Nationalisme et antisémitisme dans le premier socialisme britannique

st,small,507x507 pad,600x600,f8f8f8

Jeremy Corbin et Keith Starmer, s’ils lisaient cet article n’en dormiraient plus ! Leurs ancêtres idéologiques, les premiers socialistes britanniques étaient, nationalistes, racistes et souvent antisémites !

Un des plus importants parmi ceux-ci était Robert Blatchford, directeur d’un journal intitulé The Clarion [Le clairon], et auteur de Merrie England (1893) et de Britain for the British (1902). (Une reproduction en fac-similé de Merrie England a été publiée en 1976 par la journeyman Press, dont les citations suivantes sont tirées)

Bob Blatchford était partisan d’une forme de socialisme non-marxien qu’il justifiait par un appel à la morale et au sens commun. Ses idées sur les cuisines communes et le reste sont plutôt vieillottes selon les standards modernes d’abondance et de vie privée, mais il faut se rappeler que quand Blatchford écrivait, dans les années 1890, de larges sections de la classe ouvrière britannique étaient condamnées à une pauvreté et à une déchéance terribles.

D’après les écrits de Blatchford, il est évident que son entraînement militaire l’avait conditionné à tenter d’appliquer les solutions de la guerre aux problèmes de la paix. Un parallèle entre une société militaire et une société socialiste n’avait jamais été tracé auparavant, et l’approche de Blatchford devait trouver un écho dans les mouvements nationalistes qui s’épanouirent dans toute l’Europe dans les années 1920 et 1930.

Ce qui nous préoccupe ici, cependant, est l’évident patriotisme de Blatchford, sa conscience des réalités biologiques de la vie, et son « préjugé racial » – comme les socialistes modernes le nommeraient. Blatchford était, par exemple, un partisan enthousiaste de la suprématie navale britannique et un adversaire acharné du soulèvement de l’IRA à la Pâques 1916. Pour donner une impression exacte des idées de Blatchford, cependant, nous ne pouvons pas faire mieux que de revenir à sa vision de Merrie England.

Contrairement aux socialistes modernes qui prêchaient le concept marxiste du déterminisme économique absolu à l’exclusion de tous les autres facteurs, Blatchford reconnaissait que : « Les hommes sont faits ce qu’ils sont par deux forces : hérédité et environnement », et continuait : « Votre intellect et votre caractère sont à la naissance ce que vos ancêtres en ont faits » (p. 32).

Il acceptait aussi les différences innées dans le caractère national, louant les Britanniques pour être « intelligents, industrieux, forts et fameux pour leur persévérance, leur inventivité et leurs ressources » (p. 2).

Alors que les socialistes marxiens ont une vision du monde entièrement matérialiste, Blatchford attaquait spécifiquement le capitalisme du laissez-faire pour son matérialisme :

« Votre Ecole de Manchester traite tous les problèmes sociaux et industriels du point de vue de la simple subsistance animale. Ils ne semblent pas penser que vous puissiez avoir un esprit. Avec eux, c’est une question de pain et de fromage et soyez reconnaissants. » (p. 4)

A la différence des socialistes modernes, Blatchford était un partisan du nationalisme économique :

« Le présent idéal national est de devenir ‘l’atelier du monde’. Ce qui revient à dire que les Britanniques doivent fabriquer des biens pour les vendre à des pays étrangers, et qu’en retour pour ces biens ils doivent recevoir plus d’argent qu’ils pourraient en obtenir en développant les ressources de leur propre pays pour leur propre usage.
Mon idéal est que chaque individu doit rechercher son avantage en coopérant avec ses compagnons, et que les gens doivent faire de leur mieux pour leur propre pays avant de tenter de faire du commerce avec les autres peuples. » (pp. 2-3).

La défense du nationalisme économique par Blatchford fut reportée dans le domaine de l’agriculture. Dans le passage suivant, Blatchford s’adresse à Mr. Smith, un lecteur imaginaire :

« Mais ne voyez-vous pas, Mr. Smith, que si nous perdons notre pouvoir de nous nourrir nous-mêmes, nous détruisons les avantages de notre position insulaire ? Ne voyez-vous pas que si nous détruisons notre agriculture nous détruisons notre indépendance d’un coup, et devenons une nation sans défense ? Ne voyez-vous pas que les gens qui dépendent des étrangers pour leur nourriture sont à la merci de tout homme d’Etat ambitieux qui choisit de leur faire la guerre ? » (p. 14)

