« Sol-stitium »- quand la loi marque un point d’arrêt tout comme le soleil à son solstice ».
Nous sommes avant tout soldats, car nous servons l’idéal de la renaissance grande européenne, une cause impérieuse, pure et dure comme le sont nos bannières. Soldats, car nous rejetons toute forme de replâtrage réformiste du système dominant qui, par la voie des compromissions électoralistes et politiciennes, les prébendes partisanes et la duperie parlementaire, assure l’autorégulation, le recyclage permanent des “élites” (?) corrompues et le maintien du système ploutocratique.
Soldats nous sommes car nous pensons que le salut des nations européennes réside dans la destruction du système dominant. Soldats nous servons et ne discutons pas, nous réfléchissons et nous agissons. Nous servons la cause du politique au sens où l’entendait un Julien Freund, à savoir que, pour nou,s l’essence de l’action réside dans l’action. La triple dimension praxéologique, téléologique et eschatologique du politique transcende le stade purement opératoire, pragmatique et sécularisé du politique au sens moderne du terme. En poussant plus loin notre réflexion, nous pensons que la propagande par l’idée est une chimère et que les idées résultent des actes et non l’inverse. C’est pourquoi nous reprenons à notre compte la dialectique révolutionnaire de Carlo Pisacane, Enrico Malatesta, Carlo Cafiero, Paul Brousse et José Antonio, qui prônaient la propagande par l’action, l’action accoucheuse des idées.
Notre foi et notre fidélité de soldat nous la devons à l’idéal national révolutionnaire qui veut un nouvel ordre étatique, aristocratique, hiérarchique, anti-démocratique et anti-égalitariste, ancré dans le cadre d’une grande Europe continentale, géopolitiquement autocentrée, déconnectée de l’économie globale, indépendante du servage euro-atlantiste et enracinée dans une conception civilisationnelle eurocentrée, fondée sur les valeurs de la terre et du sang.
Soldats, car nous concevons l’histoire comme une dialectique conflictuelle entre forces antagonistes dont les peuples sont les éléments constitutifs. L’agonalité et l’antagonisme sont le propre de tout système comme l’ont démontré Stéphane Lupasco et les travaux de Max Planck et de Pauli. L’histoire est constituée de luttes constantes entre les peuples organisés auxquels sont associés des cultures et des sociétés singulières, mues chacune par un désir d’expansion et de domination réciproque d’une manière consciente ou inconsciente.
Soldats, nous combattons pour la restauration du principe « politique » au sens noble du terme, de la politea, de l’ imperium et de l’ auctoritas, dans sa fonction évolienne, anagogique, c’est-à-dire capable d’imprégner aux peuples des valeurs métapolitiques, spirituelles et antimatérialistes spécifiques puis d’assurer une adhésion spontanée des masses. Pour nous, comme Carl Schmitt l’a si bien souligné le politique est le lieu privilégié de démarcation entre l’ami et l’ennemi. C’est pourquoi nous rejetons les fonctions managériales et gestionnaires de la politique politicienne, les fonctions modernes et ludiques de l’Etat contemporain qui favorisent la frénésie hédonistique de l’homo ludens moderne, décervelé et dévirilisé, manipulé par la société de consommation et par les médias, cet Etat-maquereau qui organise, dirige et patronne l’activité ludique du groupe pour mieux l’asservir et neutraliser les ressorts révolutionnaires en les dissolvant dans l’hyperfestif et dans la fausse cité de la joie permanente.
Soldats, nous prônons l’idéal de l’Etat polémologique qui sera chargé de défendre la survie et le développement de la puissance des peuples européens face aux assauts conjugués de l’hégémonisme américain, de l’islamisme radical et de la colonisation extra-européenne de nos vieilles terres. En ce sens, nous rejetons en bloc la conception sociétaire et contractualiste de la nation et nous entendons restaurer le sens de la nation conçue comme un corps mystique alliant les générations passées, présentes et futures. La nation reste avant tout déterminisme, prédestination, nécessité et volonté.
