Conférence rédigée pour Le Lokal en août 2010. Une version abrégée a été publiée dans les colonnes de Réfléchir et agir en septembre 2013 et reprise dans Christian Bouchet, In Memoriam, Ars magna, 2021.
Merci de m’avoir présenté de manière si élogieuse, je crains bien cependant de ne pas le mériter.
Le thème que je dois traiter ce soir est : « Des Centuries noires à Alexandre Douguine, constantes et variantes géopolitiques dans les droites radicales russes »
Nous allons donc couvrir, rapidement, une période qui dure à peu près 150 ans – de 1860 à nos jours – et voir comment durant toute cette période, au sein des droites radicales russes, deux positions se sont régulièrement affrontées : une qui est d’essence impériale, l’autre qui est d’essence nationale, raciale et ethnique.
In fine, nous tenterons d’en tirer quelques enseignements pour notre combat au quotidien et notre rapport avec les mouvements nationaux de ce grand voisin de l’Europe.
On peut séquencer l’histoire des droites radicales russes en cinq périodes
1 – La période prérévolutionnaire de 1860 à 1917
2 – La période de l’exil et l’espérance du retour (1917-1941)
3 – La période de la guerre patriotique et du stalinisme finissant (1941-1960)
4 – La période du renouveau (1960-1991)
5 – La période contemporaine
1 – La période prérévolutionnaire de 1860 à 1917
Dans son Russian Fascism, Stephen Shenfield identifie au XIXe siècle un militaire – le général Rotislav Fadiev – et trois écrivains – Youri Samarine, Nikolaï Danileski et Konstantin Leontiev – comme les annonciateurs d’un proto-fascisme russe.
Les deux premiers furent des réactionnaires qui s’opposèrent aux grandes réformes libérales des années 1860 initiées par le tsar Alexandre II. Rotislav Fadiev, hostile à l’abolition du servage fut alors le seul à oser mener contre l’Empereur une agitation politique à la fois conservatrice et de type subversif. Youri Samarine, lui-même hostile à la mise en place des assemblées locales et régionales élues (les zemstvos) et favorable à un régime autocratique, synthétisa pour sa part la pensée réactionnaire, conservatrice et traditionaliste russe dans l’ouvrage Le Conservatisme révolutionnaire qui parut à Berlin en 1875 (la censure interdisant qu’il soit publié Russie).
Plus libéral, acceptant les réformes, Nikolaï Danileski (1822-1885) est pour nous particulièrement intéressant car il était un ultra-nationaliste qui prônait la constitution d’un grand Empire slave néo-byzantin allant de la mer arctique à la Méditerranée. Définissant la Russie comme un monde géographique et culturel distinct à la fois de l’Europe et de l’Asie, il fut le premier à formuler la notion d’Eurasie.
Konstantin Leontiev (1831-1891) quant à lui rejetait dans ses livres l’idée de progrès ainsi que les valeurs bourgeoises et libérales, tout en espérant la venue d’un autocrate qui établirait une société à la fois socialiste, religieuse et féodale.
Si on identifie les premières organisations nationales-radicales à Saint-Pétersbourg dès 1900 avec la Sainte ligue et l’Assemblée russe, il faut attendre la Révolution de 1905 pour qu’apparaisse un mouvement de masse populiste de droite, expression spontanée du peuple russe atterré par la défaite de son armée face au Japon et par les troubles révolutionnaires qui mirent en péril l’autocratie tsariste durant toute cette année. Il s’incarna dans l’Union du peuple russe (connue aussi sous le nom de Centuries noires ou Cents noirs) créée en octobre 1905. Obtenant des scores non négligeables (la moyenne nationale varia entre 5 et 10 %) lors des élections aux quatre Doumas prérévolutionnaires, l’UPR eut un recrutement important puisqu’on estime le nombre de ses adhérents à environ 350 000.
Le programme de l’Union du peuple russe insistait sur l’importance de faire prendre conscience au peuple de son identité historique et sur la nécessité d’unir toutes les forces sociales autour de l’idée impériale, garante de l’indissolubilité de l’Empire et de l’union de ses différents peuples et nations, tout ceci étant résumé dans le slogan principal du mouvement : « Orthodoxie, autocratie, communauté du peuple ». Pro-allemand, anti-anglais et antiyankee, donc tellurocratique, craignant l’expansion des peuples jaunes, l’UPR condamnait avec force le capitalisme, le parlementarisme et le libéralisme. Sa base militante était en majorité formée de gens simples parmi lesquels les travailleurs de l’industrie étaient nombreux ce qui mettait l’Union en concurrence directes avec les partis socialistes-révolutionnaires et communistes qui n’hésitèrent parfois pas à organiser contre ses cadres des assassinats et des attentats. Mais ceux-ci restèrent exceptionnels et une certaine admiration existait de part et d’autre qui conduisit parfois à des alliances.