A la différence des socialistes modernes avec leurs liens apparents et souterrains avec les financiers cosmopolites, Blatchford s’opposait au capitalisme financier et prenait le Juif comme son exemple favori d’un usurier qui prête de l’argent pour des travaux publics :

« Supposez qu’un riche Juif ait prêté un million au gouvernement à 3 pour cent. Il tire chaque année 30.000 livres d’intérêts. Qui les paye ? C’est produit par l’impôt. Qui paye les impôts ? Ils sont tous payés soit par les travailleurs soit par ceux qui tirent leur argent des travailleurs. Et le Juif tire son intérêt à tout jamais. Ce qui revient à dire qu’après qu’il ait repris tout son million par les seuls intérêts, le gouvernement continue à lui payer sur vos bénéfices, mon réaliste ami, 30.000 livres par an tant qu’il peut réclamer quelque chose. Le million a probablement été gaspillé dans quelque travail idiot, ou quelque méchante guerre ; mais parce qu’un ministre en 1812 était un fripon ou un idiot, l’industrie britannique est taxée au taux de 30.000 livres par an, une histoire sans fin, amen.

Et le pire de cela est que l’argent que le Juif a prêté n’était pas sa propriété, mais celle des ancêtres des mêmes gens qui payent maintenant à ses descendants l’intérêt pour ce prêt. »
(p. 2g)

Il faut noter que dans certains rééditions récentes de Merrie England, le mot « Juif » est maintenant remplacé par « homme riche », afin de rendre plus acceptable la pensée de ce pionnier du socialismes britanniques.

Ecrivant dans The Clarion, Blatchford exprimait sa préoccupation devant l’afflux des « pauvres hirsutes et répugnants enfants du Ghetto » en Grande-Bretagne. Il disait que le nombre d’étrangers juifs à East London était alarmant « et leur accroissement épouvantable ». Le journal déclarait aussi que leurs habitudes étaient « malpropres » et que « leur présence est souvent une menace et un préjudice pour les classes laborieuses anglaises » (cité par Edmund Silberner dans « British Socialism and the Jews », Historia Judaica, XIV 1952, pp. 40-41).

Le nationalisme économique de Blatchford était dans une certaine mesure partagé par Pete Curran, le représentant des travailleurs du gaz dans l’Independent Labour Party, bien qu’il soit important de saisir que les socialistes étaient divisés sur leur attitude envers l’Empire. Alors que certains suivaient Joe [Joseph] Chamberlain en voyant l’Empire comme un atout vital, d’autres le voyaient comme un drain sur les ressources britanniques. Peut-être que les deux visions comportaient un élément de vérité, mais cette question sort du cadre de cet article. Ce qui nous intéresse ici est que les deux visions étaient essentiellement patriotiques. Parlant dans un congrès socialiste en 1900, Pete Curran déclarait :

« De grands efforts sont maintenant faits en Angleterre pour convaincre les syndicalistes que la politique coloniale est dans leurs intérêts, car elle crée de nouveaux marchés et accroît ainsi la possibilité de travail et élève les salaires. Mais les syndicalistes anglais ne doivent pas se laisser prendre à ces belles paroles ; ils répondent : tant qu’il y aura des enfants en Angleterre qui iront affamés à l’école, tant qu’il y aura des travailleurs qui errent en haillons et meurent dans la misère, les travailleurs anglais n’ont aucun intérêt à exporter vers les colonies les biens qu’ils produisent. Et si les ‘chauvins’ se réjouissent du fait que l’Angleterre est devenue un grand pays sur lequel le soleil ne se couche jamais, alors je dis qu’en Angleterre il y a des milliers de foyers sur lesquels le soleil ne s’est jamais levé. »

La référence aux « chauvins » est liée à la guerre des Boers qui rendait critique la question de l’impérialisme, divisant les rangs socialistes. Alors que certains soutenaient la guerre par patriotisme, d’autres l’attaquaient comme l’œuvre de financiers louches. La Fabian Society désapprouvait (dans la phrase de George Bernard Shaw) les « petits Etats perdus traînant sur le chemin des grandes puissances », alors que Bruce Glasier de l’Independent Labour Party se plaignait dans son journal de la montée de l’hystérie guerrière : « Toute notre civilisation semble s’effondrer … Hélas, les gens semblent être revenus en arrière. Le Daily Mail et les autres grands journaux capitalistes et juifs … ont excité la folie parmi eux … » (les idées de H.M. Hyndman et de sa Fédération Sociale-démocrate sont examinées plus loin dans cet article).

