La principale question en 2024 reste le même problème fondamental qu’avant : la confrontation entre deux vagues – la vague déclinante d’un ordre mondial unipolaire avec l’hégémonie US et l’Occident collectif, et la vague montante d’un monde multipolaire, incarné par le BRICS-10.
Ce problème n’a pas surgi maintenant, mais quand l’Occident, ayant pris à un moment historique l’apparence d’une domination planétaire unique (après l’effondrement de l’URSS), s’est révélé incapable de mettre en œuvre son leadership en pratique, et que de nouveaux pôles souverains ont commencé à s’affirmer – la Russie et la Chine. D’autres pôles sont en approche : l’Inde, la civilisation islamique, l’Afrique et l’Amérique Latine. Au total, sept centres de pouvoir, incluant l’Occident. Six d’entre eux se sont unis dans les BRICS, commençant à construire un ordre multipolaire.
L’Occident continue à s’accrocher à son hégémonie et attaque les opposants les plus dangereux à sa domination – Russie, Chine, et le monde islamique. Cela n’a pas commencé aujourd’hui mais au début même des années 2000. Mais le contraste actuel de la carte politique mondiale a été finalement acquis dans les années récentes – spécialement après le début de l’Opération Militaire Spéciale en Ukraine. L’opération est devenue la première guerre chaude du monde multipolaire contre le monde unipolaire. Jusqu’alors – spécialement durant le premier mandat du président Trump et du fait de la montée du populisme en Europe – il semblait qu’un affrontement direct pouvait être évité, que l’Occident accepterait pacifiquement la multipolarité, tentant de trouver une place digne dans l’ordre mondial post-globaliste. C’est ce que Trump voulait dire en appelant à assécher le marais globaliste aux Etats-Unis même. Mais jusqu’ici, le marais a réussi à assécher Trump lui-même et, durant l’administration la plus marécageuse sous le président Biden, à déchaîner un conflit sanglant en Ukraine, jetant toutes les forces de l’Occident collectif contre la Russie, le plus important pôle du monde multipolaire.
Le principal résultat de l’année 2023 a été le coup d’arrêt de la Russie face à la contre-offensive ukrainienne, qui pour les globalistes a été un moment décisif dans le conflit. Ils ont fourni à l’Ukraine une assistance complète, incluant un armement considérable, une aide financière importante, et des ressources politiques, informationnelles et diplomatiques substantielles. Cependant, lorsque la Russie a résisté avec succès à ces efforts et a commencé à préparer sa propre offensive, il est devenu évident que l’appui important donné à Kiev était finalement futile. Néanmoins, tant que les globalistes sont au pouvoir aux USA, ils ont l’intention de continuer la guerre. Et, apparemment, pas seulement jusqu’au dernier Ukrainien mais jusqu’au dernier globaliste.
A la fin de 2023, cependant, un second front s’est ouvert dans la guerre entre le monde unipolaire et le monde multipolaire. Cette fois, l’avant-garde de l’Occident au Moyen-Orient, l’Etat d’Israël, en réponse à l’invasion par le Hamas, a commencé un génocide systématique de la population de Gaza, dépassant toutes les limites. Les USA et l’Occident collectif ont pleinement soutenu les actions de Tel-Aviv, traçant ainsi une nouvelle ligne de fracture – l’Occident contre la civilisation islamique.
Les néoconservateurs américains étaient déjà entrés dans ce cycle au début des années 2000, avec pour conséquence l’invasion de l’Afghanistan et de l’Irak, et ensuite l’appui apporté aux islamistes radicaux en Libye, en Syrie, et ainsi de suite. Maintenant, l’Occident affronte à nouveau le monde islamique, conduit par les Palestiniens, les Houthis yéménites, le Hezbollah libanais, et aussi l’Iran.
De plus, en Afrique de l’Ouest, une autre plate-forme pour le combat anticolonial contre l’unipolarité et pour la multipolarité, une alliance des pays les plus résolus a émergé – Mali, Burkina Faso, République centrafricaine, Gabon et Niger, où une série de coups anti-globalistes ont eu lieu. Ainsi, là aussi, un nouveau front a émergé.
