Peron contre Pinochet

juan peron vn

La position du leader populiste argentin sur la prise de pouvoir par Pinochet au Chili a été éclaircie en 1999. Cela grâce à la publication dans le journal sud-américain Clarin d’un article dont nous proposons à nos lecteurs la traduction.

Juan Domingo Peron considérait comme un « désastre » pour l’Amérique latine le coup d’état militaire de 1973 au Chili et nommait « des barbares » Augusto Pinochet et ses partisans. Nous savons cela depuis hier grâce au quotidien chilien El Mercurio, qui a publié le contenu de courriers envoyés par Peron au général Carlos Prats, un militaire resté fidèle à Allende qui sera assassiné à Buenos Aires – où il s’était exilé – le 30 septembre 1974.

Les lettres, qui ont été adressées entre le 24 septembre 1973 et  le 17 avril 1974,  sont très critiques vis à vis des USA et envisagent l’avenir des forces révolutionnaires en Amérique Latine.

Dans une lettre du 3 février 1974, Peron met en garde Prats pour sa sécurité et lui fait des recommandations. Il ne se trompe pas : neuf mois plus tard le général et son épouse mourront victimes d’un attentat à l’explosif œuvre des services secrets chiliens.

Peron qualifiait Salvador Allende de « notre ami et compagnon, le grand révolutionnaire » et parlant des militaires auteurs du putsch, il écrit à Prats le 24 septembre 1973  faisant référence au coup d’état qui l’avait lui-même renversé : « Ce sont les barbares d’aujourd’hui, leur action me fait penser aux jours tragiques de septembre 1955 ».

Dans une lettre datée du 5 octobre 1974, il n’est pas plus tendre avec Pinochet : « Je considère que ce qui s’est passé au Chili est un véritable désastre que j’espère transitoire. Ce revers du processus révolutionnaire au Chili sert les intérêts des Morgan, des Rockefeller et des Dupont qui ont lancé une vaste offensive en Amérique Latine ».

Dans ses missives, Peron utilise un langage dur pour critiquer les Etats-Unis et leur politique dans la région : « Il faut reconnaître qu’une des causes principales des revers subis par les forces démocratiques en Amérique Latine est l’action des USA qui sont responsables des principaux « golpes » écrit-il le 23 novembre 1973. Et il ajoute : « Les mains de leurs dirigeants sont souillées du sang de milliers de latinoaméricains. Il n’y a pas un seul pays d’Amérique du sud qui n’ai pas souffert des manoeuvres des multinationales yankees qui sont les véritables inspiratrices de la politique étrangère des USA ».

Selon le journal El Mercurio, les lettres de l’ex-président argentin lui ont été fournies par un collectionneur et elles portent toutes sa signature manuscrite. Certaines ont été écrites avant que la général Peron ne soit élu président en 1973, les autres le furent quand il fut de nouveau à la tête de l’Argentine.

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