L’Europe aspire à l’Empire » (Jean-Louis Feuerbach)
PROLEGOMENES
Quiconque connaît l’histoire, sait que les empires ont joué un rôle essentiel dans l’évolution de l’humanité. Entre 50 et 200 ap. J.C.; en effet, quatre empires englobaient l’ensemble du monde civilisé : Rome, les Parthes Arsacides, le Kouchan et l’Etat des Han orientaux formaient un chapelet ininterrompu de la Grande-Bretagne à la Mer de Chine, autour et autour duquel ne vivaient que des barbares.
Ainsi un historien tel que Toynbee, dans sa « Grande Aventure de l’Humanité », voulait montrer comment nous sommes peu à peu passés d’une ère des civilisations locales (qui étaient le plus souvent des empires) à un ensemble universel, comment l’oekoumène a fini par recouvrir la terre entière. Il présente d’abord les premières civilisations, isolées et presque sans contact entre elles. Ensuite, il montre comment les empires, en expansion, se touchèrent et donc s’influencèrent mutuellement. Le processus prit de l’ampleur jusqu’aux Temps-Modernes au cours desquels toutes les civilisations furent reliées. L’Empire fut donc le principal agent de diffusion des civilisations(1).
Le sociologue et historien Wallerstein, pour sa part, oppose, sur un autre plan, les empires, unifiés politiquement, aux « économies mondes » qui surplombent un ensemble d’Etats de forces diverses, telle la Méditerranée du VIIe au IIe siècle av. JC avant son unification par Rome ou celui, postérieur mais qui couvrait le même espace, auquel Fernand Braudel consacra son maître ouvrage(XIVe-XVIe ap. JC). Avant les Temps-Modernes, la plupart des économies mondes se muèrent soit en empires, soit furent phagocytées par l’un d’eux. Au contraire, le capitalisme, aboutissement des économies mondes, se maintient depuis cinq siècles parce qu’il s’étend sur la presque totalité du globe : il « se fonde sur la prise en charge constante des pertes économiques par des entités politiques, tandis que le profit économique est distribué à des intérêts « privés »(2). » Le capitalisme surplombe tous les empires existants. Même l’URSS, qui tentait de s’y soustraire, devait en tenir compte. Il en concluait que seule l’instauration d’un empire universel socialiste pourrait mettre fin au capitalisme.
Le terme d’empire descend du mot latin imperium (l’autorité de commandement militaire, fût-ce par coercition que complétait la potestas, l’autorité par la force des valeurs). L’empereur cumulait un certain nombre de pouvoirs auparavant exercés par différents magistrats (les consuls, censeurs, tribuns, et le grand pontife) et octroyés à titre viager. Il était proclamé imperator par les soldats (le peuple en armes). Contrairement à l’imperium proconsulaire, celui de l’empereur était illimité dans le temps et l’espace et n’était subordonné à nul autre. Son pouvoir s’appuyait sur sa clientèle, sa fortune personnelle, le serment d’allégeance et son auctoritas (sa prééminence morale) (3).
Par la suite, lorsque l’hégémonie européenne s’étendit sur l’ensemble du globe, nous attribuâmes le nom d’empire à un certain nombre d’Etats, contemporains ou passés, qui présentaient des ressemblances avec ce que nous avions connu, à la manière des Grecs qui donnèrent aux dieux étrangers des noms issus de leur panthéon, quitte à commettre quelques imprécisions. Dès lors, certains auteurs distinguent deux sortes d’empires : la lignée européenne qui descend du principat et les « étrangers ». En fait, on pourrait également concevoir une lignée chinoise, une lignée des empires mésopotamiens etc…
Mais, délaissant les formes singulières, nous aborderons la figure de l’Empire en tant qu’archétype qui apparaît sans cesse sous des aspects renouvelés depuis l’aube de l’Histoire (4).
TYPOLOGIE
Comme l’historien du droit John Gilissen, nous distinguons deux acceptions du terme Empire: stricto sensu, il s’agit d’une forme de gouvernement dominé par la figure d’un autocrate arborant le titre d’empereur ou un autre équivalent (pharaon, grand khan, roi des rois…); lato sensu, l’Empire désigne métaphoriquement tout état vaste et puissant quel que soit son mode de gouvernement. Comme nombre d’empires stricto sensu n’ont pas mérité en permanence au cours de leur durée formelle le titre de grande puissance, il convient de diviser ces Etats en trois catégories :
– les empires lato sensu ou grandes puissances;
– les empires stricto sensu qui furent à un moment ou à un autre de leur histoire des grandes puissances;
– les empires stricto sensu qui demeurèrent ou devinrent des Etats petits ou moyens.
En conséquence, nous considérerons par exemple que la Rome républicaine entra dans la première catégorie après la seconde guerre punique et passa dans la deuxième sous Auguste. Quant à l’empire d’Occident finissant, il appartenait au troisième groupe.