Plekhanov estimait que l’UPR comptait 80% de prolétaires dans ses rangs et qu’ils « deviendraient des participants ardents du mouvement révolutionnaire ». Peter Struve affirmait que l’UPR était un parti socialiste révolutionnaire. Au congrès du Parti social-démocrate de 1907, Pokrovsky que l’on retrouvera dans la fraction bolchevique extrémiste « En avant » insista sur les côtés positifs de l’UPR. Lénine, tout d’abord réticent sur ces positions, fut ensuite convaincu de leur bien fondé par Maxime Gorky qui, des 1905, se répandait en louanges sur les Centuries noires dans sa correspondance.
Du côté de l’UPR, celle-ci fit voter à de nombreuses reprises pour les futurs communistes afin de faire échec aux libéraux. Pour un des dirigeants des Centuries noires, Apollon Maikov, celles-ci « poursuivaient les mêmes objectifs que les révolutionnaires, c’est à dire l’amélioration des conditions de vie. (…) Les constitutionnalistes appellent les révolutionnaires armés les révolutionnaires de gauches, et les Centuries noires les révolutionnaires de droite. De leur point de vue cette définition a une certaine légitimité… Car tous nous pensons que la forme constitutionnelle du gouvernement amène la domination totale du capital, et dans de telles conditions que le pouvoir sera exclusivement aux mains des capitalistes, qui n’en tireront avantage que pour eux-mêmes pour opprimer et exploiter la population ». Un autre dirigeant de l’UPR, Viktor Sokolov accusait la bureaucratie dirigeante de vouloir inciter les Cents noires « à lutter contre les éléments révolutionnaires de gauche, et ainsi à affaiblir les deux parties par cette lutte ».
Cela fit qu’à partir de mars 1917, il se trouva des membres de l’UPR pour rejoindre le parti bolchevique ou pour travailler pour lui. Ainsi vit-on certains journaux des Centuries noires réclamer la dictature du prolétariat, le chef des étudiants de l’UPR à Kiev, Yuri Piatakov, devenir une des têtes de l’extrême-gauche bolchevique, des militants moins connus devenir responsable de soviets ou s’engager dans la tchéka, tandis que de nombreux autres devenaient des cadres importants de l’Église Orthodoxe inféodée au régime (le chef de l’UPR de Tiflis devint ainsi le métropolite Varfolomei et décéda de mort naturelle, à 90 ans, en 1956).
2 – La période de l’exil et l’espérance du retour (1917-1941)
Cela étant dès la Révolution de 1917, ainsi que tout au long de la guerre civile et après l’échec des armées blanches, plusieurs millions de Russes choisirent de s’exiler. Pour la plupart, ils s’intégrèrent mal dans leurs pays d’accueil et ils continuèrent de mener une vie culturelle, intellectuelle et politique toute entière tournée vers leur nation d’origine. Si la majeure partie de ces exilés étaient issus de courant politiques modérés de droite et de gauche auxquels ils restèrent fidèles, certains d’entre eux adoptèrent des positions plus radicales.
Cinq courants apparurent ainsi : les jeunes Russes, les eurasistes, les fascistes, les solidaristes dont nous traiterons dans la partie 3 et les nationaux-bolcheviques.
En février 1923, Alexandre Kassem-Beg, un jeune aristocrate, issu d’une famille persane convertie à l’orthodoxie et russifiée au XIXe siècle fonda, à Munich, le mouvement des Jeunes Russes. Admirant dès leur création Mussolini, les Jeunes Russes se reconnurent ensuite dans l’action d’Adolf Hitler et … de Josef Staline. Ce dernier, à leurs yeux, devait être soutenu car il avait mis un terme à l’anarchie révolutionnaire, avait rétabli l’autorité de l’exécutif et donné congé à l’internationalisme. Ceci fait que ce mouvement estimait que l’ancien régime ne devait pas être restauré, car il avait été rongé de l’intérieur par la décadence et le bourgeoisisme, mais remplacé par une monarchie totalitaire de type nouveau qui devait accepter les nouvelles institutions soviétiques. Ces idées en apparences paradoxales, synthétisées dans le slogan « Le Tsar et les soviets », eurent cependant un important impact dans l’immigration et le prétendant au trône leur montra une certaine sympathie tandis que deux grands-ducs rejoignaient les rangs des Jeunes Russes.
Courant plus intellectuel que militant, l’eurasisme fut avant tout un mouvement hostile à l’Occident qui eut comme but de mettre un terme à l’hégémonie culturelle de celui-ci et qui lui opposait le « troisième continent », l’Eurasie, correspondant à l’Empire russe ou à l’URSS. De ce fait, quoique non marxistes, les eurasistes défendirent globalement la Russie stalinienne dans l’action de laquelle ils retrouvaient certaines de leurs thèses. L’Organisation eurasiste, structurée comme un ordre religieux, ne regroupa jamais plus d’une centaine de membres. La quasi-totalité de ceux-ci étant des intellectuels, cela explique qu’ils agirent comme un think tank : colloques internationaux, tournées de conférence, séminaires, publication de nombreux périodiques, revues et livres, etc. Créé au début des années 1920, l’eurasisme déclina dans les années 1930 et s’éteignit durant la Deuxième Guerre mondiale.
