Petite histoire du judaïsme antisioniste

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Judaïsme et sionisme, même combat ? C’est ce que voudraient nous faire croire les dirigeants israéliens et leurs partisans pour justifier leurs crimes coloniaux et criminaliser leur critique. Une instrumentalisation dangereuse qui pourrait nourrir des sentiments antisémites chez les moins instruits et les petits marchands de haine. Mais la réalité est très différente.

Le sionisme ne représentait pas, à ses débuts, l’ensemble des communautés juives réparties à travers le monde. Au contraire, il a été accueilli par la condamnation et le rejet le plus ferme de divers et influents secteurs juifs.

L´opposition juive au sionisme est large et variée. Elle comprend de nombreuses communautés religieuses ; les mouvements modernistes et éclairés comme la « Haskalah » [1] et ’Alliance juive universelle [2] ; le mouvement ouvrier juif ashkénaze et séfarade, aux tendances socialistes et communistes, représenté notamment par la Fédération travailliste juive ; les communautés juives de plusieurs pays comme l´Égypte, le Maroc, la Tunisie ou la Yougoslavie et d’importantes communautés locales comme les séfarades de Salonique, Sarajevo et Smyrne qui retirent leur soutien au sionisme en 1911.

À Katowice fut créé en 1912 le parti Agoudat Israel (Union d’Israël) pour coordonner l´opposition religieuse au sionisme. Le judaïsme orthodoxe dénonça le sionisme comme une fausse religion satanique. Grand rabbin de Varsovie de 1874 à 1912, Eliyahu Hayim Maizel dirigea la lutte contre le sionisme en Pologne. La Conférence universelle des Juifs séfarades, créée en 1925 à Vienne, affirma son identité face à l´agressif nationalisme sioniste qui prétendait unifier les différentes communautés de culture et tradition différentes. Le juif égyptien communiste Marcel Israël créa dans les années 40 une Ligue antisioniste en Égypte.

Le mouvement ouvrier juif antisioniste

En mai et juin 1909, le prolétariat séfarade de la ville grecque de Salonique créa, en alliance avec des prolétaires bulgares et macédoniens, la Federation Socialiste de Salonique qui fut reconnue par la Deuxième Internationale. Elle était majoritairement constituée d’ouvriers juifs venant des usines de tabac, du port ainsi que des artisans et des employés.

Elle fut à son époque l’unique mouvement ouvrier organisé en terres musulmanes. Ses journaux édités en juif espagnol ou djudesmo, la langue des Juifs séfarades, s’intitulaient Jurnal del Lavorador, Solidaridad Ovradera ou encore Avanti. L’un de ses fondateurs et leaders fut Abraham A. Benaroya. La Fédération rejetait le nationalisme réactionnaire juif, le sionisme. Et elle rejoignit en 1918 le parti ouvrier hellène.

Marxistes juifs contre le sionisme

L´intellectuel juif marocain Abraham Serfaty nie l’existence d’une nation juive ou d’un peuple israélien. Il considère que la population israélienne est un « agrégat humain artificiel, structuré sur la base de castes ethniques et dominé par une clique politico-militaire faisant partie à son tour de la caste euro-américaine appelée ashkénaze. Cette structure s’appuie sur l’appareil de l’impérialisme sioniste, dominé à son tour par l’impérialisme américain » [3]

Serfaty revendique la notion de la communauté juive arabe, partie intégrante de la nation arabe, en même temps qu’il condamne avec la plus grande fermeté le sionisme comme une entreprise raciste et colonialiste.

Serfaty affirme que seule la grande bourgeoisie a rendu possible la victoire du sionisme : « Le sionisme n’a pu s’imposer que grâce à son appropriation par la grande bourgeoise d’Europe occidentale, dans le cadre des plans de conquête de l’impérialisme britannique, puis, par la suite, américain » [4].

Les juifs progressistes ont la même opinion. Isaac Deutscher déclare qu´« Israël est apparu au Proche-Orient dans le rôle infamant d’agent des puissants intérêts occidentaux, et non de son propre fragile capitalisme, et de protégé du néo-colonialisme…en tant qu´agent du capitalisme impérialiste tardif et trop mûr de nos jours ; son rôle est tout simplement lamentable » [5].

Israël Shahak accuse l´État d´Israël d´être l´ « administrateur d´un pouvoir impérial ». [6]

Le secrétaire général du Parti communiste d’Israël (PCI), Meir Vilner, affirme clairement qu´Israël joue le rôle « d´agent des États-Unis tant au Moyen Orient que dans d’autres régions (…) où il brûle sous les pieds des dictatures réactionnaires et où s´amplifie la lutte libératrice des peuples (…) Dans d´autres régions du monde, Israël remplit les fonctions sales et embarrassantes dont l’administration nord-américaine ne veut pas se charger directement : il fournit des armes aux dictatures fascistes, il leur offre des instructeurs militaires, il organise et appuie l´activité subversive contre les régimes progressistes » [7].