A la différence entre empires stricto sensu et lato sensu se surimpose un classement par types dont le nombre et la nature des catégories varient d’un auteur à l’autre. Quoique la typologie des empires nous apparaisse secondaire, nous nous sommes livrés à un jeu logique. Pour notre part, nous procédons par une série d’antinomies : nous opposons les empires terriens ou continentaux aux empires maritimes; les empires centralisés aux plus lâches; les empires de longue durée, souvent liés à une dynastie ou une à une succession de dynasties; aux empires éphémères qui sont le plus souvent l’oeuvre de grands conquérants. Il en résulte huit associations possibles qui dessinent assez précisément les caractéristiques des différentes sortes d’empires:
1) terrestre/centralisé/éphémère. Exemple : Napoléon Ier
2) terrestre/centralisé/durable. Exemple : Rome du Bas-Empire
3) terrestre/décentralisé/éphémère. Exemple : de conquête
4) terrestre/décentralisé/durable. Exemple : l’Akkad de Sargon (- 2340), la Rome du Haut Empire
5) maritime/centralisé/éphémère. Exemple : le Japon au 20è siècle
6) maritime/centralisé/durable. Exemple : Athènes (- 479-404)
7) maritime/décentralisé/éphémère. Exemple : empire de Knut le Grand (1013-1033)
8) maritime/décentralisé/durable. Exemple : empires espagnols et portugais
Pour plus de précision, nous adjoignons aux classes précédentes deux sous-catégories. Parmi les empires de conquête, il nous semble qu’il faut distinguer ceux qui furent fondés par des peuples nomades. De même, nous séparerons les empires féodaux, comme celui des Plantagenet, des « terrestres décentralisés durables ».
Ce classement n’efface pas l’idiosyncrasie des empires, mais il permet d’entrevoir au travers de brumes foisonnantes de l’événementiel les contours imprécis d’une figure pérenne.
NAISSANCE
Les empires se forment le plus souvent sur le modèle fantasmé d’un de leurs prédécesseurs. L’archétype se reproduit dans l’histoire selon le mouvement que Spengler nommait la pseudomorphose. Pour les Européens, la notion d’Empire évoque nécessairement le principat romain. Du principat découle, comme une rivière jaillissant des montagnes, un cours ponctué d’empires (romain, byzantin, carolingien, SERNG, les deux empires bonapartistes, les tsars; on pourrait également reprendre comme exemple la succession des empires chinois)(5).
L’impérialisme est à la fois un caractère permanent de l’empire et la condition nécessaire de sa naissance. Il se manifeste sous deux formes. La plus courante, et de loin, est la puissance martiale, brutale. Un peuple impose sa domination à ses voisins. Mais, d’autres empires se sont formés plus pacifiquement par une sorte de synoecisme, tel celui de Charles Quint qui est plus le résultat d’une longue théorie d’alliances matrimoniales que de conquêtes.
Evidemment, la volonté de domination ne se réalise pas sans une supériorité, qu’elle soit technologique, organisationnelle, démographique, morale ou autre. Mais ces instruments dépendent à leur tour en partie de l’énergie qui les anime. L’homme invente pour asservir ses congénères ou la Nature. Mais si la volonté de puissance ne le dominait pas lui-même, il ne créerait point. Donc, l’impérialisme engendre les moyens de sa propre réalisation.
Même lorsque l’Empire se constitue par association libre, les volontés de puissance et d’extension n’en demeurent pas moins les prémices nécessaires : les hommes se regroupent pour se protéger mais surtout pour dominer.
La présence d’un péril favorise également la formation ou le maintien de l’Empire. Les peuples s’allient pour combattre un ennemi commun, mais surtout, il incite les anciens empires à maintenir et renforcer leur cohésion.
En désignant son ennemi, qui sera parfois un autre empire, il se définit négativement, il nomme ce qu’il ne désire pas devenir, il refuse que l’autre intervienne dans son domaine.
Soulignons que, contrairement au Grossraum schmittien, l’Empire ne se contente pas de refouler les interventions des puissances extérieures : il s’affirme lui-même prédateur !
Souvent le nom de l’Empire est attaché à celui de son fondateur. Il s’agit le plus souvent d’Etats dont les limites furent taillées à coup d’épées. Leurs noms évoquent de fantastiques mais brèves épopées. De grandes figures émergent aussi de l’histoire des empires qui se sont formés plus lentement ou qui n’étaient pas des monocraties. En effet, pour perdurer, l’Empire doit constituer une élite de gouvernement qui assure la continuité de sa politique.
Les empires sont souvent formés par des peuples qui ont atteint un moment de « puissance biologique ». Cette expression quelque peu romantique recouvre et exprime une conjonction extraordinaire et complexe d’éléments qui firent qu’à un moment, durant l’instant d’une génération, un peuple s’est trouvé doué d’une grande force d’expansion. Une partie de ces causes sont objectivables : une forte démographie, une technologie supérieure, des institutions adaptées à la situation… mais l’essentiel est subjectif et indicible : l’énergie, la foi dans la destinée, la conviction d’une supériorité raciale, culturelle ou religieuse. C’est ainsi que l’on vit le petit peuple macédonien conquérir l’immense empire perse ou quelques centaines de conquistadors abattre les nations Incas et Mayas.