Il y eut dans l’émigration deux partis fascistes et un parti national socialiste.
En 1925, apparut en Mandchourie une Organisation fasciste russe qui devint, en 1931, le Parti fasciste russe sous la direction de Konstantin Rodzaevski, qui à partir de 1932 et jusqu’en 1945 collabora étroitement avec le Japon. Aux États-Unis, fut créée, en 1933, une Organisation fasciste panrusse par Anatole Vonsiatsky. Son activité fut principalement de type parodique (traduction en russe du Horst Wessel Lied, utilisation d’uniformes noirs, défilés paramilitaires, etc.). L’aventure se termina, en 1942, avec l’arrestation de Vonsiatsky par le FBI et sa condamnation à cinq années de prison au motif qu’il était un agent de l’Allemagne.
Quelques jours après l’accession au pouvoir d’Adolf Hitler, un petit groupe d’immigrés russes de Berlin annonça la création du Mouvement de libération national-socialiste russe. Il organisa, le 22 septembre 1933, une conférence mondiale des organisations fascistes russes avec les Jeunes Russes et l’Organisation fasciste panrusse. Cet activisme trop voyant déplut au gouvernement du Reich qui ne voulait pas s’aliéner l’URSS et, dès le 24 septembre, le MLNSR fut interdit.
Walter Laqueur souligne dans son livre Black Hundred un fait extrêmement signifiant : si aucun dirigeant mencheviques ou socialistes-révolutionnaires ne fit le choix de rentrer en URSS après la victoire finale des bolcheviques, il n’en fut pas de même des leaders des blancs les plus radicaux. Ainsi Alexandre Kassem-Beg et plusieurs dirigeants eurasistes choisirent-ils de « rentrer au pays », tandis que Konstantin Rodzaevski reconnut publiquement, en 1946, que Staline était le chef qu’il avait toujours souhaité, estimant que « le stalinisme est exactement ce que nous nommions le fascisme russe. C’est notre fascisme russe sans nos illusions et nos erreurs » et il souhaita « la victoire de l’éclairante idée stalinienne ». Ceci n’est pas neutre et montre que certains radicaux de droite russes percevaient avec une extrême acuité la concordance de leurs idées avec celles développées par Staline et ses acolytes. Ils avaient été précédés en cela par le fondateur du national-bolchevisme russe : Nikolai Ustrialov.
Dès l’été 1918, réfugié en Chine, Ustrialov critiquait les forces contre-révolutionnaires comme trop liées aux intérêts étrangers. En novembre 1920, il se déclara national-bolchevique et fonda une revue pour défendre ses thèses. Son influence fut immédiatement très grande dans l’émigration, des conférences nationales-bolcheviques eurent lieu à Paris, un bulletin Smena Vekh (Changement de jalons) parut à Prague, un quotidien Nakanune (À la veille de) fut publié à Berlin et un groupe militant important se structura en Bulgarie (son chef fut d’ailleurs aussitôt assassiné par les Blancs). En Russie même, les écrits d’Ustrialov ne passèrent pas inaperçus, et tant Lénine que Staline apprécièrent ses thèses, au point que Trotsky s’écria lors de son expulsion d’URSS « C’est la victoire d’Ustrialov ».
D’un point de vue théorique, Ustrialov qui pensait en termes de mesure de puissance affirmait « Seul un État physiquement puissant peut posséder une grande culture. Les petites puissances peuvent, par nature, faire preuve d’élégance, d’honorabilité, voire être héroïques, mais elles sont organiquement incapables de grandeur ; cela requiert un grand style, une protection à grande échelle de pensée et d’action ». Il considérait aussi que : « Le gouvernement soviétique s’efforce par tous les moyens de réunifier les territoires périphériques avec le centre, au nom de la révolution mondiale. Les patriotes russes luttent pour atteindre le même objectif au nom de la grande Russie indivisible. En dépit de toutes les différences idéologiques, les uns et les autres suivent pratiquement le même chemin ».
3 – La période de la guerre patriotique et du stalinisme finissant (1941-1960)
Le déclenchement de l’opération Barbarossa par l’Allemagne va partager les eaux au sein de la droite radicale Russe et le choix qui sera fait est un choix géopolitique qui peut être résumé à deux questionnements :
Doit-on soutenir, même avec des pincettes, l’Allemagne NS ou doit-on soutenir son pays bien qu’il fut bolchevique ?
Doit-on, de plus, si on fait le choix de l’Allemagne, accepter l’idée d’un démembrement de l’URSS et soutenir la thèse du soulèvement contre la prison des peuples ?