Soldats, car nous croyons que l’activité guerrière est le degré suprême du processus de complexification civilisationnelle et le levier primordial dans l’histoire de la fondation des villes-mères et des cités Etats. La guerre comme source héraclitéenne de toute chose reste sous-jacente dans les relations internationales comme aux temps de Thucydide ou de Machiavel. Comme l’avait si bien souligné Hegel, la guerre est la plus haute expression de l’Etat, celle où il atteint sa plus grande conscience et sa plus grande efficacité. L’Etat est et restera avant tout une machine de guerre et toutes ses autres attributions s’effacent devant celle-là, alors que la conception bourgeoise et gestionnaire de l’Etat démocratique dominant ne fait que gérer un état de chose déliquescent fait de stabilité et de prospérité fictives. L’autorité internationale d’un Etat se mesure à sa capacité de nuire, et l’histoire a montré que seuls réussissent à triompher de l’attachement au mos majorum (“la loi des ancêtres”) et de l’opposition conservatrice des différentes forces centrifuges les souverains auréolés de gloire militaire: à Rome, Auguste ou Dioclétien, en Russie, Pierre le Grand et Lénine, en Islam, Mehmet Ali et Mustapha Kemal, en Chine, Che-Huang-ti ou Mao Tsé-Toung; tous avaient remportés des victoires intérieures et extérieures avant d’oser imposer les profondes transformations politiques révolutionnaires en lesquelles ils avaient foi.
Soldats politiques, nous voulons restaurer l’idéal de la vocation politique au-dessus de l’économicisme contemporain et cela, au sens wébérien du terme, qui reste seul l’apanage d’hommes d’exception, cumulant et articulant l’éthique de la conviction et l’éthique de la responsabilité et du devoir. Dans le cadre des démocraties bourgeoises qui nous gouvernent, prolifère la classe des politiques professionnels et gestionnaires, des démagogues et arrivistes de tous genres, des mercenaires qui traquent des hautes fonctions politiques pour des raisons purement pécuniaires et carriéristes. Soldats, nous ferons le coup de balais nécessaire pour envoyer au diable tous ces imposteurs et fossoyeurs de l’idéal politique grand européen et nous voulons voir marcher côte à côte animé d’une même foi révolutionnaire l’empereur et le prolétaire, paradigme du nouvel héros moderne.
Nous établissons une contiguïté essentielle entre Etat d’exception et souveraineté politique, qui constitue le point de déséquilibre entre le droit public et le fait politique. Nous prônons l’avènement d’un Etat d’exception voulu pour instaurer l’Etat comme émanation de l’ordre nouveau. La suspension de l’ordre juridique bourgeois, propre du système dominant, s’impose pour mettre un terme à l’anomie généralisée et au désordre établi. Le syntagme « force de loi » s’appuie sur une longue tradition de droit romain et médiéval et signifie « efficacité, capacité d’obliger ». Nous voulons restaurer d’un point de vue opérationnel l’archétype de l’institution juridique romaine du « iustitium ». Lorsque le Sénat romain était averti d’une situation compromettant la république, il prononçait un senatus consultum ultimum qui comprenait les mesures pour assurer la sécurité de l’Etat, ce qui impliquait un décret qui proclamait le tumultus, compris comme un état d’urgence causé par un désordre intérieur ou une insurrection. Cette institution de l’état d’urgence renvoie au « sol-stitium » : « quand la loi marque un point d’arrêt tout comme le soleil à son solstice ».
