Je n’aime pas la politique. Si vous pensez que le fascisme consiste à faire défiler des garçons bottés en chemises brunes ou noires, dites-vous que ce n’est pas ma définition du fascisme. J’ai défendu les fascistes, c’est tout différent : parce que j’ai connu des fascistes et parce que je déteste le mensonge. J’ai protesté contre une falsification des faits et contre une entreprise de dénaturation des âmes et de confiscation des volontés, fondée sur cette falsification. Je reste convaincu que j’avais raison.
On nous a menti et on continue à nous mentir : parce que ce mensonge est indispensable aux politiciens en place. Mais ce mensonge s’effrite aujourd’hui, il s’effondrera demain. On finira par regarder les expériences fascistes comme des expériences politiques qui ont été obérées et défigurées par les nécessités dramatiques de la guerre, mais qui ont pour caractère essentiel l’exaltation de certaines valeurs morales : le courage, l’énergie, la discipline, la responsabilité, la conscience professionnelle, la solidarité, dont la disparition est le drame des sociétés qui ont suivi. Etre fasciste aujourd’hui, c’est souhaiter que ces mots aient un sens pour les peuples.
[…] Avant de détester le fascisme, il faudrait essayer de le comprendre. Le fascisme est né, historiquement, de la colère des anciens combattants contre les politiciens. Mais il a été, plus profondément, une opposition spontanée contre la démoralisation de la guerre et de l’après-guerre qui accompagna la transformation d’une société rurale stable, économe, patiente, courageuse, attachée à l’honnêteté et au civisme, en une société de salariés ayant pour horizon l’augmentation des salaires, pour guide l’idéologie, pour instrument la politique.
Les mouvements fascistes sont nés d’une réaction contre cette dénaturation des peuples. Cette réaction eut partout le même point d’appui. Dans leur désarroi, ceux qui refusaient ce monde nouveau de l’après-guerre se sont reportés à une image-type de la grandeur passée de leur peuple, pour l’Italie celle des légions de Rome, pour l’Allemagne celle des Germains d’Arminius qui avaient vaincu l’armée du consul Varus, pour la Roumanie ou la Hongrie celle de leurs paysans combattants, pour l’Espagne l’image de l’honneur castillan : non pas une idéologie, mais un modèle moral, celui qui incarnait le mieux ce qu’ils étaient ou ce qu’ils avaient voulu être dans les tranchées où ils s’étaient battus.
En détruisant, après la Seconde Guerre Mondiale, cette renaissance de la conscience nationale sous prétexte d’anéantir l’idéologie raciste, on a détruit une solution politique originale qui permettait à la fois de briser les idéologies destructrices de l’unité nationale et les excès du capitalisme sauvage.
Or, le racisme constitué en idéologie ne fait pas partie de la définition du fascisme ni même de la définition du national-socialisme. Comme les autres idéologies, il part d’une idée juste qui a été outrée et déformée en devenant un système. Ses excès ont été les excès auxquels aboutit toute pensée systématique.
En réalité, les régimes fascistes n’ont pas été des régimes de contrainte pour les individus. Ils ont généralement respecté les libertés individuelles et n’ont réprimé que le sabotage, le parasitisme et la spéculation. En revanche, ils ont assuré aux peuples la plus précieuse des libertés, celle d’être eux-mêmes et non pas ce qu’on a décidé qu’ils sont : liberté que nous ne connaissons plus.
[…] Les régimes fascistes ont été ou ont essayé d’être des régimes de solidarité et de justice sociale, qui ont été ensuite déformés par les contraintes de la guerre. Tout régime de solidarité et de justice sociale exige un Etat fort : mais un Etat fort n’a pas besoin d’idéologie : il a besoin seulement de bon sens et de générosité.
Je ne crois pas à l’histoire des régimes fascistes et de la Seconde Guerre Mondiale telle qu’on la présente aujourd’hui. Cette histoire n’est pas encore faite : et ce qui en a été fait, on nous le cache. Le dossier des falsifications est copieux : il porte sur les faits, les documents, les omissions. Je laisse à chacun la tâche d’en dresser ce qu’on aperçoit, dès maintenant, de ce catalogue. Tout homme qui réfléchit devrait prendre conscience de nos illusions : nous broutons comme des bêtes sans raison le mensonge de notre victoire, le mensonge de la Résistance, le mensonge de notre liberté. Ces mensonges ont nourri des idéologies d’autodestruction, l’antiracisme, la lutte des classes. Et cette nourriture frelatée est le secret de notre impuissance.
Très bientôt, dans vingt ans, dans dix ans peut-être, la race blanche en Europe devra lutter pour sa survie. Cette bataille suprême exigera des régimes forts, des gouvernements de salut public. Elle ne pourra être conduite que dans le dépérissement des idéologies et par le recours aux qualités viriles que je disais. Il ne faut pas se demander aujourd’hui si ces régimes forts sont possibles, il faut savoir qu’ils sont inévitables: sous quelque nom qu’on leur donne. Car ils sont la condition de notre salut.
Maurice Bardèche
Texte paru dans la revue Le Crapouillot, N° 77, septembre-octobre 1984