Alors que les groupes signalés dans la partie précédentes, à l’exception des nationaux-socialistes, vont soutenir l’URSS, plus ou moins tardivement, il va se trouver un mouvement, le NTS qui va prendre à la fois le parti de l’Allemagne même s’il est antinazi et du dépècement de l’Empire.
Quand la guerre éclate, il existr déjà depuis dix ans. En effet, c’est en 1930 que fut fondé le Natsionalniy Trudovoi Soyouz (Fédération nationale du travail) mouvement qui eut une existence très longue puisqu’il perdura jusqu’aux années 1980. D’inspiration solidariste et chrétienne-orthodoxe, il avait comme objectif de poursuivre le combat pour l’« idée blanche » sous une autre forme, adaptée aux plus jeunes générations. Le NTS ne s’aligna jamais idéologiquement sur les fascismes européens ou sur le national-socialisme, sa dimension religieuse le rapprochant davantage du corporatisme catholique autrichien ou du salazarisme portugais. Bien que réprimé dans l’Allemagne nationale-socialiste, il joua cependant un certain rôle dans la création de l’Armée Vlassov.
C’est le nom que l’on donne à l’Armée de libération de la Russie qui fut créée par le général de l’Armée rouge Andreï Andreïevitch Vlassov (qui commandait la deuxième armée soviétique quand il fut fait prisonnier le 12 juillet 1942) afin de rassembler dans une même unité les différents groupes de soldats russes combattant aux côtés des troupes allemandes.
Ce n’est qu’à l’automne 1944 qu’Adolf Hitler, qui ne faisait pas confiance aux généraux soviétiques retournés, autorisa sa création. Elle fut renommée officiellement Forces armées du Comité pour la libération des peuples de Russie le 14 novembre 1944, lors d’une réunion à Prague.
Ce qui est important à noter ici, c’est bien entendu le corps de phrase « libération des peuples de Russie » qui est une conception ethnique et anti-impériale.
Après la guerre, le NTS, restant sur ces bases d’alliance avec les ennemis extérieurs et intérieurs, de l’URSS continua le combat et il ne cessa jamais de mener des actions de propagande au sein même de l’URSS. Dans le même temps, il développa des thèses de «troisième voie», cherchant à dépasser le marxisme et le capitalisme. De ce fait, le NTS eut une grand influence sur certains mouvements européens des années 1970-1980 qui lui empruntèrent son logo (le trident) et nombre de ses thèses idéologiques.
Cela étant, le NTS va être jusqu’aux années 1980 la seule organisation de la droite radicale russe de l’immigration, malgré ses prétentions il n’aura aucune influence à l’intérieur du pays et le renouveau qui va s’y produire à partir de 1960 sera spontané.
4 – La période du renouveau (1960-1991)
Le premier groupe clandestin d’inspiration nationale apparu en URSS fut inconditionnellement anticommuniste. Il s’agit de l’Union panrusse sociale chrétienne pour la libération du peuple, fondée au début des années 1960 à Leningrad par des professeurs et des étudiants du département des langues de l’Université et décimée par le KGB en 1967. En raison de son caractère secret et du fait qu’elle a été totalement anéantie, cette association n’a exercée pratiquement aucune influence concrète sur le mouvement néo-nationaliste futur.
Le programme de l’Union condamnait le communisme comme une religion nouvelle et fausse qui avait provoqué l’oppression et l’exploitation du peuple par la « nouvelle classe » que constituait la bureaucratie du parti. Une oppression considérée comme sans avenir, destinée à s’effondrer en raison même de sa violence et de sa fausseté. Mais en Russie l’État soviétique ne devait pas être remplacé – et tel est le trait saillant du programme de l’Union – par le capitalisme occidental, produit comme le communisme par une vision irréligieuse et matérialiste de la vie, mais par un nouvel ordre social chrétien. Un idéal qui s’enracinait non seulement dans Berdiaev, mais aussi dans Soloviev, Dostoïevski et dans la pensée slavophile du XIXe siècle.
Nourri de la tradition religieuse et philosophique nationale, l’Union fut le premier porte-parole, dans l’après-guerre, d’une voie évolutive autre, russe, religieuse, opposée aussi bien au laïcisme capitaliste occidental qu’au communisme athée oriental. Sous bien des aspects, cette position annonçait Soljenitsyne.
L’autre incarnation du nationalisme russe qui succéda chronologiquement à l’Union fut le chalmaevisme, du nom de Victor Chalmaev, auteur de deux articles parus en 1968 dans la revue Molodaïà Gvardïà et exposant une orientation violemment nationaliste, anti-occidentale et antisémite, orientation que les idéologues officiels réduisirent rapidement au silence.