Serfaty analyse la tradition religieuse du judaïsme arabe, basée sur l´attente du Messie. Et il conclut que le sionisme en est la négation absolue. Ce retour du Messie ne peut servir de justification pour aucune conquête coloniale, puisqu´il est l’espoir de l´avènement du « règne de Dieu », c’est-à-dire du règne de la justice, sur toute la terre et pour tous les humains. Il accuse les « dirigeants sionistes de transformer la religion de nos pères en en faisant une idéologie de haine raciale et de guerre ». Il démonte également la manipulation par le sionisme du concept biblique de « peuple élu ». Il affirme que les grands penseurs juifs du mysticisme andalou et leurs continuateurs arabes ont converti ce concept en devoir pour les juifs de se comporter en tout lieu et à tout moment en personnes « justes ».

Refus d’une partie des masses juives de migrer en Israël

Des milliers de juifs se refusent à migrer en Israël : 100 000 juifs de Turquie, 20 000 juifs égyptiens, 3 500 autres tunisiens, plusieurs centaines de Yéménites et Algériens, et des milliers d’Iraniens, de Syriens et de Marocains sont restés dans leurs foyers millénaires. De 1948 à 1952, la communauté juive yougoslave s´est divisée en deux parties presque égales : 7 500 ont refusé la migration et autant d´autres l´ont acceptée.

En 1933, 60 % des 503 000 juifs qui vivaient en Allemagne appuyaient l’Union Centrales des Citoyens allemands, de tendance non-sioniste et assimilationniste tandis qu’à peine 9 000 autres appuyaient le sionisme. Au cours de cette même année à peine, 33 000 migrants judéo-allemands se sont rendus en Palestine.

Des 5 millions et demi de juifs des États-Unis seulement, 10 000 ont émigré en Israël entre 1948 et 1965.

Les juifs qui fuyaient les persécutions antisémites des régimes réactionnaires d’Europe de l´Est ne cherchaient pas à émigrer en Palestine, mais plutôt aux États-Unis, au Canada ou en Australie. En 1890 un million et demi de juifs sont arrivés aux États-Unis. Entre 1967 et 1980, la HIAS (Société d’aide aux immigrants juifs) a aidé 125 000 juifs à s´installer aux États-Unis, sans compter les juifs qui sont arrivés en Amérique latine, au Canada, en Afrique du Sud et en Iran. D’Israël, 100 000 sont partis vers les États-Unis.

En 1964, quand la population française quitta l´Algérie pour ne pas accepter l’indépendance de la Nation algérienne et par crainte de représailles pour son implication dans l’oppression du peuple algérien, la grande majorité de la communauté juive la suivit dans son voyage sans retour vers la France, incapable qu´elle fut de se solidariser avec le peuple musulman, à l’exception d´une minorité qui avait rejoint le FLN. Toutefois, la majorité des juifs algériens ont refusé de partir pour Israël. Des 155 000 juifs qui vivaient en Algérie en 1960,
135 000 se sont établis en France, 15 000 en Israël et 4 000 sont restés en Algérie.

La majorité des 56 000 juifs qui vivaient en Palestine en 1918, sur une population totale 700 000 habitants, était de culture arabe et opposée au sionisme. Elle n´était pas persécutée par personne et n´éprouvait pas la moindre nécessité de vivre dans un état juif.

Des juifs dénoncent la manipulation de la Shoah par le sionisme

Le professeur Norman G. Finkelstein, juif nord-américain, descendant de victimes de l’Holocauste nazi, manifeste son indignation devant l´exploitation éhontée faite par la bourgeoisie sioniste des États-Unis des millions de juifs assassinés par les nazis. Il affirme que, depuis 1967, cette bourgeoisie a créé une « industrie » de l´Holocauste qui lui a rapporté des avantages politiques, de l´influence idéologique et beaucoup d’argent.

Il n´est pas le seul à penser de la sorte. Il cite un important écrivain israélien, Boas Evron, qui affirme que « la conscience de l´Holocauste est un endoctrinement propagandiste officiel, une production massive de slogans et de fausses visions du monde dont le véritable objectif n’est absolument pas la compréhension du passé, mais la manipulation du présent » [8]. Isaac Deutscher, dont la famille a également été assassinée à Auschwitz, dénonçait déjà en 1967 le fait que les « dirigeants israéliens se justifient en exploitant au maximum Auschwitz et Treblinka, mais leurs actes parodient la véritable signification de la tragédie juive ».

Le juif arabe Abraham Serfaty dénonce également le fait que « les dirigeants sionistes n´ont pas hésité à utiliser l’holocauste nazi pour entrainer dans leur aventure l´ensemble du judaïsme d´Europe et d´Amérique ». Un groupe d’intellectuels juifs français modérés affirme que personne n´a le monopole du judéocide nazi [9].