Le besoin d’expansion économique apparaît à notre sens secondaire, car il découle de la volonté de dominer dont l’économique n’est qu’un aspect. Ceux qui ne veulent qu’amasser des richesses se détournent de l’Empire et investissent leurs efforts dans l’économie monde. Rappelons néanmoins que les empires continentaux recherchent l’autarcie ou du moins l’indépendance, tandis que les puissances maritimes développent le libre échange. Dans les deux cas, il s’agit néanmoins d’organismes politiques; au contraire, l’économie monde est économique, elle ne vise pas à gouverner mais à profiter.
EMPIRE ET ETAT
L’Empire et l’Etat sont frères mais ne sont pas jumeaux. L’Etat comme l’Empire établissent une nette distinction entre l’intérieur et l’extérieur, ils délimitent leurs territoires par des frontières et ne tolèrent aucune ingérence de puissances étrangères. Si l’Etat est une oeuvre de la Raison, l’Empire est le résultat de l’Histoire. L’Etat centralisateur combat toutes les sphères concurrentes : les libertés locales, les pouvoirs personnels, féodaux ou confessionnels. Il établit une Loi unique, valable en tous lieux qu’il contrôle. Pour l’Etat, la légalité prime la légitimité. Alors que les querelles de légitimité entrave le fonctionnement normal de l’Empire, elles ne gênent pas la bureaucratie de l’Etat qui fonctionne sur le mode légal. L’Empire diffère de l’Etat sur deux autres points essentiels : d’une part, il ne combat les privilèges et les coutumes que dans la mesure ou ils menaceraient son intégrité, s’il établit un droit public uniforme, il laisse aux peuples le choix de leur droit privé; d’autre part, l’Empire, contrairement à l’Etat, accepte que son autorité varie en intensité d’une contrée à l’autre (6).
Actuellement, le modèle étatique est suranné et ce pour un ensemble de raisons :
– le mythe de l’Etat se meurt, il n’est plus animé par la foi des révolutionnaires de 1789 et de leurs successeurs du 19è siècle;
– l’Etat s’émiette, les sphères de pouvoir et d’intérêt se multiplient;
– de ce fait, le contrôle du politique n’appartient plus à l’Etat, mais bien, à l’extérieur, aux organismes internationaux, aux forces capitalistes et aux grandes puissances; à l’intérieur, aux partis, aux groupes de pression; par là il perd sa raison d’être;
– l’Etat, dans ce monde sans confins, est devenu une entité trop petite (7).
L’Empire, par définition, ne reconnaît aucune autorité supérieure. Même dans le domaine religieux, il résiste au clergé comme le firent les gibelins. En effet, l’Empire participe aussi du sacré, quand l’empereur n’est pas lui-même dieu ! On attribue à Louis XIV le mot : « L’Etat, c’est moi ! », un empereur déclarerait « Dieu, c’est moi ! ». L’Empire ne tolère aucune ingérence de puissances étrangères, qu’elles fussent temporelles ou spirituelles, dans ses affaires internes ou sa sphère d’influence (les interventions des USA à Grenade ou au Panama poursuivent cette logique). Mais ce refus de la soumission à une autorité supérieure ou même égale ne suffit pas à légitimer la souveraineté. En effet, comme l’écrivait Julien Freund dans son maître-ouvrage : « est politiquement souveraine non point l’instance qui en principe n’est subordonnée à aucune volonté supérieure, mais celle qui se fait volonté absolue par domination de la concurrence . » En toutes circonstances, mêmes les plus désespérées, l’Empire prétend à la prépotence.
UNIVERSALISME ET CIVILISATION
Il vise l’hégémonie locale voire l’universalisme. Un empire sain veut étendre sans cesse sa domination et son influence. La volonté d’extension se manifeste de deux manières : soit l’empire contrôle un ensemble géographique vaste mais limité, soit il tend à l’universel. Je nommerais cette dernière catégorie « les empires messianiques », car l’idée de conquête mondiale est d’origine chrétienne.
En effet, ce fut l’école stoïque qui développa l’idée de l’universalisme de Rome, mais les philosophes la concevaient comme « l’ensemble de la communauté humaine qui participe à la Raison (oekoumène) », par opposition au monde barbare. En ce sens restreint, l’empire romain était bien universel. L’idée fut renforcée par le christianisme. Au quatrième siècle, il y avait identité entre les civilisations romaine et chrétienne. Dieu protégeait l’Empire. Peu sensible à l’universalisme romain, les barbares furent plus réceptifs à l’égard de l’universalisme chrétien. Au Moyen-Age, la coexistence de l’empire byzantin et d’un empire d’Occident constituait la négation même du principe d’universalisme romain. De plus, les possessions de Charlemagne n’englobèrent jamais l’ensemble des terres chrétiennes, en revanche le Saint Empire Romain de la Nation germanique débordait les limites du défunt empire romain. L’universalisme chrétien, compris comme « l’ensemble des Etats croyants », n’avait pas d’unité institutionnelle. Quant aux empires chrétiens aucun n’était ancré à Rome. La force de l’idée impériale résidait dans le caractère sacré que conférait l’institution, mais le sacre était octroyé par l’Eglise, alors qu’auparavant l’Empire était sacré en soi (8). Néanmoins, même s’il (pré)tend à l’universalité, l’Empire est toujours lié à un lieu. Comme tout ordre juridique, il est situé. L’Empire, avant d’être une idée, est un territoire. Sa propension à tracer des frontières en est la marque évidente et visible (9).
