Sébastien. Histoire d’une manifestation tragique.

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Voici 10 ans (NDLR : cet article a été rédigé en 2004) mourait le militant nationaliste français Sébastien Deyzieux en essayant d’échapper à la police à l’issue d’une tentative de manifestation à Paris.

Plutôt que de faire un communiqué traditionnel, le Mouvement NATION a pensé intéressant de demander à un militant belge qui avait participé à cette action de livrer son témoignage afin de rappeler ce que fut cette journée du 7 mai 1994.

« Il est des choses auxquelles on participe un peu par hasard et qui restent inscrites dans votre mémoire. Ce fut le cas de l’action de ce 7 mai 94. J’en avais entendu parler un peu par hasard, une semaine auparavant, lors d’une bourse nationaliste à Anvers où quelques camarades français distribuèrent un tract appelant à participer à une manifestation intitulée « Bienvenue aux ennemis de l’Europe ! »

Une manifestation dénonçant l’impérialisme américain ! A l’époque, c’était original pour notre mouvance. C’était une époque où la mouvance étudiante radicale, alors principalement rassemblée autour du GUD, connaissait une sorte de révolution culturelle qui conduisit à un renouveau du combat anti-américain et anti-sioniste dans notre mouvance.

Le thème de cette action et, je le répète, son originalité pour l’époque m’amena à vouloir y participer. Et c’est ainsi que je me rendis à Paris avec un autre camarade.

Ce 7 mai donc, nous nous rendons au local « La Librairie », qui outre la fonction que son nom indiquait, servait de lieu de contact pour les nationalistes parisiens. Nous y trouvons l’ambiance lourde et les militants en train de s’affairer. Il y a un changement notable de programme : le préfet de police vient d’interdire le cortège nationaliste. Mais les organisateurs maintiennent la volonté de se rassembler. On nous fait part des risques d’arrestation. Notre réponse : « on ne vient pas de faire 300 km pour juste visiter Paris ».

Rendez-vous est donné aux Jardins du Luxembourg (enfin je crois : en tous les cas, un très bel espace de verdure et de promenade). Je garderai l’image cocasse des nombreux promeneurs (il faisait très beau ce jour là) au milieu desquels on pouvait reconnaître l’esthétisme discret mais néanmoins parlant de nombreux jeunes militants.

Soudain de l’agitation ! Les militants se rassemblent. Un briefing sommaire : « on prend le métro, on sort à la station Denfert Rochereau et on occupe le carrefour. Pas de question ? »
Aussitôt, les jardins en question perdent quelques dizaines de promeneurs qui se précipitent vers la plus proche entrée de métro devant laquelle nous attend une camionnette d’où l’on nous distribue drapeaux et calicots. La manif commence à se transformer en action commando. On nous fait activer, des motards de la police nous auraient repérés.

Heureusement, un métro arrive très vite et l’entrée de dizaines de jeunes français dans les wagons ne passe pas inaperçue et fera, pour une fois, perdre voix et arrogance à pas mal de voyous de banlieue qui se feront particulièrement petits lors du voyage.

Arrivés à Denfert Rocherau, nous « giclons » hors de la rame et nous nous précipitons vers la sortie. Le bruit des sirènes se fait entendre et notre obsession est de ne pas se faire coincer dans la station de métro. J’arrive enfin dehors. Pas encore de policiers en nombre mais les premiers autocars de gardes mobiles arrivent en catastrophe.

Ne perdant pas de temps, les organisateurs organisent l’occupation et, en quelques instants, un des plus grands carrefours de Paris est totalement bloqué par une centaine de militants agitant drapeaux à trident et croix celtiques et déployant des banderoles dénonçant l’impérialisme américain.

Il m’est difficile d’estimer le temps que dura l’occupation car on était dans l’action et chaque minute de gagnée était pour nous une victoire. Pensez-vous ! Malgré une interdiction formelle et un dispositif policier impressionnant (nous nous en rendrons compte par la suite), les nationalistes occupaient le pavé parisien…malgré et contre le système !

En face, les forces de police d’abord un peu surprises par la rapidité de notre action, commencent à s’organiser. Et ce sont bientôt des dizaines et des dizaines de gendarmes mobiles qui se rassemblent. Casqués, gantés, bardés de protections, armés de matraques et de fusils-mitrailleurs; ils semblent bien décidés à être bien plus agressifs que face aux gangs de banlieue qui, quelques semaines plus tôt, avaient pillé la capitale à l’issue de manifestations monstres de lycéens.