Des juifs arabes nient que les juifs vivaient opprimés dans le monde arabe et devaient émigrer en Israël

Serfaty nie catégoriquement que le « peuple israélien » constitue une société, car il est un « conglomérat humain menacé de dislocation ». Un écrivain français a écrit que « les premières victimes de la création d´Israël seraient les Palestiniens, expulsés de leur patrie ; les secondes les juifs orientaux condamnés à plus ou moins long terme à un nouvel exode ». [10]

Face aux grossiers mensonges sionistes qui prétendent que les « juifs étaient fréquemment marginalises en Syrie et en Égypte » [11], et que « les juifs arabes étaient des minorités opprimées »[12], cherchant ainsi à justifier l’impossibilité pour eux de vivre en terre musulmane se dresse la réalité de la tolérance et des bonnes relations musulmane et arabe, qui les ont traités d´une façon incomparablement meilleure que l´antisémitisme chrétien, tsariste, nationaliste et nazi européens.

Serfaty souligne que la mémoire culturelle du judaïsme arabe est basée sur l’amitié profonde entre juifs et musulmans du peuple, leur symbiose fraternelle et leur respect mutuel. Il affirme que « chacun pense sans doute que sa religion est la plus proche de la vérité, mais que chacun considère l´autre religion comme une manière différente d´adorer le même dieu, chacun respecte comme sacrés les livres, les temples, les saints, les objets de culte et les grandes fêtes religieuses de l´autre »[13].

Les juifs étaient au XIXe siècle, à Damas, de respectables bourgeois dont l´arabe était la langue maternelle. Ils étaient les médecins personnels du Sultan à Istanbul, des banquiers ou des pauvres au Caire et à Haïfa. Aujourd´hui encore 2 500 juifs qui parlent l´arabe et se considèrent syriens habitent à Damas avec les Syriens, des Palestiniens musulmans et des Kurdes. On en trouvait aussi dans un des plus beaux quartiers de Beyrouth avec des Arabes de religion musulmane, druze ou chrétienne, avec des Turcs, des Arméniens, des Assyriens ou encore des Italiens. À Alep et à Hébron s’épanouirent d’importantes communautés séfarades. À Alep vivent encore aujourd’hui près de 1 200 juifs.

Pour Serfaty, l´une des caractéristiques profondes du judaïsme arabe est le respect d´autrui. C’est selon lui une caractéristique fondamentale de toute la culture arabe.

Les juifs progressistes regrettent l’existence de l’État d’Israël

L´un des plus éminents représentants du judaïsme progressiste et universaliste, Albert Einstein, prévoyait déjà en 1938 l´impasse dans laquelle le sionisme allait conduire le peuple juif :

« Je préfère de loin un accord raisonnable avec les Arabes sur la base de la coexistence pacifique à la création d´un état juif, ma connaissance de la nature essentielle du judaïsme résiste à l´idée d´un état juif doté de frontières, d´une armée et d´un certain degré de pouvoir temporel, aussi modeste soit-il. Je crains le mal intérieur qu´il pourrait advenir au judaïsme en vue surtout du développement dans nos rangs d´un nationalisme étroit ».

Nathan Weinstock considère qu’Israël engendre par lui lui-même les causes de sa propre disparition [14]. Le comité juif pour le Proche-Orient attribue à Israël une « idéologie raciste » [15]. Le distingué poète et penseur égyptien d´origine juive, Edmond Jabès, rejetait fermement le sionisme.

L´historien français Maurice Rajsfus pense qu´Israël est « une société bloquée, incapable de s´imaginer vivant en paix avec les Palestiniens » [16].

Michel Warshawsky, fils du grand rabbin de Strasbourg, émigré en Israël en 1967, antisioniste, co-fondateur du Centre d’Information alternative de Jérusalem en 1984 – ce qui lui valut huit mois de prison – affirme que les leaders israéliens « nous mènent au suicide… dans leur relation au peuple juif, ils sont cyniques et manipulateurs. Israël, loin d´être un outil pour aider le peuple juif se sert de lui ». Il écrit que « l´atomisation de la société et sa division en deux blocs sociaux antagoniques montrent l´échec de la tentative de créer une entité nationale nouvelle dont l´expression politique aurait été l´État juif » [17].

Tim Wise, juif et directeur de l´Association pour une Éducation Blanche Antiraciste (Association for White Anti-Raciste Éducation -AWARE) de Nashville (Tennessee) affirme que le sionisme est anti-juif [18]. L´intellectuel juif marocain Serfaty considère que l´entité sioniste opprime culturellement et socialement les juifs arabes d´Israël, leur impose une conception religieuse contraire à la leur, les transforme en bêtes de somme et en chair à canon au service des objectifs expansionnistes des aventuriers américano-sionistes au Moyen-Orient.

