre guillemets les paroles que leur aurait dites le Duce. Cependant, je peux certainement répondre de ce que Mussolini m’a dit en substance et qui montrait chez lui une préparation singulière. « La conception du racisme tripartite, m’a-t-il donc expliqué, évite l’erreur zoologique et biologiste propre à un certain racisme germanique ; elle donne la priorité aux valeurs de l’esprit, qui sont une partie essentielle de notre tradition et de l’idée fasciste. Elle revêt également une grande importance politique. Vous avez relié les trois aspects du problème racial aux trois parties de l’être humain, comme Aristote les distinguait également. Il aurait cependant été préférable de se référer à Platon (j’ose citer ici les paroles mêmes de Mussolini) qui, en outre, relia ces trois parties à trois strates du corps social. En effet, la race du corps correspond dans l’État à la simple masse, demos, “qui n’est rien d’autre que la force avec laquelle les dirigeants agissent” » (verbatim) ; la race de l’âme peut correspondre aux “guerriers” ou aux “gardiens” de Platon, tandis que la race de l’esprit pourrait correspondre au sommet, elle comprendrait les penseurs, les philosophes, les artistes. »
En fait, à ce moment-là, malgré la figure inquiète de mon ami Pavolini, je me permis d’interrompre Mussolini en lui disant : « Sachez, Duce, que Platon aurait banni de son État les penseurs, les philosophes et les artistes au sens moderne du terme. Au contraire, ce sont les sages – sophoi – qui représentent tout autre chose que les “intellectuels”, que Platon plaçait au sommet de son État idéal. »
« Eh bien, disons les sages », sourit Mussolini.
Le mythe de la Nouvelle Italie
Alors que la race est habituellement considérée comme une donnée fixe, naturaliste et fatale, j’en avais défendu dans mon livre une conception dynamique : de nouvelles races peuvent se former, d’autres changer ou s’étioler sous l’influence de facteurs internes, spirituels, c’est-à-dire de ce que j’avais appelé la « race interne ». J’en donnais pour exemple le type juif lui-même, issu non pas d’une race pure originelle, mais façonné par une tradition millénaire ; aujourd’hui, un type yankee, aux traits déjà assez uniformes et caractéristiques, est en train de naître d’un mélange ethnique improbable, sous l’influence d’une forme donnée de civilisation ou de pseudo-civilisation, comme celle des États-Unis. Lors de notre entretien, Mussolini approuva sans réserve cette idée, comme fondement d’un « racisme actif » qui remplirait des tâches formatrices correspondant à l’aspiration la plus haute du fascisme. L’idée était d’extraire progressivement de la substance hétérogène du peuple italien et de rendre stable un nouveau type d’élite, la « race de l’homme fasciste », grâce à des facteurs internes, des disciplines précises et une tension idéale élevée. Le Duce me dit qu’il était convaincu de la profondeur des processus de ce genre ; il ajouta qu’il avait été frappé d’avoir lui-même remarqué plus d’une fois, dans la jeunesse du Littorio et de la Milizia, un nouveau type, non seulement par son attitude, mais aussi par ses traits physiques et somatiques, qui semblaient être le résultat spontané d’une sélection et d’une formation dans le sens que j’ai dit. Ce fut malheureusement un feu de paille. Avec l’effondrement de l’Italie, ce n’est pas la nouvelle super-race, mais la sous-race de notre peuple qui devait remonter à la surface et produire les gloires de la « libération » et du « second Risorgimento ».