C’est ce déséquilibre qui pousse d’ailleurs les nôtres à rapidement et spontanément scander « Nous ne sommes pas des casseurs, nous sommes des nationalistes français ! ». La seule réponse sera l’envoi de nouveaux renforts : un balai incessant de camions et de cars de police d’où débarquent maintenant des CRS venus renforcer leurs collègues gendarmes. Déploiement que l’on trouverait plus utile pour remettre de l’ordre dans les banlieues, mais il était vrai que nous étions sans doute plus inquiétant pour le système que les dealers, les voleurs ou les violeurs en groupe : nous étions nationalistes…

Les gendarmes et CRS finissent de se déployer et progressent lentement mais méthodiquement afin de nous repousser vers une des artères donnant sur la place Denfert-Rochereau.

On verra ainsi face à face, proches au point de se toucher, les premiers rangs de militants et les policiers. Les militants reculant pied à pied dans l’ordre mais refusant, à tout moment, la confrontation violente avec les forces de l’ordre.

Sous le poids du nombre (les renforts policiers arrivant sans cesse), nous finissons par être totalement encerclés. C’est à ce moment là qu’un petit groupe, dont je fais partie, force le barrage et arrive à sortir de la nasse. Nous nous regroupons un peu plus loin et décidons de revenir sur la place pour voir comment la situation évolue et s’il n’y a pas moyen d’organiser les éléments arrivés de manière éparses. Car en effet, pendant ce temps là, de nombreux militants ou sympathisants étaient arrivés sur la place en pensant que le cortège aurait lieu normalement.

Revenus sur la place, nous arrivons en plein chaos : camions de police partout, policiers courant dans tous les sens, journalistes à l’affût, présence de militants gauchistes qui, pour certains, sont armés d’objets dangereux : chaînes, etc…sans provoquer la moindre réaction policière. Gare par contre, aux nationalistes arrivant isolés ou en petit groupe. Repérés par des policiers en civil des Renseignements Généraux, ils sont immédiatement pris en chasse par de petits groupes de policiers en uniforme ou en civil qui les arrêtent sans aucun ménagement.

Nous assisterons d’ailleurs à certaines de ces prises en chasse. C’est sans doute ce qui est arrivé au groupe dont faisait partie Sébastien Deyzieux. Ce dernier s’enfuira en direction de la faculté d’Assas. Pourquoi par là ? Peut être un réflexe, peut être connaissait-il bien cette zone car la faculté d’Assas a toujours été un « bastion » pour les étudiants nationalistes.

Mais contre lui, pour le grave crime qu’il avait commis en voulant aller manifester, les policiers vont s’acharner et continuer à le traquer. Il essaiera de leur échapper en montant dans un immeuble de la Rue des Chartreux. Les policiers continueront à le poursuivre jusque sur le toit dont il chutera dans des conditions qui resteront toujours troubles. La chute de 5 étages lui sera fatale puisqu’il décédera, deux jours plus tard : le 9 mai 1994.

A ce moment là, sur la place Denfert Rochereau, nous sommes tous dans l’ignorance du drame qui se joue. D’où je suis, je vois nos camardes réunis en un dernier et magnifique carré, agiter drapeaux, scander nos slogans et même chanter les « Lansquenets » en un dernier défi aux policiers qui se mettent à les arrêter les uns après les autres. Il y aura en tout et pour tout 107 arrestations et aucune poursuite car, en fait, aucun délit n’avait été commis…

Depuis, tous les ans, au mois de mai, je pense à Sébastien, à ce garçon que je ne connaissais pas, que j’ai peut être croisé ce jour-là, qui faisait peut être partie d’un des groupes que j’ai vu pourchassé par la police.

Je pense à ce garçon et je m’efforce de me souvenir de deux choses. La première est que cela aurait pu m’arriver à moi. La seconde est que le responsable de sa mort, c’est le système politique, c’est la droite libérale au pouvoir à l’époque, c’est le ministre de l’intérieur de l’époque Charles Pasqua, ami déclaré des groupes sionistes installés en France.

Je pense à Sébastien et me dis que s’il faut évidemment continuer à lui rendre hommage, il faut aussi rester fidèle aux idées pour lesquelles il est mort. A savoir, la volonté de combattre en dehors et contre le système. La volonté de rappeler que l’impérialisme américain a toujours été et reste un des plus dangereux adversaires du nationalisme européen.

Je pensais utile de raconter brièvement ce que fut vraiment cette journée, loin des communiqués politiques mais aussi pour rappeler que tout cela n’est pas un jeu mais bien une guerre.

Sébastien Deyzieux, présent !

Mouvement Nation (Belgique).

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