Parlons un peu écologie, parlons loi Duplomb. Le 8 juillet dernier le texte Duplomb a définitivement été adopté par l’Assemblée nationale. Cette loi dispose d’un allégement des normes concernant l’utilisation des néonicotinoïdes (de puissants insecticides) par les agriculteurs. Une loi particulièrement inquiétante en raison de ses impacts nocifs sur la biodiversité et la santé humaine, nous y reviendrons. Cette nouvelle loi a un goût particulièrement amer au sein de notre mouvance, d’autant plus que sa promulgation a été permise par le vote du camp national. À l’heure où le combat pour l’écologie se fait de plus en plus pressant, le Rassemblement national –et l’ensemble de la droite électorale– détourne le regard. Grave erreur, à la fois sur le plan de la santé publique et de la santé environnementale, les deux étant intimement liés. Sans une terre saine, il ne peut y avoir de peuple sain. Lorsque la santé du terroir s’effondre, c’est toute la population locale qui est mise en danger.
Nos terroirs, notre faune et nos forêts font partie intégrante de la France et de son héritage; les détruire reviendrait à anéantir un morceau de la France, à la diminuer. En tant que nationalistes, défenseurs du patrimoine de la France, notre devoir est de préserver la sphère écologique française: l’inverse reviendrait à empoisonner le peuple et à ravager une partie de notre héritage, au mépris des futures générations. Une célèbre citation dit « nous n’héritons pas de la terre de nos parents, nous l’empruntons à nos enfants. » C’est un proverbe très juste et plein de sagesse. Notre devoir en tant que peuple n’est pas de jouir de l’héritage de nos parents, mais de le préserver, de l’entretenir afin que le sort de nos enfants soit le meilleur et le plus juste. En ce sens, la jouissance et le plaisir immédiat, c’est-à-dire la surexploitation non durable des ressources naturelles, doivent être rejeté au profit de la modestie et l’humilité. La grandeur d’un Homme se mesure dans les sacrifices qu’il consent pour ses enfants.
Une large prise de conscience des français sur les dangers apportés par la loi Duplomb s’est faite ressentir. À l’heure où j’écris ces lignes, une pétition de grande ampleur, mise en ligne sur le site de l’Assemblée nationale, circule activement. Elle a déjà récolté plus de deux millions de signatures. Évidemment, elle n’aura aucun impact législatif, nos élites agissant, comme à leur habitude, contre le choix des français. Pourquoi ne pas organiser de référendum? Tout simplement parce que nos dirigeants ont peur du vote direct [1].
Entendons-nous bien: je n’accuse en aucun cas les agriculteurs français. Ce ne sont pas les responsables mais bien les victimes d’un système libéral oppressant. D’ailleurs les agriculteurs sont les premiers à être touchés par les impacts sanitaires des néonicotinoïdes. Pour comprendre d’où vient le problème –qui à première vue, semble être un cul-de-sac– et quels sont les réels responsables, il faut remonter plus loin.
L’agriculture mondiale a pris un tournant à la fin de la seconde guerre mondiale. Le modèle productiviste américain –monstruosité issue de la plus grande ploutocratie mondiale– s’est progressivement imposé aux quatre coins de la planète. Ce modèle vise à produire la plus grande quantité de nourriture pour le coût le plus faible. Il méprise l’environnement et la qualité du produit pour maximiser son chiffre d’affaire. Il déverse des dizaines de milliards de tonnes de pesticides et d’engrais chimiques chaque année, empoisonnant ainsi les sols du terroir et anéantissant la biodiversité mondiale. Il en résulte un surplus d’aliments de mauvaise qualité, enrobés de toxines délétères sur la santé humaine. Ce surplus de nourriture médiocre, souvent produit au Brésil ou aux États-Unis, est ensuite vendu sur le marché international et entre directement en concurrence avec l’agriculture française.