Le racisme politique et spirituel a besoin d’un « mythe », c’est-à-dire d’une idée-force capable de cristalliser les énergies d’un environnement collectif donné. C’est précisément la notion de race supérieure. A cet égard, on sait que le mythe aryen avait été mis en vogue depuis un certain temps ; ce mythe, d’ailleurs, si on le comprend bien, va bien au-delà d’un simple « mythe ». En effet, les racistes ne sont pas les seuls à reconnaître que les civilisations anciennes de l’Inde, de l’Iran, de la Grèce, de Rome, et plus tard la civilisation germanique, sont issues de souches d’une même race ou super-race primordiale préhistorique, appelée « aryenne », de même que leurs langues, religions, conceptions du droit, etc. respectives dénotent des racines communes. Naturellement, le racisme allemand avait tenté de plaider pro domo sua, en considérant les souches nord-germaniques comme les descendants directs de la pure race « aryenne » des origines et en plaçant l’idée nordico-aryenne au cœur de l’action politique et de la conception nationale-socialiste de la vie. Cependant, une telle revendication monopolistique est dénuée de tout fondement sérieux. D’après le même principe, j’avais fait de l’idée aryano-romaine le point de référence essentiel du racisme fasciste : il s’agissait de ces forces qui, en se différenciant de la souche aryenne commune, avaient donné son visage à la romanité originelle et virile. L’idée aryano-romaine, malgré sa proximité avec l’idée nordico-aryenne, conservait son autonomie et sa dignité propre ; l’une et l’autre pouvaient donner un avantage à notre mouvement, en lui évitant d’être soupçonné d’être inféodé aux conceptions nazies, sans perdre leur valeur par rapport à celles-ci, mais au contraire en les dépassant par des valeurs et des éléments de style d’une tradition plus auguste et plus universelle.
Mussolini me dit que cette partie de mon livre l’avait aussi particulièrement intéressé. Il avait dit un jour : « Nous aspirons à une Italie romaine ». L’occasion se présentait maintenant de traduire en actes ces aspirations. Reprendre, en dehors de la rhétorique et des exhumations académiques, l’idée aryano-romaine comme force formatrice, d’abord d’une conception générale de la vie (« race de l’esprit »), ensuite d’un caractère, d’un style de comportement (« race de l’âme ») et enfin, si possible, même d’un nouveau type somatique, physique (« race du corps »), afin que l’extérieur même soit le digne reflet de la race intérieure ; d’autre part, limiter et corriger les éléments suspects de notre peuple, dénoncer la promiscuité « méditerranéenne » et les « fraternités bâtardes » (c’est ainsi que Mussolini avait qualifié la prétendue « latinité ») et se ranger ainsi spirituellement aux côtés des héritiers du Saint-Empire romain germanique : tel était le programme global de racisme actif que Mussolini s’apprêtait à adopter. En matière doctrinale, le Duce évoqua également au cours de notre conversation des questions plutôt techniques comme celle de l’hérédité. Nous abordâmes ensuite certaines initiatives concrètes.
J’en parlerai plus en détail dans le prochain article. Cependant, il est important de souligner un point particulier. Certains ne voient dans le racisme que l’antisémitisme, les camps de concentration, les chambres à gaz, etc. Or, il faut bien comprendre que l’antisémitisme n’est qu’un aspect particulier et secondaire, en aucun cas essentiel, d’un racisme sérieux. Dans ce cas, il existe bien un danger juif, mais il doit être ressenti et reconnu comme un danger intérieur, aussi bien et même plus qu’un danger extérieur. C’est là un point fondamental des idées que j’ai exprimées : il ne sert pas à grand-chose d’être « aryen » et de « race pure » par le corps et le sang si l’on est juif, levantin ou à peu près par l’esprit et le caractère, la « race interne ». C’est donc une lourde responsabilité que de se dire « Aryen », si cette appellation n’est pas vide de sens et présomptueuse. C’est ainsi qu’il devenait possible d’aborder les questions raciales loin de tout fanatisme et de tout parti pris, en considérant l’essentiel, en rendant à chacun ce qui lui est dû. En approuvant mes formulations, Mussolini entrait dans cet ordre d’idées, qui devait distinguer le racisme fasciste du racisme nazi dans ce qu’il avait d’extrémiste et d’irréfléchi.