De surcroît, l’extension de l’Empire est corrélative à celle d’une civilisation. Nonobstant les peuples nomades qui, s’ils n’étaient pas porteurs d’une civilisation – bien qu’ils détinssent une culture – furent néanmoins les média entre des civilisations dont les frontières n’étaient pas mitoyennes : ainsi, l’empire de Gengis Khan relia l’Europe chrétienne, l’Orient, l’Inde et la Chine. L’Empire plus qu’un Etat est un état d’esprit. Il se conçoit comme un espace d’ordre et de raison entouré par les barbares. L’imperium permet la conquête, tandis que la potestas assure la conservation des territoires acquis. Si l’Empire impose le plus souvent son emprise par la puissance, il ne se perpétue qu’en incarnant une civilisation. Il se construit autour d’un mythe. Par là même, il fonde son identité et celles de ses peuples. Ainsi naît bientôt une communauté de culture et de destin (10).
L’Empire, qui comprend une multiplicité d’ethnies, est gouverné par une caste qui ne dépend pas du local. Sa bureaucratie est non héréditaire. C’est pourquoi le souverain s’entourait souvent d’eunuques privés de descendance ou d’affranchis entièrement dévoués à leur maître. Même les empires féodaux tentèrent de créer une élite de gouvernement non héréditaire : les premiers fiefs féodaux et les timars turcs ne relevaient pas du patrimoine familial, mais étaient concédés par le souverain en échange de services; dans l’empire carolingien, le serment vassalique (un lien personnel) renforçait l’allégeance à l’Etat (plus abstrait) sans s’y substituer (11). Cette élite de gouvernement sera la porteuse de la civilisation impériale.
Enfin, soulignons que le système impérial se concilie difficilement avec la démocratie, surtout parlementaire. Néanmoins, l’Empire n’est pas nécessairement une monocratie, une concentration des pouvoirs suffit (oligarchie, aristocratie, …).
ESPACE ET DUREE
Les dimensions de l’Empire sont difficiles à évaluer. Jean Thiriart remarquait que la taille minimale variait selon les époques. Les plus grands se traversaient en 40 à 60 jours de voyage. Le mode de transport détermine alors la grandeur (les messagers de l’empire Han atteignaient les confins de l’empire en 6 semaines, les marins de Charles Quint quelques semaines pour aller aux Amériques). Dès lors, minimum et maximum sont impossibles à fixer: les conquêtes mongoles et les possessions de Charlemagne portent le nom d’empire. Ils semblerait donc qu’il suffît d’être un Etat plus grand que les autres à une époque et dans une aire donnée pour mériter le titre d’empire.
Du fait de sa taille, l’Empire regroupe des peuplades diverses, ce qui incite le gouvernement au respect des particularités régionales et à la tolérance religieuse (la persécution des chrétiens est due à leur intransigeance et leur arrogance qui menaçaient l’ordre impérial). Mais, par un processus naturel, les cultures locales se déforcent peu à peu au profit d’une civilisation impériale éminente. L’Empire a besoin de s’étendre, mais il doit maintenir une certaine homogénéité : il englobe une multiplicité de peuples, mais ceux-ci doivent partager le plus grand nombre de valeurs communes : idéologiques, religieuses, institutionnelles ou linguistiques…
Evidemment, une unité religieuse, linguistique ou culturelle peut compenser en partie l’aspect composite de l’Empire. La culture impériale appartient souvent à – et est créée par – une élite de gouvernement (culture romaine, confucéisme…). Il existe au sein de l’Empire une tension perpétuelle entre les ethnies et l’Etat central. L’Empire survit tant qu’il maintient sa cohésion, la région tant qu’elle maintient son identité.
La notion de durée apparaît encore plus difficile à cerner. En effet, d’une part l’Empire se veut éternel; d’autre part, nombre d’empires se sont effondrés quelques années après leur naissance. Il s’agit particulièrement des empires constitués par de grands chefs de guerre et des peuples nomades (Alexandre, Gengis Khan, Tamerlan, Attila… ). La durée, en soi, n’a donc guère d’importance, elle est plus la marque d’une réussite qu’une caractéristique propre à l’Empire. Néanmoins, les lustres déterminent deux grands types d’empires : ceux qui n’ont pas eu le temps de se structurer et les autres. Certains parleront d’empires avortés, mais leur nombre et leur influence dans l’Histoire nous retiennent de les écarter.
MORT DE L’EMPIRE
D’après Wallerstein, la centralisation fait à la fois sa force et sa faiblesse, car d’une part elle permet d’attirer l’excédent de richesse vers le centre, mais d’autre part elle induit une certaine rigidité, un conservatisme qui peut aller jusqu’au refus de l’évolution technologique. L’appareil bureaucratique, lorsqu’il se sclérose, absorbe une trop grande part des sommes récoltées, le gouvernement perd alors la marge de manoeuvre qui lui est nécessaire pour réaliser ses objectifs politiques et stratégiques(12).