Avant d’être mariée, Beatrice Webb avait passé quelques semaines dans l’East End de Londres en tant qu’ouvrière et enquêtrice sur le travail clandestin. En résultat de cette recherche elle tira un certain nombre de conclusions sur les Juifs, qui furent publiées en 1888 dans le magazine The Nineteenth Century.

Elle déclarait que « l’amour du profit, distinct des autres formes de gain d’argent, est le plus puissant motif de la race juive », et qu’ils manquaient de « moralité sociale ».

Dans un traité intitulé Industrial Democracy écrit par Béatrice et son mari, ils parlent des Juifs en Angleterre comme d’une « constante influence pour la dégradation ».

George Bernard Shaw, quant à lui, décrivait les Juifs comme « le véritable ennemi, l’envahisseur venu d’Orient, le Druze, le ruffian, le parasite oriental, en un mot le Juif » (Morning Post, 13 décembre 1925).

Dans son livre The Outline of History (1920), H.G. Wells déclarait: « Les Juifs attendent un sauveur particulier, un Messie, qui doit apporter la rédemption par l’agréable restauration de la gloire fabuleuse de David et Salomon, et mettra finalement le monde entier sous la direction ferme mais bienveillante des Juifs. »

Dans Is Race Conflict Unavoidable? (1924), il écrivait :

« …les formes naturelles de pensée, et les dispositions et réactions instinctives des Européens du Nord et des Juifs, des Nègres et des Blancs, des Indiens et des Chinois varient subtilement et profondément, vous ne pouvez pas plus ignorer les différences de race que les différences de sexe. Ce sont des choses grandement intensifiées et complétées par les différences de tradition, d’éducation et de condition sociale, mais quand toutes ces modifications sont éliminées, les différences essentielles demeurent. »

De tous les premiers socialistes ayant des penchants nationalistes et racialistes, l’un des plus authentiquement patriotes était le marxiste avoué mais hautement énigmatique H.M. Hyndman (1842-1921). Hyndman, dont la famille venait des Ecossais d’Ulster, fut originellement un « Radical Tory ». Pendant sa jeunesse il eut de la sympathie pour la lutte nationaliste italienne, le Risorgimento, et s’intéressa à une plus grande unification entre la Grande-Bretagne, l’Australie et le Canada. Il pourrait avoir été influencé en cela par son contemporain de Cambridge, Charles Dilke, dont le livre Greater Britain fut publié en 1868.

Hyndman porta graduellement un intérêt de plus en plus grand au socialisme, cependant, et en janvier 1881 il écrivit dans le magazine The Nineteenth Century un article intitulé « L’aube d’une époque révolutionnaire ». Celui-ci faisait quelques révélations intéressantes sur le rôle des Juifs dans l’« Establishment » tout comme dans les mouvements révolutionnaires :

« L’influence des Juifs au temps présent est plus perceptible que jamais … Ils sont à la tête des capitalistes européens … Dans la politique, beaucoup de Juifs sont au premier rang. Dans plus d’une capitale européenne la presse est presque complètement entre leurs mains. Les Rothschilds ne sont que le nom le plus en vue parmi toute une série de capitalistes … Mais alors que d’une part les Juifs sont ainsi incontestablement les leaders de la ploutocratie de l’Europe … une autre section de la même race forme les leaders de cette propagande révolutionnaire qui fait son chemin contre cette même classe capitaliste représentée par leurs propres compagnons juifs. Plus que tous les autres hommes, les Juifs ont disserté contre ceux qui gagnent leur vie non en produisant de la valeur mais en spéculant sur les différences de valeur ; ils agissent en ce moment comme les dirigeants dans le mouvement révolutionnaire que j’ai entrepris de dépister. Sûrement, nous avons là un très étrange phénomène … Par conséquent, ceux qui sont habitués à regarder tous les Juifs comme essentiellement pratiques et conservateurs, comme s’engageant aussi à coup sûr du coté du système social dominant, seront obligés de reconsidérer leurs conclusions. Mais tout le sujet des mauvais et bons effets de l’influence juive sur les conditions sociales européennes est digne d’une enquête plus approfondie que celle qui peut être entreprise ici. Il suffit que dans la période dont nous approchons l’influence la plus faible du coté de la révolution ne sera pas celle du Juif. »

Plus tard dans la même année, Hyndman fonda la Fédération Démocratique, qui prit le nom de Fédération Social-démocrate en 1884, puis de Parti Social-démocrate en 1907, et qui devint finalement le Parti Socialiste Britannique en 1911.