Sang et esprit
Après que Mussolini eut abordé les sujets mentionnés dans mes articles précédents, je lui dis que son approbation de ma formulation des questions raciales allait dans le sens des initiatives que j’avais déjà prises à l’étranger, sous ma propre responsabilité. En effet, des cercles allemands dont j’étais proche depuis longtemps m’avaient déjà invité à faire des conférences et des exposés et les problèmes raciaux faisaient partie des thèmes que j’y traitais. Or, mes propos avaient suscité un intérêt particulier et la fusion du mythe aryano-romain avec le mythe nordico-aryen était considérée comme le fondement d’une collaboration approfondie, capable de cimenter spirituellement l’alliance politique avec l’Axe. Il avait donc été question de créer une nouvelle revue italo-germanique à cette fin. Cela intéressait particulièrement les amis allemands que j’ai évoqués, car si certaines critiques nécessaires contre le racisme biologiste, matérialiste et violemment nationaliste n’auraient pas été tolérées d’un Allemand, les choses auraient pu être différentes si c’était un Italien qui les avait faites.
Je rapportai donc tout cela à Mussolini et lui demandai si, à la suite de son appréciation plus que flatteuse, j’étais autorisé à développer de telles initiatives et à présenter mes formulations comme des positions fascistes officielles. Mussolini répondit sans hésiter par l’affirmative. Il m’autorisa de ce fait à donner un cachet fasciste à la traduction allemande de mon livre, qui était en cours de préparation (le titre allemand était Synthèse de la doctrine fasciste de la race – Grundrisse der faschistischen Rassenlehre, Runge-Verlag, Berlin), en y mentionnant qu’il avait toute son approbation.
Quant à la revue prévue, qui devait s’intituler Sangue e Spirito – rivista italo-germanica per i problemi della visione del mondo e della razza, Mussolini me dit qu’il l’approuvait également. Il aurait pu être publié dans les deux langues, pour être diffusé respectivement par les partis fasciste et national-socialiste, mais Mussolini voulait que les points fondamentaux du programme soient d’abord établis, en accord avec les possibles collaborateurs italiens.
Commença alors un travail plutôt ingrat, puisqu’il s’agissait de sélectionner des éléments plus ou moins qualifiés et de les mettre d’accord. A la tête du Bureau de la race du ministère de la Culture Populaire, un certain Guido Landra1, raciste du dimanche, qui devait se « volatiliser » après le 25 juillet, fut heureusement remplacé par l’un des fascistes les plus qualifiés et les mieux préparés, le Dr Alberto Luchini qui avait des relations dans plusieurs pays. En accord avec lui, une série de réunions laborieuses fut organisée avec des éléments qui, ayant entendu parler du projet, s’étaient immédiatement manifestés dans les différents secteurs du fascisme (il serait piquant de donner leurs noms, pour voir ce qu’il est advenu de ces fascistes et de ces racistes aujourd’hui). Finalement, les points programmatiques souhaités furent définis. Je les soumis personnellement à Mussolini. Il les approuva dans leur intégralité, après quoi il s’agissait de se rendre à Berlin pour procéder à une organisation similaire. Dans la capitale allemande, je pris contact avec Alfred Rosenberg, Walter Groß et d’autres personnalités et nous discutâmes des points formulés et des directives pour la revue. Cependant, à un moment donné, j’appris que l’ambassade d’Italie avait pris des mesures qui avaient plongé mes amis dans la perplexité, à tel point que, ne pouvant parvenir à un accord contraignant, je retournai à Rome.