Pour Gilissen au contraire, les causes de la décadence de l’Empire sont à peu près les mêmes que celles qui président à leur formation.
En premier, il place le « recul de l’agressivité », ou, si l’on préfère, de l’impérialisme. Une suite de défaites militaires résultant d’un recul relatif de la technologie, de dissensions internes, de désordres administratifs ou de l’incapacité des chefs de guerre, conduisent l’Empire vers sa fin.
L’Empire mature tend par nature à demeurer sur la défensive. Alors, les conflits internes prennent souvent le pas sur les guerres avec l’extérieur.
Dans le cas des empires formés par rapides conquêtes, c’est souvent la mégalomanie du chef qui entraîne leur ruine; lorsque l’ambition dépasse les moyens. L’exemple d’Alexandre le Grand est typique. Son père, Philippe, se serait probablement borné à la conquête de l’Anatolie, de la Syrie et peut-être de l’Egypte, mais il n’aurait pas pénétré plus avant dans le coeur de l’empire achénémide. Ce faisant, son empire aurait été moins labile; il aurait compensé en durée ce qu’il perdait en espace. Mais, de fait, sans cette grande aventure, la culture hellénistique n’aurait pas atteint le bassin de l’Indus.
L’Empire souffre aussi souvent des guerres de succession. Soit l’Etat en sort affaibli, soit les héritiers se partagent les territoires (Charlemagne). De plus, aucune dynastie n’échappe à la dégénérescence génétique. Certains Etat pratiquent d’autres modes de succession, mais ils n’arrivent pas toujours à renouveler l’élite dirigeante.
Les peuples soumis se révoltent, soit parce qu’ils craignent que leur culture ne soit éradiquée au profit de la civilisation impériale ou de celle du peuple dominant dans l’Empire, soit parce que l’entretien de l’Etat central devient trop lourd par rapport aux services qu’il rend (maintien de l’ordre, justice, infrastructure…). L’Empire peut être ressenti comme « ethnicide ». L’Autriche-Hongrie et l’empire ottoman n’ont pas réussi l’assimilation des diverses nationalités qui les composaient, chacune des ethnies revendiqua la création d’un Etat-nation. Les empires coloniaux se sont désagrégés parce que la Métropole les exploitait sans guère de contre-partie (indépendance des Etats-Unis).
Durant sa phase descendante, l’Empire se féodalise souvent, mais ce n’est pas toujours un signe de décadence; on a en effet connu des empire féodaux.
Lorsque le peuple dominateur s’affaiblit, sa position privilégiée est contestée; s’il s’accroche à ses avantages alors qu’il n’est plus capable de remplir ses obligations, l’Empire se désagrégera. Mais, dans nombre d’empires, une certaine assimilation ayant été réalisée, l’ethnie dominante peut être remplacée par une ethnie concurrente ou par une caste cosmopolite entièrement dévouée à la cause de l’Etat fédéral.
Les désordres dans l’administration sont souvent évoqués comme cause de décadence de l’Empire, mais il nous semble qu’il s’agit plutôt de la conséquence des points précédents. Pareillement, le déclin économique s’explique le plus souvent par un recul technologique, des troubles intérieurs, une mauvaise gestion, un manque de dynamisme et souvent une bipolarisation de la société en une masse de serfs laborieux et quelques grands propriétaires, avec pour conséquence la disparition des hommes libres qui fournissaient les contribuables et les recrues pour l’armée.
EUROPE (13)
L’Europe a toujours été divisée linguistiquement et politiquement, mais elle partage un héritage culturel commun : les civilisations gréco-latine puis chrétienne. Le géographe Pieter Saey, qui a contribué à l’ouvrage collectif consacré aux grands mythes de l’histoire belge sous la direction d’Anne Morelli , refuse à l’Europe le titre de continent. Il conteste également que l’Europe soit un espace culturel unifié, car une culture supranationale resterait à créer. Néanmoins, il décèle quatre mobiles historiques qui ont favorisé l’émergence d’une conscience supranationale : la défense contre les Turcs (motivation qui pourrait revenir au premier plan sous la forme du fondamentalisme islamique), la domination d’une puissance sur les autres (le respect de l’équilibre européen), le maintien de la paix, et le besoin d’un élargissement du marché (qui est insuffisant en soi pour forger une idée européenne). L’auteur conclut : « La définition de celui-ci (=l’esprit européen) a varié en fonction des réalités que les auteurs avaient sous les yeux et n’a aucune pérennité. Pas plus que n’ont de continuité dans le temps les diverses définitions de l’Europe historique et géographique (14). » A l’appui de sa thèse, il propose une série de cartes qui dessinent les différentes formes que l’Europe a pu prendre au cours de son histoire. De fait, selon les époques envisagées ou les auteurs choisis, l’Europe change considérablement de taille et de forme : tantôt elle se réduit au monde de la Grèce classique, tantôt elle s’étend au monde chrétien ou englobe la civilisation celte… Par ces remarques, monsieur Saey espère empêcher qu’un mythe européen ne se substitue au mythe national, car il est vraisemblablement adepte de l’universalisme. Sa contribution clôture d’ailleurs l’ouvrage dirigé par Anne Morelli, ce qui n’est pas innocent (15).
