Le tour du monde de la radicalité 4 – Rencontre avec les patriotes sociaux du Chili

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Qu’est-ce que le Movimiento Social Patriota ?

Le Movimiento Social Patriota, ci-après MSP, est un groupe de troisième voie né en 2017 à Santiago du Chili.

Les membres du MSP se définissent comme des patriotes sociaux.

Après six ans d’existence, et grâce à notre approche rebelle et révolutionnaire, nous avons attiré l’attention de différents médias, qui nous ont présentés comme un groupe « ultra et extrémiste ». Malgré notre disqualifications par la presse traditionnelle, l’exposition publique que nous avons obtenue nous a permis d’atteindre des centaines de jeunes de toutes les régions de notre pays, qui, désespérés et accablés par la faillite du système, étaient à la recherche d’un idéal de lutte pour lequel on vit et, éventuellement, on meurtr.

Comment vous situez-vous idéologiquement, êtes-vous les héritiers de Jorge González von Marées, de Patrie et liberté ou d’Orden Nuevo ?

Idéologiquement, le MSP est un mouvement politique nationaliste révolutionnaire ; cependant, la doctrine politique qui sous-tend notre travail politique est le social-patriotisme, qui est essentiellement la mise à jour et le dépassement des nationalismes du XXe siècle.

Le Movimiento Social Patriota fonde sa doctrine sur les idéaux politiques de souveraineté, d’identité nationale et de justice sociale.

Aujourd’hui, diviser le champ politique des partis en gauchistes et droitiers n’a plus de sens. La disparition de cette catégorisation a laissé place à l’idéologie du mondialisme, qui s’appuie sur certaines élites déracinées pour promouvoir la destruction des frontières nationales, morales et identitaires de l’Etat-nation et le remplacer par des instances de gouvernance mondiale.

Cette reconfiguration politique pose aujourd’hui un nouveau dilemme avec un conflit entre le peuple et les élites ; entre le centre et la périphérie ; entre le global et le national. Et c’est dans cette nouvelle conflagration de la décennie que nous, patriotes sociaux, nous défendons les traditions nationales et ouvrières, la protection de l’économie locale et le rejet de l’influence étrangère.

Au-delà de la gauche et de la droite, il y a les gens qui ont des racines nationales et, face aux mondialistes, il y a les patriotes sociaux.

Au-delà de Gonzalez Von Marees, le MSP est le dépositaire d’une longue tradition nationaliste initiée par le Dr. Nicolás Palacios en 1904 et poursuivie par des intellectuels tels que Tancredo Pinochet, Carlos Keller et Mario Góngora, pour n’en citer que quelques-uns. Il ne fait aucun doute que le Movimiento Nacional Socialista de Chile de Von Marees occupe un espace significatif pour les patriotes sociaux en raison de son empreinte révolutionnaire, de la beauté de la violence et de la foi fanatique avec laquelle il a défendu ses idéaux, ce qui a valu à ses membres d’être lâchement assassiné par la droite chilienne. C’est pourquoi, chaque 5 septembre, nous nous souvenons de leur sacrifice pour le Chili.

Une situation différente s’est produite avec Patria y Libertad, un groupe initialement nationaliste qui est ensuite devenu le groupe de choc de la droite chilienne. Leur doctrine était intéressante, mais on ne peut nier qu’il y a eu une infiltration de la CIA.

Ce qui est intéressant avec le nationalisme chilien, c’est qu’il a connu une évolution historique sur plus d’un siècle.

Quelle est la composition politique et culturelle du mouvement national chilien et quelle est son importance ? Selon vous, quels sont les principaux mouvements, leurs orientations, etc.

