Mosley sur l’antisémitisme

Mosley

Aujourd’hui, nous allons nous intéresser à un texte rédigé par Oswald Mosley (1896-1980), intitulé About Antisemitism, et tenterons d’expliciter les analyses que l’auteur fit sienne.

Mais tout d’abord, un mot sur Oswald Mosley. Baronnet anglais, il fut la figure principale du fascisme britannique des années 1930, après avoir été député conservateur, travailliste puis membre du gouvernement de Ramsay MacDonald en qualité de « chancelier du duché de Lancastre ». Après sa rupture avec les grands partis politiques de son pays, il fonde en 1932 la British Union of Fascists. Doctrinaire et chef de parti, Mosley fut incarcéré sur ordre du gouvernement lorsque la guerre éclata, puis devint, après sa libération en 1943, un fervent nationaliste européen. Il milita un temps, parallèlement ou en lien direct, avec Francis Parker Yockey, Jean Thiriart ou Maurice Bardèche.

Il joua un rôle clé dans l’un des grands épisodes de l’histoire du nationalisme européen, puisque c’est lui qui fut à l’initiative de la conférence de Venise de mars 1962, laquelle peut être considérée comme l’acte de naissance du nationalisme-révolutionnaire européen moderne.

Le texte évoqué plus haut, About Antisemitism, nous précise l’éditeur français de Oswald Mosley, Du fascisme au nationalisme européen (où nous trouvons la traduction de ce texte), n’est pas daté. L’une des références historiques contenues dans le texte nous permet cependant d’affirmer qu’il fut écrit après 1956, sans pouvoir être plus précis.

Mosley y précise sa conception personnelle de l’antisémitisme :

« On entend plus de divagations sur les juifs que sur d’autres sujets. Les deux idées, que tous les juifs sont méchants de naissance, ou que tous les juifs sont méchants de naissance, ou que tous les juifs doivent être les objets sacrés su système, me semblent d’une bêtise égale. Je ne suis ni un antisémite, ni un sycophante des sémites. L’attitude de notre mouvement a toujours été à la fois cohérente et intelligible. Nous n’avons jamais attaqué un homme sur la base de sa race ou de sa religion, et nous ne le ferons jamais. Mais nous attaquons tout homme, quelle que soit sa race ou sa religion, qui agit contre les intérêts que soit sa race ou sa religion, qui agit contre les intérêts de la Grande-Bretagne ou de l’Europe ; en particulier les Britanniques qui sont bien placés pour savoir qu’ils servent des intérêts étrangers. C’est une attitude franche, qui est basée sur des principes clairs. «

Dressant rapidement l’historique de son combat, Mosley explique que « nous » (les militants de la droite nationale britannique, manifestement), ont été en opposition directe avec « les intérêts juifs », ce qui expliquerait la violence de ces mêmes juifs contre « nous ». La Deuxième guerre mondiale ne serait le résultat, comme l’affirme Mosley, que de la volonté de « certains grands intérêts juifs » d’impliquer son pays, le Royaume-Uni, dans une « querelle juive », autrement dit de faire une guerre au nom des juifs contre le IIIe Reich. Pourquoi une querelle juive ? Parce que les juifs « passaient de sales moments en Allemagne ». Ainsi, par solidarité (religieuse, communautaire, d’intérêts autres ? L’auteur n’en dit rien) les juifs ont tenté, et réussi, à faire rentrer le Royaume-Uni dans une guerre contre l’Allemagne. Voilà l’analyse de Mosley.

Mosley décrit ainsi succinctement sa pensée et son action passée avant la guerre : « Notre affaire, à moi et à mes amis, était de stopper la guerre, dans l’intérêt des Britanniques. Cela conduisit à un choc frontal [avec les juifs, manifestement], et je pense toujours que nous avions raison de faire tout notre possible pour empêcher cette guerre. »

Au fond, Mosley affirme que le conflit véritable n’opposait pas le Royaume-Uni à l’Allemagne mais les juifs et ceux qui voulaient stopper leurs velléités :

« […] les positions pour nous et pour ces juifs avant la guerre étaient donc très simples et très claires. Ils voulaient faire une guerre, et nous voulions la stopper. »

Opposant l’empire britannique au IIIe Reich, il explique que le Royaume-Uni, à la tête d’un empire mondial « multiracial », avaient un intérêt vital à ne pas enclencher de persécution « raciale » contre les juifs : ainsi pour Mosley, les juifs constituent une race, au moins au sens biologique du terme. Les Allemands, eux, auraient « un caractère national différent », « dérivé d’une expérience historique différente », et leur « tâche » aurait été de « rassembler et d’unir les Allemands en une seule race » (les Allemands et les juifs seraient donc bien deux races distinctes pour notre auteur).