Certains ne semblent pas vouloir comprendre que l’Europe et l’Empire sont des concepts dynamiques, qui ne possèdent donc pas de limites définitivement arrêtées. A la mutabilité de l’Europe dans l’espace, nous opposons la permanence de l’idée d’Empire dans le temps. Depuis la déposition de Romulus Augustule, Empire et Europe ne coïncident plus. Notre continent recouvrera sa puissance lorsqu’il aura à nouveau réalisé l’adéquation entre son territoire et sa civilisation.
« L’Empire n’est pas une démocratie » geindront d’autres bonnes âmes… En effet, comme le remarquaient déjà les philosophes des Lumières et les grands juristes du 17e siècle, la démocratie ne convient qu’aux petits Etats. Cela n’empêche pas qu’elle puisse exister au sein de l’Empire, au niveau local. Nous concevons aisément, au centre, un Etat puissant, aristocratique (au sens étymologique) qui se chargerait de la politique étrangère, de l’armée, des grandes orientations économiques… et, à la périphérie, des régions qui exerceraient les compétences d’enseignement, de culture et assureraient l’administration locale. De plus, comme l’écrivait Jean Thiriart, « La liberté (réelle et non pas formelle) est directement proportionnelle à la puissance de sa patrie ». Les citoyens d’une nation asservie sont des serfs, quelque soit son mode de gouvernement; ils ne sont pas francs si une puissance extérieure leur impose une manière de penser et d’agir.
NOS ENNEMIS
Demandons-nous plutôt, en dehors de toute considération morale, si l’Europe possède les moyens de la grandeur. En gros, nous pouvons avancer que les éléments déterminants sont la force militaire, le potentiel industriel ou la richesse, la population et la superficie. Quand on l’envisage comme un ensemble cohérent, l’Europe détient ces éléments. Seuls deux autres pôles jouissent d’avantages comparables : les Etats-Unis et le Japon (16) (et encore manque-t-il à ce dernier la superficie). La CEI est hors course pour longtemps et la Chine n’a pas encore atteint un degré de développement suffisant, mais, dans l’avenir, il faudra sans doute compter avec ces deux acteurs de second plan.
L’Empire européen, au sens lato-sensu, s’inscrirait logiquement dans la lignée romaine. Plusieurs menaces l’incitent à se former : les barbares (17) musulmans, les barbares mercantiles, et ses deux pôles concurrents. C’est seulement en nommant ses ennemis que l’Europe recouvrera son destin.
Les intégristes musulmans ne constituent pas encore un danger sérieux au point de vue militaire, mais ils représentent un facteur de troubles sur la façade sud de l’Europe et à l’intérieur même de ses frontières. Rappelons que les mouvements islamistes sont en partie financés par les Etats-Unis, notre autre ennemi.
Par « barbares mercantiles », nous désignons les spéculateurs internationaux, ceux qui jouent à l’économie casino, contre lesquels l’Europe devra se protéger.
Le Japon a accru son poids en s’associant au sein de l’ASENA aux « petits dragons asiatiques ». Mais l’ensemble manque de cohésion politique. On trouve ainsi parmi les membres de l’ASENA le Viet-Nam ex-communiste, qui, effrayé par le réarmement chinois, se cherche des alliés. Les petits pays membres se sont développés plus vite que le Japon qui a ainsi perdu sa prééminence absolue au sein de l’ASENA. Il est probable que le Japon tentera d’étendre son influence vers les steppes russes qui regorgent de matières premières. Il entamera alors une course avec l’Europe et peut-être la Chine dont l’attitude sera déterminante pour l’équilibre de la région. Va-t-elle concurrencer le Japon ou s’allier avec lui?
Les Etats-Unis présentent des caractéristiques singulières : ils ne se sont pas constitués au départ d’un groupe de communautés historiques, mais à partir d’un magma d’individus venus des quatre coins du monde. Leur culture résulte de la syncrèse de valeurs importées. Cette culture est considérée comme un objet commercial, un moyen de faire en sorte que l’autre finisse par leur ressembler en achetant leurs produits. Alors que l’Empire cherche la distinction, les Etats-unis visent l’assimilation. Sa stratégie se confond avec celle de l’économie-monde.