L´historien juif marocain Haim Zafrani reconnait que les juifs marocains souffrent en Israël d´un grand déracinement et que leur culture est humiliée. Il se réfère à leurs « mélancoliques lamentations » et à « leurs cris amers ou nostalgiques » [19].

Le juif marocain Mordejai Vanunu déclare à sa sortie après 18 ans d’emprisonnement pour avoir dénoncé l´existence de l´arsenal nucléaire sioniste : « Nous n´avons pas besoin d´un État juif ».

L´Union Juive française pour la Paix affirme que la politique répressive et coloniale d´Israël dans les territoires occupés est catastrophique pour les juifs du monde entier. Avnery, cité plus haut, estime que la politique brutale d´Israël « provoque la résurrection de l´antisémitisme dans le monde entier ». Le professeur de sociologie de l´Université Hébraïque Baruch Kimmerling accuse « Ariel Sharon d´avoir enclenché un processus qui, outre l´intensification des bains de sang de part et d´autre, peut provoquer une guerre régionale et un nettoyage ethnique partiel ou quasi total des Arabes de la « Terre d´Israël » [20].

Des juifs lucides mettent en garde contre le danger imminent qui pèse sur Israël.

Nahum Goldmann, président du Congrés Mondial juif, a écrit en 1975 qu´un Israël qui menace la paix mondiale par ses intransigeances arrogantes contre les droits palestiniens les plus élémentaires n´a aucune perspective d´avenir [21].

Le secrétaire général de l´Organisation Sioniste Argentine, Roberto Faur, a renoncé à son mandat pour marquer son désaccord avec la présence israélienne dans les territoires occupés en 2002. Les sionistes argentins les plus récalcitrants l´accusent d´être un « terroriste politique ».

José Antonio Egido.

Source originale : Investig’Action
Traduit de l’espagnol par Nicole Garcia

Notes

[1] Haskalah – « Illustration juive » – Mouvement intellectuel aux XVIII et XIXe siècles en Europe Orientale et Centrale qui se proposait de moderniser et unifier l´enseignement juif, notamment par le recours à l´hébreu, en détriment des traditions rabbiniques locales (D.d.t.)

[2] Alliance Israelite universelle. Association crée en France en 1860 par Adolphe Crémieux qui donna naissance en 1946, après son ralliement au sionisme, au Conseil Consultatif des Organisations Juives de France.

[3] Abraham Serfaty – Écrits de prison sur la Palestine – Arcantere, Paris, 1992.

[4] Écrits de prison…, op. cit., p. 32.

[5] Isaac Deutscher, entrevue réalisée en 1967 et publiée dans le livre de Tariq Ali écrivain et activiste britannique d´origine pakistanaise « El choque de los fundamentalismos », Alianza, Madrid, 2000.

[6] Israël Shahak – Histoire juive, religion juive : le poids de trois millénaires -1994

[7] « Le principal obstacle à la Paix au Proche-Orient » – Revue Internationale, 11, 1986 Prague

[8] Norman G. Finkelstein L´industrie de l´Holocauste -Edition française – La Fabrique, 2001.

[9] Appel publié dans le quotidien Le Monde le 19 octobre 2000 et signé par les historiens Pierre Vidal-Naquet et Maurice Raifis, les professeurs Catherine Samary, Michel Lõwy et Daniel Bensaid, le médecin Patrick Zylberstein, l’avocate Gisele Halimi, entre autres.

[10] Gilles Perrault, Un homme à part. Barrault, Paris.

[11] Gustavo Daniel Perednik, La judeofobia, Flor del Viento ediciones, Barcelona, 2001, p. 114.

[12] Arnos Perlmutter – Israel Ed. Espasa Calpe, 1987, Madrid

[13] Écrits de prison, op. cit., p. 54.

[14] Le sionisme contre Israel, Maspéro, 1967.

[15] Voir http://www.middleast.org/archive/jcome1.hm

[16] « Y a-t-il une gauche israélienne ? », Rouge et Vert, nº72, 12 avril 1991, Paris

[17] La première citation est extraite d´une entrevue dans le journal Rouge et Vert, 1991, et la seconde de son livre Israel-Palestine : la alternativa de la convivencia binacional , Ed. La Catarata, Madrid, 2002.

[18] Son courriel : tjwise@mindspring.com

[19] Haim Zafrani, Los judíos de España. Historia de una diaspora (1492-1992) , édition dirigée par Henry Méchouan, Ed.Trotta, Madrid, 1993, p. 505.

[20] Dans l´hebdomadaire Israélien Kol Ha’Ir du 1er février 2002.

[21] Nahum Goldman – Où va Israël ? » Ed- Calmann-Lévy, Paris 1975

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