L’idéologie productiviste américaine –accompagnée par le libre-échange– étouffe notre agriculture traditionnelle française. Abandonné par une élite parisienne plus intéressée par le profit que par l’intérêt national, les agriculteurs français pour ne pas mourir, ont dû adopter les méthodes de l’ennemi. Ils ont augmenté la productivité au détriment de la santé écologique du terroir. Les haies [2] ont été rasées pour faciliter les manœuvres des machines et pour agrandir les surfaces agricoles. Or les haies, en concentrant les invertébrés et ses prédateurs en un même lieu, étaient une solution naturelle qui permettait de limiter la quantité d’insectes dans les plantations. En rasant les haies, certaines espèces d’insectes nuisibles se sont retrouvés en surnombre dans les champs. De plus, les animaux qui y trouvaient refuge (notamment les mammifères et oiseaux), ont perdu leur milieu de vie et ont été forcé à fuir. Le déplacement des insectes des haies vers les champs a eu pour conséquence une reduction du rendement, qui par la suite a été compensée par l’introduction des insecticides. Ces nouveaux produits chimiques provoquent une disparition progressive et indiscriminé des différentes espèces d’insectes, qu’elles soient nuisibles ou utiles (abeilles par exemple). Il faut également souligner que ces insectes constituent la base de la chaîne alimentaire. Leur disparition affecte l’ensemble de l’écosystème, en particulier les oiseaux, qui voient leurs ressources alimentaires fortement s’amaigrir au fil des décennie. D’après le ministère de la transition écologique, la biomasse des insectes chute de 2,5% chaque année depuis trente ans. Voilà le progrès! Passer d’une agriculture traditionnelle, de qualité et respectueuse de l’environnement, à une idéologie capitaliste et destructrice, plongée dans la médiocrité du profit. Quel gâchis….
Penser que les pesticides ont enrichi les cultivateurs est une grave erreur. Ils n’ont fait que tirer les prix et la qualité des aliments vers le bas. Le paysan a dû produire plus pour gagner autant qu’avant, voire même moins. Il ne peut plus se passer des pesticides sans risquer de saboter son salaire, déjà maigre. Il dépend entièrement des grandes sociétés chimiques internationales –celles qui commercialisent les pesticides– qui ont fait de lui un esclave. En réalité, ce sont les multinationales de la chimie qui se sont enrichies avec les pesticides. Elles ont imposé le modèle productiviste au monde entier et en ont profité pour vendre leurs poisons. Ces entreprises apatrides s’enrichissent sur la destruction écologique des terroirs, sur le travail et la souffrance paysanne.
Mais alors, que faire?
Il faut en finir avec le libre-échange qui asphyxie les paysans français. Il faut rétablir les douanes et empêcher que du soja issu de la déforestation de l’Amazonie vienne concurrencer nos produits locaux. La qualité doit être privilégiée à la quantité pour que nos paysans puissent vendre à un prix juste qui honore leur labeur. Débarrassés de la concurrence déloyale étrangère –qui produit moins cher et plus vite, car soumise à des normes beaucoup plus souples que les normes françaises et européennes–, les agriculteurs français pourront revenir à une agriculture traditionnelle, sans herbicide ni insecticide et donc bien plus respectueuse de l’environnement. Nous pourrons ainsi régénérer la biodiversité française, opprimée par le rouleau compresseur mondialiste.
Cependant, cela ne peut se faire sans une désobéissance immédiate à l’Europe [3]. En effet l’UE, soumise aux pressions des lobbyistes mondialistes, est au service des grandes entreprises agroalimentaires. Elle torture les petits producteurs locaux en important de la merde bon marché produite par des multinationales – qui en plus exploitent inhumainement la main-d’œuvre du tiers-monde. Cette « union » n’est que destruction et décadence, le sauvetage de nos agriculteurs français et la préservation de notre biodiversité ne pourront se faire sans que la France sorte de l’emprise de Bruxelles.
Jules-Marie de Bruyères
[1:souvenez vous du référendum de 2005]
[2:ce sont des petites forêts qui entourent les champs, elles sont encore particulièrement présentes dans l’ouest de la France]
[3: Je parle ici de l’union européenne qui n’est qu’une imposture grossière de l’Europe]