L’idée-force du chalmaevisme consistait à affirmer qu’il y avait une continuité organique entre la Russie prérévolutionnaire et l’Union soviétique, l’une et l’autre étant des créations historiques du peuple russe. Tout en acceptant pour cette raison le système soviétique, le chalmaevisme estimait que le sens des affrontements politiques contemporains résidait, non dans l’opposition entre capitalisme et socialisme, mais dans l’opposition entre l’esprit russe et le « nihilisme bourgeois cosmopolite ». Cette opposition se vérifiant bien sûr en URSS et voyant s’affronter, d’un côté le « peuple », de l’autre les « petits bourgeois » et les intellectuels cosmopolites, généralement juifs. Les juifs, précisément, seraient parvenus, dans les années 1920 à étouffer l’esprit national du peuple russe, avant d’être vaincus par le tournant dans un sens « byzantin » imposé par Staline à la politique soviétique.
Bien qu’inconciliables avec l’idéologie officielle, ces idées ne valurent à leur porte-parole ni prison ni exil parce qu’elles étaient compatibles avec le régime soviétique et évidemment appréciées par quelques-unes des sphères de ce pouvoir.
La diffusion progressive de ces idées et la tolérance grandissante de certaines fractions du parti envers elles sont attestées par le phénomène Veche (L’Assemblée), une revue nationaliste ayant choisi l’opposition ouverte. Pendant quatre ans, Veche fut distribuée pratiquement sans problèmes et si elle finit par disparaître, ce fut plus en raison de désaccords internes qu’à cause de l’intervention du KGB.
Veche poursuivit le travail de diffusion de la pensée conservatrice du XIXe siècle : Chomyakov, Leontiev et surtout Danilevski, dont elle reprit la thèse sur l’absolue nécessité, pour la Russie, de s’isoler rigoureusement de l’« Occident agonisant ». On relève aussi dans cette revue une profonde aversion mêlée de crainte pour la Chine. L’idée principale est que l’isolement aurait des conséquences positives sur la Russie, qui pourrait redécouvrir ainsi ses capacités créatrices, infinies et encore intègres, et revitaliser ses racines orthodoxes et paysannes.
Ce programme de renaissance grâce au recouvrement de l’identité nationale ne représente cependant qu’un aspect de la problématique de Veche. Ailleurs, la volonté de fondre le marxisme-léninisme avec l’orthodoxie se combine de manière agressive à l’hostilité envers l’élément judaïque, « porteur en Russie de la maladie dont est en train de mourir l’Occident ». La Russie est destinée à devenir le guide du monde futur, mais elle doit d’abord résoudre ses problèmes internes : « Actuellement, une même tâche s’impose dans tous les domaines de la vie du peuple russe : repousser l’assaut des éléments sans racines et cosmopolites, refuser les formes occidentales, étrangères à son âme, qui ont été imposées au peuple, et revenir à nos anciennes fondations russes en assurant le développement ultérieur ».
Les articles de Guennadi Chimanov, principal idéologue du Moskovski Sbordnik (Recueil de Moscou) – c’est-à-dire de l’organe samizdat qui tenta, après la disparition de Veche, de se mettre à la tête du mouvement nationaliste dissident – se situent eux aussi dans cette perspective anti-occidentale, antichinoise et antisémite.
Le programme de Chimanov se distingue surtout par la clarté avec laquelle il renonce à toute aspiration à la liberté sociale et politique et accepte le traditionnel despotisme des gouvernements russes, pré et postrévolutionnaires, comme le prix inévitable que le peuple russe doit payer pour réaliser son grand destin historique. Les rêves impériaux, la suggestion de l’idée de Moscou comme « Troisième Rome », l’emportent chez lui sur toute autre considération. La structure autoritaire de l’État léniniste peut très bien remplir cette tâche, pourvu qu’elle retourne consciemment à l’idéal national et retrouve ainsi le soutien du peuple russe.
À la fin des années 1970, toutes ces idées qui s’étaient répandues sous le manteau vont donner naissance à un noyau d’intellectuels, d’artistes et d’écrivains, qui constitueront les rédaction des journaux Nach Sovremennik (Notre contemporain) ; Molodaïa Gvardïa (La Jeune garde) et Moskva (Moscou) et qui répandirent les idées du néonationalisme russe en s’opposant vigoureusement à la ligne officielle du parti et en particulier aux revues les plus engagées dans le sens libéral et occidental comme Ogoniok (La Flammèche).
C’est surtout Nach Sovremennik qui apparaît comme l’organe du nationalisme russe renaissant. Font partie de la rédaction de cette revue quelques-uns des plus célèbres écrivains soviétiques, comme Astafiev, Raspoutine, Belov et Bondarev, qui sont des représentants majeurs de la littérature ruraliste.
C’est en lisant Nach Sovremennik qu’il était le mieux possible de comprendre le néonationalisme russe et ses rapports ambigus avec le pouvoir soviétique.