Soldats politiques , car nous sommes avant tout des militants. Étymologiquement, le sens du mot “militant” renvoie à la distinction théologique de l’église militante par rapport à l’église triomphante. Ainsi, l’on peut faire l’analogie entre le militant et le fidèle qui détient la vérité dans son essence et sa totalité. Le militant lutte, attaque et paie de sa personne pour le triomphe de ses idéaux. Le verbe “militer” vient du latin »militari » qui veut dire “soldats” (au pluriel), lequel appartient à une église, une armée, ce qui suppose un esprit de discipline, d’abnégation et de sacrifice. C’est pourquoi le militantisme est au cœur de notre combat politique. Le militant idéal doit être un véritable intellectuel révolutionnaire qui lie dialectiquement sa pratique et ses connaissances théoriques, et la compréhension globale de la société dans laquelle il vit. Il se soumet volontairement à une praxis rigide qui réalise une unité dialectique entre théorie et pratique.
Soldats politiques, nous ne croyons pas au caractère automatique, évolutionniste ou naturel et spontané d’une révolution, car il n’existe pas de fatalité en politique et en économie; l’ordre libéral et capitaliste dominant sait se régénérer, il sait déplacer ses contradictions pour survivre. Les masses ne sont pas seulement exploitées, mais elles sont avant tous mentalement manipulées et aliénées. Il n’y a pas d’avancée révolutionnaire, sans processus de développement, et sans montée de la lutte des peuples. La lutte des peuples se présente dans la réalité sous des formes multiples de luttes sectorielles et locales (au niveau de l’entreprise, des régions, etc.). Ces luttes ne sont pas spontanées mais liées à des prises de conscience et des efforts militants venus de la base et dirigés d’en haut. Les luttes à la base, si elles sont exemplaires, restent néanmoins insuffisantes pour déclencher un changement global du système, car elles s’adressent à des vécus particuliers, prisonniers du contexte social général. Elles doivent en outre être liées entre elles et se coordonner pour pouvoir s’exprimer politiquement. Toute lutte de peuple a besoin d’un prolongement politique sous la forme d’une lutte avant-gardiste globale et idéologique, capable de poser le problème du point de vue central et global. C’est pourquoi il convient d’éviter l’écueil d’un élitisme trop rigide et d’un réformisme frileux, faute d’assurer une liaison dialectique entre lutte globale et lutte à la base, action politique avant-gardiste et mouvement de masse.
Soldats politiques, nous prônons une révolution qui insiste non seulement sur les changements structurels, économiques et politiques, mais aussi un changement humain, dans une dimension ontologique, en vue de réaliser l’homme nouveau et intégral, débarrassé de l’égoïsme et de l’individualisme bourgeois. En ce sens, une telle “révolution totale” modifierait les rapports et l’éthique inter-relationnelle globale de la vie quotidienne. La révolution que nous prônons est celle d’un retour aux origines , »revolvere », et qui vise à rétablir l’ordre-Etat autoritaire, l’économie dirigée, et la conception exclusive de l’identité, en harmonisant les institutions avec les mentalités originelles des peuples européens, selon le principe de l’homologie qui purgera les institutions et les mentalités des éléments allogènes et corrupteurs.
Soldats politiques, nous sommes irrémédiablement imprégnés d ‘une conception tragique de la vie, à savoir, comme l’a si bien démontré Alfred Weber, que nous sommes conscients que tout ordre supérieur finit par perpétuer un certain chaos en proportion de la croissance de sa propre puissance. Tragique, car nous avons conscience de la grandeur impondérable de l’univers et du monde et de l’imperfectibilité et de la finitude de la nature humaine. Face à ce constat et ce paradoxe métaphysique, nous prônons une re-poétisation du monde et une esthétisation de l’État dans la lignée des romantiques allemands, Goethe, Novalis, Schlegel et Müller, conscient que les idées illuministes de la révolution française et le processus de désécularisation ont fini de dépoétiser le monde, le politique finissant par générer le fameux « désenchantement du monde », dont nous parlait Max Weber. Comme Novalis, nous voulons que notre révolution devienne une totalité organique et poétique dans laquelle l’État nouveau sera l’incarnation existentielle et esthétique de la perfectibilité humaine. Et lorsque nous aurons réalisé notre tâche, nous nous en irons ailleurs, ailleurs, toujours plus loin, là-bas avec nos dieux.
Rodolphe Lussac