Finalement, le Venezuela, conduit par Nicolas Maduro – que les USA ont tenté de remplacer par leur marionnette, Guaido, dans une action qui se termina par un échec complet – s’est impliqué dans une dispute territoriale pour la région contestée du Guyana-Essequibo avec le Guyana britannique, qui est perçu comme un Etat-marionnette pro-atlantiste. Et le président de l’Argentine, Javier Milei, bien qu’il ait refusé d’entrer dans les BRICS, a appelé l’Angleterre à reconsidérer la question des Malouines (Falklands). Ainsi, un autre front de combat est en train d’émerger en Amérique Latine.
Ainsi nous nous sommes rapprochés de la nouvelle année, 2024. Et ici toutes les tendances se sont poursuivies à un rythme accéléré. Pour les USA, la tension au Moyen-Orient s’accroît chaque jour. La guerre en Ukraine va sans aucun doute continuer, et maintenant l’initiative est du coté de la Russie.
On peut également s’attendre à une exacerbation du conflit autour de Taïwan, où les USA ont soutenu le candidat antichinois Lai Qingde dans les élections, à une escalade supplémentaire au Moyen-Orient, à une continuation des révolutions anticoloniales en Afrique, et à une escalade dans une phase chaude de contradictions en Amérique Latine.
Dans l’Occident lui-même, la crise s’intensifie à un rythme accéléré. Aux USA, il y a des élections cette année, dans lesquelles les globalistes feront face à une puissante vague des Républicains.
L’Union Européenne est en déclin, et là encore monte une vague anti-élite et anti-libérale de populistes – de gauche et de droite. Il y a des gens de gauche, comme Sahra Wagenknecht et son nouveau parti. « Sahra la Rouge » est en train de devenir un symbole de la gauche anti-libérale en Europe.
Ces gens de gauche sont principalement des ennemis du capital global – contrairement aux faux militants de gauche, purement et simplement achetés par Soros, qui défendent avant tout le LGBT, le nazisme ukrainien, le génocide à Gaza, et les migrations sans contrôle, et qui combattent aussi désespérément contre l’influence russe, Poutine, et la Russie dans son ensemble.
Il y a aussi une composante de droite – assez usée, mais dans de nombreux pays européens elle représente la seconde force politique la plus importante. Par exemple, Marine Le Pen en France. En Allemagne, l’Alternative pour l’Allemagne (AFD) se renforce. En Italie, en dépit de la faiblesse libérale du Premier Ministre Giorgia Meloni, la moitié droite de la société n’a pas disparu. Tout le populisme de droite reste tel qu’il était.
Mais il y a l’Occident globaliste, qui tente de se présenter comme l’« Occident » entier, et il y a des anti-globalistes de droite et de gauche, ainsi qu’une vaste couche d’Occidentaux ordinaires, qui forment la « majorité silencieuse ». C’est très important : l’Européen moyen ne comprend généralement rien à la politique. Les Européens et les Américains ordinaires ne peuvent tout simplement pas suivre les demandes de changer de genre, de castrer de force leurs petits garçons, de se marier avec des chèvres, de faire venir et de nourrir encore plus de migrants, de manger des cafards, de lire des prières pour Greta Thunberg la nuit, et de maudire les Russes. L’Occidental moyen, le petit bourgeois, est le principal appui du monde multipolaire. Il est le noyau de l’Occident réel, pas la sinistre parodie en laquelle il a été transformé par les élites libérales globalistes.
Il est très possible qu’en 2024, toutes ces lignes de fracture – guerres et révolutions, conflits et révoltes, vagues d’attaques terroristes, et nouveaux territoires de génocide – vont escalader en quelque chose de massif. La vague déclinante du monde unipolaire fait déjà place à la vague montante multipolaire. Et c’est inévitable.
Le dragon du globalisme est mortellement blessé. Mais on sait à quel point l’agonie d’un dragon blessé est dangereuse. L’élite globale de l’Occident est démente. Il y a de nombreuses raisons de croire qu’en 2024 il se passera quelque chose de terrible. Nous sommes au bord d’une guerre mondiale globale. Sur tous les fronts. Si elle ne peut pas être évitée, alors il n’y a plus qu’à la gagner.
Nous devons tuer le dragon pour libérer l’humanité de ses ensorcellements infâmes, et même l’Occident lui-même, qui est sa première victime.