En effet, la plus grande inconnue du néonationalisme russe concernait ses rapports avec le pouvoir et l’idéologie officielle. Ses représentants se disaient fidèles à la révolution et au pouvoir soviétique, mais déploraient qu’à partir des années 1920 la tradition et l’identité même du peuple russe aient été combattues au nom d’un internationalisme artificiel et niveleur, imposé surtout selon eux par la fraction juive de la classe dirigeante au sein du parti. À l’égard de Staline également, leur position était complexe. Les accuser de stalinisme n’a pas de sens : ils rejetaient simplement l’expédient commode qui consiste à mettre sur le compte de Staline des responsabilités bien plus vastes que les siennes. Selon leur analyse, Staline ne fut qu’un fidèle exécutant des plans criminels élaborés par Boukharine et Trotski, plans opposés aux orientations léninistes.
Les partisans du néonationalisme russe souhaitaient une réconciliation du marxisme-léninisme avec la tradition culturelle russe, l’orthodoxie en premier lieu, mais aussi avec les penseurs religieux, tels Chomiakov, Leontiev, Soloviev, Berdiaev, etc. Les néo-nationalistes s’efforçaient de sauver culturellement et de restituer à la nation le patrimoine artistique et architectural russe quasiment anéanti par des décennies d’incurie et de destruction délibérée, en s’associant pour ce faire à la Société panrusse pour la conservation de la culture ancienne.
Et c’est des groupes locaux de celle-ci que va naître le mouvement Pamyat (dont le nom mémoire est signifiant) qui deviendra par la suite le Front national patriotique de Russie.
On a écrit en France beaucoup de mal sur Pamyat sans le connaître la plupart du temps parce que ses textes n’étaient pas accessibles.
C’est un groupe critiquable, il a bien des aspects parodiques, il est très antisémite ce qui correspond bien à l’époque, mais ses thèses sont beaucoup plus profondes et intéressantes qu’on ne pourrait le croire et il proposait ainsi de lutter contre les agents de l’Occident russophobes a l’action en URSS considérés par lui comme les responsables conscients de la situation tragique du peuple russe sur les plans spirituel, politique et économique. Le salut de celui-ci ne consistait pas, à son avis, à abandonner le régime soviétique ou l’idéologie marxiste-léniniste, mais à lutter contre tout ce que l’élément cosmopolite représentait : déracinement national et culturel, nihilisme spirituel et aventurisme politique. Il s’agissait donc pour Pamyat de revenir aux racines de la conscience nationale pour permettre au peuple russe de saisir le sens de son destin dans l’histoire universelle. Ni l’internationalisme ni le libéralisme occidental ne pouvant ouvrir la voie de la renaissance nationale.
À la fin des années 1980, Pamyat fut soumis à une répression relative et surtout à des dissensions internes. Il éclata alors.
Il est à l’origine d’une partie des groupuscules qui luttent en faveur d’un nationalisme ethnique. Quand on lit ses programmes, il est bien évident qu’il défend la nation russe et les russes de souche. Cependant, certaines de ses sections, principalement celle de Moscou, à laquelle appartinrent Alexandre Douguine et Gaydar Jemal, défendirent un nationalisme étatique et acceptèrent en leur sein des non-Russes.
Et Soljenitsyne se demandent sans doute certains d’entre vous ?
Bien que présenté dans les années 70/80 comme campant sur les mêmes positions que les droites radicales russes par de nombreux représentants de la culture libérale et démocrate russe, Soljenitsyne condamnait, quant à lui, le système soviétique avant tout d’un point de vue religieux et non pas national. La révolution communiste, disait Soljenitsyne, a été antirusse parce qu’elle était anti-religieuse. C’est pourquoi aucun accord n’est possible avec le régime soviétique, pas même au nom de la grandeur nationale russe, sans un vrai retour à la tradition christiano-orthodoxe. Avant d’être russe, Soljenitsyne était chrétien. Pour lui, l’orthodoxie était vérité en elle-même, et non parce qu’elle est le patrimoine historico-culturel du peuple russe. Ces positions firent que des radicaux comme Chimanov l’accusèrent d’être, au fond, un libéral, et que Pamyat se déchaîna contre lui l’accusant d’être antisoviétique, russophile et sioniste.
5 – La période contemporaine
On peut la diviser en deux sous-périodes.
Une première, mouvementiste, qui va de 1991 à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en janvier 2000 et une seconde groupusculaire qui n’est pas close.
La décennie 1991-2000, c’est une décennie noire pour la Russie. C’est tout d’abord la fin de l’URSS comme puissance internationale, puis comme entité politique.
Les premières élections libres ont lieues et les partis politiques sont autorisés en 1990.
Au cours de l’automne 1991, les républiques constituantes de l’URSS proclament, l’une après l’autre, leur indépendance sans que le président soviétique Mikhaïl Gorbatchev ait la capacité ou la volonté de s’y opposer. Le 25 décembre, il démissionne de son poste de président de l’URSS, après que Eltsine ait proclamé, lors d’une séance au parlement, la dissolution de l’Union soviétique et l’indépendance de facto de la Russie, qu’il dirige désormais.