NOTRE PASSE ET NOTRE AVENIR
L’Empire est le moyen de surmonter la nation et la région. Il est le seul mythe capable de forger un patriotisme européen. Mais, trop de régionalistes veulent créer de mini-Etats-nations. Pourtant, le XXIème siècle sera l’ère des grands ensembles. Mais, l’Etat-nation désire l’égalité, l’uniformité, la centralisation. Il établit une loi unique sur l’ensemble de son territoire. Au contraire, l’Empire ne possède pas une autorité égale dans toutes ses contrées. Certaines régions peuvent bénéficier de statuts particuliers, transitoires ou définitifs. Ainsi, dans l’empire romain, le droit romain se superposait aux droits locaux sans les éliminer. Bien sûr, le droit public était unifié, mais en matières privées, le citoyen recourait selon les cas au droit romain ou au droit local. Les us et coutumes des diverses ethnies étaient ainsi préservés. L’existence de statuts intermédiaires facilite l’intégration de nouveaux pays : certains, qui auraient refusé une intégration immédiate, accepteraient néanmoins une procédure plus douce qui ménagerait une période d’adaptation. Quant à la résolution des conflits ethniques par l’Empire, elle est un devoir et une nécessité. Dans un modèle impérial, la question de l’intervention armée en Yougoslavie ne se serait pas posée. Que cette région soit en bordure de l’Empire ou à l’intérieur, ses légions auraient marché immédiatement.
Nous assistons à un phénomène nouveau : un ensemble d’Etats-nations tentent de s’unir. Mais l’idéologie libérale pousse vers l’Europe minimale, la confédération; or l’Empire a besoin d’un centre unificateur, agrégateur, d’un noyau massif.
L’exemple de l’Autriche-Hongrie nous intéresse au premier chef, car il se rapproche par divers aspects de la situation européenne. D’abord par son processus de formation : il s’est constitué par agrégation pacifique d’un ensemble de principautés au fur et à mesure des héritages de la famille Habsbourg. Mais il a éclaté sous la pression des diverses ethnies qui, infestées par l’idéologie libérale, réclamaient la constitution d’Etats-nations. Durant quelques dizaines d’années, l’Autriche-Hongrie fut même un Etat bicéphale. La Cisleithanie et la Transleithanie partageaient un souverain commun intronisé deux fois. Mais les deux parties de l’Empire se gouvernaient selon une logique d’Etat contradictoire avec la notion d’Empire. Il ne s’agissait pas d’un ensemble d’ethnies inféodés à l’empereur, mais d’une confédération de deux Etats, eux-mêmes peu homogènes. Dans l’un dominaient les Allemands, dans l’autre les Hongrois, mais chacun comprenait de nombreux peuples minoritaires. Les Allemands leur accordaient l’autodétermination, mais eux-mêmes ne disposaient pas d’Etat propre, tandis que les Hongrois en possédaient un qui regroupait d’autres ethnies dont les droits à l’autonomie n’étaient pas reconnus. En fait, l’Empire aurait très bien pu se perpétuer après la première guerre mondiale si les alliés n’en avaient décidé autrement. L’instauration d’une pax austria aurait empêché nombre de guerres balkaniques. Nous payons encore actuellement les traités de Versailles et de Saint-Germain qui ont divisé l’Europe (18).
La construction européenne passe nécessairement par la destruction des anciens Etats-nations. Deux processus sont envisageables; le premier, doux, consisterait en la dévolution progressive de leurs compétences vers l’Europe et les régions; la seconde, brutale, pourrait survenir si nos politiciens persévèrent dans leur aveuglement : l’éclatement pièce par pièce de la Communauté, comme l’ex-Tchécoscolovaquie.
Qui bâtira cette Europe ? En ce domaine, nos hommes politiques se révèlent, comme souvent, aussi généreux en paroles qu’avares en actes. Nous connaissons une caste de fonctionnaires européens, mais la plupart réclame plus un Grand Marché qu’une Europe politique, une économie-monde plutôt qu’un empire ! De plus, la volonté de reconnaître l’ennemi n’existe pas encore.
Ne comptons pas non plus sur le corps électoral. Les hommes se méfient naturellement du changement et de l’inconnu. Tant qu’ils conserverons quelque espoir dans le système actuel, tant qu’ils ne discerneront pas les causes profondes de la crise et tant qu’ils craindront de perdre les maigres revenus que l’Etat leur assure encore, ils ne se révolteront pas. Pourtant, ils ne défendront pas non plus ce système dont ils sont mécontents. La révolte ouverte étant, dans leurs esprits, exclue, certains expriment leur désapprobation par le vote. Mais, parmi les mêmes, vous en trouverez peu qui accepteront de signer la liste de présentation de candidats d’une petite liste contestataire ou révolutionnaire. Seuls dans le secret et l’anonymat de l’isoloir, ils osent dévoiler leur sentiment. Malheureusement, un résultat statistique n’a jamais modifié le cours de l’Histoire. De surcroît, aujourd’hui, la plupart des gens ne connaissent de l’Europe que des règlements contraignants, les délocalisations et les regroupements d’entreprises, ainsi que les « plans de convergences budgétaires » en vue de créer la monnaie unique. Rien qui ne soulève l’enthousiasme des foules.
En fait, l’Europe ne se réalisera qu’au bord du gouffre, lorsqu’elle apparaîtra comme le dernier recours. Elle sera une oeuvre de l’Histoire et non de la raison. Mais auparavant, un parti, un ordre européen devra se constituer, car le moment venu, les événements se précipiteront à une telle vitesse qu’aucun groupe ne disposera du temps nécessaire à sa structuration. La révolution française offre un bon exemple de la dérive vers le chaos. Un petit groupe résolu et bien organisé peut remporter de grands succès, d’autant plus qu’une majorité sans cesse croissante de la population est apathique. Fourbissons donc nos armes en attendant que survienne le moment propice.