Ainsi il n’y avait aucune nécessité belliqueuse entre Royaume-Uni et Allemagne, car les objectifs de ces deux empires différaient profondément. De plus, « l’homme avec lequel vous êtes susceptible de vous quereller est l’homme qui veut la même chose que vous. » Or les deux nations ne désiraient pas la même chose. Mieux, les deux nations, étroitement apparentés, étaient « selon tous les desseins de la nature des puissances complémentaires ; » une puissance maritime s’occupant d’un grand empire, et une puissance terrestre s’occupant de son propre peuple dans une masse continentale. »

Mais aussi bien le gouvernement du IIIe Reich que le gouvernement britannique sont responsables du crime suprême, « la division de l’Europe » qu’a occasionné la guerre. Pourquoi l’Allemagne au même titre que sa propre nation ? Parce que « le fatal alignement de l’Allemagne fut avant tout aidé par leur politique antisémite, qui permit à leurs principaux ennemis dans le monde de la finance internationale, de constituer un front contre eux. »

Cette erreur causa l’annulation de fait des bénéfices des « grandes réalisations sociales du mouvement national-socialiste ». Le fondateur de la British Union of Fascists précise à nouveau position personnelle vis-à-vis de l’antisémitisme en tant que tel :

« […] nous avons toujours rejeté la doctrine insensée selon laquelle un peuple entier serait méchant de naissance, et voué au péché et à la damnation depuis la naissance. C’est la profonde erreur morale et intellectuelle de l’antisémitisme, qui a handicapé pendant une longue période tout le mouvement de la renaissance européenne, en dépit de sa large diversité de forme, dans différents pays. »

Il assure de même : « Nous n’avons rien eu à voir avec la doctrine de l’antisémitisme, ni avant, ni pendant, ni après la guerre. Notre politique reste aujourd’hui la même. » Une situation similaire d’opposition querelle « juive »/ anti-querelle juive s’est produite onze ans après la fin de la guerre, pour le contrôle du canal de Suez :

« Quand, après la guerre, à l’époque de Suez, certains intérêts juifs tentaient de nous entraîner dans une guerre, non dans une querelle britannique, mais dans une querelle juive, nous les avons attaqués à nouveau. Nous n’avons ni crainte ni préférence ; nous attaquons les hommes non pour ce qu’ils sont, mais pour ce qu’ils font. »

Le seul critère permettant de distinguer l’ami de l’ennemi en politique, pour l’exprimer comme le fit Carl Schmitt, était l’hostilité vis-à-vis des intérêts politiques de la nation britannique : « Nous n’attaquons un juif, un non-juif, un Anglais ou un Eskimo que lorsqu’il fait quelque chose contre les intérêts de la Grande-Bretagne. »

Nous en arrivons au propos qui, dans ce bref texte, nous semble le plus pertinent pour notre temps :

« Pendant que les antisémites sont occupés à poursuivre les petits juifs, les grands scélérats de toutes races qui dirigent la finance internationale sont assis et se moquent d’eux à la City, ou à Wall Street, ou das ce genre de repaires d’usuriers. Combien d’entre eux ont-ils été attrapés par les nazis ? Au contraire, l’erreur de certains nazis leur a servi directement, et leur a donné les armes pour vaincre la renaissance européenne dans chaque pays. »

Nous espérons que ce témoignage d’un ancien militant de la cause de la renaissance européenne ayant souffert de la prison pour ses idées permettra à certains militants de mieux distinguer leur ennemi de leur ami, de se débarrasser de tentations antisémites qui, au-delà des fautes morales dont elles pourraient accoucher, comme le rappelait Mosley, amènent fatalement à se tromper d’adversaire, et au final, à affaiblir la cause de la France et de l’Europe authentique.

Vincent Téma, le 16/07/24.

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