Les biens nationaux et les terres sont privatisées, dans des conditions souvent obscures, le fonctionnement de la société russe qui a dû abandonner le socialisme est profondément bouleversé et mène à l’enrichissement d’une minorité d’oligarques et à une chute catastrophique du niveau de vie des citoyens. Le PIB est divisé par deux en quelques années, l’inflation est de 1 000 %, le chômage est exponentiel, etc.
Tout cela est une période très favorable à une montée en puissance de mouvements contestataires très importants et très confus, puisque c’est l’époque où l’on voit communistes et nationalistes cohabiter dans les manifestations ou participer en commun à la défense du Parlement en octobre 1993. Le mouvement nationaliste radical de l’époque le plus actif est le Parti de l’unité nationale d’Alexandre Barkachov, une dissidence de Pamyat, aussi parodique que dépourvu d’intérêt puisqu’elle n’hésite pas à utiliser la croix gammée comme insigne. Ce parti annonce les groupuscules actuels, mais le nombre très important de ses membres – sans doute plus de 50 000 – lui donne au début de la décennie une importance politique non négligeable. En matière électorale, le Parti libéral démocrate de Jirinovski que l’on peut qualifier de national-populiste obtient 23% aux élections de 1993 et il fut durant toute cette période une force très importante. Si on excepte le côté un peu excessif de son leader, sa pensée géopolitique est tout à fait intéressante et elle est dans la tradition du nationalisme étatique puisque le PLD est favorable à une reconstitution de l’URSS, à une politique anti-américaine agressive, et à une marche vers le Sud. Les excès verbaux de Jirinovski la teinte malheureusement d’un certain racisme grand russe mais c’est grâce au PLD, par exemple, qu’Alexandre Douguine fut nommé conseiller du président de la Douma en matière de politique étrangère, ce qui n’est pas rien.
Il y a aussi, à ce moment là un phénomène très intéressant à noter, c’est la création en juin 1990 du Parti de la renaissance islamique qui fut le premier mouvement islamiste de type officiel à apparaître en URSS. Il s’organisa à un niveau transnational et mit en place des sections « régionales » dans les républiques de la Fédération de Russie et de la CEI. L’histoire de sa création est particulièrement atypique. Elle est en effet liée à une étrange conjonction, d’un côté la découverte à la fin des années soixante de la pensée des traditionalistes européens René Guénon et Julius Evola par des intellectuels contestataires moscovites, de l’autre l’apparition au Daghestan de groupuscules de jeunes en rupture avec le soufisme. Ahmad Aktaev, fondateur d’une Jamâ’at al-muslimîn au Daghestan en 1989, incarne ceux-ci, tandis qu’un azéri laïc, Geydar Jemal est représentatif de la première tendance, puisqu’il se convertit à l’islam sous l’influence de René Guénon. Cela ne l’empêcha pas de militer dans les rangs de Pamyat puis d’être, avec Aktaev, un des membres fondateurs du Parti de la renaissance islamique. En ayant été nommé le porte-parole, Geydar Jemal l’entraîna alors, logique avec son engagement politique passé, dans une alliance avec les forces « nationales-patriotiques » nostalgiques de l’URSS au nom d’une lutte de civilisation entre le bloc atlantique (les USA) et le bloc continental (l’Eurasie), et dans un esprit nationaliste eurasien. Ces idées n’étant pas acceptées par tous les dirigeants de l’organisation, et la direction moscovite du PRI étant hostile à l’indépendance des républiques de l’URSS, le Parti de la renaissance islamique éclata en 1996. Geydar Jemal fut mis de côté et le nouveau leader du parti, Veliahmet Sadur, opta pour un prosélytisme islamique doublé de la constitution d’un groupe islamique à la Douma tandis que certaines sections « régionales » prenaient leur indépendance.
La période groupusculaire est liée à l’arrivée au pouvoir de Vladimir Poutine en 2000. Il se donne pour objectif de rétablir le fonctionnement de l’État et de l’économie par le biais d’un régime présidentiel fort. Très populaire dans le pays, il redonne pour partie à la Russie un rôle de premier plan sur la scène internationale.
La conséquence directe de cela va être que avec moins crise économique et sans humiliation nationale, la protestation mouvementiste va cesser d’avoir une véritable raison d’être. De plus, de manière très intelligente le régime poutinien va intégrer ses possibles adversaires. Si le PLD se maintient à un score élevé (8.80 lors des législatives de 2007 et 9,40 lors des présidentielles de 2008), le Kremlin va le doter pendant un temps d’un challenger de droite, représentant plutôt le nationalisme ethnique russe, le parti Rodina créé pour les élections législative de 2003 (9,2% – à la même élection le PLD fait 12%) mais interdit d’élection en 2005 pour racisme et dissout en 2007. [Dimitri Rogozine = OTAN, Natalia Narochnitskaia = Institut pour la démocratie et la coopération à Paris] Dans le même temps, la jeunesse d’orientation nationale est canalisée dans les Nashi, une structure qui développe un nationalisme non pas Russe mais fédéral et un intellectuel de premier plan comme Alexandre Douguine, est nommé enseignant de géopolitique à l’université Lermontov de Moscou, un poste qui lui permet de développer sa vision de l’eurasisme, une idéologie impériale et étatique, un nationalisme géopolitique qui refuse les clivages raciaux et religieux et qui prône une quasi mystique de l’Etat.