Frédéric KISTERS
1- TOYNBEE (Arnold), La grande aventure de l’humanité, Paris, 1994 (1er éd. anglaise 1976), 565 p.
2 – WALLERSTEIN (I.), Capitalisme et économie-monde (1460-1640), Paris, 1980, t. I, p. 313.
3 – JACQUES et SCHEID (John), Rome et l’intégration de l’Empire, Paris, 1992 (2è éd.), p. 29-37 et bibliographie p. XXII-XXV (n°246 à 322).
4 – Le présent article doit beaucoup à GILISSEN (John), Les Grands Empires. La notion d’empire dans l’histoire universelle, Bruxelles, Editions de la Librairie encyclopédique, 1973, p. 759-885 (Recueil de la Société Jean Bodin pour l’histoire comparative des institutions, XXXI) qui est la conclusion et la synthèse d’un colloque organisé par la même société en 1971. On trouvera aussi de nombreuses ressemblances entre l’idée d’Empire et le concept Grossraum élaboré par Carl Schmitt : FEUERBACH (Jean-Louis), La théorie du Grossraum chez Carl Schmitt, dans Complexio oppositorum. Uber Carl Schmitt, éd. Helmuth Quaritsch, Berlin, (1986), p. 401-418. Néanmoins, si tout empire possède un Grossraum, le Grossraum ne se confond pas avec l’Empire, le Grossraum déborde les frontières de l’Empire.
5 – Remarque d’Alain Besançon lors d’un colloque : Le concept d’empire, dir Maurice Duverger, Paris, PUF, 1980, p. 482-483 (Centre d’analyse comparative des systèmes politiques).
FREUND (Julien), L’essence du politique, Paris, 1986 (1ère éd. 1965), p. 558ss.
6 – FEUERBACH (Jean-Louis), op. cit., p. 404; THIRIART (Jean), La grande nation européenne. L’Europe unitaire. Définition du communautarisme européen., S.L., 1964, passim.
7 – FREUND (Julien), op. cit., p. 129.
8 – FOLZ (R.), L’idée d’empire en Occident. Du Ve au XIVe siècles, Paris, 1953, 251 p. (Collection historique).
9 – Jean-Louis FEUERBACH écrit à ce propos : « Un Grossraum doit en effet d’abord se tailler un espace (…) fédérateur », op. cit., p. 406-407. Sur la notion de frontière dans l’esprit des Romains, on consultera WHITTAKER (C.R.), Frontiers of the Roman Empire. A Social and Economic Study, Baltimore-londres, 1994, XVI-340 p. et Frontières d’Empire. Nature et significations des frontières romaines. Acte de la table ronde internationale de nemours, 1992, Nemours, 1993, 157 p. (Mémoires du Musée de la préhistoire d’Ile-de-France, 5).
10 – « L’Empire est (ici) à la fois une communauté de culture et une communauté de destin » THIRIART (Jean), La grande nation. L’Europe unitaire. Définition du communautarisme national européen, Bruxelles, Machiavel, 1992 (3è éd.), (nouvelle) thèse 34.
11 – WERNER (K.F.), L’Empire carolingien et le Saint Empire, dans Le concept d’Empire, dir. M. Duverger, Paris, 1980, p. 151-198.
12 – WALLERSTEIN, op. cit., p. 19-20.
13 – Voir aussi LOHAUSEN (Général Jordis von), Reich Europa (L’Empire européen), paru dans Nation Europa, mai-juin 1981; traduction et édition française : SAUVEUR (Yannick), Jean Thiriart et le national-communautarisme-européen, Charleroi, Machiavel, 1984, p. 213-229.
14 – SAEY (Pieter), Les frontières, l’ancienneté et la nature de l’Europe, dans Les grands mythes de l’histoire de Belgique, de Flandre et de Wallonie, dir. Anne Morelli, Bruxelles, EVO, 1995, p. 293-308.
15 – Idem, p. 307-308.
16 – Nous avons déjà eu par ailleurs l’occasion de critiquer l’ouvrage collectif dirigé par Anne MORELLI : KISTERS (Frédéric), A propos des « grands mythes de l’histoire de Belgique » d’anne Morelli. L’histoire manipulée, dans Nation Europe, n° 6, 1996, p. 23-25.
17 – KISTERS (Frédéric), L’Europe dans le monde tripolaire, dans Vouloir, n°1(AS 114/118), 1994, p. 45-53. « Barbare » au sens étranger à l’Empire et à sa civilisation.
18 – BEHAR (Pierre), L’Autriche-Hongrie, idée d’avenir : permanences géopolitiques de l’Europe centrale et balkanique, Paris, 1991, 187 p. (Le Bon Sens); FEJTÖ (François), Requiem pour un empire défunt : histoire de la destruction de l’Autriche-Hongrie, s.l., 1988, 436 p.