Pourquoi un macro-État eurasiatique est inévitable. Une lecture géopolitique inspirée d’Alexandre Douguine.

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Depuis la chute de l’URSS, les anciens territoires soviétiques se trouvent dans une position ambivalente. Tiraillés entre leur histoire russe et des promesses venues de l’Ouest, ils avancent à tâtons dans un monde dominé par des blocs. Ce que propose Douguine, c’est une lecture sans fard : ces pays n’ont pas d’avenir stable s’ils s’éloignent du cœur russe de l’Eurasie. Voici pourquoi.

1. La souveraineté isolée est une illusion dans un monde de blocs.

Ceux qui croient que le Kirghizistan, la Moldavie ou la Géorgie peuvent incarner une forme de souveraineté neutre vivent dans le passé. Le monde n’est plus celui des années 90. Aujourd’hui, trois grands blocs s’imposent : l’Occident (OTAN + UE), la Chine, et la Russie. En dehors de ces pôles, pas de stabilité durable.

Prenons le Kirghizistan :

  • 7 millions d’habitants
  • Une économie minière fragile
  • Une jeunesse tiraillée entre Moscou, Pékin et Dubaï

Sans l’Union économique eurasiatique (pilotée par la Russie), ce pays ne peut résister aux appétits des grandes puissances. Sans la protection militaire de l’OTSC, il est exposé aux risques d’instabilité interne ou d’encerclement par des intérêts étrangers.

2. Les révolutions colorées : levier de fragmentation.

En Géorgie (2003), Ukraine (2004/2014), Kirghizistan (2005), les « révolutions colorées » ont été présentées comme des mouvements populaires spontanés. En réalité, elles sont le fruit d’un soft power occidental soigneusement organisé : ONG, think-tanks, financement de l’opposition, usage stratégique des médias.

La Géorgie, depuis sa « révolution des roses », a misé sur un ancrage occidental :

  • Résultat ? Une guerre contre la Russie en 2008, la perte de l’Abkhazie et de l’Ossétie du Sud.
  • Des liens économiques précaires avec l’UE, mais aucune perspective d’adhésion réelle à l’OTAN ou à l’UE.
  • Une société polarisée, où l’élite se rêve européenne mais où une majorité reste culturellement ancrée à l’Est.

Sans ancrage dans un bloc cohérent comme l’Eurasie, la Géorgie devient un pion jetable dans la guerre froide moderne.

3. Le choix n’est plus entre indépendance ou alliance, mais entre cohérence ou chaos.

Douguine le martèle : dans un monde multipolaire, le centre est vital. Ce n’est pas l’autonomie qui protège un petit État, mais son alignement sur un centre de gravité civilisationnel.

L’Ukraine en est l’exemple tragique.

Elle a cru qu’un virage vers l’Ouest suffirait. Résultat ?
•Deux Maïdans, deux guerres, des centaines de milliers de morts.
•Un pays ruiné, vidé de sa population, et désormais dépendant de l’aide militaire et financière occidentale, sans perspectives claires d’intégration.

À l’inverse, la Biélorussie, en dépit des critiques sur son régime, a conservé :

  • Une stabilité institutionnelle,
  • Des liens économiques solides avec Moscou,
  • Une cohérence stratégique.

4. La Russie : pivot civilisationnel et garant de stabilité.

Douguine ne parle pas seulement de stratégie, mais de culture et de destin. L’Eurasie n’est pas une domination russe, mais un espace civilisationnel commun, fait de peuples, de langues et de traditions liés depuis des siècles.

L’Azerbaïdjan, aujourd’hui tenté par une alliance turco-israélo-occidentale, prend le risque de devenir une base avancée contre la Russie ou l’Iran. Mais que pèsera-t-il seul face à une reconfiguration régionale brutale ?

Le Kazakhstan, par sa taille et ses ressources, est une cible directe du projet d’encerclement de la Russie. Pourtant, sa stabilité ne peut reposer que sur un équilibre eurasien, pas sur une illusion de souveraineté occidentalisée.

5. La vraie question : Quel avenir pour les peuples ?

Ce n’est pas une question de nostalgie soviétique. C’est une question de réalisme historique.
Les petits États, seuls, sont les jouets des grandes puissances.
La Russie propose un ordre multipolaire fondé sur le respect des souverainetés, l’économie réelle, les infrastructures et la défense collective.

Les autres blocs proposent :

  • La dette,
  • L’alignement idéologique,
  • L’effacement culturel,
  • Le chaos comme stratégie de domination.

Conclusion : l’unité eurasiatique n’est pas un choix idéologique. C’est une question de survie.

La Russie n’est pas parfaite. Mais elle est l’unique garante d’un ordre eurasien cohérent, enraciné dans l’histoire, respectueux des peuples et capable de résister aux prédations de l’empire globaliste.

À ceux qui rêvent de « souveraineté » sans centre, Douguine répond :
“Vous serez libres… d’être dévorés.”

Bertrand Scholler

Source : Geopolitika.

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