Le nationalisme au Chili a adopté de manière constante des positions qui opposées aux intérêts de « la droite ». D’un point de vue historique, ce sont les idées du nationalisme qui, par exemple, ont rendu possible la nationalisation du cuivre en 1971. Bien qu’elle ait eu lieu pendant la période Allende, elle faisait déjà partie du programme du Parti nationaliste (1915). De même, c’est grâce au nationalisme que le problème de l’immigration et le refus de l’ingérence des instances supranationales dans nos affaires ont été introduits dans le débat.

Cependant, il arrive que ce soit la droite ou la gauche qui s’empare des thèmes du nationalisme face à l’incapacité de notre secteur à unifier un grand projet politique.

Malgré cela, après Patria y Libertad, nous, les patriotes sociaux, sommes la troisième entité plus importante idéologique. En six ans, nous avons élaboré une doctrine solide, nous avons été dans la rue pour défendre nos idées avec nos poings, mais aussi par l’écrit en publiant des revues et avec une maison d’édition amie qui nous a permis de faire connaître Alain de Benoist, Fusaro, Dougine et divers écrivains nationaux.

Avez-vous des relations privilégiées avec d’autres mouvements du Cône Sud et êtes-vous favorable à l’unification de l’Amérique latine ?

Nous travaillons depuis longtemps avec nos camarades de Vanguardia Colombia avec lesquels nous partageons la défense de nos souverainetés respectives. Dans leur cas, il s’agit de l’Amazonie et dans le nôtre de la défense de l’Antarctique chilien. Il s’agit dans les deux cas d’éléments d’une valeur incalculable que les puissances mondialistes tentent, avec l’aide de la justice, de faire fructifier à leur profit.

Nous ne sommes pas favorables à l’unification des pays d’Amérique du Sud ou au libre transit des biens et des personnes, mais nous sommes favorables à la possibilité de travailler ensemble, en premier lieu, en protégeant nos ressources et nos richesses, en générant des stratégies et des alliances fortes pour finalement nous transformer en un nouvel axe géopolitique et faire le grand saut de la périphérie au centre, du sous-développement au développement de nos pays. Il y a quelque temps, Perón avait tenté de le faire avec l’ABC : Argentine, Brésil, Chili, un projet d’intégration régionale qui est resté inachevé.

Rétrospectivement, que pensez-vous d’Allende et de Pinochet ?

La première chose à souligner est que le Chili a été l’objet de luttes géopolitiques dans le contexte de la guerre froide. Allende était allié à Cuba et à l’URSS, Pinochet aux États-Unis. Chaque camp a avancé ses pions au prix de la vie de milliers de Chiliens.

Nous apprécions la politique de nationalisation du cuivre d’Allende car elle était en accord avec le nationalisme et le fait qu’il soit allé défendre ce qui restait de son gouvernement à La Moneda, où il est finalement mort. Cependant, nous rejetons la lutte fratricide qu’il a provoquée en essayant de faire avancer le projet socialiste marxiste.

Nous affirmons que le coup d’État était nécessaire et qu’il a permis d’éviter un conflit d’une ampleur encore plus grande.

Idéologiquement, la déclaration de principes de la junte est essentiellement nationaliste, mais une fois au pouvoir, Pinochet a ignoré les voix nationalistes et a opté pour les idées néolibérales des Chicago Boys, privatisant les entreprises nationales stratégiques, détruisant ainsi la souveraineté nationale et ouvrant la voie à ce qui allait suivre : la capitulation totale de notre pays face au mondialisme. D’autre part, les idées de Jaime Guzmán (qui était membre de Patria y Libertad) ont fini par dépolitiser la communauté nationale en détruisant les corps intermédiaires et tout mécanisme de participation. Jusqu’à aujourd’hui, la seule chose qui s’est produite est que les partis politiques du système se sont arrogés la représentation du peuple.

D’un point de vue pratique, le terrorisme d’État imposé par Pinochet était excessif. En fait, le général Gustavo Leigh (proche du nationalisme) a beaucoup mieux compris le jeu de la politique et l’a mis en garde à plusieurs reprises, ce qui a conduit à son expulsion de la Junte.

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