On peut observer tous les jours dans les rues principales des grandes villes ce qui se passe lorsqu’une jeune fille à peine désirable passe devant un groupe de jeunes hommes : ils la scrutent et la suivent d’un regard « intense », comme s’ils étaient tous des Don Juan ou des hommes affamés après des années passées en Afrique ou dans l’Arctique ; la jeune fille, en revanche, bien qu’elle ne fasse pas mystère de toutes ses qualités féminines dans son maquillage, sa façon de marcher, ses vêtements et ainsi de suite, affiche un air d’indifférence souveraine et de « détachement » (même lorsqu’il s’agit d’une « mezzacalzetta », où il n’y a pas grand-chose à trouver en elle au-delà du simple fait biologique qu’elle est née femme par hasard) ; à tel point que l’observateur de ces scènes en vient à se demander sérieusement si les deux parties n’ont vraiment rien de mieux à faire que de se livrer à une telle comédie.
Par le caractère immédiat et, disons-le, brutal, de ses penchants érotiques, un certain type humain, malheureusement très répandu parmi nous, alarme les femmes, les met sur la défensive et favorise toutes sortes de complications néfastes – néfastes, surtout, pour lui-même. Si, d’une part, les femmes ne pensent qu’aux relations possibles avec les hommes et à l’affection qu’elles peuvent leur porter, d’autre part, elles se sentent comme une sorte de proie désirée et recherchée. Elles doivent être très prudentes à chaque faux pas et « calculer » de manière adéquate chaque relation et chaque concession.
Mais au-delà de ces circonstances extérieures, dont l’homme est responsable, il faut aussi dénoncer une attitude effectivement fausse, appartenant à un type féminin très répandu. On peut affirmer que, dans 95% des cas, une fille peut avoir déjà dit « oui » en son for intérieur, mais elle se sentirait humiliée d’agir de manière décisive sans soumettre l’homme à toute une série de complications, à une via crucis érotico-sentimentale. Sinon, elle craindrait de ne pas être considérée comme une personne « sérieuse » ou « bonne », alors que, d’un point de vue plus élevé, ce manque de sincérité et cette artificialité sont en réalité des signes de manque de sérieux. C’est sur une base similaire que se déroule la pratique ridicule du flirt, avec le rituel des « compliments », de la « cour », de la « galanterie » obligatoire et de la routine du « peut-être oui, peut-être non ». Et que dans tout cela, l’homme ne se sente pas offensé dans sa dignité, par ce qui est presque une sorte de prostitution psychique, qui, en fin de compte, devrait l’amener à se demander si le jeu en vaut la chandelle – cela démontre l’influence que des éléments raciaux plutôt malheureux ont sur notre sexe.
Ce qu’une femme peut être de manière conformiste, et, disons, sur un plan naturaliste, en tant qu’ »épouse » et « mère », n’est pas strictement en discussion ici. Il est certain, cependant, qu’à tous les autres égards, la jeune fille italienne gagnerait beaucoup à être « corrigée » pour adopter un style de sincérité, de clarté, de courage et de liberté intérieure. Ceci est naturellement impossible si l’homme ne l’aide pas, d’abord en lui faisant sentir que, aussi importants soient-ils, l’amour et le sexe ne peuvent avoir qu’un rôle subalterne par rapport à des intérêts plus élevés. Ensuite, en cessant de se faire passer pour un Don Juan ou pour quelqu’un qui n’a jamais vu une femme auparavant, car, dans le cours normal des choses, c’est la femme qui doit chercher et demander l’homme, et non l’inverse.
Article de Julius Evola publié le 24 août 1952 dans Meridiano d’Italia.
Traduction et première parution Les Trois étendards.