Cela a comme conséquence qu’il ne reste plus sur le bord du chemin que des groupes parodiques et manipulés comme le prouve « la marche russe » qui se déroule chaque année en octobre.
Les partis qui l’organisent défendent un nationalisme ethnique qui s’oppose au nationalisme d’État, de type soviétique, de la Fédération de Russie. C’est ainsi que les membres du Mouvement contre l’immigration illégale ne luttent pas contre une immigration africaine ou asiatique mais contre les mouvements de population internes à la Fédération de Russie. Ainsi, ils considèrent les ressortissants des républiques du Caucase ou de Sibérie comme des « immigrés ». Une situation aussi absurde que si des nationalistes français organisaient un mouvement d’opinion pour lutter contre l’immigration corse, flamande, basque ou alsacienne à Paris !
Les partisans du Nouvel ordre mondial ont bien compris l’intérêt de ces groupes qui sont de nature à créer des divisions et des affrontements au sein de la Russie et donc de l’affaiblir. De plus, leurs provocations et leurs comportements parodiques, leur singerie du nazisme et leurs lynchages d’étrangers, sont médiatiquement instrumentalisables pour nuire à image de marque de la Fédération de Russie, sur l’éternel thème du pays qui tolère le racisme et la renaissance de l’antisémitisme. Cela fait que ces mouvements, très provocateurs dans leur apparence et leur discours, bénéficient de soutiens qui semblent, à premier abord, paradoxaux.
A Moscou, c’est un secret de polichinelle que l’oligarque exilé en Grande-Bretagne, Boris Berezovsky, qui finance une grande partie de l’opposition démocratique au Kremlin, finance aussi, en sous main, ces mouvements fascistoïdes et racistes. Il est aussi signifiant le maximum de battage médiatique autour de la « marche russe » soit fait par la chaîne de télévision REN TV dont les journalistes ont toujours présenté avec sympathie l’initiative et ses organisateurs. Or REN TV ; est une télévision privée d’orientation libérale, ouvertement anti-poutine et anti-kremlin, dont le capital est, comme par hasard, majoritairement non-russe.
Quant au Parti national bolchevique d’Edouard Limonov il a suivit une voie différente s’intégrant au mouvement l’Autre russie de Gary Gasparov et se reniant en devenant plus ou moins le relais militants des oligarques en exil.
Ces deux comportements ont été la cause de l’apparition d’un néologisme politique : le mouvement orange-brun !
Conclusion
Peut-on tirer quelques enseignements pour notre combat au quotidien de la situation en Russie ?
Au niveau de la pratique nullement car elle relève de coutumes et d’habitudes politiques totalement étrangères aux nôtres. Par contre, au niveau théorique, on peut transposer le nationalisme soviétique au nationalisme français et l’ethnicime russe à l’identitarisme régionaliste, dans les deux cas les conséquences sont les mêmes et elles sont nuisibles. Mais, je l’avoue, ceci est marginal par rapport à mon propos et nous n’avions pas besoin de l’exemple russe pour nous en rendre compte.
Je pense par contre que ce qui se passe en Russie doit nous renforcer dans l’idée que la géopolitique est le déterminant le plus importante et que, pour reprendre Nietzsche, « Il n’est de grande politique que la politique étrangère. » C’est en effet elle qui définit notre présent et notre futur.
Donc, et c’est une chose que j’avais déjà développé lors de la seconde UDT d’Égalité et réconciliation, c’est la raison qui doit nous orienter dans le choix de nos relations internationales et non pas la passion ou la sympathie.
Or à ce jour, le mouvement national français dans son approche de la Russie est soit incohérent soit à côté de la plaque.
Je ne vais pas ironiser sur les thèses de l’Eurosibérie de l’ivrogne Faye, ni sur les liens qu’entretien à Moscou Terre et peuple avec Pavel Toulaev, où sur les colloques ineptes d’Euroruss. Tout ceci relève de la parodie, pas de la politique. Par contre je vais m’inquiéter des choix fait par Bruno Gollnisch. Prendre comme allié dans l’ex-URSS, Svobada, c’est montrer très clairement que l’on est géopolitiquement du côté de ceux qui veulent dépecer la troisième Rome. C’est dramatique, car c’est se fermer toutes les portes à Moscou et c’est de plus prendre une position en totale contradiction avec celle, plutôt eurasienne, de JMLP et de Marine faites lors de la convention d’Arras en 2009, mais par contre en parfaite syntonie avec la satisfaction récemment manifestée lors du succès du Tea Party aux USA.