Dans tout le reste de sa carrière politique, Hyndman se considéra comme un marxiste, bien que Marx le méprisait jalousement et que Engels lui était hostile. C’est peut-être l’ironie suprême de la vie de Hyndman qu’il ait dû continuer à se considérer comme le disciple d’un Juif, alors que son attitude envers les Juifs en tant que groupe devint de moins en moins ambiguë et de plus en plus ouvertement critique.

Hyndman condamna le raid Jameson comme une « expédition de piraterie » financée par « la plus dégoûtante bande de capitalistes juifs et de financiers chrétiens » (H. M. Hyndman and British Socialism par Chushichi Tsuzuki, Oxford University Press, 1961, p. 126).

Quand la guerre des Boers éclata finalement, il la décrivit comme « la guerre des Juifs » et comme une « guerre abominable au profit de possesseurs de mines juifs allemands et autres intrus internationaux ». Lors d’un meeting à Londres en 1900, il parla si vigoureusement de l’« Internationale juive » qu’une motion de censure fut présentée pour la prochaine conférence du parti (Ibid. p. 128).

Hyndman fut dérangé par l’élection à l’exécutif de la Fédération en 1900 de Theodore Rothstein, un émigré juif de Russie. Ce furent Rothstein et Zelda Kahan, qui était aussi d’origine juive-russe, qui menèrent l’opposition à la méfiance croissante de Hyndman vis-à-vis des ambitions allemandes et de l’appui qui leur était accordé par les socialistes germano-juifs.

Dans une lettre privée du 9 mai 1905, Hyndman se plaignait que « … parmi certaines cliques il est aussi inadmissible de critiquer les Allemands dans le socialisme que de remarquer que les Juifs ont leurs mauvais cotés » (Ibid. p. 199).

La lutte contre Rothstein eut une étrange suite durant la Grande Guerre qui suivit. Hyndman eut connaissance d’une liste d’employés au Foreign Office qui incluait le nom de Rothstein : « Quel fut mon étonnement et mon horreur », écrivit Hyndman, « de trouver parmi eux le nom de Th. Rothstein, un Juif russe-allemand, qui avait travaillé ici pendant des années à l’intérieur et à l’extérieur du mouvement socialiste … pour et au profit de l’Allemagne » (Ibid. p. 244).

Dans la période d’avant-guerre, le Parti travailliste s’opposa au réarmement britannique à la Chambre des Communes, mais Hyndman le soutint, particulièrement en ce qui concernait la marine. Il accusa le Parti travailliste de ne vouloir qu’une « défense en toc », ce qui était « pire que pas de défense du tout » (Ibid. p. 210). Kahan et Rothstein firent naturellement campagne contre lui.

Dans le numéro du 3 septembre 1910 de son journal Justice, Hyndman écrivit sur :

« …le droit et le devoir de cette nationalité de maintenir son indépendance, même sous le capitalisme … Il n’y a rien d’erroné à cela. Si c’est être un chauvin, alors je suis un chauvin ; si c’est être un bourgeois, alors je suis un bourgeois ; si c’est être un adversaire de l’opinion socialiste organisée, alors je suis un adversaire de l’opinion socialiste organisée. »

D’après le passage ci-dessus il est évident que Hyndman, bien qu’étant un « marxiste » autoproclamé, était d’abord et avant tout un patriote, et seulement secondairement un socialiste, et que son « internationalisme » s’arrêtait net devant son nationalisme !

En 1911 la transformation du SDP en BSP avec l’appoint d’éléments qui avaient quitté le Independent Labour Party donna à Zelda Kahan et à ses partisans une majorité dans le nouvel exécutif en faveur du désarmement. Hyndman menaça de démissionner pendant qu’un de ses partisans, Victor Fisher, le fit réellement en dénonçant Kahan et ses « camarades étrangers par le sang et la race » (Ibid. p. 213).

En Irlande, cependant, les Loyalistes d’Ulster s’armaient pour résister au Home Rule de l’Irlande, et Hyndman salua « l’attitude hardie affichée par les hommes de l’Ulster » (Ibid. p. 189). Mais ces événements furent bientôt éclipsés par le conflit européen.

Quand la Première Guerre Mondiale éclata, Hyndman prépara un manifeste déclarant que la Grande-Bretagne n’avait aucun intérêt dans la querelle, mais dès que la Grande-Bretagne entra dans la guerre Hyndman appuya énergiquement son pays. Son influence sur le parti s’affaiblit, cependant, lorsqu’un membre de l’exécutif qui soutenait la guerre se porta volontaire pour le service militaire, et fut remplacé par un internationaliste, J. Fineberg, un autre Juif russe. Cela fut déploré par les partisans de Hyndman qui attaquèrent « l’attitude pro-allemande de plusieurs réfugiés russo-juifs » (Ibid. p. 225).