C’est là que j’ai découvert qu’un sabotage avait eu lieu en mon absence. Tout d’abord, les partisans du premier manifeste raciste, que j’avais attaqué à plusieurs reprises, avaient élevé une protestation unanime contre la nouvelle initiative, dont ils craignaient qu’elle ne les déboulonne en raison de son caractère plus organique. Ensuite, les catholiques s’étaient également livrés à des manœuvres. Un certain professeur avait trouvé le moyen d’être reçu par Mussolini sous prétexte de lui offrir des volumes sur l’archéologie chrétienne. En réalité, il avait profité de l’occasion pour faire part au Duce des inquiétudes que mes initiatives avaient suscitées dans les milieux catholiques après qu’elles eurent obtenu sa pleine approbation. Car si les catholiques pouvaient tolérer une doctrine biologiste de la race, ils sentaient le danger inhérent au fait de placer la question sur le terrain spirituel et de reconsidérer du point de vue « aryen » tant de valeurs, d’origine suspecte, présentes dans les croyances et les mœurs mêmes qui avaient fini par prédominer en Occident. La collaboration plus étroite et plus officielle qui avait été prévue avec la partie allemande accroissait le danger. Mais l’intéressé, avec une diplomatie jésuitique, s’était surtout efforcé de souligner de manière tendancieuse les aspects selon lesquels la doctrine de la race, avec ses principes de sélection, de suprématie et de différence au sein d’un même peuple, s’accordait mal avec les prémisses d’un nationalisme de masse. Et ainsi de suite.
Tout cela, en mon absence, avait suscité chez Mussolini une certaine perplexité, dont j’avais essuyé les plâtres à Berlin. Je demandai des explications et des instructions et on me répondit d’attendre. Pendant ce temps, une autre initiative que j’avais proposée par l’intermédiaire de Luchini pouvait être mise en œuvre.
Il s’agissait de publier un « Atlas de la race italienne », résultat d’une première enquête systématique. Bien entendu, l’expression « race italienne » est vide de sens. Les races sont des réalités élémentaires qui ne s’identifient pas à un peuple, qui, dans un peuple, se présentent sous diverses combinaisons qui exercent une influence alternative ; tantôt l’une, tantôt l’autre prédominent. Dans diverses régions d’Italie, les préfets devaient nous signaler quelques familles typiques et anciennes, dont les représentants devaient être examinés par une commission spéciale de quatre membres, présidée par Luchini ; le Dr Rossi était chargé de les examiner sous l’angle anthropologique (race du corps), le professeur de psychologie expérimentale de l’Université de Florence et le célèbre Prof. L.F. Clauß de Berlin, sous l’angle de la « race de l’âme » et enfin, moi-même, au point de vue de la « race spirituelle ». Les résultats devaient être rassemblés dans une belle publication, richement illustrée de photographies expressives des types les plus significatifs que nous avions rencontrés dans nos recherches et surtout de ceux dans lesquels le type supérieur, original, « aryano-romain » de notre race était encore préservé.
Tout avait déjà été préparé. Malheureusement, entre-temps, les évènements s’étaient précipités, toutes les énergies avaient dû se concentrer sur des tâches plus urgentes et le bouleversement qui aurait pu avoir une importance non négligeable sur l’évolution du fascisme n’avait pas eu lieu. Cependant, il est bon d’en parler ; d’où ces articles rétrospectifs.
Quelques mots encore, d’un point de vue biographique. Après que Mussolini m’eut parlé de mon livre de manière si élogieuse et si inattendue, il demanda à Pavolini de le signaler à la presse, parce qu’il voulait se faire une idée de l’impression qu’il produirait. C’est ainsi qu’un des fameux « communiqués de presse officiel » fut envoyé aux journaux ; mais il y en eut tant à l’époque qu’on n’y prêta guère attention ; les « intellectuels » italiens étaient presque tous d’accord pour saboter les idées racistes et pour cause. Il n’y eut donc que quelques recensions de mon livre dans la presse traditionnelle. Mussolini en fut irrité et ordonna qu’on en fasse un rapport plus tranchant. Naturellement, un flot d’articles s’ensuivit, tous élogieux, bien sûr. C’est ainsi que mon nom acquit une notoriété qu’il aurait éventuellement méritée pour d’autres livres. C’est donc uniquement comme « raciste » que beaucoup m’ont connu et me connaissent encore. Mais, comme je l’ai mentionné précédemment, je n’ai traité du racisme qu’incidemment, à titre de conséquence nécessaire d’un ensemble plus large d’idées politiques traditionnelles et dans l’intention de prévenir les déviations déjà visibles dans ce domaine en Italie comme en Allemagne.