Georges Ibrahim Abdallah est un résistant libanais emprisonné en France depuis 1984. Juridiquement libérable depuis 1999, il est pourtant toujours emprisonné à Lannemezan, dans les Hautes-Pyrénées.
Il fut condamné pour complicité dans l’assassinat de deux diplomates, respectivement américain et israélien. Au cours d’un entretien accordé à France 24 en 2011, Yves Bonnet, ancien directeur de la DST, révèle que ces hommes étaient agent de la CIA pour le premier, et du Mossad pour le second. Bonnet ajoute que la France a subi de pressions diplomatiques « énormes » de la part des Etats-Unis et d’Israël pour maintenir Abdallah en prison.
Revenons un peu sur le parcours de Georges Ibrahim Abdallah. Celui-ci est né le 2 avril 1951, dans une famille de neuf enfants. Fils de militaire, il fait ses études à Beyrouth. Instituteur, le premier parti politique auquel il adhère est le parti social-nationaliste syrien. En 1971, il adhère au Front populaire pour la libération de la Palestine (FPLP), mouvement d’obédience marxiste-léniniste et nationaliste arabe.
Abdallah rejoint le camp pro-syrien lors de l’invasion du Liban par la Syrie. Aux yeux du Mossad il devient un proche de Georges Habache, chef du FPLP, et il participe à la création des FARL, « Fractions armées révolutionnaires libanaises ». Les FARL vont mener une série d’actions terroristes hors du Liban, et notamment en France, et ce en réponse à l’agression israélienne contre la Palestine.
Agissant alors en France, où il sera considéré comme le chef des FARL par la justice française, il est arrêté à Lyon en 1984. Dès son procès de 1987, il revendique ses choix politiques, ainsi que son innocence dans l’assassinat des deux diplomates.
L’acharnement juridique contre lui n’a connu que peu d’équivalents. Entre 2024 et 2020, neuf demandes de liberté conditionnelle sont refusées par la justice. Manuel Valls refusera de signer l’arrêté d’expulsion qui aurait de fait permis à Abdallah de rentrer libre dans son pays. Notons que deux décisions rendues par des juges d’application des peines et favorables à l’emprisonné n’ont pas été appliquées.
Le célèbre avocat Jacques Vergès dénoncera « un veto insupportable à sa libération » posé par le gouvernement américain. En juin 2023, l’avocat de Georges Ibrahim Abdallah présenta une énième demande de remise en liberté.
Le soutien historique de nombreuses personnalités classées à gauche, voire radicalement à gauche, est une bonne nouvelle. Cependant, pourquoi, nous NR, ne devrions-nous pas soutenir la libération d’un homme qui, à bien regarder son parcours, est plus proche de nos positions que du gauchisme atavique type trotskisme ? Georges Abdallah n’a-t-il pas les mêmes ennemis que nous ?
Soyons adultes et rappelons-nous que peu importe l’identité de ses soutiens. N’est-ce pas Carl Schmitt qui disait que l’ennemi de notre ennemi…était notre ami ?
Vincent Téma, le 15/08/23