Victor Fisher qui s’était auparavant réconcilié avec le BSP le rejeta complètement pour le motif d’être dominé par la vision internationaliste et donc peu patriote des exilés. En avril 1915, Fisher constitua un Comité de Défense Nationale Socialiste qui incluait Blatchford et H.G. Wells. Il soutenait la cause de « la Grande-Bretagne pour les Britanniques », un écho du pamphlet de Blatchford en 1902, et attaqua les « pseudo-socialistes » anti-guerre qui étaient des « étrangers par la naissance, le sang ou le sentiment » (Ibid. p. 233). Ce comité devint plus tard la Ligue Nationale des Travailleurs Britanniques et encore plus tard le Parti Démocrate National.

Hyndman, cependant, quitta le BSP en avril 1916 et constitua peu après le Parti Socialiste National. Parmi ses personnalités dirigeantes se trouvait le patriotique Adolphe Smith, qui collabora avec l’écrivain Nesta Webster dans son célèbre exposé de cette alliance particulière entre le capitalisme, le bolchevisme et l’impérialisme allemand.

Hyndman avait des sympathies pour Kerenski et les sociaux-révolutionnaires qui voulaient poursuivre la guerre, mais s’opposait énergiquement aux bolcheviks. Il dénonça plus tard Lénine comme « un Ivan le Terrible communiste », et décrivit le régime bolchevik comme « autocratique, cruel et massacreur au dernier degré » (Ibid. p. 239). Il soutint l’intervention alliée contre les bolcheviks, à condition que l’appui ne soit accordé qu’à ceux qui s’opposaient à la fois au bolchevisme et au tsarisme.

En mai 1917, Hyndman attaqua le petit-fils de Karl Marx, Jean Longuet, le principal pacifiste dans le Parti Socialiste français. Hyndman concluait : « Depuis longtemps le sang juif en lui s’est manifesté surtout par l’amour de l’intrigue » (Ibid. p. 244).

Quand la paix survint le NSP proposa que Hyndman soit choisi comme un représentant britannique à la Conférence de paix, une suggestion qui fut soutenue par le journal conservateur Morning Post qui, accessoirement, fit beaucoup pour révéler la vraie nature du bolchevisme. Le journal le salua comme « un sain patriote, un Anglais qui ne permettait pas à son socialisme ou à sa passion démocratique de produire de l’anti-nationalisme » (Morning Post, 28 novembre 1918).

Il y a à peine besoin de dire que le Morning Post conservateur et le socialiste H.M. Hyndman étaient tous deux très éloignés de leurs homologues modernes d’aujourd’hui.

Hyndman devait jouer un rôle peu important dans le monde de l’après-guerre, et il mourut après une brève maladie en novembre 1921. En mars 1922, un Comité Commémoratif Hyndman fut constitué dont faisaient partie Shaw et Wickham Steed, directeur du Times. La position de Wickham Steed était assez analogue à celle du Morning Post. Dans ses mémoires, Through Thirty Years (Heinemann, 1924), Steed suggéra que la demande du président Wilson pour la reconnaissance de la Russie bolchevik à la Conférence de paix avait été motivée par « Jacob Schiff, Warburg et autres financiers internationaux qui souhaitaient avant tout permettre aux bolcheviks juifs d’assurer un espace pour l’exploitation allemande et juive de la Russie ».

Ce que Hyndman avait en commun avec le Morning Post tout comme avec Wickham Steed était une loyauté ethnique commune qui transcendait leurs différences politiques. C’était en essence une image-miroir de ce lien ethnique opposé qui reliait la finance internationale au bolchevisme, et cela devait annoncer le développement des nouveaux modèles politiques des années 20 et 30.

En rétrospective, la Première Guerre Mondiale, comme la Seconde, fut une tragédie cataclysmique que tous les vrais patriotes ont déplorée. A l’époque, pourtant, le soutien à la guerre était une marque de patriotisme, et c’est à cette lumière que l’attitude de ces pionniers socialistes pro-guerre doit être vue.

Le patriotisme évident et le racialisme candide de ces premiers socialistes sont en contraste marqué avec les attitudes et les idées adoptées par les socialistes aujourd’hui.

Richard Lawson

 

Retour en haut